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L'affaire du marquis Alfred de Trazegnies d'Ittre (1832-1861).

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par Olivier LERUTH
Université de Liège (Belgique) - Licence en Histoire  2005
  

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2. La cour de Rome aux alentours de 1860.

Décrivons ici la société romaine des années 1860. Il s'agit d'un passage obligé puisque tous ces personnages furent fréquentés, de près ou de plus loin, par Alfred de Trazegnies d'Ittre lors de son voyage en Italie. Nous ne pouvons évoquer la Ville éternelle sans aborder les personnalités des grands politiques et conseillers de Pie IX : Antonelli et de Merode.

A partir de 1860, le gouvernement de Rome, et surtout le pape, apparaissaient aux yeux du commun des mortels comme « les symboles de la résistance à outrance à l'oeuvre de l'unification de l'Italie dans la forme concrète qu'elle avait prise sous l'égide de la monarchie piémontaise47(*). » Mais, ainsi que le faisait remarquer Aubert, jamais la résistance du pape ne fut réellement active. Il a certes travaillé ardemment à faire appliquer les stipulations du traité de Zurich de 1859, demandant la reconstitution de ses territoires tels qu'ils étaient à la veille de la guerre, mais il n'a jamais pris « aucune initiative positive qui aurait eu pour but de torpiller le jeune royaume, dont les débuts ne furent pas toujours faciles, et il est frappant de comparer l'éclat de ses discours avec la modération de ses démarches effectives. »

Jacques Antonelli naquit le 02 avril 1806 dans une famille de marchands de bois à Sonino, près de Frosinone. Il suivit rapidement les cours du Séminaire romain tandis que sa famille quitte Sonino pour s'installer à Rome. Docteur en droit civil et en droit canonique à 21 ans, il souhaitait entrer dans la prélature de justice, ce qui était fait en 1830, alors qu'il n'avait que 24 ans. Il devint vite un des favoris du pape Grégoire XVI. Celui-ci le fit prélat et assesseur au tribunal criminel supérieur. Il fut ensuite délégué à Orvieto, Viterbe, Macerata. En 1841, Grégoire XVI, à la recherche de chefs capables d'influencer l'opinion, le faisait sous-secrétaire d'Etat au ministère de l'Intérieur. A ces fonctions s'ajoutaient celles de grand trésorier ou ministre des finances. L'arrivée au trône de Pie IX lui fut directement profitable : Jacques accédait au cardinalat en juin 1847 alors qu'il n'avait même pas été ordonné prêtre. Simultanément, il présidait la fameuse consulte d'Etat censée proposer les réformes urgentes pour les Etats Pontificaux. Ses propositions ne furent cependant jamais prises en compte. En mars 1848, le pape confiait au cardinal la direction du Conseil des Ministres, mais les pressions révolutionnaires causèrent son évincement au profit de Mamiani et, plus tard, de Pellegrino Rossi, dont on connaît le tragique destin. Les conditions devenant insoutenables aux yeux du Pontife, il prit la fuite pour Gaète, notamment sur le conseil d'Antonelli, où il l'appela à son service.

Revenu à Rome, le pape récompensait sa fidélité en le nommant, le 12 avril 1850, secrétaire d'Etat aux Affaires Etrangères48(*). A ce poste, il fit appel aux puissances catholiques afin d'obtenir leur appui et de conserver la totalité des domaines pontificaux. Ainsi qu'il le déclarait : « Le Saint-Père est obligé par son devoir vis-à-vis du monde catholique de conserver dans son intégrité le patrimoine de l'Eglise et la souveraineté qui y est annexée, si indispensable pour maintenir sa liberté et son indépendance comme chef suprême de l'Eglise elle-même... (...) Le Saint-Père, se reposant dans l'intérêt religieux de ces puissances (n.d.l.a. Il s'agit de l'Autriche, le France et les Deux-Siciles), filles de l'Eglise, réclame avec pleine confiance leur intervention armée pour délivrer les Etats du Saint-Siège49(*). »

Dans un premier temps particulièrement libérale, l'action du cardinal devint, dès le retour de Gaète, réactionnaire et farouchement anti-italienne. La presse libérale du temps se fit un plaisir de montrer une image du cardinal dévoué à la cause autrichienne tandis que Charles de Rémusat en brossait un portrait peu flatteur dans ses mémoires : « il a beaucoup d'esprit, une conversation agréable, une possession pleine de lui-même, de l'esprit de conduite, de la prudence et de la mesure, deux choses dont il ne manque que là où les lumières lui font défaut, et il n'est ni éclairé, ni instruit. (...) Il ne connaît rien du monde politique ; il n'a jamais quitté Rome que pour faire le voyage de Gaète50(*). » Il admettait cependant qu'il était « beaucoup plus doué pour les affaires » que le pape. C'est dire l'estime que devait avoir le journaliste pour ce dernier... Au portrait de Rémusat, le catholique Louis Veuillot répondait que « personne ne voit et n'interroge plus de témoins de l'état du monde ; personne n'a mieux étudié la politique européenne51(*). » Il semble en tout cas que la position délicate dans laquelle s'est trouvé cet homme d'état a fait qu'il a plus souvent privilégié la temporisation à l'action. A un tel point qu'Edmond About52(*) notait qu'en « dix ans de dictature, il n'a gagné ni l'estime d'un étranger, ni la confiance d'un romain. Il a gagné du temps et rien de plus53(*). » S'il décidait d'agir, c'était de manière défensive et non offensive : l'essentiel était à ses yeux d'empêcher le démantèlement des Etats. Ainsi que le faisait remarquer de la Gorce, il réussit, vis-à-vis de la France, à « ne jamais rien faire de ce qu'elle demandait et de ne se brouiller avec aucun de ses représentants54(*). »

Le cardinal occupa une place de premier rang au Vatican jusqu'à sa mort. Cependant il n'eut d'autre choix que de s'effacer - temporairement - lorsque vint occuper le devant de la scène un prélat belge, Xavier de Merode. Celui-ci naquit à Bruxelles le 15 mars 1802. Il était le plus jeune fils du comte Félix de Merode dont le rôle dans l'indépendance de la Belgique n'est pas à rappeler. En 1839, il entrait à l'école militaire de Bruxelles et, trois ans plus tard, passait ses derniers examens et recevait le brevet d'officier. Il acquit le grade de sous-lieutenant. Mais la Belgique, puissance neutre, n'avait sans doute pas de quoi distraire bon nombre de soldats qui choisirent de s'initier aux combats sous d'autres drapeaux. Ce fut le cas de Xavier qui se retrouva ainsi attaché à l'état-major du maréchal Bugeaud. Sous ses ordres, il combattit les kabyles en Algérie. Sa conduite exemplaire lui vaut d'être nommé chevalier de la Légion d'honneur. Il ne se borna pas à sa campagne militaire d'Algérie, il choisit aussi de visiter le pays, ce qui le conduisit d'ailleurs à la rencontre d'un certain général de Lamorcière dans la ville d'Oran55(*).

Depuis longtemps déjà, l'idée de se donner à Dieu turlupinait notre homme. Bien des choix de monseigneur de Merode doivent être mis en rapport avec son adulé beau-frère, Montalembert, qui l'influença grandement. Comme le prélat l'expliquait lui-même à ce dernier, « Vous avez pu me décider à aller faire la guerre en Algérie, vous me déciderez bien mieux à la faire pour l'Eglise et pour Jésus-Christ56(*). » Et le beau-frère d'approuver immédiatement cette décision. En décembre 1847, Xavier arrivait à Rome, suivait les cours du collège romain. Le 22 septembre 1849, il était ordonné prêtre. En à peine plus de six mois, il gagna la confiance de Pie IX qui le fit camérier secret participant (14 avril 1850). Les camériers sont chargés d'« introduire auprès du Saint-Père les personnes honorées d'une audience ; ils accompagnent le pape dans toutes ses sorties, qu'il s'agisse d'une cérémonie ou d'une promenade ; ils passent chaque jour plusieurs heures avec lui57(*). » Leur nombre est limité à quatre. Merode aurait mille fois préféré rester simple prêtre et continuer à parcourir les hôpitaux pour y soigner les malades français, comme il en avait l'habitude. Cependant le Saint Père ne voulut rien entendre.

Nul doute que ce personnage a dû choquer plus d'un des hôtes du Vatican. Son allure négligée et son franc-parler lui valurent rapidement la haine d'une bonne partie du corps diplomatique, particulièrement de la diplomatie française58(*). Xavier se voulait avant tout un travailleur infatigable et un homme de terrain. Il mena à bien plus d'une réforme, comme la réorganisation pénitentiaire dans les Etats du pape. Les anecdotes abondent sur son comportement hors du commun. L'historien de la Gorce raconte, par exemple, qu'on lui refusa un jour la visite de contrôle d'un établissement pénitentiaire. Insatisfait, il appela à son service des ouvriers qui abattirent le mur et il pénétra par la brèche59(*) !

Merode ne montrait aucune sympathie pour Louis-Napoléon Bonaparte. D'ailleurs, la présence des troupes françaises sur le territoire pontifical l'insupportait profondément, il aurait préféré la mise sur pied d'une armée propre au Saint-Siège, ce qu'il réalisa dès la fin de l'année 1859, au moment où la Question Romaine préoccupait à nouveau Pie IX, qui désormais optait pour une politique d'action, orchestrée de main de maître par son nouveau Ministre des Armes. Le prélat belge négocia alors secrètement l'engagement d'un général déjà rencontré en Afrique, à savoir Lamorcière.

Si l'influence du « parti Merode » primait sur celle du « parti Antonelli » au printemps 1860, elle ne se prolongea que pour cinq années. Au bout de ce terme, le cardinal avait rassemblé autour de lui tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, étaient lassés de son caractère impulsif et provocateur. La majorité des Italiens le considérait quant à elle comme l'adversaire à toute hypothèse de rapprochement entre les Etats Pontificaux et le nouveau royaume. Il n'était pas l'homme du compromis. C'est donc au plus terre-à-terre Antonelli que revinrent les pleins pouvoirs le 20 octobre 1865.

L'action des différents partis romains ne peut se comprendre que située dans le cadre de l'occupation française de la Ville éternelle. N'oublions pas, en effet, qu'un corps expéditionnaire était présent dans la ville depuis les événements de 1848. Napoléon se refusa toujours à l'évacuer, car c'était la laisser libre aux interventions étrangères. Et Dieu sait que Sa Sainteté Pie IX n'avait pas de quoi tenir tête à ces interventions. Le corps comptait une trentaine de milliers d'hommes à la fin du siège. Il fut ramené à une seule division en 1850. Dix ans plus tard, environ 7 500 hommes constituaient les garnisons de Rome et Civitavecchia, base stratégique. Début de l'année 1860, l'empereur envisageait sérieusement de rapatrier ces hommes, tandis qu'on ferait quitter ses états à Pie IX. On jasait énormément de ce départ dans le corps diplomatique. Les britanniques disaient tenir du Palais royal français que les troupes allaient quitter la ville sous peu60(*). Ces bruits continuaient à se répandre au mois d'avril 186161(*). Pourtant, le ministre des Affaires étrangères, Thouvenel, assurait fermement l'ambassadeur français, le duc de Gramont62(*), qu'aucune solution n'avait encore été prise par l'empereur sur la question de Rome. Selon Gramont, « évacuer immédiatement serait livrer le Saint-Siège à la révolution, parce que son armée, bien qu'en bonne voie d'organisation, n'est pas encore capable de suffire à la tâche qui lui reviendrait. Il faudrait donc, (...) stipuler un délai de quatre mois par exemple et une évacuation graduée63(*). » Quoi qu'il en soit, ce ne fut qu'en 1864 que Napoléon III obtenait la garantie que le nouveau royaume n'attaquerait pas le territoire pontifical et qu'il empêcherait toute agression. Un plan d'évacuation échelonné sur deux ans fut mis en place. Mais l'Italie ne respecta pas sa promesse. En 1867, Garibaldi marchait sur Rome. On dut recréer le corps expéditionnaire de Rome sous les ordres du général de Failly. Ce corps ne laissa sur place qu'une seul brigade qui fut rappelée lors du conflit avec la Prusse64(*).

Pour la période que nous étudions, le corps expéditionnaire est dirigé par le général de Goyon65(*). Ce personnage ambigu donna bien du fil à retordre à ses collègues. Il peut s'avérer intéressant de noter qu'au mois d'août 1860, alors qu'il allait rendre des comptes à l'empereur, Goyon mettait en garde le cardinal Antonelli : son retour à Rome était particulièrement incertain. Il désirait à tout prix qu'on lui accorde un renfort de 15 000 hommes qui lui permettraient de couvrir la frontière méridionale des Etats de l'Eglise66(*). Il fut entendu. En octobre, un corps d'occupation à deux divisions fut constitué afin de défendre les états du pape entre Velletri et Viterbe.

* 47 Dans AUBERT Roger, Pie IX et le Risorgimento, dans « Risorgimento », 1961, tome II, p. 68.

* 48 Dans THOUVENEL L., Le secret de l'empereur... op. cit., volume 2, p. 466.

* 49 Cité dans VEUILLOT Eugène, VEUILLOT Louis, DE RIANCEY, Célébrités catholiques, Librairie Calmann-Lévy, Paris, 1870, p. 38.

* 50 Dans POUTHAS Charles H., Charles de Rémusat. Mémoires de ma vie, volume 5, Rémusat pendant le Second Empire, la guerre et l'Assemblée nationale, gouvernement de Thiers et Ministère de Rémusat aux Affaires Etrangères (1852-1875), Librairie Plon, Paris, 1967, pp. 108-109 et 137-138.

* 51 Dans VEUILLOT Eugène, ..., Célébrités catholiques..., op. cit., p. 48.

* 52 Edmond About (1828-1885). Journaliste anticlérical et auteur de romans.

* 53 Dans ABOUT Edmond, La Question romaine, M. Lévy frères, Paris, 1861, p. 116.

* 54 Dans DE LA GORCE PIERRE, Histoire du Second empire, tome III, Librairie Plon, Paris, 1906, p. 362.

* 55 Dans VEUILLOT Eugène, ..., Célébrités catholiques... op. cit., p. 6.

* 56 Cité dans BESSON (Mgr), Frédéric-François-Xavier de Merode, ministre et aumônier de Pie IX, archevêque de Mélitène, sa vie et ses oeuvres, Retaux-Bray Librairie-Editeur, Paris, 1886, p. 67.

* 57 Dans Dans VEUILLOT Eugène, ..., Célébrités catholiques... op. cit., p. 11.

* 58 Dans AUBERT Roger, Monseigneur de Merode. Ministre de la guerre sous Pie IX. (I), dans « Revue générale belge », mai 1956, pp. 1102-1116

* 59 Dans DE LA GORCE PIERRE, Histoire du Second empire... tome III... op. cit., p. 364.

* 60 Dans THOUVENEL L., Le secret de l'empereur... op. cit., volume 1, lettre du duc de Gramont à monsieur Thouvenel, 27 novembre 1860, p. 307.

* 61 Idem, volume 2, lettre du duc de Gramont à monsieur Thouvenel, 09 avril 1861, pp. 51-53.

* 62 Antoine Alfred Agénor de Gramont (1823-1881). Il fut d'abord connu sous le nom de duc de Guiche puis, à partir de la mort de son père le 03 mars 1854, il s'appela prince de Bidache et duc de Gramont. Admis à l'école polytechnique en 1837, il passa à l'école d'application de Metz d'où il sortit sous-lieutenant d'artillerie en octobre 1839. Il démissionna moins de deux ans plus tard. Il reprit du service dans la garde nationale en 1848. Le coup d'Etat du 02 décembre coïncide avec son entrée dans la carrière politique. Il fut envoyé comme ministre plénipotentiaire à Cassel, puis à Stuttgart (1852) et à Turin (1853). Enfin il devint ambassadeur à Rome en 1857. Selon les différentes sources, les relations de Gramont avec les autorités pontificales -et en particulier avec le cardinal Antonelli- devinrent si délicates, qu'il dût demander sa mutation. Il n'est pas impossible que ce soit la publication du Livre jaune français, comprenant sa correspondance -quelques fois très agressive vis-à-vis du Saint-Siège- avec monsieur Thouvenel, qui ait provoqué la mésentente. D'après les dires de Théodore de Bounder de Melsbroeck, le duc avait alors « perdu de son autorité et de son influence. » On le transféra comme ambassadeur à la cour d'Autriche où il resta en fonction jusqu'au 15 mai 1870. Il devint ensuite ministre des Affaires étrangères à la place du comte Daru. Il joua un rôle considérable dans l'affaire du Luxembourg et celle concernant la candidature du prince Léopold au trône d'Espagne. Tombé en 1870, en même temps que le gouvernement Ollivier, il se réfugia l'année suivante à Londres. De retour en France, il écrivit quelques ouvrages sous des pseudonymes. Il était l'époux d'Emma-Marie Mac Kinnon depuis décembre 1848. (Dans Dictionnaire de biographie française, Librairie Letouzey et Ané, Paris, tome XVI, 1985, colonnes numéros 920-921 ; dans VAPEREAU Gustave, Dictionnaire universel des contemporains, Librairie Hachette et Cie, Paris, 1870, p. 795 ; dans BITARD Ad., Dictionnaire de biographie contemporaine française et étrangère, comprenant les noms, prénoms, pseudonymes de tous les personnages célèbres du temps présent, l'histoire de leur vie, de leurs actes et de leurs oeuvres, la date de leur naissance et des principaux événements de leur carrière, etc. Augmenté d'un supplément comprenant les additions et changements divers survenus pendant l'impression, Léon Vanier, Paris, 1880, pp. 582-583 ; dans THOUVENEL L., Le secret de l'empereur... op. cit., volume 1, lettre du duc de Gramont à monsieur Thouvenel, 19 février 1861, pp. 434-439 et AMAE, légation Saint-Siège, lettre de Théodore de Bounder de Melsbroeck à Adolphe de Vrière, 31 août 1861.)

Adolphe Pierre Aloys de Vrière (1806-1885). Homme politique libéral. Docteur en droit de l'Université de Leiden (1825), il fut d'abord collaborateur au journal Standaerd van Vlaenderen de Bruges avant de devenir commissaire d'arrondissement de Bruges de 1830 à 1841. Il entra dans la carrière diplomatique en tant que secrétaire de légation adjoint à la Mission en Saxe et en Prusse en 1831. De 1841 à 1845, on le retrouvait chargé d'affaires à Copenhague, puis à Lisbonne (1845-1847). Il fut successivement gouverneur des provinces de Namur, de Hainaut et de Flandre occidentale. Enfin nous le rencontrons, dans ce mémoire, comme ministre des Affaires étrangères (novembre 1857-octobre 1861). A la Chambre, de Vrière représenta Bruges entre 1857 et 1863 puis entre 1864 et 1870. (Dans DE PAEPE Jean-Luc, RAINDROF-GÉRARD Christiane, Le Parlement belge 1831-1894, Commission de la Biographie Nationale, Académie royale de Belgique, Bruxelles, 1996, pp. 253-254 et dans Nationaal Biografisch Woordenboek, Koninklijke Vlaamse Academiën van België, Brussel, tome XVI, 2002, colonnes 929-930.)

* 63 Dans THOUVENEL L., Le secret de l'empereur... op. cit., volume 2, lettre du duc de Gramont à monsieur Thouvenel, 27 avril 1861, pp. 75-76.

* 64 Dans CORVISIER André (sous la direction de), Histoire militaire de la France, tome II, De 1715 à 1871, PUF, Paris, 1992, pp. 508-509.

* 65 Charles Marie Augustin de Goyon (1803-1870). Il entra à Saint-Cyr en 1819 et sortit deux ans plus tard sous-lieutenant au 17e chasseurs à cheval. Il participa, dans ce grade, à la Campagne d'Espagne en 1823. Lieutenant au premier cuirassé en 1825, il devint en 1846 colonel du 2e dragons à la tête duquel il contribua à la répression de l'insurrection de 1848. Promu général de brigade en avril 1850, puis général de division trois ans plus tard, il dirigea l'école de cavalerie de Saumur. En 1854, il commanda le camp de Lunéville avant d'être affecté, deux années plus tard, commandant du corps expéditionnaire à Rome. Là, il eut de nombreuses disputes, notamment avec Monseigneur de Merode. Son ambassadeur, le duc de Gramont, rapportait que Merode aurait tenu le discours suivant au général français : « vous êtes le dernier oripeau qu'emploie votre maître pour cacher son infamie ! » Goyon affirmait à son supérieur que la seule solution à la question romaine était le départ du pape de sa capitale. Mais adressait-il les mêmes paroles au Saint-Père ? En juin 1861, le représentant belge près le Saint-Siège, Henri Carolus, pouvait écrire qu'on se montrait, au Vatican, très irrité contre le général de Goyon. Celui-ci resta malgré tout en place. Il fut même nommé général en chef du corps d'occupation au mois de novembre 1861. Au mois de décembre, Firmin Rogier, représentant de la Belgique à Paris, rapportait l'anecdote suivante : le général avait été saluer leurs majestés François II et Marie-Sophie en uniforme officiel, alors que les instructions qu'il avait reçues le priaient de s'y rendre en « frac noir et sans aucun caractère officiel. » L'outrecuidance de Goyon envers ses supérieurs devait prendre fin. Le premier mai 1862, Firmin Rogier assurait qu'on se trompait en pensant que la présence du général à Rome était agréable au Saint-Siège. Par sa conduite, notamment en ce qui concernait la répression du brigandage, Goyon était plutôt devenu `persona ingrata'. Le général fut effectivement rappelé auprès de l'empereur, qui avait reconnu « que le tort était du côté du général militaire, qui empiétait sans cesse sur le domaine politique réservé à l'ambassadeur » Lavalette. Le prince-président, qui apparemment le couvrait, l'éleva à la dignité de Sénateur. Le duc se rangea du côté des bonapartistes catholiques. 5 ans plus tard, il était nommé commandant du 6e corps d'armée à Toulouse. Arrivé à la limite d'âge en 1868, il fut placé dans le cadre de réserve. Il décédait deux ans plus tard. (Dans Dictionnaire de biographie française,... op. cit., tome XVI, 1985, colonnes 867-868 ; dans VAPEREAU Gustave, Dictionnaire universel des contemporains... op. cit., p. 792 ; dans THOUVENEL L., Le secret de l'empereur... op. cit., lettres du duc de Gramont à monsieur Thouvenel datées du 02 octobre 1860 et du 10 novembre de la même année ; AMAE, légation Saint-Siège, lettre de Henri Carolus à de Vrière, 19 juin 1861 et AMAE, légation France, lettres de Firmin Rogier à Charles Rogier datées du 12 décembre 1861 et du premier mai 1862.)

* 66 Dans THOUVENEL L., Le secret de l'empereur... op. cit., volume 1, lettre du duc de Gramont à monsieur Thouvenel, 11 août 1860, p. 168.

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