WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le pouvoir décisionnel des chefs religieux traditionels Dogon aux dépens des lois et règlements en vigueur

( Télécharger le fichier original )
par Amadou Sangara
Université de Bamako, Mali - Maitrise Droit Privé 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Section II: Les conflits de compétence entre ces deux autorités.

Il y a un certain conflit de compétence entre l'autorité traditionnelle et l'autorité de l'Etat dans la mesure où dans un certain nombre de cas l'autorité traditionnelle, une fois saisie d'une affaire, fait tout pour solutionner à son ressort, l'affaire. Et l'autorité étatique même si elle est indirectement au courant de l'affaire comme elle ne peut pas s'auto saisir dans les tous les cas n'a naturellement pas le choix que de se tenir à l'écart.

Les conflits de compétence ou devons-nous dire le conflit de compétence qui peut exister entre l'autorité des leaders religieux et les textes ou autorités gouvernementales n'en est rien qu'un conflit de fait car en principe tous les deux côtés s'accordent et sont soucieux des idéaux de justice, du bien être social et de la paix sociale, bref de tous les maux qui constituent notre société, mais les avis ou les moyens d'actions divergent si elles ne se contredisent pas.

Pour le dogon, le chef religieux traditionnel incarne l'unificateur, l'impartial mais aussi le chef spirituel auquel il accorde son entière confiance et sa pleine dévotion.

Quel qu'en soit la complexité ou l'embarras d'une affaire, une réponse leur est apportée. Tous les sujets ou cas trouvent ici leur issu en tout cas pour le moins qu'on puisse dire, ce qui ne peut en rien empêcher l'Etat à affirmer sa primauté ou son autorité s'il le faut.

Les deux points qui seront mis en lumière ici sont : les chefs religieux, sont des acteurs de proximité (Paragraphe I) et l'affirmation de la primauté de l'Etat (Paragraphe II.)

Paragraphe I: Les chefs religieux traditionnels acteurs de proximité.

Les chefs religieux dogon étant les premiers responsables de la société dans laquelle ils vivent, sont les premiers ou du moins les privilégiés, quand il y a lieu de solliciter l'intervention d'une autorité dans tel ou tel cas ou situation.

Inutile de jouer aux sourds ou aux aveugles pour les pessimistes de la réalité des faits, plus concrètement de l'existence d'un réel pouvoir de décisions des chefs religieux traditionnels, hautement reconnu et approuvé par les populations locales, car cet état de fait est un fait concret donc, constatable sur le terrain.

En matière successorale, la plupart des cas ou des affaires sont solutionnées sur place c'est à dire par les chefferies traditionnelles. Les intéressés dans ces genres de cas préfèrent ne pas porter leurs affaires devant les autorités politiques ou administratives étatiques, estiment-ils ces autorités publiques ne prennent pas toujours nécessairement en compte les pratiques d'ordre local ou coutumier auxquelles ils sont intimement liés.

Egalement, la succession s'opère sous une forme pouvons-nous affirmer contradictoire aux dispositions et textes existants en la matière. Exemple, cas de décès d'un chef de famille, les héritiers ou successeurs sont les frères directs ou de la famille étendue du défunt et non ses plus proches, épouse(s), enfant(s) comme le prévoit la loi. Ici la succession suit des normes coutumières aux dépens des textes républicains.

Localement soutient-on que c'est pour éviter de se chamailler pour un héritage et également pour éviter, la division ou la dislocation de la famille uniquement sur la succession d'un être cher perdu, çà serait là déranger son sommeil, son repos dans sa nouvelle vie à l'au-delà.

Ne voyons donc pas, cette pratique comme une atteinte aux droits des proches du défunt (épouse(s), enfant(s)), car pratiquement dans la majorité des cas le mariage en lui-même a été célébré dans les normes coutumières sans la participation quelconque de telle ou telle autorité administrative ou politique.

Les chefs religieux traditionnels sont réputés êtres des individus très sages, discrets, respectables et respectés par tous, par conséquent la population adhère à l'idée selon laquelle ces chefs ne rendent aucunement des décisions hâtives ou imprécises.

Notons particulièrement qu'en matière coutumière, les tribunaux de première instance et les justices de paix à compétence étendue sont complétés par des assesseurs de la coutume des parties. N'est-il pas intéressant de le souligner, ces assesseurs ont voix délibérative.

Cette mesure opérée par l'Etat est salutaire car celui-ci ne pouvait se permettre d'ignorer pour le bon fonctionnement de ses institutions, les coutumes locales gages de tout équilibre social. Seulement ces populations locales sont réticentes à adhérer aux systèmes dits modernes instaurés par l'Etat, systèmes qui les ont pris de court et sur lesquels elles sont évidemment moins informées ou mal informées.

Mais de nos jours, progressivement le fossé s'amenuise entre ces deux tendances. Ainsi, nous pouvons dire que les décisions des chefs religieux traditionnels ne contredisent pas pour autant les lois et règlements de la république.

Car de nos jours au Mali les sociétés traditionnelles ignorent la majorité des institutions républicaines existantes ou du moins les méconnaissent. Cela n'est pas fortuit, car depuis des décennies l'Etat n'a manifesté aucune volonté de sensibiliser ces sociétés ou populations qui sont pour autant un des piliers majeurs de développement dans une société.

L'Etat n'est sollicité que et cela est peu fréquent que quand les problèmes dépassent des frontières de ces sociétés et impliquent, des parties hétérogènes c'est à dire de localités différentes ou lointaines.

Mais notons quand même, que cet acte peut être interprété comme un geste d'ouverture ou de reconnaissance, opéré par les autorités traditionnelles à travers leurs chefs à l'endroit des autorités étatiques. Et pour démontrer, aux défenseurs de l'idée selon laquelle il ne peut y avoir de pouvoir décisionnel sous quelle que forme que ce soit autre que celui de l'Etat que ces dites sociétés ne sont et sont loin d'être des hors-la-loi.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon