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Contre histoire de la philosophie / le laboratoire de la philosophie vivante chez Michel Onfray

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par Rania Kassir
Universite Libanaise - DEA 2008
  

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Conclusion : L'athéisme tranquille

Après avoir déterré les philosophes alternatifs de chaque époque et les mettre en opposition avec les idéalistes associés, notre odyssée prend fin.

Il nous faut à présent situer les alternatifs par rapport à celui qui les a tiré de l'oubli c'est-à-dire par rapport à Michel Onfray. A ce sujet, Michel Onfray nous fait remarquer que « l'athéisme tranquille » des alternatifs s'est mué avec lui en un « athéisme intranquille ». A lire cette phrase, on s'aperçoit qu'avec les philosophes alternatifs exhumés, à l'exception de Meslier et de d'Holbach455(*), l'athéisme était déjà perçu comme un « athéisme tranquille. ». Mais comment alors définir ce genre d'athéisme ?

Michel Onfray le définit en rejoignant le philosophe français Gilles Deleuze, l'inventeur de ce terme : « Par athéisme tranquille, nous entendons une philosophie pour qui Dieu n'est pas un problème, l'inexistence ou la mort de Dieu ne sont pas des problèmes, mais au contraire des conditions qu'il faut considérer comme acquises pour faire surgir les vrais problèmes.»456(*)

Qu'est ce qu'à dire ?

« L'athéisme tranquille » s'explique par deux phénomènes conjoints : l'indifférence de Dieu et la construction d'une morale après Dieu. L'athéisme tranquille ne veut pas nier Dieu mais il le pose comme indifférent des affaires humaines. L'important chez lui n'est pas de renier Dieu mais de s'en émanciper. A ce titre, il s'attache à résoudre les vrais problèmes : à émerger des valeurs qui dépassent le christianisme, à penser après la morale chrétienne. C'est ce que Michel Onfray a appelé « morale post-chrétienne ».

Certainement, Michel Onfray a salué les combats de l'athéisme tranquille contre les idéalistes et son apport à une morale post-chrétienne dont lui-même s'inspire. Mais il trouve qu'en raison des deux dangers qui guettent notre époque, il est nécessaire que s'établisse un autre athéisme, un athéisme militant, solide et de combat. En un mot, un « athéisme intranquille ». En publiant son ouvrage La Sagesse tragique (2006) Michel Onfray signe ce transfert en disant : « Quand j'écrivais ce Nietzsche (1988)457(*), le bloc de l'Est existait encore. Le mur de Berlin également, les Tours jumelles de New York aussi, or ces deux chutes ontologiques modifient la donne. Le siècle n'est plus le même. L'athéisme ne peut plus se permettre le luxe d'être tranquille. Avant 1989, mais surtout avant 2001, je n'aurais jamais eu l'idée d'écrire un Traité d'athéologie. A l'heure où nous devons choisir entre le judéo-christianisme d'un Occident (...) et l'islam d'un Orient (...), j'opte pour un athéisme de combat qui, pour le coup, devient un athéisme intranquille. »458(*)

Ceci veut dire qu'avec la crue de l'Amérique (qui est en tête de l'Occident) après la décrue de l'union soviétique, l'Amérique se veut la seule force qui impose des lois au monde. Or vint le 11 septembre pour montrer que le monde ne doit pas être américanisé mais plutôt islamisé. Pour les musulmans fondamentalistes, c'est leur communauté élue, la communauté musulmane qui doit conquérir la terre toute entière. Cette lutte entre ces deux prétendues supériorités se résout dans une guerre sans merci entraînant la mort d'un grand nombres d'individus.

Fort de ce constat, Onfray est résolu que poser Dieu à sa place n'aboutit à rien dans une époque où chacun réclame son Dieu pour attaquer autrui. A ce propos, il pousse plus loin la réflexion des alternatifs en plaidant pour une ère franchement athée dans laquelle Dieu serait réduit à son essence ( ce qui signifie montrer son inexistence) et la religion réduit au plus privé ( celle-ci ne doit dépasser les quatre murs de la maison). Il est temps donc, de son avis, de nettoyer les scories laissées par Dieu et les trois monothéismes dans nos sociétés.

A ce premier danger, la guerre religieuse qui divise le monde s'ajoute un deuxième danger, le nihilisme européen. L'Europe « des Lumières », avance Onfray, loin d'appliquer les idées citées là-haut, et d'offrir une solution bénéfique au monde en l'invitant à la démarquer, ne fait que plonger dans un nihilisme destructeur.459(*) A l'encontre de ce que pensent les uns, surtout les chrétiens, Michel Onfray affirme que l'Europe d'aujourd'hui est nihiliste et non athée.460(*) Le nihilisme européen sert sans le savoir les intérêts de la guerre car au lieu d'achever la longue agonie de Dieu ne fait que la prolonger : « Sans le Prêtre, ni son ombre, sans les religieux ni leurs thuriféraires, les sujets demeurent insoumis, fabriqués, formatés par deux milliaires d'histoire et de domination idéologique. D'où la permanence et l'actualité d'un combat contre cette force d'autant plus menaçante qu'elle donne l'impression d'être caduque. »461(*)

Ce nihilisme requiert pour être dépassé un athéisme intranquille. L'athéisme tranquille à l'époque met en scène, à l'encontre des idéalistes, des hommes qui sont indifférents de Dieu parce que Dieu leur est indifférent et n'agit pas dans ce monde. Ce qui fait qu'ils peuvent créer leur propre morale indépendamment de Dieu, en l'occurrence du Dieu du christianisme.

L'athéisme tranquille pour instaurer son Dieu indifférent combat un ennemi bien connu, bien visible et bien repérable : l'Eglise, les croyants, le Vatican... Mais dans cette période nihiliste, l'athéisme tranquille manque sa tâche car la figure d'un ennemi connu s'estompe au profit d'un ennemi inconnu. L'athéisme tranquille se trouve donc dans l'incapacité de repérer facilement son ennemi car tout un chacun devient ennemi (le croyant, l'agnostique, l'athée...). Tous se disent indifférents de Dieu ou professent même son inexistence, mais malgré cette déclaration ils ne font qu'appliquer les valeurs chrétiennes dans leur vie quotidienne autant dire de faire agir Dieu dans leur monde.

Seul l'athéisme intranquille peut alors remonter à l'origine de contradiction qui travaille la période nihiliste, car celui-ci peut stigmatiser et dépasser l'épistémè judéo-chrétienne qui agit même sur le gnostique et l'athée. Il fait remonter à la conscience claire ce qui reste inconscient pour tous ces égarés.

C'est cette invisibilité dans le combat qui sépare alors la morale post-chrétienne de l'athéisme intranquille de celle de l'athéisme tranquille.

En somme, pour stigmatiser un état de fait ; la guerre entre l'Occident judéo-chrétien et l'Orient musulman, Michel Onfray fait appel à une solution adéquate ; la mise au point d'un athéisme intranquille qui se bat contre le nihilisme européen devenu obstacle plus qu'une solution.

L'athéisme intranquille conserve et dépasse l'athéisme tranquille. Il le dépasse en posant clairement l'inexistence de Dieu et en remontant à son essence. Il le dépasse en luttant contre un ennemi invisible. Et le conserve en puisant des éléments de sa morale post-chrétienne pour construire sa vision du monde. Avant d'entamer la troisième partie, on voudrait brièvement dégager, en s'appuyant sur quelques exemples pris, le comment de l'indifférence de Dieu chez les alternatifs et en quoi la morale post-chrétienne de Onfray est tributaire de celle des philosophes exhumés.

Commençons par l'indifférence de Dieu, Michel Onfray nous a montré qu'à l'Antiquité, Leucippe, Lucrèce et Epicure ont mis au point des dieux indolents, bienheureux et qui habitent dans les inter-mondes. Ces dieux se moquent absolument de la vie des hommes ici-bas ou post mortem. Ils sont inaccessibles aux prières et aux invocations, de même ils ne récompensent ni ne punissent. Au Moyen-Âge, le Libre-Esprit qui croit au Jésus le Sauveur, établit une forme de panthéisme (être au monde c'est être au Jésus) qui laisse libre cours aux hommes et délivre Dieu de cette action sur le monde. Cette forme de panthéisme permet à l'homme qui incarne la volonté du fils de Dieu de se passer de Dieu et des prescriptions de l'Eglise durant toute sa vie. De même, au 17ème siècle, les libertins baroques viennent à leur tour penser Dieu sur le mode épicurien. Charron, le premier des libertins baroques, a mis au point la laïcité et a coupé le cordon ombilical qui liait déjà le registre temporel au registre spirituel. Ce divorce entre la foi et la raison va être plus manifeste avec Spinoza et son système philosophique « le panthéisme ». En posant un Dieu immanent au monde, Spinoza pose un Dieu dépourvu de volonté. Le Dieu indolent de Spinoza ne peut-être ni un Dieu-Créateur ni un Dieu-Providence, ni un Dieu-Justicier.

Nous avons jusqu'ici examiner le premier volet de l' « athéisme tranquille », il nous faut maintenant aborder le deuxième volet ; la mise au point d'une morale post-chrétienne. La morale post-chrétienne selon Onfray n'est pas celle qui dépasse dans le temps le christianisme mais celle qui le dépasse dans ses valeurs. A ce propos, le continent pré-chrétien peut à son tour contribuer à une morale post-chrétienne et être d'une actualité.462(*) Pour ce 21ème siècle, Michel Onfray élabore une éthique élective, une érotique solaire, une bioéthique prométhéenne, une esthétique cynique, une philosophie du goût (gastronomie) et une politique libertaire. On pourra dire que la déchristianisation avec Onfray trouve son champ d'application dans presque tous les domaines de la société. Toutefois pour dépasser l'épistémè judéo-chrétienne, Michel Onfray partage avec les alternatifs quelques éléments de leur morale. Ce philosophe qui croit aux effets du Maître (voir première partie) est lui-même disciple de ses sculpteurs de soi. Pour autant, comme il a déjà montré (voir aussi première partie), être influencé n'est pas copier car Michel Onfray ne peut penser sa morale post-chrétienne qu'à la lumière du 21ème siècle. Tout projet de déchristianisation doit sourdre de l'analyse du présent.

Ceci dit, nous nous intéressons ici à citer quelques éléments partagés entre Michel Onfray et les alternatifs.

Tous les philosophes alternatifs de l'Antiquite au 18ème siècle ont montré que le désir sexuel est naturel à l'homme et ne pas le satisfaire, comme en professent les idéalistes, c'est subir un très grand déplaisir. Michel Onfray y reprend cette idée de la nécessité et de l'immanence du désir mais il la développe de plus pour fonder son « érotique solaire ».

Certains philosophes comme Démocrite, Epicure (Antiquité) et Gassendi463(*) (17ème siècle) ont professé un sensualisme selon lequel la connaissance procède des cinq sens et non du monde des Idées. Michel Onfray va souscrire à cette idée et se restreindre à l'étude du sens de goût, le plus discrédité aux yeux des idéalistes. Ce faisant, il met au point « la gastronomie »464(*).

Deux penseurs du 18ème siècle Maupertius et Helvétius ont défendu une éthique utilitariste. Pour ces penseurs, l'homme réel, à l'opposé de l'homme en majuscule, chérit l'amour propre. Il veut d'abord son intérêt : c'est-à-dire jouir et ne pas souffrir. C'est ainsi qu'il va naturellement vers celui qui lui procure le plaisir et la satisfaction et fuit celui qui lui cause le déplaisir et la douleur465(*). Michel Onfray adopte ces idées qui lui permettent de forger une morale alternative à l'amour du prochain chrétien. Cette morale fut nommée par lui « l'éthique élective ».

Les cyniques dont parlait Onfray ont mis en oeuvre des anecdotes qui loin de vouer un culte à l'autisme et au solipsisme, véhiculent un sens bien déterminé et appellent à être déchiffrer par un tiers : disciple ou lecteur. Ce faisant, les cyniques ont agi en philosophes anti-hégéliens. Ce refus de l'isolement et du repli sur soi déchaîne la colère de Hegel qui déclare que les cyniques ne sont pas des philosophes et qu'il n'existe chez eux que des anecdotes à raconter. Michel Onfray loin d'adopter la position hégélienne ne fait qu'éprouver sa sympathie envers les cyniques. Ces derniers vont le pousser à forger, dans sa lutte contre le nihilisme européen, une esthétique appelée «  esthétique cynique ». Elle est cynique car dans l'art contemporain c'est le regardeur qui fait le tableau et cet art est vu par les idéalistes comme non-sens, sottise, billevesées. 466(*)

En somme, loin de faire dans cette conclusion une étude exhaustive sur la philosophie de Michel Onfray, nous nous sommes limités à engager un dialogue avec lui dans la question qui nous intéresse ici : la conservation et le dépassement des philosophes exhumés. Allons d'emblée à la troisième partie où sont abordés les concepts fondamentaux de la sculpture de soi chez Michel Onfray.

Troisième partie : Petite histoire de la sculpture de soi : L'athéisme athée

Introduction

La guerre entre l'Occident judéo-chrétien et l'Orient islamique va être, en premier lieu, le centre de la réflexion de Michel Onfray. Là-dessus, le philosophe tranche en disant : « Dieu revendiqué par les deux camps. »467(*). Ceci veut dire que chacun des deux protagonistes (les premiers : juifs et chrétiens, nouveaux croisés et les seconds : les musulmans.) cherche à puiser dans les Livres Saints les arguments dont il a besoin pour mener la guerre. C'est ce que Michel Onfray appelle « la logique du prélèvement468(*) ».

Pour ce qui est de l'Occident judéo-chrétien, Onfray nous livre que Bush établit son humiliation des musulmans à partir de la parabole des marchands du Temple469(*) (Cf. Jean II -14,15). Bush est pour l'Occident judéo-chrétien l'équivalent d'un Jésus imposant l'autorité par la force.470(*) De même, l'Etat d'Israël, soutenu par l'Amérique, se fonde sur la Torah pour légitimer sa colonisation de la Palestine. Yahvé incite les juifs à exterminer un ensemble de peuples - les Hittites, les Amorites, les Cananéens...- qui constituent la quasi-totalité des habitants de Palestine.471(*)

Toutefois, pour atteindre ces objectifs, l'Occident judéo-chrétien fait appel à un certain « fascisme de renard472(*) ». La spécificité de ce fascisme est de camoufler les intentions réelles sous le revers d'autres objectifs. Le fascisme de renard se concrétise tout d'abord dans le « colonialisme économique » : Les Etats-Unis créent dans les contrées arabes du Moyen-Orient des misérables en nombre. Avec les Américains, disait Onfray, pas de culture, de poètes, de philosophes à présenter mais de Coca-Cola, de Mac-Do, de Banquiers... C'est le pouvoir de l'argent contre le pouvoir de la raison. A ce « colonialisme économique » s'ajoute un « colonialisme politique » : les Etats-Unis pour mieux dompter le monde musulman créent des fictions ronflantes : Droit de l'homme, Justice, Amour de la liberté. Et sous l'alibi de ces grands mots, ils font passer leurs intérêts. D'où le recours aussi au « colonialisme militaire » : les Etats-Unis arrosent alors de feu le peuple Irakien, Afghan...ils recrutent, pareillement, les missiles de Tsahal473(*) pour tuer les habitants d'un quartier de Cisjordanie474(*).475(*)

Une conception analogue se trouve chez l'Orient islamique. Dieu est de même sollicité par cette contrée géographique. Toutefois, le Dieu revendiqué ici n'est pas le Dieu des juifs ou des chrétiens mais le Dieu des adeptes de Mahomet. Pour soutenir ce Dieu, tout comme le monde occidental, le monde musulman fait appel à un certain fascisme : c'est le « fascisme de lion476(*) ». Il est de lion puisqu'il se résout dans la barbarie, la violence, le sang, l'instinct... L'originalité de ce fascisme par rapport à l'autre fascisme, est d'appliquer à la lettre et sans dissimulation les visées réelles du Coran.

Ce faisant, ce fascisme est vu par les yeux d'Onfray comme la meilleure incarnation du djihad ou la guerre sainte à laquelle invitait le Coran. Pour Onfray, rien ne distinguait le terrorisme islamiste contemporain du djihad et les deux revêtent la même connotation : la prétention musulmane à gouverner la terre entière, à dominer les non-musulmans c'est-à-dire l'Occident judéo-chrétien avec en tête les Etats-Unis et Israël. Dans cette logique, le djihad477(*) aux yeux d'Onfray est intrinsèquement offensif et non défensif. Pour appuyer ses idées, Michel Onfray passe en revue certaines organisations terroristes : Les milices de Hezbollah entourées d'explosifs. Les partenaires de l'ayatollah Khomeyni478(*) qui voient en l'Amérique, Israël et l'Europe, le Satan et le prince du Mal. Les adeptes de Ben Laden, chef d'Al-Qaïda, responsables du 11 septembre et d'autres attentats. Les musulmans qui menacent de mort l'Occident et les dessinateurs danois au motif qu'ils caricaturent leur Prophète, etc.

Pour autant, on ne peut pas nier que les autorités de l'Islam et les islamologues - comme Malek Chebel479(*) souvent cité par Onfray - se sont eux-mêmes élevés contre le terrorisme et les attentats suicides. A leurs yeux, l'islam est une religion de paix, d'amour et de tolérance et n'a rien à faire avec les terroristes islamistes.

Afin de mettre en cause cette déclaration, Michel Onfray se réfère au Coran lui-même et au Fiqh.480(*)

Il y repère les noms de Dieu, la biographie du Prophète et la hiérarchie entre les hommes. Dans certaines sourates du Coran figurent des noms adressés à Dieu qui font preuve de la qualité guerrière du Dieu des musulmans : Dieu est donc : Al-Mouhil - celui qui avilit, Al-Moumit - celui qui fait mourir, Et Al -Montaquim - celui qui se venge, Et Al-Darr - celui qui nuit aux personnes qui l'offensent.481(*)

A ces noms de Dieu, s'ajoute la vie de son Prophète Mahomet de Médine. Ce « chef de guerre tribale » avec ses batailles - Nakhla, Badr, ouhoud, Médine-est, la bataille du fossé, etc.482(*) - vient, au dire d'Onfray, confirmer que l'islam est une religion de l'épée et non de l'amour. Voici ce que Michel Onfray rapporte à propos de Mahomet : « le Mahomet de Madine pratique la razzia lors de guerres tribales, s'attribue des captives de guerre, partage les butins, il envoie ses amis en première ligne pour les exactions guerrières, puis, à peine atteint par une pierre, assiste à la débandade de ses amis dissimulé dans une tranchée, il mandate des proches pour l'élimination de tel ou tel adversaire gênant, quand il combat, il massacre allégrement des juifs. » 483(*)

Enfin, la communauté musulmane, tout comme les juifs avant, divise les hommes en deux : les membres de la communauté, l'umma, les frères en islam, dâr al-islam et tous les non-musulmans, dâr al-harb. Les premiers sont des amis et il est interdit de les tuer alors que les seconds sont des ennemis et il convient de ne pas communiquer avec eux.484(*) D'autant plus que certains versets du Coran interdisent de traiter les juifs et les chrétiens comme des amis : « Vous qui croyez, ne prenez pas de juifs et de chrétiens pour amis. » (Sourate V, 51), invoquent Dieu pour qu'ils attaquent les adeptes de ozair et du messie : «  les juifs disent : ozair est fils de Dieu. Les chrétiens disent : le messie est fils de Dieu. Paroles de leur bouche pareilles aux paroles des incroyants antérieurs. Dieu les combatte ! Gare à leur égarement ! » (Sourate IX, 30), et considèrent l'islam comme la meilleure religion : «  il a envoyé son apôtre comme guide avec la religion vraie pour la faire triompher de toute les religions malgré les ajouteurs. » (Sourate IX, 33).

En somme, vu l'état fâcheux dans lequel croupit notre monde, Michel Onfray réussit à renverser la thèse de Dostoïevski selon laquelle si Dieu n'existe pas alors tout est permis et la substituer par une thèse plus fondée Parce que dieu existe alors tout est permis. Désormais, et par souci de précision, il convient d'établir avec notre philosophe athée un rapport d'analogie entre l'existence de Dieu et le mal.485(*) Cette hostilité vis-à-vis de Dieu s'étend chez Onfray équitablement aux trois monothéismes. Rien n'est plus drôle à ses yeux que de considérer le judéo-christianisme occidental comme évolué et démocratique et l'islam oriental comme arriéré et obscurantiste.486(*)

Néanmoins, des questions se font jour à ce propos : « La mort de Dieu » n'a-t-elle pas été annoncée depuis longtemps en Europe ? Michel Onfray prêche-t-il alors dans le désert ? Admettons que la politique extérieure de l'Occident tient-elle beaucoup au religieux peut-on dire autant de sa politique intérieure ?

Afin de résoudre ces questions, ce philosophe français poursuit son diagnostic de la question du religieux et les différents problèmes associés (loi 1905, athéisme chrétien, nihilisme...) en Europe et particulièrement dans son pays natal. Ce faisant, Michel Onfray nous transporte prioritairement à l'Elysée. Il voulait exposer la vision de Sarkozy sur la laïcité avant de se pencher deuxièmement sur l'étude de notre époque. (En Europe)

* 455 Meslier et d'Holbach nient l'existence de Dieu. Leur athéisme ne peut être alors tranquille.

Néanmoins, leur morale post-chrétienne vise ce qui est connu. Leur athéisme n'est donc pas intranquille.

Nous y reviendrons plus à ces deux formes d'athéisme.

* 456 Gilles DELEUZE, De Périclès à Verdi, éd. De Minuit, p.7 in Michel ONFRAY, La Sagesse tragique - Du bon usage de Nietzsche - , Grasset & Fasquelle, Livre de poche, 2006, p.22

* 457 Onfray a écrit son ouvrage en 1988 mais il l'a publié en 2006.

* 458 Ibid., p.22 ; p.23

* 459 Nous y reviendrons sur ce problème dans la troisième partie.

* 460 Voir l'entretien avec Onfray sur le site suivant: http://chrysalide44.free.fr/dotclear/index.php?2005/04/16/207-michel-onfray

* 461 Traité d'athéologie, op.cit., p.77 ; p.78

* 462 Cf. La puissance d'exister, op.cit., p.92

* 463 On n'a pas parlé de Gassendi puisque nous trouvons que ce penseur ne mérite pas d'être classé dans la case des libertins baroques. Voir plus loin la conclusion critique.

* 464 En réhabilitant le sens du goût, Onfray ne fait que suivre les traces de Nietzsche qui, à maintes reprises, s'est penché sur le problème de la question alimentaire.

Dans Le gai Savoir, il s'interroge sur les efffets moraux des aliments et se demande s'il y en a une philosophie de la nutrition.( Cf. Nietzsche, Le gai savoir, op.cit., Livre premier, § 7, p.47)

De même, dans Aurore, il déplore que la diététique ne fasse pas partie des matières obligatoires dans les écoles primaires et supérieures.( Cf. Nietzsche, Aurore, Gallimard, 1980, Livre troisième, § 202, pp.155-157)

Dans le même ordre d'idées, Nietzsche vient estimer, dans Ecce homo la question alimentaire plus que les subtilités de la théologie. Cela tient à ce que la diététique se propose de réaliser le salut de l'humanité.( Cf. Nietszche, Ecce Homo, op.cit., Pourquoi je suis si avisé, § 1, p.37).

* 465 Cf., Les ultras des lumières, op.cit, pp.139-219 (parties Helvétius et Maupertius)

* 466 Cf. La puissance d'exister, op.cit, p.166 ; p.167

* 467 Cf. Traité d'athéologie, p.275

* 468 Cette expression est utilisée par Onfray dans Ibid., p. 210.

* 469 Irène Fernandez, l'auteur d'un ouvrage critique sur Michel Onfray Dieu avec esprit, trouve que Michel Onfray a donné une interprétation fautive de l'épisode des marchands du Temple.

Loin de signifier la violence, cet épisode est en rapport direct avec l'argent et le commerce qu'il convient de les éloigner du Temple sous peine de profaner la « maison du Père de Jésus »).( Cf. Irène FERNANDEZ, Dieu avec esprit - Réponse à Michel

Onfray, Paris, Philippe Rey, 2005, p.41)

* 470 Voir l'entretien de Michel Onfray sur le site suivanbt: www.voir.ca/publishing/article.aspx?article=38139&section=11

* 471 Ibid., pp.210-213 ; pp.230-233

* 472 Cette expression est utilisée par Onfray dans Ibid., p.274.

* 473 Tsahal désigne l'armée de défense d'Israël. Elle est fondée le 31 mai 1948, deux semaines après la proclamation de l'Etat d'Israël.

Cette armée israélienne possède de matériels de guerre très sophistiqués et ceci grâce à l'aide financière et matérielle des Etats-Unis.

* 474 La Cisjordanie est une région du Proche-Orient qui se situe entre Israël et la Jordanie.

* 475 Cf Michel ONFRAY, La Philosophie féroce - Exercices anarchistes - , Paris, Galilée, 2005, pp.69-83

* 476 Cette expression est utilisée par Onfray dans Ibid., p.210.

* 477 Le jihad, jihâd, djihad ou djihâd est un mot arabe qui signifie « exercer une force » ou « combattre ».

Il est divisé en jihâd majeur et jihâd mineur.

Le jihâd majeur est l'effort que doit faire tout croyant pour lutter contre les penchants de son âme : l'orgueil, l'envie, l'égoïsme, la domination de l'autre, le mensonge....et tout ce qui peut l'égarer, l'éloigner de son Créateur et le rapprocher du Diable. =

= Le jihâd mineur appellé aussi  jihâd social  est mené contre les Infidèles (Kafir) (il reste de savoir ici qui sont les Infidèles ?!) ou contre ceux qui veulent usurper les territoires musulmans, offenser l'islam et les musulmans. Dans ce dernier sens, le djihâd est défensif et n'a aucune prétention à conquérir la terre entière.

* 478 Michel Onfray reproche à Michel Foucault de voir dans la révolution iranienne une « spiritualité politique » inexistante en Occident.

Pour Onfray, la révolution iranienne est une sorte de « fascisme islamique » et l'auteur de Surveiller et punir, de l'histoire de la sexualité, de l'archéologie du savoir - ne connaît rien de l'islam puisqu'il défend un gouvernement islamique qui s'oppose point par point à son système philosophique: la domination du religieux sur toutes les sphères de la société, la discrimination sociale, le biopouvoir généralisé, l'effacement de l'individu au profit de la communauté, le système carcéral, l'absolutisme politique, la ranimation de la superstition, le refus de la liberté de pensée, la société close...

Cf. Traité d'athéologie, op.cit., pp.265-275.

ÑÇÌÚ íÖÇ ãÞÇá áÍãíÏ ÒäÇÒ: ÇáÑæÍÇäíÉ ÇáÓíÇÓíÉ åá åí åæÉ ãíÔÇá æßæ ÇáßÈÑì Úáì ãæÞÚ ÇáæÇä :

www. alawan. org

* 479 Malek Chebel est un anthropologue des religions, psychanalyste et historien algérien. Né en 1953 à Shikda en Algérie. Il a créé en 2004 l'expression devenu célèbre « l'islam des Lumières». A ses yeux, l'islam originel, l'islam authentique est absolument en accord avec la philosophie, la science, le progrès, le droit de la femme (le port du voile n'est pas édicté dans le Coran), le respect de l'autre et la liberté d'opinion. C'est un islam moderne, positif et susceptible de favoriser la modernité d'aujourd'hui et de demain.

Malek Chebel s'inquiète de l'état de l'islam dans nos jours et trouve que ce sont les intégristes islamistes qui ont dénaturé le vrai islam. Ces islamistes fondamentalistes instrumentalisent le Coran à des fins politiques et imposent silence à l'esprit de progrès revendiqué par le Coran

* 480 Le fiqh est la science du mujtahid.

* 481 Cf. Traité d'athéologie, op.cit., p.219

* 482 Pour plus de détails sur les batailles de Mahomet voir l'ouvrage suivant :

René MARCHAND, Mahomet : Contre-enquête, éditions de l'Echiquier, 2006

* 483 Traité d'athéologie, op.cit., p.220

* 484 Ibid., p. 260

* 485 Ibid., pp.73-76

* 486 Ibid., p.70 ; p.71.

Si avec Michel Onfray, les trois monothéismes n'affichent aucune différence hiérarchique, il ne serait autant avec Nietzsche qui dans L'Antéchrist § 18 vint déclarer que «la conception chrétienne de Dieu (...) est une des notions de Dieu les plus infectées auxquelles on soit parvenu sur la terre. »

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard