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Politique coloniale de lutte contre le paludisme. Cas de l'ancienne province de Léopoldville (1888-1960)

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par Leslie SABAKINU LUKWIKILU
Université de Kinshasa RDC - Licence en sciences historiques 2011
  

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2.2. Mesures curatives

Pour rendre plus efficace les mesures prônées dans la lutte contre le paludisme, il fut question que les pouvoirs publics puissent soumettre les personnes atteintes de cette maladie à un traitement médical approprié et donc { l'action curative.

Le paludisme est l'une des maladies pour lesquelles, on a connu le remède bien avant la cause de la maladie. Et c'est l'usage de la quinine qui a été retenu comme le moyen le plus efficace pour se préserver des fièvres paludéennes. C'est ainsi que dès le XIXe siècle, une propagande importante fut faite au Congo, auprès des résidents, pour l'adoption de la quinine { titre préventif et curatif. Les premiers succès obtenus contre le

269 Idem, p. 743.

270 Ibidem.

271 Rapport aux Chambres, 1957, p. 72.

272 Ibidem.

paludisme lui sont dus presque exclusivement273. Ainsi, les pouvoirs publics vont procéder à la distribution gratuite de la quinine aux Européens résidant au Congo, particulièrement aux agents de l'Etat, aux missions et aux sociétés274. Au départ, cette mesure n'était pas acceptée par tous les Européens, mais au fil du temps cette méthode commença à être acceptée par la plupart des Européens275. C'est ainsi, au Congo, la prise quotidienne de la quinine et le fait de dormir chaque nuit sous une moustiquaire étaient une pratique obligatoire pour les Européens afin de prévenir le paludisme276.

Toutefois, cette mesure ne concernait nullement toute la population congolaise, seuls les nourrissons en bénéficiaient lors des consultations médicales. Plusieurs raisons furent à la base de cette situation. Premièrement la généralisation des distributions régulières de quinine aurait coûté énormément d'argent au gouvernement colonial, compte tenu de la cherté de ce produit ; deuxièmement, non seulement les populations congolaises ne disposaient pas d'assez de moyens pour l'achat de ce médicament, mais aussi, elles se refusaient à consommer ce médicament quand elles n'étaient pas malades277. En dehors des missions et de quelques hôpitaux, aucun Congolais n'était dans la possibilité d'avoir recours { des traitements curatifs. C'est ainsi qu'au départ, seuls, les Européens ont bénéficié de la prophylaxie médicamenteuse, considérée comme l'une des armes efficaces et prometteuses dans la lutte antipaludique278. Or, il était indispensable de défendre la population congolaise contre le fléau du paludisme, si le gouvernement colonial voulait éviter les effets néfastes du paludisme sur le bien-être de la population congolaise, ainsi que sur l'économie du pays et s'il voulait assurer la prospérité de la colonie. Il fallait donc mettre en place des mesures nécessaires pour la répression de cette maladie.

273 WERY, M- JANSSENS, P.G., Art. Cit, p. 1248.

274 MAES, P., La Lutte Antipaludique, Facteur Important du Développement Economique des pays Tropicaux, Mémoire de Licence en sciences Commerciales et coloniales, Institut Supérieur Commercial et consulaire Mons, 1958-1959, p. 69.

275 Rapport aux Chambres, 1926, p. 10.

276 LAMBIN, F., Congo belge, publié sous les auspices du Ministère des Colonies et du Fonds Colonial de Propagande Economique et Sociale, Bruxelles, édition Cuypers, 1948, cité par HUNT, N.R., A Colonial Lexicon of Birth Ritual, Médicalization and Mobility in the Congo, Durham and London, 1999, p. 245.

277 Rapport aux Chambres, 1932, p. 15.

278 Rapport aux Chambres, 1951, p. 172.

Aussi, en 1932, l'administration coloniale négocia-t-elle avec le Département de l'Agriculture des Indes néerlandaises279 la livraison, à des prix réduits, de grandes quantités de quinine pour permettre aux services médicaux de combattre le paludisme de façon adéquate280. Cette négociation permit tout de même au Congo d'obtenir ce produit { un prix inférieur { celui du marché. Mais l'achat de quinine en grande quantité revenait encore à 500 fr. le kg, ce qui fait que, en 1936, le Congo belge avait importé 4.537 kg de quinine pour une valeur de 2.700.000 fr281. A cette allure, il était difficile à l'administration d'améliorer nettement la situation. Etant donné l'importance du paludisme et la cherté de l'unique médicament connu pour combattre cette maladie, l'administration avait tout intérêt, sur l'avis des services médicaux, { posséder lui-même ses propres plantations de quinine282.

Par ailleurs, pendant la deuxième Guerre Mondiale, le gouvernement eut quelques difficultés quant à la distribution gratuite de quinine. En effet, durant cette guerre, le principal pays fournisseur de quinine qu'était la Hollande, vit ses plantations de quinquina, situées à Java, tomber sous le contrôle des troupes japonaises, ce qui paralysa l'exportation de ces produits vers d'autres pays ; ceci expliqua le fait que l'administration coloniale fut dans l'obligation de rationner sa distribution de quinine, ce qui entraina une légère augmentation de la mortalité par paludisme chez les Européens, mais surtout chez les Congolais, qui ne bénéficiaient déjà pas des mêmes avantages que la population blanche283. Cette situation poussa encore plus les autorités coloniales à tout mettre en place pour obtenir leurs propres plantations de quinquina, compte tenu du fait qu'en cas de guerre, le Congo aurait eu d'énormes difficultés { s'approvisionner en quinine284. Les deux guerres avaient mis plus d'un gouvernement en éveil.

C'est pendant cette même guerre de 1940-45, plus particulièrement en 1942 que le Congo
belge décida d'acheter une usine afin de produire la quinine nécessaire au Congo et au

279 Les Indes néerlandaises, avec leur plantation de quinine se trouvant à Java, furent les principaux fournisseurs du Congo belge.

280 MAES, P., Op. cit, p. 70.

281 Ibidem.

282 Ibidem.

283 Rapport aux Chambres, 1939-1944, p. 43.

284 MAES, P., Op. cit, p. 70.

Ruanda-Urundi ainsi qu'aux autres territoires africains285. Ainsi une fabrique de quinine fut montée à Bukavu durant les années 1943-1944, et entra en fonction en août 1944286. Ce qui permit aux autorités en place d'envisager une prophylaxie médicamenteuse { plus grande échelle.

La raréfaction de la quinine au cours de la seconde Guerre Mondiale eut également pour conséquence un recours plus fréquent aux antipaludiques de synthèse287. En effet, les lendemains de la guerre furent marqués par l'introduction des nouveaux antipaludiques de synthèse (chloroquine, proguanil, pyrimethamine,...). Ces produits modifièrent radicalement la stratégie de lutte antipaludique288. La distribution de ces antipaludiques de synthèse se fit sous la responsabilité des services d'assistance médicale, ceux-ci les distribuaient à leur personnel, à la population congolaise indigente, aux enfants dans les consultations des nourrissons, dans les consultations prénatales, ainsi que dans les écoles289. De ce fait, cette distribution des antipaludiques dans les consultations pour nourrissons a eu une incidence importante sur la morbidité et la mortalité infantile290.

Cependant, l'efficacité de la lutte curative contre le paludisme, visant { guérir les malades déj{ atteints, ne peut être visible que si elle s'accompagne d'autres mesures prophylactiques. L'action curative ne constitua pas une solution stable pour combattre la maladie, elle ne put être envisagée qu'en y ajoutant les mesures prophylactiques antimoustiques. Ce n'est qu'{ ce moment l{ qu'on a pu parler d'une lutte efficace et systémique. Il ne faut cependant pas perdre de vue que malgré l'intensification des mesures de lutte contre le paludisme, celui-ci resta en progression au sein de la population congolaise.

Par conséquent, la solution au problème du paludisme ne put être abordée uniquement sur l'aspect médical, comme le dit si bien le Dr Schwetz : « La malaria devint un double problème très important, pour les Européens dans certains grands

285 Idem, p. 82.

286 Ibidem.

287 WERY, M- JANSSENS, P.G., Art. Cit, p. 1243.

288 Ibidem.

289 MAES, P., Op. cit, p. 111.

290 FOREAMI, Rapport annuel, 1955, p. 25.

centres et pour les congolais vivant dans les zones rurales. Or la malaria n'est nullement un problème médical ordinaire que tous les médecins connaissent. C'est un problème spécial nécessitant des connaissances spéciales : protozoologique et entomologique, morphologique et biologique. Pour la combattre il faut donc avoir des médecins spécialisés dans ce domaine »291.

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