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Pauvreté et grossesse des adolescentes au Cameroun

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par Sandrine NANKIA DJOUMETIO
Institut Sous-Régional de Statistique et d'Economie Appliquée -ISSEA - Ingénieur d'Application de la Statistique 2010
  

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4.2.2.1 Qualité du modèle

Il ressort des résultats d'estimation que sur le plan statistique, globalement les variables explicatives retenues ont une influence significative dans l'explication du phénomène de grossesse. En effet, on remarque du tableau 5 que le suit un khi-deux à 23 degré de liberté (qui est bel et bien le nombre de modalité de nos variables explicatives). On remarque toujours dans le même tableau que le test du rapport de vraisemblance (LR-test) effectué est inferieur à 0,05. Ceci montre que le modèle est globalement significatif à 5 %. On peut donc conclure qu'au moins une variable explicative du modèle explique la survenance d'une grossesse chez une adolescente.

En ce qui concerne la qualité d'ajustement du modèle estimé, plusieurs critères sont utilisés pour en juger. Nous avons entre autres le pouvoir prédictif du modèle qui est le rapport entre le nombre de prévisions correctes et le nombre total d'observations. Il est de 62,95 % (voir tableau 5). Un autre critère est celui de la courbe ROC, qui est basé sur la sensibilité39(*) et la spécificité40(*). La surface en dessous de la courbe ROC du modèle estimé est de 0,7791. Par conséquent, le pouvoir discriminant du modèle est acceptable.

Tableau : Pouvoir prédictif du modèle logit évaluant l'effet des variables explicatives retenues sur la survenance d'une grossesse (au seuil de 0,22)

Classement

Enceinte

Pas enceinte

Prédits

Enceinte

276

492

768

Pas enceinte

53

650

703

Observé

329

1142

1471

Bon classement

 

63,95 %

Source : EDSC-III, 2004

Figure : Courbe ROC

Source : EDSC-III, 2004

L'efficacité étant vérifiée, nous sommes autorisés à interpréter les résultats de l'estimation résumés dans le tableau 6.

4.2.2.2 Interprétation des résultats

Les résultats du tableau 6 nous montrent qu'au Cameroun la survenance d'une grossesse chez une adolescente est conditionnée par l'âge, le groupe ethnique, la connaissance et la pratique des méthodes contraceptives, la précocité du premier rapport sexuel et du premier mariage. Par contre elle n'est déterminée, ni par la religion, ni par le milieu de résidence actuel et pendant l'enfance de l'adolescente et encore moins par les caractéristiques liées au ménage dont est issue l'adolescente.

Comme nous l'avons constaté dans la partie descriptive de notre travail, l'âge est un facteur qui détermine la survenance d'une grossesse chez les adolescentes au Cameroun. En effet, au fur et à mesure que l'on sort de l'adolescence, on a moins de chance d'être enceinte (12,54 %). En d'autre terme la probabilité de tomber enceinte étant adolescente est une fonction décroissante de l'âge. Plus l'âge de l'adolescente est bas, plus le risque de grossesse est grand.

Il existe une relation positive entre l'appartenance à un groupe ethnique et la survenance d'une grossesse. Mais l'intensité de la relation varie d'un groupe à l'autre. Elle est forte et significative au seuil de 5 % seulement chez les « Béti/Bassa/Mbam » et « Autres groupes ethnies ». Les adolescentes de ces deux groupes ethniques ont environ 2 fois plus de chance de tomber enceinte que celles du groupe ethnique Adamaoua-Oubangui. Il faut dire que, certaines sources ont décrit les Béti-Fang comme traditionnellement plus tolérants vis-à-vis des relations sexuelles et de la procréation prénuptiale que les autres ethnies [Laburthe-Tolra (1981), Yana (1995), Calvès (2004) cité par MENDAME MVE (2005)].

Toutes les variables portant sur les caractéristiques liées à la vie sexuelle de l'adolescente ont un impact sur la survenance d'une grossesse. En effet, il ressort du modèle estimé que la pratique des méthodes contraceptives, la précocité du premier rapport sexuel, et la précocité du premier mariage influenceraient significativement au seuil de 5 % la survenance d'une grossesse.

S'agissant des méthodes contraceptives, une adolescente ayant déjà eu des rapports sexuels et qui n'a aucune connaissance des méthodes de contraception à 92,61 % de chances de tomber enceinte que celle qui non seulement a une connaissance mais aussi la pratique.

Le report de l'âge de la première relation sexuelle reste un moyen sûr et sécurisant pour la prévention des grossesses à l'adolescence. En effet, la jeune fille a presque 2 fois plus de chance de tomber enceinte lorsqu'elle a une sexualité précoce.

Comme on pouvait s'y attendre, il existe une relation positive entre l'entrée précoce en union et la survenance d'une grossesse à l'adolescence. Les adolescentes ayant conclu un premier mariage avant l'âge de 18 ans ont 3 fois plus de chance de tomber enceinte que celles qui se sont mariées après cet âge ou qui sont encore célibataires. Ce résultat peut s'expliquer par le fait que dans nos moeurs africaines, le premier résultat qu'une famille attend d'un couple est d'avoir un enfant. Ainsi, au Cameroun l'âge d'entrée dans la vie sexuelle et dans le mariage marque le début de l'exposition au risque de grossesse.

Le modèle estimé ressort qu'au seuil de 10 %, le niveau d'instruction de l'adolescente influence la survenance d'une grossesse. Les adolescentes de niveau secondaire et plus ont environ 2 fois plus de chance de tomber enceinte que leurs consoeurs sans niveau d'instruction. Ce qui est paradoxale car on s'attendrait à un résultat contraire. Mais, ce résultat peut s'expliquer par le fait que, dans la population des adolescentes sexuellement actives la minorité (15,47 %) est sans niveau d'instruction, alors que presque la moitié d'entre elles ont un niveau secondaire et plus.

Tableau : Résultats du modèle de régression logistique évaluant l'effet des variables explicatives retenues sur la survenance d'une grossesse chez les adolescentes au Cameroun

Variables explicatives

Coefficients

Odds-Ration

P>z

Age

- 0,13396

0,87464

0,024

Niveau d'instruction de la fille (Réf = Sans niveau d'instruction)

Primaire

0,32707

1,3869

0,149

Secondaire et +

0,52148

1,68452

0,064

Ethnie (Réf = Adamaoua-Oubangui)

Bamiléké/Bamoun

0,32927

1,38995

0,266

Béti/Bassa/Mbam

0,62684

1,87169

0,028

Autres Ethnies

0,61418

1,84813

0,009

Religion (Réf = Catholique)

Protestant

- 0,89167

0,91469

0,594

Musulman

- 0,00482

0,99519

0,983

Autres Religion

0,50938

1,66425

0,108

Milieu de résidence actuelle (Réf = Urbain)

Rural

- 0,12233

0,88485

0,499

Lieu de résidence pendant l'enfance (Réf = Capital)

Ville moyenne

0,36159

1,43561

0,301

Petite ville

0,27796

1,32044

0,303

Village

0,42303

1,52658

0,111

Méthodes contraceptives (Réf = Aucune connaissance)

Connait, mais ne pratique pas

0,07338

1,07614

0,769

connait et pratique

- 2,60535

0,07388

0,000

Précocité du premier rapport sexuel (Réf = Sexualité non précoce)

Sexualité précoce

0,41043

1,50747

0,028

Précocité du premier mariage (Réf = Non concernée/Mariage non précoce)

Mariage précoce

1,05649

2,87624

0,000

Niveau d'instruction du chef de ménage (réf = Sans niveau/maternelle)

Primaire

0,01242

1,0125

0,950

Secondaire et +

0,15280

1,1651

0,511

Sexe du chef de ménage (Réf = Masculin)

Féminin

0,07290

1,07562

0,380

Relation avec le chef de ménage (Réf = Femme)

Fille

0,01055

1,01061

0,961

Autres relation

0,04106

1,04191

0,841

Niveau de vie (Réf = Pauvre)

Non pauvre

- 0,08245

0,92085

0,641

Nombre d'observation

1471

 

 

Log de vraisemblance

- 642,48452

 

 

LR chi2 (23)

278,70

 

 

Prob chi2

0,0000

 

 

Source : EDSC-III, 2004

* 39 _ Elle est définit comme la probabilité de classer l'individu dans la catégorie y = 1 (on dit que le test est positif) étant donné qu'il est effectivement observé dans celle-ci.

* 40 _ Elle est définie comme la probabilité de classer l'individu dans la catégorie y = 0 (on dit que le test est négatif) étant donné qu'il est effectivement observé dans celle-ci.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery