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L'affaire du marquis Alfred de Trazegnies d'Ittre (1832-1861).

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par Olivier LERUTH
Université de Liège (Belgique) - Licence en Histoire  2005
  

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Italie et France : premières tentatives d'approche.

Un premier voyage de Cavour et Victor-Emmanuel en France eut lieu en novembre 1855 mais on ne discuta que superficiellement d'une éventuelle aide française puisque, au même moment, Napoléon III était toujours tenté de négocier avec l'Autriche. Ce rapprochement avec le souverain italien lui servit tout au plus de « chantage » afin de presser le pas au Gouvernement de Vienne. Toujours était-il que le couple impérial reçut à nouveau les Italiens en décembre à Compiègne. Là, on se parla plus franchement et l'empereur aurait même déclaré à Cavour : « Ecrivez confidentiellement à Walewski ce que vous croyez que je puisse faire pour le Piémont et l'Italie23(*). » Mais Louis-Napoléon, fidèle à lui-même, restait fort hésitant face à une action en Italie risquant de faire disparaître l'Etat pontifical et éveillant une nouvelle fois la rage des catholiques. Il n'en restait pas moins sensible à la cause de cette future Italie où il avait passé une bonne partie de sa jeunesse. Il avait d'ailleurs promis, lors de son exil à New York, suite à l'Affaire de Strasbourg, que « le jour où il présiderait aux destinées de la France, il soutiendrait de toutes ses forces les revendications nationales italiennes24(*). »

Il les soutint d'autant plus, au début de 1858, suite à un attentat contre sa personne alors qu'il se rendait à l'opéra accompagné de l'Impératrice, où se jouait un acte de « Guillaume Tell » suivi de « Marie Stuart ». Arrivés rue le Peletier, devant l'Opéra, trois explosions se succédèrent sur quelques secondes. La population, de sortie en nombre par cette douce soirée, accompagnait sa fuite par d'horribles gémissements. Le couple impérial n'était pas touché et décida, sur les conseils des proches, d'assister comme prévu à la représentation. On dénombrait 8 morts et 156 blessés. Grâce à l'arrestation d'un jeune toscan, la police parvint rapidement à remonter jusqu'au chef de la bande : Felice Orsini, membre de la société Giovane Italia. Son procès fut fixé aux 25 et 26 février. Dans sa cellule, le meurtrier écrivit plusieurs appels à Napoléon dont une lettre lue au procès et publiée le 27 dans le Moniteur universel, quotidien officiel de l'empire, ce qui montre bien l'intérêt que le souverain lui portait.

Napoléon souhaitait d'ailleurs le gracier mais le Conseil Privé refusa. Orsini et deux de ses complices furent condamnés à mort. L'attentat eut pour conséquence la multiplication de démarches auprès des Etats voisins pour obtenir des mesures contre les réfugiés politiques. Seule la Grande-Bretagne s'opposa à modifier le statut des exilés : elle abritait Simon Bernard, français qui aurait motivé Orsini dans son acte, et devint finalement, aux yeux du Gouvernement et de l'opinion, le principal auteur de l'attentat. Rémusat ne voit qu'un prétexte dans cette accusation : « L'habileté la plus vulgaire conseillait donc de s'emparer, de se prévaloir de cette circonstance, de se vanter de n'avoir jamais eu rien à craindre d'un des sujets de l'Empire (...) Rien n'avait été conçu, rien n'avait été préparé sur le sol de la France. Orsini avait apporté ses bombes explosives d'Angleterre et s'il n'avait été ni découvert, ni suivi, ni soupçonné, ce pouvait être la faute de la police, ce n'était la faute ni des lois existantes, ni de la conduite des partis, ni de l'état de l'opinion. La France n'avait pas bougé, personne ne s'y était douté de rien25(*). »

Aussi se réveillait la volonté de l'empereur d'aider le Piémont dans sa tâche de libérateur. Des négociations secrètes démarrèrent entre Turin et Florence. Elles allaient durer plusieurs mois et aboutir sur la célèbre entrevue de Plombières, où Napoléon, qui y prenait alors les eaux, invita Cavour à le rejoindre les 21 et 22 juillet 1858. De cette entrevue d'à peine quatre heures, ressortirent les premières idées d'une alliance : la France fournirait quatre cent mille hommes contre l'Autriche. Mais que ferait-on des terres italiennes une fois les Autrichiens chassés ? On créerait au Nord un royaume de Haute-Italie, comprenant les Etats sardes grandis des Lombardie et Vénétie, de Parme et Modène, et éventuellement des Terres romagnes pour un total d'environ 11 millions d'habitants. On formerait un second royaume d'Italie centrale englobant la Toscane, les Marches et l'Ombrie, les Etats de l'Eglise réduits à Rome et au Latium et le Royaume de Naples laissé aux Bourbons ou restitué au descendant du Prince Murat, Lucien.

En échange de son aide précieuse, l'empereur réclamait la Savoie et le comté de Nice, que Cavour n'était guère disposé à accorder. Enfin, il restait, avant de se quitter, à régler la question d'un éventuel mariage entre la jeune princesse Clotilde de Savoie et Jérôme Bonaparte, alias Plon-Plon, cousin de l'Empereur. Cela semblait désormais en bonne voie de réalisation.

Le premier souci de Napoléon avant de se lancer dans la bataille était de s'assurer un appui étranger, en l'occurrence celui de la Grande-Bretagne où le pro-français Palmerston venait de chuter au profit du Lord Derby, beaucoup moins conciliant. Un plan de séduction vit le jour : Victoria et son époux Albert furent reçus à Cherbourg par l'empereur, en août 1858, pour l'inauguration d'un nouveau port militaire...dirigé contre l'Angleterre ! L'entrevue ne fut pas des plus joyeuses et Napoléon ne put que compter sur la neutralité de l'île.

Le projet du mariage italien suscitait aussi des difficultés : le volage Plon-Plon (35 ans) ne semblait guère au goût de la pieuse et chaste Clotilde (15 ans !). En France, l'opinion publique ne manifestait aucun enthousiasme patriotique à l'idée d'un nouveau conflit. Le 9 février paraissait la brochure « Napoléon III et l'Italie », signée de La Guéronnière, mais relue et corrigée par l'empereur lui-même. Elle exposait ses vues pour la future Italie et rendit le pape fou de rage. Le 1er janvier 1859, il provoquait l'affolement des chancelleries européennes en confiant à l'autrichien Hübner : « Je regrette que nos rapports ne soient pas aussi bons que je désirerais qu'ils fussent, mais je vous prie d'écrire à Vienne que mes sentiments pour l'empereur sont toujours les mêmes26(*). » Cette phrase ambiguë lui valut le surnom de « sale type » auprès de François-Joseph ! De son côté, Victor-Emmanuel déclarait devant le Parlement, le 10 janvier, qu'il ne pouvait rester insensible aux cris de douleur qui s'élevaient dans toute l'Italie. Le 26 janvier, la version définitive d'une alliance offensive et défensive était signée. Soudain pris de remords -Victoria ne l'appuiera pas dans ce dangereux conflit-, Napoléon III fait savoir au « Galant homme » qu'il préférerait régler le conflit par la voie diplomatique ! Trop tard pour faire machines arrières : le Parlement italien venait d'entériner le budget extraordinaire pour le financement de la guerre et Garibaldi enrôlait déjà les volontaires qui affluaient par milliers ! Sur la demande de l'empereur des Français, le Tsar Alexandre II de Russie proposait la réunion d'un congrès qui aurait pour mission de trouver un arrangement à la Question italienne. Le coeur lourd, Cavour devait bien acquiescer à cette idée quand, tout à coup, un ultimatum en provenance de Vienne (23 avril) exigeait le désarmement immédiat des Sardes et le renvoi des volontaires dans les trois jours. François-Joseph, persuadé d'avoir derrière lui les princes de la Confédération germanique, n'avait certainement pas l'intention de voir ses provinces lui passer sous le nez sans réagir : « Il ne peut, soutenait-il, pas être question et il ne sera jamais question d'un gouvernement italien qui serait indépendant des administrations centrales de Vienne (...) Une telle institution était possible il y a cent ans mais aujourd'hui elle équivaudrait à une sécession complète des provinces italiennes (...) Il ne faut jamais oublier que la solidité de notre position et de notre influence en Italie repose moins sur l'importance et le développement de nos provinces italiennes que sur le poids de la Monarchie dans sa totalité27(*). » Quelle aubaine pour Cavour qui, évidemment, rejeta l'ultimatum ! Les troupes commandées par le général Giulay franchissaient le Tessin le 29 avril.

* 23 Cité dans MILZA Pierre, Napoléon III... op. cit., p. 338

* 24 Cité dans PRADALIÉ Georges, Le Second Empire, « Que sais-je ?», Paris, PUF, 1966, p. 93.

* 25 Dans POUTHAS Charles H., Charles de Rémusat. Mémoires... op. cit., p. 86.

* 26 Dans BLED Jean-Paul, François-Joseph, Fayard, Paris, 1999, p. 231.

* 27 Idem, p. 229.

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