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Etude comparative sur les pratiques de coopération décentralisée de la ville de Porto- Novo

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par Sebastian Peà±a Marin
Université de Poitiers - Master II migrations internationales: conception de projets en coopération pour le développement 2011
  

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2. Analyse des problèmes

2.1. Le processus de pilotage et les dispositifs opérationnels de la Mairie de Porto-Novo

Au Bénin, nous l'avons vu dans le chapitre III, les véritables accords de coopération décentralisée ont pu être concrétisés à partir de 2003, date à laquelle la décentralisation prend place créant ainsi un environnement politique, institutionnel et juridique plus propice au développement de la coopération sous forme décentralisée.

Les dispositifs opérationnels ou de pilotage sont des mécanismes qui permettent de gérer un projet dans toutes ses étapes du début à la fin. Pour ce faire, la coopération décentralisée nécessite certains dispositifs précis non seulement pour gérer ces projets mais aussi pour coordonner l'action collective et faciliter la compatibilité entre les méthodologies de gestion d'un côté comme de l'autre du partenariat. Ils doivent servir à assurer l'application des engagements figurants dans les convention, la mobilisation des moyens humains et matériels, le suivi et la coordination des actions menées et le maintien des liens entre les services et les partenaires concernés. A propos de la notion de gestion, Jacques GIRIN nous dit que « des situations de gestion existent dès lors que des participants sont réunis et doivent accomplir, dans un temps déterminé, une action collective conduisant à un résultat soumis à un jugement externe ».

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Cependant, la jeunesse de l'expérience de la gestion municipale à Porto-Novo a fait que les dispositifs opérationnels se mettent en place progressivement et au fur et à mesure que les besoins de gestion le requièrent et que l'accroissement des capacités d'investissement de la Mairie le permet. Par ailleurs, la coopération décentralisée a eu un rôle fondamental dans le renforcement des capacités de gestion de la Mairie grâce à l'appui institutionnel, volet pratiquement omniprésent dans les projets de coopération.

Ainsi, un Service de coopération décentralisée avec un chef de service placé sous l'autorité de la Direction de la Prospectives, du Développement et de la Coopération a été créé. Ce service à pour mission :

- de mettre en oeuvre et d'assurer le suivi des projets de coopération décentralisée, - d'établir et de suivre les relations avec les réseaux internationaux existants,

- d'assurer les relations avec les villes partenaires et la maitrise d'ouvrage des projets définis dans le cadre des relations avec ces villes,

- d'assurer la veille informative dans le domaine de la coopération décentralisée.

Malgré les améliorations constantes qu'a connu la gestion municipale à Porto-Novo, des dysfonctionnements persistent, ayant de répercutions non seulement au niveau de la gestion de projets mais également au niveau de la dynamique de la coopération, nuisant parfois aux rapports de confiance entre les acteurs du partenariat.

Cela s'explique en partie par le fait que les cadres de la Mairie doivent faire face constamment à de contraintes techniques et financières considérables qui limitent les capacités de gestion des services de la Mairie. En effet, les locaux de la Mairie de Porto-Novo où se trouve la Direction de la prospective, du développement et de la coopération et le Service de coopération décentralisée, ne disposent pas de lignes téléphoniques ni d'une connexion Internet suffisamment stable pour être un réel outil de travail. De plus, des coupures d'électricité régulières portent atteinte également au rythme de travail des organismes de la Mairie.

L'absence de téléphone fixe oblige les fonctionnaires de la Mairie à assumer les frais de communication liés à leur travail avec leurs propres téléphones portables, sans disposer d'aucun dispositif de remboursement.

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Les réticences à utiliser le téléphone comme moyen de communication ainsi que le caractère aléatoire des pannes électriques et de l'accès à une connexion Internet ralentissent énormément les démarches et les processus de gestion des projets. En raison de ces inconvénients techniques il paraît d'autant plus important qu'au Bénin la mécanique de la gestion repose d'avantage sur le facteur humain, d'où l'importance de multiplier les instances de concertation des acteurs.

Les accords de coopération de Porto-Novo en partenariat avec la France qui concentrent la plus grande quantité de projets sont ceux de la Communauté d'Agglomération de CergyPontoise et du Grand Lyon. Les deux partenariats connaissent les mêmes difficultés. En effet, l'un de problèmes les plus persistants dans l'accompagnement des projets est l'absence de cadre formel de pilotage pour renforcer la participation et la concertation des acteurs et favoriser ainsi les échanges, les réflexions, l'intermédiation, la régulation et le suivi. Egalement, le manque de dispositifs de diffusion pour faire circuler et mettre au courant tous les acteurs et parties prenante sur l'état d'avancement des dossiers est un autre handicap important pour le bon fonctionnement des projets.

Cela a pour conséquence un défaut d'appropriation des acteurs concernés, notamment des équipes techniques de la Mairie. Il faudrait donc redéfinir leur implication dans l'élaboration et le montage des programmes afin de mieux converger sur une idée de démarche commune. Dans le cadre de ces partenariats il y a des précédents très édifiants qui montrent que les projets fonctionnent mieux quand il y a eu plus de temps de concertation pour laisser surgir la complicité personnelle et la convergence professionnelle. Cela montre que le rapport humain est quasiment plus important que l'approche technocratique dans cette partie de l'Afrique.

La Mairie de Porto-Novo a mis en place un dispositif parallèle d'accompagnement et d'appui à la coopération décentralisée. L'organisme s'appelle Commission pour le développement et la coopération. Sa présidente est une élue municipale. Il est composé de 6 personnes et dispose d'un budget propre. Son rôle est de conseiller Monsieur le Maire de Porto-Novo sur des questions liées à la stratégie de développement local et à la stratégie de coopération décentralisée. Toutefois, ses membres ne connaissent ni les orientations, ni les axes de travail, ni les acteurs, ni les problèmes qui rencontre la coopération décentralisée à Porto-Novo. La

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commission n'intervient ni dans la conception ni dans le pilotage politique des projets de coopération. Il s'agit, malheureusement, d'un organisme complètement inopérationnel mais qui pourtant pourrait jouer un rôle substantiel dans la création d'instances de concertation des acteurs du développement et de la coopération.

En ce qui concerne l'utilisation de méthode de travail, aucun modèle de gestion de projet n'est appliqué, comme par exemple la GCP (gestion de cycle de projet) ce qui paraît déranger plus les partenaires du Nord que ceux du Sud.

Enfin, nous avons pu constater un volume important de projets en cours de réalisation, une situation qui pose des questions sur la capacité du Service de coopération décentralisée à les gérer. En effet, au premier abord il paraît assez flagrant que la quantité de personnel assignée à la gestion de ces projets ainsi que les moyens techniques et financiers ne sont pas proportionnels au nombre de projets. D'autant plus que Porto-Novo n'entretient pas uniquement des accords avec des collectivités françaises mais aussi avec d'autres villes d'Afrique, d'Europe et des Etats-Unis.

Au niveau de la dernière convention générale signée avec la ville de Buchelay par exemple, le contenu général du programme porte sur la gestion de déchets, l'enseignement supérieur, les espaces verts, la promotion de la jeunesse et du sport. Cette nouvelle convention rajoute une couche supplémentaire aux difficultés de gestion et aux flux d'activités que ce service peut gérer. De plus, la Mairie de Porto-Novo compte signer bientôt un nouvel accord de coopération décentralisée avec la ville de Lisse.

Toutefois, il est moins simple qu'on pourrait le croire d'évaluer ou de se prononcer sur la capacité de gestion de la Mairie de Porto-Novo. L'approche technocratique ou comparative comme grille d'analyse ne suffit pas et la réflexion nous invite à la prudence et à la relativisation des certitudes. Il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'un territoire où les besoins urgents sont très présents et que les défis concernant l'amélioration des conditions de vie des populations locales sont également très importants. Pour cette raison, les autorités de Porto-Novo ne refuseront probablement jamais une proposition de partenariat avec une collectivité du Nord même si la performance de leur gestion ne suit pas les standards internationaux. L'autorité municipale ne gaspillera probablement jamais l'opportunité d'établir un nouveau

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contrat de coopération afin de l'intégrer, bien ou mal, aux importants efforts conjoints de la communauté portonovienne pour résoudre et améliorer la situation de la ville. Et si un projet n'aboutit pas convenablement ou si ses objectifs ne sont pas accomplis pleinement, les effets positifs se laissent toujours sentir directement ou indirectement. Ainsi, ce sera toujours mieux que de ne pas tenter de le mener à bien.

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