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Politique coloniale de lutte contre le paludisme. Cas de l'ancienne province de Léopoldville (1888-1960)

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par Leslie SABAKINU LUKWIKILU
Université de Kinshasa RDC - Licence en sciences historiques 2011
  

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CHAPITRE.IV. POLITIQUE DE LUTTE CONTRE
LE PALUDISME

Le présent chapitre se propose de faire ressortir la politique élaborée par le pouvoir colonial afin d'éradiquer les conséquences désastreuses du paludisme sur les populations blanche et congolaise.

1. Les recherches scientifiques et médicales dans la lutte contre le paludisme

Dès la création de l'Etat indépendant du Congo, le problème de santé en général et l'extension des maladies tropicales en particulier figuraient parmi les préoccupations de l'administration coloniale193.

S'étant rendu compte des désastres causés par certaines maladies, notamment le paludisme, la fièvre hémoglobinurie, la maladie du sommeil ainsi que la variole, non seulement dans les rangs des agents de l'EIC, mais aussi au sein de la population congolaise, l'administration coloniale s'était donnée comme mission l'élimination voire l'éradication de toutes ces maladies. Ainsi, le relèvement du niveau de santé de la population tant européenne que congolaise, ainsi que la lutte contre les maladies infectieuses et parasitaires furent considérées par l'administration coloniale comme un de ses principaux devoirs194. De ce fait, l'un des domaines sur lequel le pouvoir colonial porta toute son attention pour remédier à cette situation fut la recherche scientifique et biomédicale. En ce sens que cette dernière fut considérée comme la clé de la lutte contre toutes les maladies pouvant être évitées195.

En effet, les recherches scientifiques et médicales ont été le fil conducteur des programmes d'exploration en ce qui concerne l'Afrique en générale et le Congo en

193 RUPPOL, J.F., Art. cit, p. 2.

194 Idem, p. 3.

195 JANSSENS, P.G., « Recherche scientifique biomédicale », in JANSSENS, P.G., KIVITS, M., VUYLSTEKE, J., Médecine et hygiène en Afrique centrale de 1885 à nos jours, Vol. I, Bruxelles, Fondation Roi Baudouin, 1992, p. 196

particulier196. La plupart des maladies qui y sévissaient n'étaient pas encore bien connues des médecins européens, qu'il s'agisse de la maladie du sommeil, du paludisme et de la fièvre hémoglobinurie, des dysenteries, les connaissances sur leur mode de transmission et de propagation étaient limitées197. Il va donc de soi que les observations et recherches médicales se voyaient attribuer une très haute priorité dès la colonisation européenne en Afrique.

De même, l'intérêt réel de l'E.I.C pour la recherche se trouva affirmé par la succession des missions scientifiques et médicales effectuées pendant toute la période coloniale198. Parmi les plus célèbres, nous pouvons citer la mission J. Rodhain effectuée sur la maladie du sommeil respectivement au Maniema(1910) et dans l'Uélé(1913), les recherches sur la lèpre, l'onchocercose et l'éléphantiasis dans l'Uélé par A. Dubois (1934) 199 ; les recherches sur la bilharziose par Van den Berghe(1936), etc.

C'est dans ce contexte-là que la lutte contre le paludisme a été envisagée par le pouvoir colonial. La connaissance, la maitrise et le contrôle de l'environnement du paludisme ont constitué la stratégie initiale adoptée dans la lutte contre le paludisme.

A cet effet, plusieurs recherches et études ont été entreprises au Congo ; il y eut notamment l'envoi de plusieurs missions spéciales dans les régions endémiques pour effectuer une enquête approfondie sur le paludisme200, à savoir : découvrir les types d'environnement et les modes de propagation de la maladie201. Grâce à la création et à l'installation d'un laboratoire de recherche { Léopoldville202, plusieurs chercheurs ont pu effectuer leurs études sur le paludisme, ce qui permit à ce laboratoire de jouir rapide d'une renommée internationale203.

Les premières études sur le paludisme au Congo belge sont celles menées en 1899 et 1900, dans le laboratoire de Léopoldville. Il s'agit d'une étude effectuée par Van

196 Ibidem

197 RUPPOL, J.F., Art. cit, p. 1.

198 JANSSENS, P. G, Art. cit, p. 197.

199 Idem, p. 199.

200 MORISSENS, G., L'oeuvre civilisatrice au Congo belge, Mons, édition Desquesne, 1912, p. 193.

201 DROOGMANS, H., La Malaria. Communication faite au cercle africain, 1925, p. 19.

202 MORISSENS, G., Op. cit, p. 193.

203 ANDRE, J., BURKE, J., Art. Cit, p. 150.

Campenhout et Dryepondt. Ces chercheurs, grâce à leurs études, ont constaté que de toutes les maladies qui touchent les Européens, le paludisme occupe une place prépondérante204 ; ces chercheurs ont analysé aussi bien la propagation du paludisme que son traitement et sa prophylaxie ; ils ont également décrit l'origine des différentes fièvres paludéennes205.

En 1906, le docteur Broden, successeur à la direction du Laboratoire de Léopoldville, effectua des recherches relatives { l'hémoglobinurie et confirma la thèse selon laquelle cette maladie serait une complication du paludisme et que sa prévention est la même que celle du paludisme206. Celui-ci, suite à ses recherches, préconisa l'importance de l'emploi prophylactique de la quinine comme le meilleur moyen de prévention de la maladie er de ses complications207. C'est notamment sous l'impulsion de ces deux chercheurs que le Laboratoire de Léopoldville concentra dès le départ son attention sur le paludisme et sur l'une des ses complications les plus graves, la fièvre hémoglobinurie208.

Depuis ces premières études, le problème du paludisme a été analysé sous de multiples aspects, à savoir : la répartition des espèces anophéliennes, l'épidémiologie, la prévalence, la transmission, les méthodes de prévention, de prophylaxie, les aspects administratifs de l'arrêt de la chaîne de transmission209.

La reprise du Congo par la Belgique a permis à la couverture sanitaire de se développer et de se restructurer. Ainsi, d'autres études ont été organisées sous la direction des services du Gouvernement Général pour approfondir les différentes connaissances relatives au paludisme.

Deux chercheurs avaient cependant tenté de présenter une étude d'ensemble sur le paludisme au Congo belge : il s'agit du Dr A. Duren (1937 et 1951) et J. Gillet (1953). Ces deux études traitent de l'importance du paludisme dans la pathologie générale et nous

204 WERY, M- JANSSENS, P.G., Art. cit, p. 1240.

205 Idem, p. 1241.

206 Ibidem.

207 De la connaissance à la science, approche structurelle, p. 135.

208 Idem, p. 134.

209 WERY, M- JANSSENS, P.G., Art. cit, p. 1241.

fournissent des informations sur la mortalité et la morbidité dues au paludisme chez les Européens comme chez les Congolais210.

En 1948, une étape importante dans la recherche en paludologie est la découverte du docteur Vincke211. Ce dernier avait effectué des recherches sur le paludisme des rongeurs. Ses découvertes ont contribué { l'étude expérimentale de la transmission de la chimiothérapie, de l'épidémiologie et de la lutte contre le paludisme212.

Les études les plus importantes d'entre elles ont été effectuées par le Dr Schwetz. En effet, celui-ci consacra une majeure partie de ses études sur l'état du paludisme au Congo belge ; il s'agit entre autres des études effectuées sur le paludisme au Bas-Congo et Kwango(1936), dans la Province Orientale(1939), ainsi qu'{ Coquilhatville(1945)213. De retour dans la Métropole, ce chercheur continua les études sur le paludisme qu'il avait commencées en Afrique214.

Toutefois, les efforts de l'administration coloniale n'ont pas été les seuls { avoir contribué aux recherches scientifiques. De nombreuses initiatives privées et certaines associations philanthropiques médicales s'y sont aussi investies 215. Il s'agit entre autres de l'Institut de Médecine Tropicale d'Anvers(IMT), de l'Institut pour la recherche Scientifique en Afrique Centrale (IRSAC) qui dès le début de leur création, avaient entrepris des recherches expérimentales sur le paludisme, son écologie et le mode de vie des vecteurs216. Le ministère des colonies comme les autorités sanitaires du Congo belge pouvaient se référer { l'IMT lorsqu'un programme de lutte ou de prévention était en cours d'élaboration217. De même, pour parer à la propagation de certaines endémies, tels que le paludisme et la maladie du sommeil, les autorités coloniales signeront des conventions avec certaines sociétés industrielles. Celles-ci vont contribuer également à

210 Ibidem.

211 Idem, p. 1242.

212 ANDRE, J., BURKE, J., Art. cit, pp. 99-100.

213 De la connaissance à la science, approche structurelle, p. 18.

214 Ibidem.

215 RUPPOL, Op. cit, p. 4.

216 ANDRE, J., BURKE, J., Art. cit, pp. 99-100.

217 De la connaissance..., p. 153.

la lutte contre ces maladies. C'est le cas de l'Union Minière du Haut Katanga, des Huileries du Congo belge, des Mines d'Or de kilo moto218.

Toutes ces différentes missions et études ont été d'une importance capitale quant { la connaissance du paludisme au Congo belge ; elles furent également une nécessité pour toute question relevant de l'étiologie et de l'épidémiologie lorsqu'il s'agissait d'établir des programmes de lutte afin d'éviter de nouveaux foyers de la maladie219. Il s'agissait pour l'administration coloniale de faire connaître la maladie, en ordonnant la publication des documents portant sur cette maladie. Ainsi, les bases d'une lutte efficace pouvaient être établies pour combattre ce fléau.

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