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L'affaire du marquis Alfred de Trazegnies d'Ittre (1832-1861).

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par Olivier LERUTH
Université de Liège (Belgique) - Licence en Histoire  2005
  

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Le temps de l'action (1850-1870)

Au lendemain de 1848, alors que le Piémont conservait son régime constitutionnel -ce qui lui valait d'accueillir les réfugiés politiques en provenance du reste de la Péninsule-, tous les autres états employaient les grands moyens pour tenir au pas leurs populations. Ainsi, à Mantoue, neufs chefs d'un réseau révolutionnaire local, dont faisait partie le prêtre Enrico Tazzoli, furent pendus (mars 1853). A Naples, Ferdinand II intentait à Settembrini et à ses partisans un procès pour trahison. En Toscane, Léopold II supprimait la constitution octroyée en 1852. Dans le duché de Modène, François V montrait une telle férocité que nombre de libéraux préférèrent fuir. Enfin, Parme assistait au meurtre de son duc Charles III, conséquence de sa politique trop répressive. Dans les états de Parme et Modène se perpétuait l'action de faible envergure des mazziniens.

En effet, malgré son insuccès flagrant, Mazzini demeurait convaincu qu'une remise en marche du mouvement révolutionnaire, alors en « stand-by », permettrait d'unifier la Péninsule. Il suffisait, pour que cela fonctionne, que les peuples des différents pays révoltés (Allemagne, Pologne) s'unissent. Il créait ainsi à Londres un Comité central démocratique européen (juillet 1850) qui tâchait de propager ses idées. Début des années 1850, Mazzini organisait un puissant réseau dans les Etats Pontificaux, en Toscane, dans les Ligurie et Lombardie. Son influence n'atteignait cependant pas le Sud. Progressivement, il s'alliait aux confréries ouvrières et artisanales, aux milieux populaires, et projetait de nouvelles insurrections comme celle de février 1853 qui devait toucher les grandes villes du Nord. A la vérité, seuls quelques révoltés milanais (les Barabba) descendirent en rue et leur émeute fut facilement écrasée. Mais Mazzini ne s'avouait pas vaincu. Réfugié à Gênes durant trois années, il créait le Parti d'action et s'appuyait sur les élites révolutionnaires qui lui étaient fidèles, afin d'entraîner les masses dans la révolution. Avec l'aide de Carlo Pisacane10(*), un de ses anciens disciples remis à son service, il projetait de soulever les villes de Gênes, Livourne et le royaume de Naples. Ce fut à nouveau une défaite pour Mazzini dont les anciens partisans optaient désormais pour des positions plus modérées. Plutôt que d'affaiblir l'oeuvre de Cavour, on peut dire que les diverses tentatives mazziniennes l'ont consolidée en poussant le politicien à agir afin de ne pas se faire distancer pas le courant républicain.

Les années 1848-50 voyaient éclore en Piémont de graves tensions intérieures. Effrayé des aspirations révolutionnaires des peuples qui l'entouraient, Victor-Emmanuel se résigna en août 1849 à signer la paix avec l'Autriche qui, malgré l'insistance de cette dernière, tint bon dans l'application de son Statuto, comme nous venons de le voir ci-dessus. L'extrême-gauche décida alors de soulever les masses contre l'armistice, contre ce pseudo-régime constitutionnel et contre les Savoie eux-mêmes, accusés par Brofferio d'avoir mené une guerre non nationale mais dynastique. Le ministère du général de Launay (27 mars-7 mai) -dont Gioberti incarnait une des têtes pensantes-, confronté à une chambre ingérable -elle menaçait notamment de relancer la guerre- remettait sa démission. Simultanément, le pouvoir montrait ses faiblesses : la ville de Gênes, transformée en « République de Ligurie », invitait les grands personnages de l'Etat à venir délibérer en ses murs sur l'avenir de la Patrie.

De nouvelles élections en juillet 1849 amènent une majorité de démocrates belliqueux au pouvoir, ce qui n'arrangeait rien à la situation. Déboussolé, le roi appelait à la tête de l'Etat Massimo d'Azeglio. Celui-ci promit de s'en tenir à la Constitution seule et à garder en tête la mission nationale que s'était fixée le Piémont. Pour freiner l'enthousiasme guerrier de son peuple, Victor-Emmanuel, appuyé par son nouveau ministre, menaçait, dans sa proclamation de Moncalieri (20 novembre 1849), d'en revenir à un régime autoritaire :

« Avant de convoquer le Parlement j'adressai à la nation et particulièrement aux électeurs, des paroles sincères. Dans ma proclamation du 3 juillet 1849 je les avertissais d'avoir à suivre une ligne de conduite qui ne rendît pas impossible l'application du Statut. Mais un tiers seulement des électeurs, ou à peine un peu plus, prenait part aux élections. Le reste négligeait ce droit, qui est en même temps le devoir strict de chacun dans un Etat libre. J'avais fait mon devoir, pourquoi n'ont-ils pas fait le leur ? (...)

Cette promesse, ces serments, je les exécute en dissolvant une chambre devenue impossible, je les accomplis en en convoquant une autre immédiatement, mais si le pays, si les électeurs me refusent leur concours, ce n'est pas sur moi que retombera désormais la responsabilité de l'avenir et, dans les désordres qui pourront survenir, ils n'auront pas à se plaindre de moi, ils auront à se plaindre d'eux-mêmes. Si j'ai cru de mon devoir de faire entendre en cette occasion des paroles sévères, j'ai confiance que le bon sens et la justice publics reconnaîtront qu'elles sont empreintes en même temps d'un profond amour de mes peuples et de leurs vrais intérêts, qu'elles viennent de ma ferme volonté de maintenir leur liberté et de la défendre contre ses ennemis tant de l'intérieur que de l'extérieur.

Jusqu'à présent, jamais la maison de Savoie n'a recouru en vain à la fidélité, à la sagesse, à l'amour de ses peuples. J'ai donc le droit, dans l'occasion présente, d'avoir confiance en eux et de tenir pour certain que, en restant unis, nous pourrons sauver le Statut et le pays des dangers qui les menacent11(*). »

La chambre était donc à nouveau dissoute. Les nouvelles élections, auxquelles prirent part 80 000 électeurs -le message semble être bien passé !- engagèrent dès ce moment le Piémont dans une voie modérée et constitutionnelle, où la pensée de Cavour, centre-droit, allait enfin pouvoir s'épanouir. Il devint ministre de l'agriculture, de l'industrie et du commerce le 11 novembre 1850. A ces portefeuilles s'ajoutaient ceux des finances (février 1851) et de la marine (février 1852). Au mois de mai, un conflit s'ouvrait entre Cavour, l'homme qui monte, et un d'Azeglio, pour ainsi dire passé de mode. Il se solda le 16 mai par la démission du président du Conseil.

* 10 Carlo Pisacane (1818-1857).

* 11 Dans ORSI P., Histoire de l'Italie moderne (1795-1910), Armand Colin, Paris, 1911, pp. 205-207 ; cité par GUT Philippe, L'unité italienne, « Dossiers Clio », PUF, Paris, 1972, pp. 48-49.

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