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Le pouvoir décisionnel des chefs religieux traditionels Dogon aux dépens des lois et règlements en vigueur

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par Amadou Sangara
Université de Bamako, Mali - Maitrise Droit Privé 2007
  

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CHAPITRE II.

Points de divergence entre l'autorité traditionnelle et l'autorité de l'Etat.

L'autorité traditionnelle présente, dans un certain nombre de domaines des différences avec l'autorité publique.

L'autorité de l'Etat étant une autorité publique, elle prend toutes les décisions relatives à la gestion des affaires publiques et dispose du pouvoir de coercition pour assurer le respect des décisions prises.

Pour le bon fonctionnement des institutions étatiques et le respect des libertés et restrictions des citoyens, la prévalence et l'existence de l'autorité de l'Etat sont, indispensables.

L'autorité étatique tient son pouvoir que d'elle-même. En dehors de son consentement aucun autre pouvoir ne peut s'imposer à elle.

En outre, l'autorité étatique est dotée de la personnalité morale et de la souveraineté.

La personnalité morale conduit au fait que l'Etat se distingue des gouvernants c'est à dire les décisions prises par ceux-ci sont imputables à l'Etat seul.

Un Etat est dit souverain lorsqu'il ne tient son pouvoir que de lui-même et n'est soumis à aucune autre autorité supérieure. Le principe d'autorité de l'Etat signifie que si c'est ne que cette dernière « il n'y a pas d'actes semblables faits par les particuliers ».

Dans ce chapitre nous évoquerons des différences de forme entre ces sortes d'autorité (Section I) et les conflits de compétence entre elles (Section II.)

Section I: Différences de forme.

Il n'est pas étonnant de constater que du fait même de la nature de ces deux autorités, inévitablement elles présentent des différences de forme.

Que ce soit un litige du foncier (terrain, domaine, champ cultivé ou libre), un litige successoral ou encore du vol, de l'agression ou d'une atteinte à la personne, bref de n'importe quel litige résultant de la gestion des rapports sociaux ou communautaires entre individus, les chefs traditionnels connaissent tous ces litiges en premier lieu et donc inévitablement aux dépens des autorités étatiques compétentes en la matière.

Mais au niveau local, il faut noter que le chef religieux intervient en dernier ressort. L'expérience a prouvé qu'en tout cas sur le terrain essentiellement que seule une décision rendue par les autorités traditionnelles arrive pour le moins à être reconnue par les parties opposées ou belligérantes.

Ces différences se focalisent essentiellement dans le domaine du foncier (Paragraphe I) et dans le règlement des litiges (Paragraphe II).

Paragraphe I: Dans le domaine du foncier.

Dans le domaine foncier l'autorité traditionnelle exerce, le pouvoir sur la terre à cause de son droit de 1ere occupation tandis que la seconde, l'autorité politique (l'administration générale, collecte des impôts, défense du territoire.)

Généralement l'autorité politique respecte les droits de la dite 1ere occupation à cause du pacte d'alliance qui le lie au génie du sol.

Les Dogon quand ils vinrent s'installer sur le plateau et la falaise, il leur a fallu de combattre les Tellems qui occupaient et qui vivaient déjà sur les lieux afin, de les déloger des surfaces qu'ils occupent.

C'est ainsi que lors de grandes cérémonies religieuses les griots font l'éloge des dogons comme étant un peuple combatif, fier, digne et intègre qui ne recule guère devant l'obstacle ou le danger.

Aussi pour s'installer sur ce terroir il a fallu aux Dogons de rendre harmonieux le paysage et la terre afin de consacrer le pacte d'alliance et de l'honorer.

L'autorité traditionnelle aura plus de facilité à accéder à l'acquisition des terres pour ses besoins personnels. Cependant ce principe est souvent mis en cause par certains qui, à cause de leur tyrannie, remettent en cause les principes de la 1ère occupation, ce qui ne va pas sans conséquences.

Les droits fonciers coutumiers se reposent sur quatre principes fondamentaux: ils sont collectifs, inaliénables, sacrés et transmissibles.

Ils sont collectifs, car dans la société traditionnelle la terre appartient à toute la collectivité c'est-à-dire le village, la famille, la tribu, le clan si non pas à un seul individu.

Ils sont inaliénables parce que la terre ne peut faire l'objet d'aucune transaction commerciale, vente ou gratuit.

Ils sont sacrés car dans la société traditionnelle assimilée à une divinité, elle abrite aussi les ancêtres. A ce titre que des sacrifices lui sont rendus.

C'est à ce titre que Henri Labouret déclarait: « la terre est l'objet d'un culte chez les populations agricoles c'est à dire l'immense majorité des noirs. Une tribu qui s'installe dans un pays fait alliance avec la terre non pas avec la planète mais avec l'esprit de ce territoire déterminé.»

Ils sont transmissibles, car dans la société traditionnelle la terre se transmet de génération en génération afin de garantir la survie du groupe parental. Par conséquent dans la société traditionnelle la théorie des terres vacantes et sans maître est inopérante car la terre appartient à une collectivité.

La mutation importante est liée à l'arrivée du colonisateur français, qui en s'installant par la force à introduit de nouveaux instruments de gestion qui ont fondamentalement bouleversé la vision domaniale et foncière des sociétés traditionnelles.

La terre jusque là collective, sacrée, inaliénable et transmissible devient un bien négociable susceptible d'appropriation privée.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus