WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La quête de l'identité culturelle dans les associations religieuses d'origine congolaise: cas de Bundu Dia Kongo (B. D. K)

( Télécharger le fichier original )
par Thomas Serge KIVOUELE
Université Marien Ngouabi de Brazzaville - Maitrise de sociologie 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2- Organisation du Bundu Dia Kongo

Le Bundu Dia Kongo est une association religieuse gérée par son chef fondamentaliste Ne Muanda - Nsemi (Nlongi'a Kongo) qui coordonne toutes les actions de l'association dans les milieux où elle est implantée. C'est lui qui dicte les valeurs pour le bon fonctionnement de la structure et pour la non-profanation de la culture. Il est considéré comme la tête des Bakongo. Il travaille avec quelques personnes représentant les trois pays au titre de conseillers. Après les conseillers viennent les chefs des différents centres du Kongo (Angola, République Démocratique du Congo, République du Congo), soit un seul chef pour chaque centre. Ces chefs ont la charge d'organiser l'association dans chacun de ces pays. Ils ont le devoir de nommer dans chaque section qu'ils coordonnent un chef de section (mfumu zikua), le nombre de sections étant proportionnel à celui des chefs nommés.

Chaque section comporte en son sein un corps sacerdotal, formé de quatre (4) personnes, appelé directoire (Kilongo kia zikua) composé :

-Du directeur de section et de son adjoint (Mayala ma zikua) ;

-De deux prêtres(Nganga kia zikua) chargés de prononcer à l'Etre suprême des requêtes (litanies) en faveur du chef fondamentaliste, des ancêtres, des adeptes de l'association, de tout le territoire Kongo, et de tous les Bakongo ;

Le reste des fidèles s'organise pour faire face aux différents cas sociaux qui se présentent. Nous avons aussi remarqué l'existence d'un groupe chargé des chants.

3- Le culte Bundu Dia Kongo

Le Bundu Dia Kongo fonctionne sur la base de la sacralisation de tous les objets naturels. Il reconnaît l'existence d'un seul Dieu créateur de toute chose (Nzambi'a Mpungu) qui s'est incarné aux hommes à travers les cinq (5) archanges qui sont représentatifs des races humaines : la race noire, la race blanche, la race jaune, la race rouge et la race "hybride" c'est-à-dire les Arabes. Le tableau ci-dessous présente la représentation que se fait cette association des races humaines et de leurs religions.

B.D.K. Les races humaines et leurs religions

Bundu Dia Kongo "Makanda ma bantu ye kinzambi kiawu"

Race

Peau Rouge

Peau Jaune

Peau Blanche

Hybridation

Peau Noire

Continent

Amérique-Inde

Asie

Europe

Euro-Africa

Afrique

Archange

Grand Manitu

(VISHNU)

Shu

Hyavé-Israël

Allah

Muanda-kongo

Peuple élu

Incas

Japonais

Israëliens

Arabes

Bakongo

Terre promise

 

Japon

Israël

Arabie saoudite

Kongo

Sauveur

Krishna

Boudha

Emmanuel

Mahomed

Kimbangu

Livre sacré

Bagavad-gita

Niyongui

Torah-Talmud

Coran

Makongo

Pour le Bundu Dia Kongo ce sont ces génies superviseurs encore appelés archanges qui ont la charge pour chaque peuple d'agir sur les domaines vitaux.

Etant omniprésent "Ne Kongo Kalunga wa lungila mu babo e biabio", le génie superviseur Kongo "Muanda Kongo" dicte les manières d'être de ce peuple, ce qui constitue la culture. Etant omniscient "Ne Mbumba", il communique à son peuple le savoir et le faire, ce qui conduit aux inventions mécaniques, médicinales, artistiques, bref aux inventions scientifiques. Enfin omnipotent "Ne Mpungu Tulendo", il communique l'autorité, le pouvoir. C'est donc la connexion d'un peuple, d'une race à son génie superviseur qui peut susciter un développement de ce dernier ; c'est pourquoi Muanda - Nsemi écrit : « tout peuple coupé de sa langue, de sa tradition, de son passé, de son génie, de ses ancêtres est semblable à un arbre déraciné. Tôt ou tard, ce peuple fanera et sombrera dans le vide qui facilite toutes les dominations »11(*).

Ainsi, le Bundu Dia Kongo dans son message se considère comme cette structure capable d'amener l'Afrique noire en général et le peuple du Kongo en particulier à la quête de leur propre culture pour que celui-ci cesse de s'appuyer sur d'autres bases. Le Bundu Dia Kongo a la mission d'éclairer les Noirs parce que les "Bakongo sont le peuple élu de la race noire choisi par Muanda - Kongo l'archange des noirs, leur territoire est la terre promise et leur livre sacré contient la sagesse, le savoir dans toutes ces différentes formes de toute la race"12(*). Ce livre à caractère sacré montre la primauté du spirituel sur le non spirituel et enseigne que dans toutes les sociétés, le sacré prime sur le profane.

a- Le mythe Bundu Dia Kongo

Le mythe (du grec muthos : ce qui est raconté), "longtemps minimisé comme un récit fabuleux", est définit selon Gilbert DURAND comme un récit (discours mythique) mettant en scène des personnages, des situations, des décors généralement non naturels, (divins, utopiques surréels, etc.), segmentables en séquences ou plus petites unités sémantiques (mythèmes) dans lesquels s'investit obligatoirement une croyance - contrairement à la fable ou au conte - (dite "prégnante symbolique").13(*) Il constitue l'histoire des Etres surnaturels, celle-ci considérée absolument vraie (parce qu'elle se rapporte à des réalités) et sacrée (parce qu'elle est l'oeuvre des Etres surnaturels) ; se rapportant toujours à une « création », il raconte comment quelque chose est venu à l'existence ou comment un comportement, une institution, une manière de travailler ont été fondés. Il constitue le paradigme de tout acte significatif humain.14(*)

A cet effet, le Bundu Dia Kongo pour expliquer l'origine des choses, Muanda-Nsemi (Nlongi'a Kongo) écrit et les adeptes croient que l'origine de l'homme noir part de l'Ethiopie. Ce premier noir nommé "Ne Nzala Mpandu" et sa femme "yaya Nkenge-Lufuma" ont engendré douze enfants dont l'aîné s'appelait "Na lukengo" et c'est en lui que naquit "Ne Nimi" qui fut le père des trois ancêtres mythiques de base de tous les bakongo : Nsaku, Mpanzu, Nzinga. Toute la culture kongo peut se comprendre à partir de ces trois êtres. L'ancêtre Nsaku étant prophète, grand prêtre, il gérait, ordonnait et consacrait les objets et les hommes ; il est le "Kilongo kia kongo", c'est-à-dire il incarne la religion. L'ancêtre Mpanzu était forgeron, artisan, il est le "Kinkimba kia mazayu". Il incarne la science, l'art et l'intelligence. Enfin l'ancêtre Nzinga avait le pouvoir divin, il est le "kabu dia mayala" ; D'où les trois clans de base kongo : le clan Nsaku, le clan Mpanzu et le clan Nzinga.15(*)

Dans le Bundu Dia Kongo, le rapport existant entre l'Etre suprême à travers son archange "Muanda-kongo" pour les Noirs et la nature avec tout ce qu'elle renferme s'explique à partir d'une représentation très fréquente dans beaucoup des religions : La tri - partialité de l'Etre suprême. Ce dieu se manifeste en dieu amour, omniprésent "Ne Kongo kalunga wa lungila mu babo e biabo", en dieu omniscient "Ne Mbumba" et en dieu omnipotent "Ne Mpungu tulendo". Pour le Bundu Dia Kongo, l'univers créé par la force suprême (tout en s'incarnant à travers les cinq génies supérieurs ou archanges pour chaque race) se meut dans une ambiance sacrée. Le devoir et le souci révérencieux enseignés par les initiés (les officiants) à tous les adeptes (makesa) consistent à maintenir cette sacralité en accomplissant les devoirs rituels prescrits dans le "livre sacré". En deçà de cette ambiance, le Bundu Dia Kongo a le profond sentiment de l'unité de toute chose. Pour lui, chaque partie se trouve dans le tout, étant en lui comme le tout se trouve en chaque partie ; ce qui s'attache à la fonction d'amour, d'omniprésence précitée qu'il attribue à dieu. Tout est lié, tout est vivant, tout est interdépendant ; c'est pourquoi chaque action a une répercussion qui lui est propre dans l'ordre universel ; d'où la responsabilité de tous les adeptes de Bundu Dia Kongo ("makesa ma Bundu Dia Kongo") de contrôler les actions menées pour le maintien de cet équilibre universel. C'est d'ailleurs l'homme que Muanda - Kongo désignera dans toutes les circonstances pour être son interlocuteur comme le cas de Muanda-Nsemi (N'longi'a Kongo)16(*). Le Bundu Dia Kongo est assis dans la croyance en l'action des ancêtres, de ce fait il enseigne la croyance et la nécessité de maintenir intact et permanent des liens entre les vivants et les morts (surtout les ancêtres) car il croit et enseigne l'immortalité de l'âme comme nous pouvons le constater chez les Bambaras qui eux aussi ont la même croyance car disent-ils : « La mort n'épuise pas l'âme »17(*). Dans ce même élan le proverbe éloquent des Bakongo pour exprimer cette croyance dit : « muntu kawu fua kako » (l'homme ne meurt pas). Les morts traversent seulement l'autre rive du Kongo "shimu kongo" (le Kongo spirituel) où ils subissent un jugement en fonction des actes qu'ils avaient posé pendant leurs vivants qui ensuite détermine le sort du défunt pour se ranger soit du côté des "Bakulu", ceux qui ont la charge de veiller sur le reste des vivants soit du côté des "Bakuyu" qui sont souvent invoqués par les malfaiteurs pour jeter les mauvais sorts ou pour nuire. Au-delà de tous ces ancêtres, il y a d'autres qui ont lutté pour des peuples entiers, pour réclamer, revendiquer la libération du Royaume jusqu'à se donner la mort pour la cause des autres. Ceux-ci sont divinisés et doivent être invoqués par tout le peuple tout en tenant compte du combat, de la lutte qu'ils ont menée dans leurs vivants : c'est le cas de KIMPA-VITA, MATSUA, KIMBANGU, etc. Les ancêtres sont indispensables dans toutes les actions des vivants car ils sont des intermédiaires entre dieu et les hommes. Tout objet étant sacré, les lieux déterminés (montagnes, collines, forêts, sources de rivières, lacs), les phénomènes cosmiques (pluies, tonnerres, etc.) sont souvent des lieux des résidences de ce que Louis Vincent THOMAS appelle les forces telluriques ou telluriennes18(*). Ces lieux sont donc des centres de communication, des centres vitaux comme réalité vivante qu'il faut concilier. Ce mythe permet aux adeptes de connaître l'« origine » des choses et par suite révèle les modèles exemplaires de tous les rites et de toutes les activités humaines significatives. Pour rentrer en contact avec le monde spirituel, invisible, le Bundu Dia Kongo utilise certains objets symboliques comme la noix de kola et pratique certains rites (qui forcent l'homme de transcender ses limites, l'obligent à se situer auprès des dieux et des héros mythiques, afin de pouvoir accomplir leurs actes, revivre l'état « paradisiaque » initial représentant l'image idéalisée de la situation culturelle et économique d'avant l'arrivée des blancs)19(*) pour vivifier cette collaboration, cette communion.

b- Les rites Bundu Dia Kongo

Le rite, emprunté du latin ritus « rite, cérémonie religieuse », se définit comme un ensemble de conduites, d'actes répétitifs et codifiés, souvent solennels, d'ordre verbal, gestuel et postural, à forte charge symbolique, fondés sur la croyance en la force agissante d'êtres et de puissances sacrées avec lesquels l'homme tente de communiquer en vue d'obtenir un effet espéré. Certaines pratiques mystiques donnent l'impression de l'immédiateté d'un rapport entre les forces surnaturelles et les hommes, par exemple les miracles, les oracles, les possessions.20(*)Tous les rites font revivre le temps sacré de la genèse, correspondent à un mythe et visent à maîtriser les aléas du temps destructeur.

Avant de s'attarder sur les rites, parlons d'abord de ce qui les accompagne : le verbe ou la parole. Il a une place de choix dans le Bundu Dia Kongo dans la mesure où il peut envoûter (rendre malade) et désenvoûter (guérir, désorceler), il est créateur et constitue dans le langage l'élément de communication pour toute l'association. Pour le Bundu Dia Kongo, la parole unifie et permet d'entrer en contact avec le monde non visible. C'est elle qui accompagne les rites, ces derniers s'inscrivent dans la vie sociale par le retour des circonstances appelant la répétition ; ils se caractérisent par des procédures dont ils impliquent la mise en oeuvre afin d'imposer leur marque au contexte que leur intervention même contribue à définir. Ces rites diffèrent par rapport aux moments en obéissant aux différentes modalités de la prière. Ils sont soit de passage, soit initiatiques.

· Les rites de passage

Nous appelons rites de passage, les différents rites observés pendant les moments des cultes individuels, de causeries entre les adeptes et des cultes collectifs. Ils diffèrent aussi d'un moment à un autre, d'une requête à une autre (s'agissant des litanies), etc. Le premier rite observé est le déchaussement et le débarrassement de tout objet métallique. Ce rite trouve son sens pendant les cultes en commun ou individuels parce qu'il fait éviter toute vibration pendant les temps susmentionnés et aide les adeptes à garder le contact avec le sol qui renferme les ancêtres, les eaux, les génies, etc. Ce premier rite est suivi d'un second : les trois acclamations représentant les trois (3) fonctions principales de dieu. Elles sont un signe primordial parce qu'elles constituent le moyen le plus efficace pour ne pas parler du seul moyen d'accéder au monde spirituel. Elles sont une demande de la voie, un début et une fin d'une litanie et de tous les moments de prière. Elles sont aussi conçues comme une phase intermédiaire entre deux (2) rites et accompagnent les rites litaniques parmi lesquels : "Mpedoso" qui consiste à confesser les fautes commises par les adeptes, par tous les Bakongo ; il est le rite le plus durable pendant les tenues des cultes et se fait en trois (3) phases : l'action de grâce, confession et remerciement. En dehors du "Mpedoso", nous avons d'autres litanies : "Buku kia nguria mbila, mbila velela, mbila simbi bia mvita, mbila mfumu'a ndungunu" dont cette dernière est la prière de base de l'association.

· Les rites initiatiques

Nous appelons rite initiatique les différents gestes, discours qui sont spécifiques au moment d'initiation. Signalons que la catégorisation des tâches que peuvent accomplir les adeptes tient compte du niveau d'engagement au sein de l'association. Chaque degré d'engagement au sein de cette association correspond à un rite. Parmi ces rites nous pouvons citer le "Lukongolo" qui est la première étape du parcours des adeptes. Il est conçu comme la consécration de ceux-ci dans l'association. Ce rite est un serment que doit faire le prosélyte pour officialiser son adhésion et pour manifester publiquement sa joie de retrouver son identité culturelle perdue autrefois par l'effet de l'acculturation. Il consiste à se présenter en temps que ressortissant du royaume Kongo, c'est-à-dire présenter les lignages (m'vila) dont on est issu ainsi que son nom. Ce rituel est conditionné par une formation sur la culture kongo et sur le Bundu Dia Kongo. Au-delà de ce rituel nous avons d'autres rites initiatiques que nous n'avons pas pu citer parce qu'ils relèvent de la hiérarchisation des autres degrés.

Hormis tous ces rites, il y'en a d'autres qui consistent soit à présenter les malades à dieu (mbila nsongolo'a bimbevo), soit pendant la lunaison (mbila mbikulu'a ngonda), etc.

* 11 MUANDA-Nsemi op. cit. P6.

* 12 D'après le message de Bundu Dia Kongo.

* 13 DURAND (G) : A propos du vocabulaire de l'imaginaire...in Recherches et TRAVAUX, n°15, 1975.

* 14 Mircea ELIADE : Aspects du mythe, Gallimard 1963, P30.

* 15 Entretien avec les responsables du Bundu Dia Kongo.

* 16 Entretiens avec les adeptes de Bundu Dia Kongo.

* 17 THOMAS (L. V) : Les religions d'Afrique noire, stock, 1995, P 66.

* 18 Op. cit. P. 75.

* 19 ELIADE (M) : Op. cit. P91.

* 20 Le Robert, Dictionnaire de sociologie, Seuil 1999, P460

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault