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L'éloge du matriarcat dans "la mémoire amputée de Werewere-Liking

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par Arnaud TCHEUTOU
Université de DoualaCameroun - Diplôme d'études approfondies 2008
  

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VI.2- Le messager messianique.

Le personnage féminin est non seulement un messager, mais aussi un messie. Cela se justifie par son don médiumnique d'une part et les prophéties qu'il fait d'autre part. Il faut entendre par don médiumnique les qualités de médecin traditionnel. Ainsi, on s'aperçoit que le personnage féminin communique avec les esprits des survivants, entendez esprits des morts. Il n'est pas donné à tout individu de rentrer en contact consciemment avec les esprits de

l'au-delà s'il n'est pas médium. Halla Njokè communique avec l'esprit de Grand Pa Helly déjà décédé. Parvenue presqu'au bout de son périple, de sa quête pour le mieux-être, elle décide de revenir régulièrement à la case de départ rendre visite à sa grand-mère restée seule après le décès de son époux. C'est au cours de la première visite qu'elle laisse entendre qu'elle communique avec l'au-delà. Auprès de Grand Madja, Halla entend la voix de son grand-père qui appelle sa femme, annonçant ainsi sa mort imminente : « J'entendis son cri inimitable mais si reconnaissable au fond de moi, l'appel de Grand Pa Helly à sa bienaimée, son de puissance des disciples de Um » (M.A., 380).

En plus, la femme connaît les rituels et plus particulièrement ceux liés à l'accouchement. La différence fondamentale entre un initié et un profane se joue dans la connaissance des rituels. L'un sait ce qu'il faut faire pour sortir d'une difficulté alors que l'autre l'ignore. L'initié est un être clairvoyant et lumineux alors que le profane est un être de l'ombre et des ténèbres. Grâce à ses dons médiumniques, la narratrice a pu faire face à une fausse couche que la brutalité de son père aurait pu lui causer. On se souvient de la colère de ce dernier quand il a appris la seconde grossesse de sa fille. La violence subie par la gamine est de nature à provoquer un avortement involontaire. Et c'est même cela le souci de Njokè : « Je vais t'aider à le vomir, je vais vider ton ventre du bâtard qui s'y loge » (M.A., 237). Mais il ne réussit pas son coup grâce à un rituel qu'applique Halla. Elle enlève sa montre qu'elle serre dans sa paume de main gauche, empêchant ainsi toute éventualité de fausse-couche :

« Ma dernière heure est arrivée. Je retire la petite montre-bracelet souvenir de ma mère et l'enferme dans ma main gauche en me faisant un serment : "tant que la paume de ma main ne s'ouvrira pas pour laisser échapper cette montre, mon ventre non plus ne laissera pas échapper mon enfant» » (M.A., 237-238).

Ce rituel est bien connu dans les sociétés africaines. On le conseille aux femmes en travail qui sentent le foetus se précipiter à sortir alors qu'elles ne sont pas dans les conditions adéquates d'accouchement. Généralement, il leur est demandé de tenir dans leur main un caillou qu'elles doivent serrer fort. Tant qu'elles ne lâchent pas le caillou, le foetus aussi ne sortira pas. Ce n'est que dans la salle d'accouchement qu'elles doivent ouvrir leur main. A défaut du caillou, Halla utilise la montre. Un rituel peut être adapté à l'environnement ou au contexte qui se présente. Le plus important c'est la foi qu'on y met.

Le personnage féminin est également initié à la phytothérapie et aux rites de guérison. Yèrè, le génie de la forêt, a appris à Halla à connaître les vertus des plantes : « Il m'apprenait à reconnaître des plantes que certains vieux et vieilles du village lui avaient aussi montrées » (M.A., 157). Grand Pa Helly a aussi initié sa petite-fille dans ce sens :

« Il me révèle de petits secrets que seul mon frère devrait recueillir, s'il était-là. Ainsi, sous l'influence de certaines formules de l'initiation masculine Mbock, je vois une écorce devenir antipoison, bouclier contre toute arme blanche ou instrument de lecture des messages de la géomancie. J'apprends des formules pour renforcer le pouvoir magique des écorces de Simgang, de Yôp ou de Ebadjôb qui, conservées précisément au fond du sac ou sur soi, dans un noeud de pagne ou dans le repli d'un habit, annulent tout "mauvais oeil", font tomber des mains toute nourriture ou boisson empoisonnées, désamorcent tout maléfice placé sur le chemin » (M.A., 194).

En enseignant à la femme les rituels réservés aux hommes, Grand Pa Helly, grand Mbombock de son état, sait que c'est à la femme que revient le don de guérir, de sauver. Son acte trahit la discrimination malheureuse dont sont victimes les femmes chez les Bassa en particulier et dans la plupart des sociétés africaines actuelles en général, où l'imagerie populaire fait croire que seuls les hommes peuvent devenir Mbombock, notables ou grands dignitaires du royaume.

Le rituel de guérison fait en l'honneur de Naja lorsqu'elle est malade indique que l'homme, même quand il est un grand initié, a besoin de la femme pour réussir ses opérations. Naja est frappée de démence après son divorce avec Njokè. Cette crise est provoquée par l'accouchement d'une enfant dont elle ignore le responsable. C'est l'émissaire envoyé à Lobôn informer Njokè, localité où vivent ce dernier et sa nouvelle famille, qui le révèle :

« Ta première femme a accouché d'une fille et a été prise d'une crise de démence juste après la délivrance, criant que ce n'est pas vrai, qu'elle ne peut pas avoir accouché puisqu'elle n'a pas revu son amour ! Dès qu'on lui présente la fillette, elle commence à taper sa tête contre les murs. On a dû l'emmener à l'hôpital et lui administrer des calmants. Depuis lors, elle a sombré dans une apathie dont on ne sait plus comment la sortir. Alors, ta soeur Roz a réussi à convaincre la famille de ta femme de l'autoriser à l'amener chez un guérisseur réputé de sa connaissance, sans leur révéler que tu te trouves dans la région » (M.A., 171).

En effet, Naja a été violée, une nuit, par Njokè qui l'avait neutralisée, l'empêchant de l'identifier. C'est reprenant conscience, après le rituel, et voyant ce dernier à ses côtés, qu'elle comprend que ce fut lui l'auteur du viol et même de la grossesse. Elle s'écrie : «Donc tu étais-là. Je comprends alors comment j'ai pu avoir un enfant, et encore une fille. C'était toi n'est-ce-pas ? » Et Njokè d'avouer son forfait : « Bien sûr mon amour, [de] qui d'autre cela aurait-il pu être ? » (M.A., 175). C'est au cours de la cérémonie de guérison que les qualités de médium du personnage féminin sont exprimées. Bien que ce soit un homme qui dirige la cérémonie, le guérisseur « Maître Sunkang » (M.A., 174), on peut dire qu'il n'a qu'un rôle secondaire. D'abord parce que ce sont les femmes qui exécutent les danses rituelles :

« Dans la cour, une foule. Des femmes habillées de pagnes rouges et blancs barbouillées de kaolin sur les pieds, les mains et les visages, battent des bambous en chantant. Une rangée de femmes totalement

enveloppées de pagnes rouges jouent des cloches triples dont la sonorité me pénètre jusqu'au plus profond » (M.A., 172-173).

Ces femmes sont elles-mêmes des initiées. Elles ont en conséquence des dons médiumniques puisque un initié est un medium en puissance. L'accoutrement des danseuses et la décoration de leur corps sont les signes de leur statut d'initiées de haut rang. Les couleurs rouge et blanc, le masque au kaolin traduisent un cheminement initiatique graduel. Ensuite, ce sont elles qui vont dans la forêt recueillir les plantes nécessaires. Mais, surtout, ce sont elles qui communiquent avec le génie qui indique la recette. C'est Halla, guidée par Yèrè, qui recueille les différentes plantes pour la guérison :

« J'entre maintenant dans une transe irréversible en entonnant le chant dédié au génie "Yèrè Baoura", j'arrache les bambous des mains d'une adepte Sunkang en rouge et blanc et me mets à courir vers la forêt. [...] Yèrè, mon ami génie défunt avance vers moi, entouré de tout petits génies qui lui font des courbettes en l'appelant Baoura "l'énorme". Il me sourit avec ironie comme autrefois, alors que ma main passe en travers de son corps comme à travers un nuage. Je sens sa présence immatérielle mais très chaude qui me guide, m'indiquant des plantes pour guérir ma mère. Je les cueille avec une aisance qui m'étonne [et] les ramène au Maître de cérémonie » (M.A., 174-175).

Enfin, c'est encore la femme qui indique le mode d'emploi des différentes plantes. Ainsi, du début à la fin de la cérémonie de guérison, le Maître Sunkang n'a joué qu'un rôle subsidiaire. Cette cérémonie révèle une fois de plus le rôle central que la femme joue dans toutes les cérémonies en Afrique. Etant dans la plupart des cas dans l'ombre, elle est le personnage sans qui rien ne peut être opéré puisqu'elle est le principal canal de communication avec le monde suprasensible. L'homme n'est qu'un exécutant. C'est à juste titre que la gratitude de Tante Roz revient à Halla et non au guérisseur chez qui pourtant elle a conduit Naja. Elle est émerveillée par les talents de prêtresse de sa nièce :

« Dis donc, jeune prêtresse, je ne te savais pas si forte ! Tu as vu tout ce que tu as ramené de la forêt ? Et avec quelle voix tu dictais comment bouillir telles feuilles en décoction pour en faire boire à ta mère, comment réduire telles écorces et racines pour l'en masser longuement après qu'un mouton a été immolé sur elle. Le guérisseur a suivi à la lettre tout ce que tu as ordonné, et ta mère, en se réveillant dans les bras de ton père s'est mise à causer avec lui comme s'ils ne s'étaient jamais quittés » (M.A., 176).

Pour Tante Roz, Halla est une véritable prêtresse, un sauveur. Elle a sauvé non seulement sa mère, mais également l'harmonie entre ses parents. Même si les deux ne partageront plus la même maison, elle a pu tuer la haine et réinstaller la paix entre eux. Le pouvoir médiumnique de la femme est complété par ses talents de prophète. Ses prophéties proviennent de ses rêves prémonitoires. Halla Njokè fait des rêves qui se réalisent dans le futur. Le premier est celui qu'elle fait après ses rapports sexuels avec le séminariste Albass :

« Pendant que mes amis s'affairent à laver mes habits, je m'endors en grelottant dans les draps. Je rêve qu'un serpent me mord au bas-ventre. Grand Pa Helly l'attrape par la queue et essaie vainement de l'arracher, mais il s'accroche de tous ses crocs, me soufflant une sorte d'air chaud qui me gonfle le ventre. Si gros que je vais exploser. J'étouffe et me débats. Grand Pa Helly essaie de me calmer » (M.A., 205).

Dans les traditions africaines, l'image du serpent qui apparaît dans le rêve symbolise la grossesse ou l'accouchement. Il est conseillé de ne pas tuer ce serpent car si on le fait, cela signifie qu'on accouchera d'un mort-né. Quand c'est un garçon qui fait ce rêve, cela signifie qu'une femme de son entourage est enceinte ou qu'elle a enfanté. Et quand c'est une fille, cela annonce qu'elle est enceinte ou qu'elle enfantera. Pour ce qui est de Halla, ce rêve annonce sa grossesse. La confirmation sera faite par le médecin chez qui son père l'amène quand elle s'évanouit au cours des durs travaux de construction de la digue.

Le deuxième rêve survient la veille du jour du décès de Grand Pa Helly. Alors que celui-ci est gravement malade, sa petite-fille fait un rêve où il vient lui dire ses dernières volontés98. Ce rêve est une prémonition pour plusieurs raisons. D'abord il annonce la mort de Grand Pa Helly et cela a été confirmé le lendemain. Ensuite, il annonce la naissance d'un enfant par Halla, ce qui s'est vérifié. Enfin, le destin pressenti par le grand-père pour sa petite fille s'est concrétisé. Il a souhaité que celle-ci abandonne l'école occidentale, qu'elle croyait être la seule voie de réussite pour elle, pour se consacrer entièrement à l'école de la vie. Il l'a aussi invitée à prendre en main ses responsabilités qui devraient la conduire à s'activer pour la pacification et le développement de son peuple. Tout ceci s'est réalisé durant la suite du parcours de la narratrice. Les propos de Grand Pa Helly enseignent que le destin de Halla Njokè, qui est en réalité celui de toutes les femmes noires, est une émanation de l'au-delà. C'est Dieu qui a voulu que les choses en soient ainsi. Voilà pourquoi c'est quelqu'un qui n'est plus du monde des vivants qui le révèle.

Les prophéties se déclinent aussi en voyance car le personnage féminin est une voyante, un oracle. Il est sollicité pour lire ce qui se cache derrière les pensées, ce que réserve l'avenir. La « folle Némy »99 fait des révélations dans ce sens. Quittant le royaume des Témoins de Jéhovah où elle s'est invitée, elle est suivie par Halla qui sollicite d'elle des révélations la concernant. Halla ne sait même pas ce qu'elle veut exactement. C'est quand Némy l'interroge qu'elle fouille dans sa tête pour trouver une réponse :

98 - Le rêve ou les paroles de Grand Pa Helly ont été soulignées précédemment dans une autre argumentation. Nous n'avons pas voulu les répéter.

99 - Némy en réalité n'est pas folle si on considère la folie comme in dérèglement psychologique ou mental. Ce sont ses pairs qui l'étiquettent comme telle parce qu'elle dit tout haut ce que les autres pensent tout bas. Elle est le seul personnage qui dénonce les abus de Njokè (M.A., 128-129). Némy a aussi des dons médiumniques. Nous adhérons à l'opinion de Kouamé Adou selon laquelle : « Dans l'espace littéraire, sont fous les personnages que le texte désigne comme tels. Il faut donc s'interroger sur la fonction narrative de la dérision dans les romans » in « La représentation de la maladie dans les romans d'Ayi Kwei Armah », Loxias, Loxias 18, mis en ligne le 1- août 2007, URL : http : // revel.unice.fr, p.3.

« Pendant tout ce temps de marche, je ne m'étais même pas posé la question ; le temps avait suspendu mes pensées et j'étais vraiment prise au dépourvu. Il me fallait trouver une réponse, ne serait-ce que pour moimême : Je ...J'ai quelque chose qui marche dans le ventre. Toi qui vois derrière les pagnes, peux-tu me dire si c'est le hu ? » (M.A, 122).

Halla qui est enceinte et qui ne le sais pas, croit que c'est quelque chose de mystique qui bouge dans son ventre. Némy la rassure. Au cours de la conversation qui s'en suit, elle lui confirme qu'il s'agit bel et bien d'une grossesse :

« Certainement pas. Lui là [le hu], il ne trouverait pas de place en toi, ou du moins, il ne s'y sentirait pas bien. Tu es trop voyante et transparente.

- Transparente ? Mais dis-moi alors ce que c'est.

- Un bébé sans doute » (M.A., 122).

Le don de prémonition et de voyance montre que la femme a un sixième sens très développé. Il lui permet d'avoir des pressentiments aigus et par conséquent, de prédire l'avenir. Avant que Tante Roz n'envoie un émissaire chercher Halla et son père pour venir à la rencontre de Naja malade, Halla avait déjà prédit les retrouvailles entre ses parents. Elle les avait annoncées à son père : « Chaque jour, je disais à mon père : `'Ma mère Naja va venir et vous allez vous revoir. Vous vous expliquerez et tout rentrera dans l'ordre, tu verras» » (M.A., 170). Mais Njokè n'y croyait pas et rétorquait : « Que viendrait faire ta mère dans ce coin perdu ? Même si on la paie, elle n'ira pas où elle sait que je suis, surtout, tant que sa sorcière de soeur vivra » (M.A., 171). Cependant, Halla insistait, sûre d'elle : « Elle viendra, tu verras, je le jure » (M.A., 171). C'est sur ces entrefaites que l'émissaire arrive, comme pour confirmer la prédiction. Et Njokè de réagir étonné : « Sorcière, tu es contente ? Monte dans la voiture on s'en va ! » (M.A., 172).

La femme est bel et bien une sorcière mais pas dans le sens communément donné à ce terme. Elle est une sorcière parce qu'elle a des

connaissances et des pouvoirs que les autres n'ont pas. Le sorcier n'est pas forcément celui qui détruit. Il est aussi celui qui construit. Il existe la sorcellerie positive et la sorcellerie négative. Quelle que soit celle prise en compte, elle renvoie à la possession des savoirs et pouvoirs déniés aux autres. Les prophéties se manifestent également par les déclarations faites après le rêve annonçant la mort de Grand Pa Helly. Au sortir de son sommeil, Halla annonce le deuil. Avant même de se réveiller, elle a déjà commencé à pleurer. Ceux qui sont à ses côtés croient qu'elle vient de faire un cauchemar :

« "Au secours Grand Pa Helly est mort" ! Personne ne m'entend. Je hurle de plus en plus fort en répétant la même phrase. Des gens se sont attroupés autour de nous en entendant mes cris, mais ils n'ont pas osé me réveiller. C'est ma puînée qui me secoue. - Réveille-toi, tu fais un cauchemar. Grand Pa Helly n'est pas mort, Papa va l'emmener à l'hôpital tout à l'heure » (M.A., 219).

Malgré les protestations, Halla insiste : « Je te dis que Grand Pa Helly est mort. Il vient de mourir. Il m'a parlé. J'ai regardé l'heure. Il était cinq heures trente. Quelle heure est-il ? » (M.A., 219). A cette question, une voix répond : « Cinq heures trente-trois ma fille » (MA, 219) et tous se rendent à l'évidence : « Nous savons tous que le drame est arrivé » (M.A., 219). Le don médiumnique font du personnage féminin un prophète. Il incarne le bien-être et il préserve la vie. En un mot, il est l'espoir de l'humanité. C'est ce qui se dégage des dernières volontés, elles aussi prophétiques, de Grand Madja :

« Ce soir-là, soir des adieux, les mains de Grand Madja dans mes mains, alors que nous nous tenions dos à dos, communiquant par les colonnes vertébrales, sa position préférée depuis peu, elle me dit : `' Il se pourrait qu'on ne se revoie plus. Ta Grand Tante Kèl Lam t'a choisie pour la suite. Je lui ai dit qu'à mon avis, c'était un peu tôt pour toi, mais elle m'a dit que tu en auras l'âge au bon moment, qu'il fallait que tu l'aies, même demain si nécessaire ! Alors courage, car on va accélérer ton temps : nous avons besoin de toi.» » (M.A., 381).

Ces propos intervenus à la clausule du récit, résument clairement l'intrigue. Ils interpellent la femme africaine à une prise de conscience véritable de ses responsabilités. L'humanité en général et l'Afrique en particulier a besoin d'elle pour son salut.

Le personnage féminin enraciné dans la civilisation africaine est véritablement un être oint. Il est non seulement béni naturellement, mais encore il est béni par ses parents et les génies qui l'initient aux savoirs africains. On comprend pourquoi tout lui réussit. L'Afrique noire étant le deuxième coeur de Dieu100, il est normal que l'être béni de Dieu y joue un rôle central dans l'organisation sociale. Car il a des potentialités que l'homme n'a pas. Il a un charisme qui attire les génies afin que ceux-ci apportent des solutions concrètes et efficientes aux problèmes sociaux, il a des dons qui lui permettent de déceler n'importe quel mal où qu'il se cache et d'envisager l'avenir. Ainsi, comme Werewere-Liking, la femme africaine traditionnelle est une vraie prêtresse.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld