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L'administration de mission en droit burundais: cas de la Commission Nationale des Terres et autres Biens (C. N. T. B. )

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par Emmanuel NIYOMWUNGERE
Université du Burundi - Licence 2010
  

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Section 3: Le bilan de la C.N.T.B.

En dressant le bilan de la C.N.T.B., nous analyserons les résultats en fonction des missions lui assignées et en fonction des particularités régionales de sa tâche. Par après, nous ferons une appréciation de ce bilan en analysant la manière dont le mandat de la structure a été accompli depuis l'empire de la loi n°1/18 du 04 mai 2006 jusqu'aujourd'hui, après la révision de cette dernière.

§1. Le bilan

A. Le bilan des activités de la C.N.T.B. selon ses missions

Dans le prescrit de la loi créatrice de la C.N.T.B., nous relevons 4 volets ou missions constituant son mandat.

1. La résolution des litiges fonciers

Consécutivement à la mise en place des préalables au fonctionnement de la C.N.T.B. tels que l'installation physique de cette dernière, les activités relevant de ce volet ont démarré en juin 2007 dans tout le pays.

La Commission a tout d'abord organisé la sensibilisation et l'information à l'intention du public sur le contenu de son mandat. Elle a également organisé des formations au profit de ses membres et de son personnel d'appui afin de renforcer ses capacités.

Elle a procédé ensuite à l'enregistrement des litiges. Au 30 septembre 2007, les conflits fonciers enregistrés s'élevaient déjà à 9 919 dossiers; mais à la fin de la même année, leur nombre est ramené à 8325, certains s'étant révélés irrecevables. Jusqu'à l'heure actuelle, l'enregistrement des litiges fonciers suit son cours normal.

L'étape importante qui suit l'enregistrement est celle du règlement des litiges. A la fin du premier trimestre 2008, 565 dossiers sont clôturés, dont 299 réglés à l'amiable et 266 réglés par décision de la C.N.T.B.195 Au 31 décembre 2008, 3389 litiges étaient déjà réglés196, ce qui dénote une célérité dans le traitement des dossiers depuis la fin de la même année. A la fin du premier semestre de l'exercice 2009, 4652 dossiers étaient déjà clôturés sur un total de

195 Confrontation du Rapport d'activités de la C.N.T.B., exercice 2007 et celui du premier trimestre 2008

196 Confrontation des Rapports d'activités de la C.N.T.B., exercices 2007 et 2008

11568 dossiers à traiter197. Signalons que la C.N.T.B. reçoit aussi les dossiers laissés en suspens par l'ex-C.N.R.S.

Le règlement des litiges fonciers dans le cadre de la C.N.T.B. est une procédure un peu longue et méticuleuse qui tient compte, en plus de la loi, de l'équité, de la cohabitation pacifique et de la réconciliation nationale. Le travail doit être bien accompli pour que les solutions trouvées soient fiables et durables.

C'est ainsi que certaines solutions envisagées et souvent appliquées sont la cession d'une terre domaniale à une partie ou sa rétrocession à l'Etat; la restitution au reus domino (véritable propriétaire) ou le maintien par le possesseur, le partage ou la délimitation du bien foncier litigieux. Il faut ajouter que la C.N.T.B. procède en fin de compte à l'exécution de ses décisions, en cas d'absence de recours juridictionnel lors de son premier mandat, et immédiatement, qu'il y ait recours ou non, sous l'empire de la nouvelle loi en vigueur.

Les solutions trouvées sous les auspices de la C.N.T.B. ont le mérite de tempérer les effets pervers de la problématique foncière au Burundi198 et de contribuer au processus de réconciliation nationale.

2. Le règlement des litiges liés aux « autres biens »

Les dossiers liés « aux autres biens » sont en nombre excessivement élevé. A la fin de l'année 2007, la C.N.T.B. avait déjà enregistré à peu près vingt mille plaintes y relatives, dont plus de 12 mille pour la seule province de Muramvya199.

Ces plaintes peuvent être classées en deux catégories différentes. La première catégorie regroupe les plaintes liées aux biens autres que fonciers litigieux, existant encore, mettant en cause au moins un sinistré et dont les ayants droit réclament la restitution. La seconde catégorie regroupe les plaintes liées aux biens autres que les terres détruits totalement ou en partie ou qui ont tout simplement disparu à cause des différentes crises qui ont secoué le pays et dont les ayants droit réclament des indemnisations.

Théoriquement, le règlement des litiges liés aux « autres biens » n'a pas encore débuté à la C.N.T.B. Cela est dü à deux obstacles majeurs. D'une part, en

197 Confrontation des rapports des exercices 2007 et 2008 ainsi que ceux des premier et second trimestres 2009

198 En désengorgeant les juridictions et en prévenant plusieurs conflits sociaux

199 C.N.T.B., Rapport des activités, exercice 2007, p.42

n'apportant aucune limite sur la valeur et le genre des biens autres que les terres en cause, la loi n°1/18 du 04 mai 2006 telle que modifiée à ce jour ouvre la voie à une grande vague de plaintes. D'où le débordement de la C.N.T.B.

D'autre part, la C.N.T.B. est dans l'impossibilité financière de faire justice aux personnes ayant déposé les plaintes rangées dans la seconde catégorie étant donné que le Fonds d'indemnisation n'a pas été encore constitué. Il s'agit du Fonds National des Sinistrés prévu à l'article 4, chapitre I, protocole IV de l'Accord d'Arusha, qui, jusqu'ici n'a pas encore été mis sur pied. On attend l'organisation d'un atelier national pour résoudre ces questions afin de permettre la mise en place des moyens juridiques et matériels pour le règlement proprement dit des litiges relatifs aux biens autres que les terres. Mais certains de ces litiges sont résolus de façon sporadique.

De façon globale, les résultats de la C.N.T.B. dans la résolution des conflits au début du premier trimestre de l'exercice 2010 se présentent comme suit :

- 7 771 conflits réglés, soit 51,42 %

-- 7 343 conflits en suspens, soit 48,58 %

-- 15 114 conflits enregistrés, soit 100 %.

A la lumière de ces chiffres200, il apparaît qu'il était nécessaire de proroger le délai du mandat de la Commission vu qu'elle n'a accompli jusqu'ici que moins de la moitié du travail.

3. L'assistance technique et matérielle aux sinistré

Le cahier de charges, à ce sujet, était au départ axé sur trois objectifs. Le premier objectif consistait à aider les sinistrés sans terre. Les activités en ce domaine sont d'abord le recensement des personnes sans terre, qu'elles soient sur le territoire national ou réfugiées à l'étranger. Ensuite, la C.N.T.B. aide ces sinistrés sans terre dans la procédure de demande d'une terre domaniale auprès des autorités compétentes et dans l'aménagement des sites de réinstallation. Les listes des premiers bénéficiaires ont été déjà établies201.

Le deuxième objectif visait à appuyer les sinistrés à se réinstaller effectivement notamment dans la reconstruction des maisons d'habitation. Le troisième objectif est de fixer les indemnisations et les compensations à octroyer aux sinistrés.

200 C.N.T.B., Les statiques de la C.N.T.B., p. 22

201 Voir la conclusion de l'ouvrage Commission Nationale des Terres et autres Biens: Deux ans après

L'intervention de la C.N.T.B. en ce domaine a été très limitée du fait que, soit la matière relève d'une autre structure (le Projet d'Appui au Rapatriement et à la Réintégration des Sinistrés (PARESI) pour les deux premiers objectifs), soit que les moyens sont insuffisants (cas du troisième objectif).

4. L'inventaire et la récupération des terres domaniales irrégulièrement attribuées

Dans un premier temps, la démarche de la C.N.T.B. a consisté à se faire produire un guide méthodologique à cette fin par un consultant. Le document produit offre la précision des bases juridiques de référence, des éléments indiquant une terre domaniale irrégulièrement attribuée et la définition des procédures et des modalités de sa récupération.

Deuxièmement, une enquete diligentée par la C.N.T.B. visant l'inventaire et la récupération des terres domaniales abusivement attribuées est en cours de finalisation dans tout le pays. Les résultats provisoires de l'enquete révèlent que les chiffres y relatifs seraient les suivants:

- - Terres attribuées et inexploitées: 10429 hectares;

- - Terres illégalement attribuées: 30896 hectares;

- - Terres accaparées: 11961 hectares;

- - Etendue estimée récupérable: 19019 hectares.

Les tableaux suivants fournissent à ce propos de plus amples détails.

Tableau n°4 : Résultats provisoires de l'enquête participative sur les terres irrégulièrement attribuées202

Province

Terre attribuée

Terre

attribuée et

exploitée

Terres attribuée et
inexploitée

Terres illégalement attribuées

Terres accaparées

 

(en ha)

(en ha)

(en ha)

(en ha)

Bubanza

4078

1599

2579

199

438

Bujumbura

2072

1573

499

1073

619

Bururi

2905

2395

512

1615

1707

Cankuzo

5834

5377

317

11415

5362

Cibitoke

2205

1867

262

680

708

Gitega

1070

820

258

547

352

Kayanza

1621

1333

249

1070

255

Karuzi

3629

711

2918

555

191

Kirundo

1005

602

253

112

171

Makamba

967

535

397

60

252

Muramvya

414

242

176

242

233

Muyinga

1514

1265

155

5234

191

Mwaro

938

724

204

302

58

Ngozi

2887

1849

948

6632

33

Rutana

1079

717

362

394

612

Ruyigi

1557

1217

340

766

779

Total

32709

22280

10429

30896

11961

 

202 Commission Nationale des Terres et autres Biens: Deux ans après, p.14

Tableau n°5 : Résultats du travail visant la récupération des terres domaniales203

PROVINCE

ETENDUES VISITEES

DOCUMENTS D'ATTRIBUTION

ETENDUES RECUPERABLES (en hectares)

BUBANZA

529

287

2734,56

BUJUMBURA MAIRIE

0

0

0

BUJUMBURA RURAL

404

0

1179,35

BURURI

927

258

1885,5

CANKUZO

1860

556

2554,5

CIBITOKE

151

15

2449,088

GITEGA

671

240

524,9655

KARUSI

470

470

742,17

KAYANZA

628

160

627,85

KIRUNDO

302

205

659,5

MAKAMBA

125

36

525

MURAMVYA

135

28

296,317

MUYINGA

949

338

2390,048

MWARO

244

0

206,651

NGOZI

906

354

1245,485

RUTANA

46

7

1053,7

RUYIGI

816

45

2499,35

TOTAL

9163

2998

19019,5745

 

On peut d'ores et déjà constater que l'empiètement du domaine par les particuliers est considérable.

La C.N.T.B. compte enfin collaborer avec les autorités compétentes pour récupérer les terres domaniales qui auront été déclarées irrégulièrement cédées ou concédées. Cette collaboration va se limiter à remettre à ces autorités les résultats définitifs de l'enquête pour prise de décision.204

203 C.N.T.B., Rapport du troisième trimestre 2008, p.21

204 Voir infra, pp.86 et suivants

B. Le bilan de la C.N.T.B. selon les particularités

régionales de sa tâche

Les visites de reconnaissance effectuées par la C.N.T.B. dans les 17 provinces du pays et l'enregistrement des litiges permettent de déceler des particularités régionales des dossiers à traiter. La nature et le nombre de dossiers varient selon que l'on se trouve au sud, à l'ouest, au centre, à l'est ou au nord du pays. Ce qui a pour effet de créer le décalage entre les régions et les provinces dans l'état d'avancement de la tâche de la C.N.T.B.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius