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L'affaire du marquis Alfred de Trazegnies d'Ittre (1832-1861).

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par Olivier LERUTH
Université de Liège (Belgique) - Licence en Histoire  2005
  

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3. Immigrés napolitains.

Le 14 février 1861, François II adressait le message qui suit à ses troupes :

« Généraux, officiers et soldats de l'armée de Gaète,

La fortune de la guerre nous sépare. Après cinq mois de souffrance pour l'indépendance de la partie, pendant lesquels nous avons partagé les mêmes fatigues et les mêmes privations, le moment est venu pour moi de mettre un terme à vos héroïques sacrifices. La résistance était devenue impossible, et, si d'un côté mon devoir de soldat était de défendre avec vous le dernier rempart de la monarchie, mon devoir de roi, mon amour de père me commandent aujourd'hui d'épargner l'effusion du sang qui, dans les circonstances actuelles, ne serait que la manifestation d'un héroïsme inutile.

Pour vous, mes fidèles compagnons d'armes, par égard pour votre avenir, par considération pour votre loyauté, votre bravoure et votre constance, je renonce à l'ambition de repousser les derniers assauts d'un ennemi qui, pour s'emparer d'une place défendue par de tels soldats, eût été obligé de semer des cadavres sur son chemin.

Soldats de l'armée de Gaète, depuis six mois vous avez combattu avec un courage sans pareil !

La trahison intérieure, l'attaque des bandes révolutionnaires, l'agression d'une puissance se disant amie, rien n'a pu arrêter votre bravoure, ébranler votre constance.

Au milieu des souffrances de tout genre, traversant les champs de bataille et affrontant les trahisons, plus terribles que le fer et le plomb, vous êtes venus à Capoue et à Gaète. Vous avez laissé, sur les rives du Volturno et du Garigliano, les traces de votre héroïsme, et vous avez défié pendant plus de trois mois, dans ces murs, les efforts d'un ennemi qui dispose de toutes les forces de l'Italie. Grâce à vous, l'honneur de l'armée des Deux-Siciles est intact ; grâce à vous votre souverain pourra lever la tête avec orgueil, et, sur la terre d'exil où il attendra la justice du ciel, le souvenir de l'héroïque fidélité de ses soldats sera la plus douce consolation de ses malheurs.

Une médaille spéciale vous sera distribuée en mémoire du siège, et, quand mes chers soldats rentreront dans leurs familles, tous les hommes d'honneur courberont la tête à leur passage ; les mères montreront à leurs fils, pour modèles, les braves défenseurs de Gaète.

Généraux, officiers et soldats, je vous remercie tous ; je vous serre la main avec effusion d'affection et de reconnaissance. Je ne vous dis pas adieu, mais au revoir. Conservez toujours intacte votre loyauté, comme se conservera la gratitude et l'affection de votre Roi.

François67(*). »

Le siège de Gaète touchait à sa fin. François II n'avait pas vraiment fait preuve de sang-froid lors des combats, durant lesquels « il tremblait de tous ses membres, les mains crispées sur sa tête en récitant des psaumes68(*). » Marie-Sophie, elle, supporta mieux le choc. On peut même lui attribuer d'avoir tenu tête aux Piémontais. Quoi qu'il en soit, on partait en exil. La question d'un refuge ne se posa pas longtemps. Le pape ouvrit généreusement les portes de la Ville éternelle aux souverains napolitains et à leurs fidèles. Ils débarquèrent le 14 de la Mouette -bateau gracieusement prêté par l'empereur des français- à Terracine, vers 20 heures, non sans être accueillis par les cris hostiles des détracteurs libéraux. Le général de Bailliencourt69(*) recevait d'un de ses amis la description cet épisode : « Vous avez su que le général de Goyon et moi avons reçu le roi de Naples à son arrivée ici, la nuit. Quel triste spectacle c'était, mon cher ami, et quelle chute imméritée, que celle d'un bon et charmant prince de 23 ans. La jeune reine est admirable de courage et de dignité ; elle toussait beaucoup en entrant au Quirinal ; elle avait tant souffert dans sa Casemate. Je ne puis vous dire la sympathie qu'ils inspirent, même dans l'armée française où l'esprit est... ce que vous savez70(*). » Des photos du couple royal sont disponibles dans les annexes.

Pie IX offrit à ses hôtes l'hospitalité du Palais du Quirinal, résidence qu'il n'occupait lui-même que quelques semaines par an puisqu'il avait élu domicile au Vatican depuis 1850. Le cardinal Antonelli reçut la cour dans la salle des Suisses, rappelant encore le plaisir qu'il avait de rendre l'hospitalité accordée au pape par le Re Bomba une dizaine d'années plus tôt. François et son épouse s'installèrent dans les appartements des papes. La reine-mère avait précédé le couple royal. Avec elle, étaient également arrivés son homme d'affaires Don Philippe Battinelli, le précepteur des princesses Borelli, monseigneur Gallo, ses 4 filles et les jeunes princes. Ranucci, chargé du contrôle de la Maison royale et Ruitz, secrétaire du monarque, étaient aussi logés au palais. Les ministres Ulloa71(*) et Del Re occupaient le palais de la Dateria. Entassés les uns sur les autres, ces napolitains habitués au luxe et au lucre ne tardèrent pas à se chamailler. Tout commença le soir même de l'arrivée. La reine-mère s'étant attribué la place d'honneur à la table du souper, l'épouse du roi exigea que son repas - pris aux frais du Vatican - lui fut servi dans une autre pièce, où elle dîna en compagnie de son mari. Petit à petit, on vit l'entourage du roi lui chercher querelle et comploter dans son dos. Les comtes de Trapani (frère du roi) et de Trani devinrent des spécialistes en la matière. Pendant ce temps, les généraux Clary72(*) et Bosco73(*) s'efforçaient tant bien que mal de recruter une légion étrangère. Une des premières apparitions publiques de la cour eut lieu le dimanche des rameaux. Tout le corps diplomatique y assistait. S'ensuivirent des réceptions en grandes pompes au Quirinal afin de recevoir celui-ci au mieux. Simultanément, le roi procédait à de nouvelles nominations. L'amiral Del Re, qui présidait le Conseil depuis la chute de Gaète, reçut le poste de ministre des Affaires Etrangères fin février, début du mois de mars 186174(*). Le fidèle conseiller Pietro Ulloa prenait la responsabilité du Département de la Guerre.

L'arrivée à Rome des familles patriciennes de Naples ne manqua pas de teinter la quelque peu terne vie romaine de joie méridionale -au grand dam des familles aristocratiques locales, malgré la gravité des circonstances. Il est évident que cette subite incursion réactionnaire conduisit les assemblées libérales de la ville (Comité National ou encore le Comité d'Action) à fomenter quelque complot tapageur afin de faire perdre toute crédibilité à la famille royale. L'affaire des photographies truquées, sur lesquelles on pouvait voir un sosie de la reine Marie-Sophie dans des positions pour le moins licencieuses, ne manqua pas de choquer l'entièreté des corps diplomatiques et politiques présents à Rome ou ailleurs, puisque le roi Victor-Emmanuel lui-même en reçut copie75(*) ! On colportait également tout un tas d'anecdotes sur la `cruauté' de l'ex-reine. Certains affirmaient qu'elle battait ses domestiques à coups de stylet. D'autres qu'elle tirait, depuis sa fenêtre du Quirinal, sur tous les chats de passage ! Il faut dire que sa nouvelle vie ne convenait guère à Marie-Sophie, femme de terrain. Elle montait à cheval, partait pour de longues randonnées pédestres à travers le Latium en compagnie de sa soeur Mathilde, devenue comtesse de Trani. Mais rien n'y faisait. Marie-Sophie voulait se battre, François ne la comprenait pas. La jeune reine oublia alors son ennui et son insipide époux dans les bras d'un gentilhomme belge au service du pape...

François II demeura souverain depuis son arrivée à Rome jusqu'au mois de mai. Néanmoins il s'habitua vite à sa vie d'exilé. Il s'adonnait avec plaisir à l'étude ou à l'archéologie, et c'était très mollement qu'il soutenait le clan des partisans désireux de le restaurer. Une aventure vint illuminer sa vie paisible : il tomba éperdument amoureux d'une jeune femme rencontrée au Quirinal peu de temps après son arrivée. On s'adressait billets doux et messes basses, mais cela n'alla pas plus loin. Tout au plus le roi eut-il l'audace de tenir le bras de la demoiselle lors d'un bal masqué ! Monseigneur Gallo lui avait en effet fortement déconseillé cette incartade.

Très affecté par les événements, le roi ne s'exprimait guère sur ses projets futurs. Le duc de Gramont, ambassadeur français près le Saint-Siège, le définissait comme « un enfant sur lequel les considérations politiques paraissent avoir fort peu de prise76(*). » L'incertitude la plus complète régnait quant à sa situation à Rome. Tandis qu'il faisait tout son possible pour que le roi quitte la ville77(*), le ministre des Affaires étrangères français s'arrangeait pour que l'ex-souverain récupère une partie, voire la totalité de son capital. Il avait en effet abandonné son pays sans rien emporter. On vivait de la vente de chevaux, de voitures ou de bijoux78(*). La France se devait à présent de faire des démarches auprès des autorités turinoises afin qu'on lui restitue ses biens79(*), sans quoi il continuerait à justifier sa présence à Rome dans le but « de sauvegarder le peu qu'il lui restait de sa fortune privée80(*). » Tout cela se perdit en d'interminables pourparlers. En février 1862, Carolus81(*) exprimait son inquiétude quant à la position financière de Sa Majesté qui paraissait « extrêmement gênée82(*). » Afin de le renflouer, et surtout de l'empêcher définitivement de s'installer dans la « Dominante », Napoléon III songea très sérieusement à racheter les possessions du roi déchu. Il s'agissait entre autres d'acquérir le Palais Farnèse - afin d'y installer l'ambassade de France, la Farnésine et les jardins farnésiens sur l'emplacement du palais des Césars83(*). François II semblait d'accord84(*). Finalement, le cardinal Antonelli fit en sorte que le palais Farnèse ne puisse être vendu qu'au Saint-Siège, qui n'avait en fait aucunement envie de l'acquérir. Napoléon III abandonna le projet85(*).

Assurée qu'elle ne saurait vendre son palais, Sa Majesté sicilienne décida de s'y installer « définitivement », en fait jusqu'à la prise de la ville par les Piémontais en 1870. Elle entama dès lors de restaurer la splendide bâtisse. Le prince Pignatelli engagea, pour ce faire, un architecte de grande réputation, Antonio Cipolla. Les Trani s'installèrent dans les salons du Nord-ouest. Le comte de Caserte occupait l'étage supérieur. On y logea en plus Pietro Ulloa et ses deux frères, Ruiz, le vice-amiral Del Re et de très nombreux fidèles et serviteurs. Les autres grandes familles durent s'installer dans Rome. Le duc de la Regina, par exemple, qui représenta à plusieurs reprises François II auprès du Saint-Père, habitait le petit palais Borghèse. Une liste interminable de princes et d'ecclésiastiques composait la cour de « Francheschiello », comme on l'appelait. On remarquait, entre autres, le prince de Montemileto di Trigiano, le marquis di Guidomandi, les ducs de Gallo, de Maddaloni, les comtes Grifeo, Statella, Laurenzana, Salvatore Carbonelli86(*), ministre des finances ; et son fils Domenico, attaché aux Affaires étrangères ; le général Pasca, Salvatore Murena, Pascale Governa, l'archevêque de Naples, Sisto Riario-Sforza ; l'archevêque de Bénévent, Dominico Carafa87(*).

Les généraux Bosco, Clary, Torenteros, Afan de Rivera88(*) esquissaient à grands traits la reconquête future du royaume, mais, à force de discours, omettaient d'agir... Parmi les courtisans, deux clans s'affrontaient : les « constitutionnels » (plus libéraux) et les ultras. Le roi écoutait davantage ces derniers, comme le lui recommandait sa mère. On s'inquiétait d'avantage, note Garnier, de savoir pour quel type de gouvernement on opterait une fois le pays repris, plutôt que de la manière dont on reprendrait le pouvoir perdu. Et François II prenait plaisir à répéter au représentant belge à Rome que seul un système constitutionnel, identique à celui du pays de son interlocuteur, pouvait convenir à ses Etats89(*).

Un témoin de l'époque, A. S. Kauffmann90(*), nous présente la cour napolitaine au palais Farnèse. « Les fonctions de la chancellerie royale doivent être aujourd'hui réduites à peu de chose : l'expédition de quelques brevets des ordres napolitains accordés par l'ex-roi à ceux qui le servent et espèrent encore le voir remonter sur le trône ; des nominations à des grades impossibles donnés à des hommes qui essayent en vain d'élever le brigandage à la hauteur d'une lutte de parti ; petit semblant de puissance auquel on a tant de peine à renoncer, parce qu'il rappelle ce qu'on a perdu. (...) François II reçoit les ambassadeurs de quelques puissances qui n'ont pas reconnu le royaume d'Italie. (...) Dans cette ombre de cour qui entoure le spectre d'une royauté disparue, une certaine activité règne encore. Il y a au Palais Farnèse des conseils de ministres titulaires où l'on discute des éventualités fantastiques ; il y a des réunions de conseillers sans titre, par qui tous les faits sont commentés, exagérés, expliqués dans le sens d'une restauration prochaine91(*). »

En effet, François II recevait encore les ambassadeurs étrangers. Parmi les nations ayant maintenu leurs ministres auprès du roi déchu étaient l'Autriche, la Bavière, la Russie, les Etats du pape et l'Espagne. Un premier groupe de pays avait retiré ses représentants immédiatement après la retraite du roi de Naples : l'Angleterre, la France et les Etats-Unis d'Amérique. Un second groupe s'y était pris à la chute de Gaète. Il s'agit de la Prusse, du Portugal, du Brésil et des Pays-Bas92(*). Quant à l'envoyé belge auprès du Saint-Siège et de Naples, Carolus, Charles Rogier lui demandait de mettre un terme à ses rapports le 17 novembre 186193(*). Comme exemple de réception du corps diplomatique toujours accrédité auprès du roi François, on peut citer celle organisée au début du mois de février 1861 à Gaète94(*) ou encore, celle du 7 septembre, à l'occasion de la fête de la reine95(*).

A vrai dire, le représentant belge entretenait de très (trop ?) bons rapports avec Sa Majesté Sicilienne. Le premier mars 1861, Carolus et son épouse étaient reçus en audience auprès du roi96(*). Ce n'était qu'une des nombreuses entrevues qu'eurent les deux hommes. Carolus a, semble-t-il, eu du mal à avouer au souverain déchu que ses rapports avec lui touchaient à sa fin, du fait de la reconnaissance par la Belgique du royaume italien. A plusieurs reprises, il notifiait à son ministre des Affaires Etrangères, Rogier, quelle attitude il devait adopter à l'égard de François II. Rogier ne pouvait que lui rappeler qu'il disposait de tous les éléments nécessaires dans ses correspondances précédentes97(*)... Le 8 décembre 1861, le ministre de Belgique à Rome rencontrait le roi de Naples pour une audience à titre « privé98(*) ». François II lui aurait alors déclaré : « quant à vous, cher ministre, en cessant vos rapports officiels avec moi, ne m'oubliez pas et venez me voir de temps en temps comme ami99(*). » Carolus comptait s'entendre avec ses collègues du Portugal et des Pays-Bas afin de « régler ce qu'ils auront à faire officieusement vis-à-vis de la famille royale de Naples à l'occasion du nouvel an. » Rogier approuvait cette attitude100(*).

Cette proximité de la personne du roi n'ira pas sans éveiller les soupçons des autorités piémontaises. Déjà vers la moitié de 1860, avant l'annexion du Sud italien, Villamarina craignait qu'en cas de revers des troupes napolitaines, celles-ci ne s'unissent à celles du général de Lamorcière afin de reprendre l'offensive sur Naples. Lamorcière prendrait le commandement de la totalité des troupes. Selon Villamarina, l'intermédiaire de cette intrigue n'était autre qu'Henri Carolus, qui avait eu une série d'entretiens avec le roi François101(*) !

* 67 Dans INSOGNA A., François II roi de Naples, Histoire du royaume des Deux-Siciles 1859-1896, Delhomme et Briguet éditeurs, Paris, 1897, pp. 180-181. Cet ouvrage se veut particulièrement engagé en faveur du roi de Nalples. Il connut une édition italienne auprès de la tipografia Gambella, Naples, 1898. Très peu d'informations sont disponibles sur son auteur, Insogna. D'après ce que Benedetto Croce avait pu apprendre à son sujet, Isogna était docteur en médecine. Dans son livre, le fait que les ministres et généraux du roi aient voulu prendre les décisions à sa place devenait, selon Croce, comme une obsession. (Dans CROCE Benedetto, Uomini e cose della vecchia Italia. Serie Seconda, coll. Scritti di Storia letteraria e politica, Gius. Laterza & Figli, Bari, 1943, pp. 405-406.)

* 68 Dans DUFOUR Hortense, Sissi. Les forces du destin, Editions Flammarion, Paris, 2003, p. 265.

* 69 Comte Jérôme-Benoît-Philogène de Bailliencourt (1808-1869). Né à Béthune, il entre à l'école de Saint-Cyr le 19 novembre 1826. Il se lie à Louis-Napoléon Bonaparte dès 1840 quand il est chargé de la garde du fort de Ham où celui-ci est retenu prisonnier. Il se fait remarquer durant les insurrections de juin 1848 en enlevant 18 barricades dans le quartier de la rue Mouffetard et passe ainsi lieutenant-colonel au mois de juillet. Ce n'est que dix ans plus tard qu'il atteint le grade de général de brigade. Il ne prend nullement part aux guerres de 1859 mais s'occupe longuement du corps d'occupation présent à Rome (1852-1859). Général de division en 1869, il prend le commandement de la division militaire de Grenoble et s'éteint quelques mois plus tard dans cette même ville. (Dans Dictionnaire de Biographie française, Librairie Letouzey et Ané, Paris, tome IV, 1933, colonne 1303.)

* 70 Lettre datée de Rome, 05 mars 1861. Citée dans DE BAILLIENCOURT Jérôme-Benoît-Philogène, Feuillets militaires : Italie 1852-1862. Souvenirs, notes et correspondances, Firmin-Didot, Paris, 1894, pp. 357-361.

* 71 Pietro Calà Ulloa (1801-1979). Né à Naples, il fut dès sa jeunesse attiré par la littérature à laquelle il consacra de nombreuses études. En 1829, il fut professeur d'éloquence au Collège militaire. En 1836, il était nommé juge au Tribunal civil d'Avellino. L'année suivante, il obtenait le poste de Procureur général auprès de la Grande Cour criminelle de Trapani. En 1844, il était promu procureur géréral auprès de la Grande Cour civile de Messine. Deux ans plus tard, on le retrouvait dans la même fonction à l'Aquila. En 1847, il gardait les mêmes fonctions à Avellino. Lors des événements de 1848, il fut l'un des premiers à soutenir la cause des Bourbons. Cela lui valut d'être nommé Conseiller de la Cour suprême de Justice à Trani, où il resta jusqu'en 1854. A cette date, il obtint enfin le poste similaire dans la capitale. S'impliquant dans la politique en 1860, il tenta de former des ministères opposés à Garibaldi mais ce fut un échec. Il accompagna le roi à Gaète en tant que ministre de l'Intérieur dans le Cabinet Casella. En novembre 1860, on l'envoya chercher de l'aide à Rome et à Paris. Cette mission se révéla infructueuse. A la chute de la forteresse, il fut président du gouvernement en exil à Rome et fut écouté par le roi jusqu'en 1866. Calà Ulloa s'opposa fermement à l'utilisation du brigandage afin de reconquérir le royaume. A la chute de Rome, il s'en retourna vivre dans sa ville natale pour s'adonner à l'étude de l'histoire locale. (Dans Dizionario biografico degli italiani, Instituto della Enciclopedia italiana, Roma, tome XVI, 1973, pp. 469-472.)

* 72 Tommaso Clary (1798-1878). Il joua un rôle important dans les combats contre les Garibaldiens envahissant la Sicile, ce qui lui valut d'être fait maréchal de camp. A Rome, il fit de son mieux pour accroître l'activité des brigands. On lui devait notamment d'avoir fait venir sur place l'espagnol José Borjès, dont nous reparlerons. Il pousuivit ses activités jusqu'en 1863 quand, sur pression du gouvernement italien, les Français le reléguèrent à Civitavecchia où il devait rester pour quelques temps. Cela ne l'empêcha pas de se trouver encore, en 1868, dans un comité bourbonien à Palerme. On ignore totalement ce que fut sa vie après les événements de la Porta Pia, probablement demeura-t-il à Rome jusqu'à son décès. (Dans Dizionario biografico degli italiani... op. cit., tome XXVI, 1982, pp. 148-150.)

* 73 Ferdinando Beneventano Bosco (1813-1881). A peine ses études terminées, ce jeune homme au caractère bien trempé devenait-il lieutenant en second des grenadiers de la Garde. En 1848, il était promu capitaine. En 1850, Ferdinand II de Bourbon le décorait de la médaille d'or de première classe. Sept ans plus tard, on le transférait temporairement en Sicile. L'année suivante, il était fait major. Le 10 juin 1860, on le retrouvait colonel. Il s'embarquait pour la citadelle de Messine où il rencontrait le général de Clary. A la chute du fort, il s'en retournait à Naples où il fit son possible afin d'éloigner le roi vers Gaète, Garibaldi menaçant. A ce moment, il accédait au grade de général de brigade. Il tint la tête à Garibaldi, puis, arrêté, on lui accorda de partir en exil en France. C'était pour aller mieux retrouver son souverain à Rome, peu de temps après. Sur place, il fut l'un des principaux organisateurs de la réaction, en compagnie des généraux Vial et Clary. Bosco ne désespérait pas de restaurer un jour son maître. En 1866, il se trouvait à Barcelone, recrutant des hommes dans ce but. (Dans Dizionario biografico degli italiani... op. cit., tome XIII, 1971, pp. 206-208.)

* 74 AMAE, légation Saint-Siège, lettre de Carolus à Adolphe de Vrière, 11 mars 1861.

* 75 Dans HAYWARD Fernand, Le dernier siècle de la Rome pontificale, Pie VII (la Restauration), Léon XII, Pie VIII, Grégoire XVI, Pie IX, 1814-1870, Payot, Paris, 1928, pp. 301-304.

* 76 Dans THOUVENEL L., Le secret de l'empereur... op. cit., volume 2, lettre du duc de Gramont à Thouvenel, 21 mai 1861, p. 115.

* 77 Idem, lettre de Thouvenel au duc de Gramont, 31 mars 1861, etc., p. 29.

* 78 Idem, volume 1, lettre du duc de Gramont à Thouvenel, 16 mars 1861, p. 491.

* 79 Idem, lettre de Thouvenel au duc de Gramont, 16 mars 1861, pp. 2-3.

* 80 AMAE, légation Saint-Siège, lettre d'Henri Carolus à Adolphe de Vrière, 06 mai 1861.

* 81 Henri Carolus (1811-1867). Il représenta la Belgique auprès du Saint Siège depuis le premier novembre 1859 jusqu'au 13 août 1867, date de son décès. Plusieurs secrétaires se succédèrent à son service durant ce mandat. Il s'agissait de Pierre Bartholeyns (01 février 1860 - 01 septembre 1860), Albert Paternostre (attaché entre le 18 décembre 1859 et le 21 novembre 1860, date à laquelle il devient secrétaire jusqu'au 03 décembre 1862) et Théodore de Bounder (01 septembre 1860 - 06 février 1864), pour ne citer que les premiers d'entre eux. Carolus naquit à Anvers le 14 mai 1811. Aspirant du génie, il devint aide de camp du général Willmar le 26 août 1836 et fut promu capitaine en second un an plus tard. En 1840, Carolus accompagna le général à Berlin en tant que secrétaire de légation (7 juillet). Il passa capitaine en premier le 21 juillet 1842 et le 8 octobre 1842, un arrêté royal lui accordait le titre de secrétaire de légation honoraire. Le 4 juin 1845, il reçut le titre de secrétaire de légation de première classe et assura, dès le mois d'août, la gestion de la légation de Berlin. Consul général à Darmstadt en 1846 puis conseiller de légation à Paris en juin 1848, il y demeura quelques années avant de se rendre en tant que ministre plénipotentiaire à Lisbonne dès la fin de juillet 1856. Un arrêté royal le désigna, enfin, au premier novembre 1859, comme envoyé auprès du Saint Siège. A Rome, Carolus mena une politique souvent mise en doute par les autorités turinoises, comme nous l'expliquons. En ce qui concerne les rapports entre Carolus et le Vatican, nous savons que les méthodes de monseigneur de Merode ne lui plaisaient guère, il reconnaissait cependant les capacités et l'énergie du Ministre des Armes. Nous ne pouvions évoquer la figure de ce personnage sans reproduire la description succulente que nous en a laissé Henri d'Ideville. « Le ministre de Belgique, écrivait-il, est un ancien officier d'artillerie. Aujourd'hui c'est un gros homme à lunettes, un peu lourd, souvent malade, mais d'un esprit assez fin. Il a loué près de Sainte-Marie des Anges, dans un quartier reculé, une villa avec grand jardin appartenant à son compatriote, M. de Merode. M. Carolus est un vieux connaisseur et un grand amateur de jolies choses ; il a de bons tableaux, des objets d'art et de fort belles porcelaines. Le plus charmant bijoux de sa collection est cependant sa jeune femme, dont il semble être le père. Madame Carolus est fort jolie, excellente personne sans méchanceté aucune ; elle s'occupe beaucoup de ses toilettes, de sa petite fille et même de son vieux mari. » (Dans BRAIVE G., MONDOVITS I., Le corps diplomatique et consulaire belge en Italie (II), dans « Risorgimento », XIIIe année, 1970, tome I, pp. 68-69 ; dans Idem,... (I)..., pp. 46-47 ; dans DELZENNE Yves-William, HOUYOUX Jean, Le nouveau dictionnaire des belges, Le Cri édition, Bruxelles, 1998, volume 2, p. 229 ; dans LECONTE J. R., Les origines de la diplomatie en Belgique. Officiers diplomates à l'époque de Léopold Ier, dans « Revue internationale d'histoire militaire », numéro 24, 1965, pp. 405-406 ; dans Biographie nationale de Belgique, publiée par l'Académie royale des Sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, tome XXXIV, colonnes numéros 159 à 163, notice de Jacques-Robert Leconte ; dans AUBERT Roger, Monseigneur de Merode. Ministre de la guerre sous Pie IX. (II), dans « Revue générale belge », XCIIe année, juin 1956, p. 1318 et dans D'IDEVILLE Henry, Journal d'un diplomate en Italie, notes intimes pour servir à l'histoire du Second Empire. Rome 1862-1866, Librairie Hachette et Compagnie, Paris, 1873, p. 45.)

Henri Amédée Le Lorgne d'Ideville (1830-1887). Il fut secrétaire d'ambassade à Turin (1859), Rome (1862), Dresde (1867) et Athènes (1868). Il se retira en 1870 puis devint préfet d'Alger un an plus tard, jusqu'en 1873. Après quoi il se retira définitivement. Il laissa d'intéressants écrits sur ses activités diplomatiques, notamment. (Dans Dictionnaire de biographie française... op. cit., tome XXVIII, 1994, colonne 133.)

* 82 AMAE, légation Saint-Siège, lettre d'Henri Carolus à Charles Rogier, 19 février 1862.

* 83 Dans THOUVENEL L., Le secret de l'empereur... op. cit., volume 1, lettre de Thouvenel au duc de Gramont, 10 février 1861, p. 400.

* 84 Idem, lettre du duc de Gramont à Thouvenel, 26 février 1861, p. 457.

* 85 Idem, volume II, lettre du duc de Gramont à Thouvenel, 16 avril 1861, pp. 59-64.

* 86 Salvatore Carbonelli (1820-1906). En 1860, il fut appelé à faire partie du gouvernement constitutionnel de François II en tant que responsable des Travaux publics. Lors du remaniement ministériel de Gaète, le roi le fit ministre des Finances. En exil à Rome, il conserva ce poste. Légitimiste convaincu, il fut impliqué dans la frappe de fausse monnaie afin de financer les expéditions légitimistes du roi. En 1865, il démissionna du gouvernement avec son collègue Del Re, des Affaires étrangères, à cause d'un malentendu avec le ministre Ulloa. Ce dernier était partisan de la constitution, tandis que les deux démissionnaires expliquaient que si François II avait usé de la manière forte en 1860, jamais il n'aurait perdu son royaume. Lors de l'invasion de Rome en 1870, il partit pour la Suisse où il séjourna jusqu'en 1877. Après quoi il rentrait à Naples pour se retirer dans la vie privée. (Dans Dizionario biografico degli italiani... op. cit., tome IXX, 1976, pp. 708-711.)

* 87 Dans DE NAVENNE Ferdinand, Le Palais Farnèse pendant les trois derniers siècles, Librairie ancienne Honoré Champion, Paris, 1923, tome II, p. 233.

* 88 Gaetano Afan de Rivera (1816-1870). Il participa à la campagne de Sicile et à la prise de Messine en septembre 1848. Nommé brigadier en 1855, il fut commandant de brigade à Palerme, avant d'être élevé au grade de maréchal de camp en avril 1860. Il lutta contre les garibaldiens en Sicile, puis suivit les Bourbons en exil à Rome. Il continua à s'occuper de la réaction jusqu'à sa mort en 1870. (Dans Dizionario biografico degli italiani... op. cit., tome I, 1960, p. 346.)

* 89 AMAE, légation Saint-Siège, lettre d'Henri Carolus à Adolphe de Vrière, 03 avril 1861.

* 90 A.-Sébastien Kauffmann (1800-1868).

* 91 Dans KAUFFMANN A. Sébastien, Chroniques de Rome. Tableau de la société romaine sous le pontificat de Pie IX, G. Barda, Paris, 1865, p. 27.

* 92 AMAE, légation Saint-Siège, lettre du représentant belge Carolus au ministre des Affaires Etrangères Charles Rogier datée du 10 novembre 1861.

* 93 AMAE, légation Saint-Siège, lettre de Charles Rogier à Henri Carolus, 17 novembre 1861.

* 94 AMAE, légation Saint-Siège, lettre d'Henri Carolus à Adolphe de Vrière, 09 février 1861.

* 95 AMAE, légation Saint-Siège, lettre de Théodore de Bounder de Melsbroeck à Adolphe de Vrière, 07 septembre 1861.

* 96 AMAE, légation Saint-Siège, lettre d'Henri Carolus à de Vrière, 02 mars 1861.

* 97 AMAE, légation Saint-Siège, lettre de Charles Rogier à Henri Carolus, 17 novembre 1861.

* 98 AMAE, légation Saint-Siège, lettre d'Henri Carolus à Charles Rogier, 07 décembre 1861.

* 99 AMAE, légation Saint-Siège, le même au même, 10 décembre 1861.

* 100 AMAE, légation Saint-Siège, lettre de Charles Rogier à Henri Carolus, 26 novembre 1861.

* 101 Lettre de Villamarina à Cavour datée du 31 juillet 1860, dans R. COMMISSIONE EDITRICE (a cura della), La liberazione del Mezzogiorno e la formazione del regno d'Italia, Nicola Zanichelli Editore, Bologna, 1949, volume 1 (gennaio-luglio 1860), p. 421.  

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote