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Partenariat public privé dans le secteur de l'eau au Sénégal

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par Adama DIENE
Université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal - Diplôme d'études approfondies en analyse quantitative et économique 2007
  

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Chapitre II: Partenariat Public Privé dans la

distribution d'eau potable : une analyse

économique

La régulation du monopole occupe une place importante dans la littérature sur l'organisation

industrielle. Les travaux les plus anciens (Dupuit, 1849 ; Hotelling, 1938 ; Vickey, 1948)

proposent une tarification au coût marginal permettant de produire les quantités optimales au

sens de Pareto. Mais la présence de rendements d'échelle croissants et la nécessité de

transferts monétaires engendrent des distorsions économiques. L'objectif de premier rang est

jugé inaccessible ou trop coûteux. D'autres systèmes de tarification ont alors été proposés

pour des entreprises publiques régulées par l'Etat et contraintes à l'équilibre budgétaire

(Ramsey, 1927 ; Boiteux, 1956).

La théorie de la régulation incitative s'intéresse au monopole naturel en prenant en compte

les problèmes d'asymétries d'information. L'entreprise a une information privée qu'elle

utilise à des fins stratégiques. Le modèle Baron et Myerson (1982) étudie ce cas dans le cadre

du paradigme principal- agent où, pour résoudre le problème de sélection adverse, le

17

régulateur définit un mécanisme révélateur des coûts de l'entreprise . Les contrats incitatifs

reposent sur un arbitrage entre efficacité et extraction de rente. Une tarification Cost plus (ou

contrat de remboursement des coûts) permet de contrôler les profits de l'entreprise mais ne

l'incite pas à réduire ses coûts. Au contraire une tarification Price cap (de prix plafond) incite

l'entreprise à faire des économies afin d'accroître ses profits qui ne sont pas réglementés. Les

problèmes de régulation et de tarification des monopoles naturels sont difficilement

18

dissociables de l'analyse de leur performance . Les services d'eau sont considérés comme

des monopoles naturels locaux. Leurs caractéristiques, et leurs modes de gestion et de

régulation spécifiques font d'eux des cas d'études très intéressants. L'article pionnier de

17

Le modèle de Laffont et Tirole (1986) traite un cas plus général où s'ajoute un problème de risque moral

(l'entreprise ne fait pas l'effort maximal pour réduire ses coûts) mais où le régulateur peut observer ex post (par

des audits) les informations sur les coûts qu'il ne connaissait pas ex ante.

18

éviter le gaspillage de la ressource de façon à ce qu'elle soit allouée aux usagers pour lesquels sa valeur est la

grande ; 2) l'efficacité productive est processus dynamique qui dépend des efforts d'adaptation de l'exploitation

(réhabilitation et développement des infrastructures, formation de la main d'oeuvre, investissement en recherche

et développement, etc.) pour baisser les coûts de production. 3) Boyer, Patry et Tremblay (1999) définissent une

autre notion d'efficacité dans le cadre de la gestion des services d'eau qu'il nomme l'èco-efficacité et qui repose

sur l'idée de développement durable.

Les critères pour évaluer la performance des entreprises sont : 1) l'efficacité allocative (statique) consiste à

Adama DIENE - Mémoire de DEA Analyse Economique et Quantitative 2006/2007 UFR SEG/UGB

34

Partenariat Public- Privé dans le Secteur de l'Eau au Sénégal.

Wolak (1994) étudie le secteur de la distribution d'eau potable en Californie à partir d'un

modèle d'information privée sur les coûts. Il montre en particulier que l'estimation des coûts

est meilleure que dans un modèle avec information complète. Récemment Brocas et al. (2006)

reprennent ce modèle de régulation, dérivent les solutions optimales d'une régulation rate of

return, et évaluent le coût des asymétries d'informations. Garcia et Thomas (2003) simulent

les contrats optimaux de délégation des services d'eau en France et mesurent les distorsions

dues aux asymétries d'information en termes de volumes d'eau produits.

Les services d'eau peuvent être gérés directement par L'Etat ou bien faire l'objet d'une

délégation de service public. Lorsque l'exploitation est déléguée, l'Etat cherche à réduire la

marge de l'entreprise tout en l'incitant à fournir le meilleur service. Pour ces raisons, la

procédure de délégation passe par un appel d'offres. Depuis Demsetz (1968), la concurrence

pour le marché est préconisée comme complément voire substitut de la régulation du

monopole. Riordan et Sappington (1987) modélisent la procédure optimale d'attribution de la

concession d'un monopole lorsqu'il y a incertitude et information complète sur les coûts. Plus

récemment, Mougeot et Naegelen (2005) reformulent cette théorie en faisant le lien entre

régulation du monopole à la Baron-Myerson et procédure de mise en concurrence pour le

marché.

Notre travail s'inscrit dans ce cadre en caractérisant le mécanisme incitatif optimal lorsque la

gestion est déléguée, équivalent à un mécanisme optimal d'attribution du monopole.

La possibilité de choisir son mode de gestion et les différences de prix constatées ont donné

matière à de nombreux débats dans les milieux politiques et spécialisées sur l'organisation des

services. Seulement quelques études ont tenté d'expliquer le choix de mode gestion des

services d'eau et son impact sur les prix. Sage (1999) montre que le mode de gestion

n'explique pas à lui seul les différences de prix de l'eau et la comparaison directe des prix ne

peut être satisfaisante. Ménard et Saussier (2000) analysent le choix de mode de gestion à

partir de la théorie des coûts de transaction. Ils montrent que ce choix est guidé par des

décisions économiques plus que par des facteurs politiques. Aucun avantage absolu d'un

mode de gestion sur l'autre n'est mis en évidence et la performance dépend de son bon

ajustement aux caractéristiques de la transaction. Glachant et Miessner (2003) cherchent à

identifier l'influence des facteurs organisationnels sur les prix des services d'eau.

19

19

On parle de rente informationnelle car elle est liée au déficit d'information de l'Etat sur l'entreprise et / ou sur

le réseau. Le problème existe également dans le cas d'une gestion directe où les services techniques de la

commune peuvent dissimuler, sciemment ou non, au conseil municipal certaines informations ou certaines de

leurs actions sur le plan de production afin de profiter de rente de situation.

Adama DIENE - Mémoire de DEA Analyse Economique et Quantitative 2006/2007 UFR SEG/UGB

35

Partenariat Public- Privé dans le Secteur de l'Eau au Sénégal.

Les résultats montrent que la délégation et l'intercommunalité entraînent des prix élevés à la

fois pour l'Alimentation en Eau Potable (AEP) et l'assainissement, mais cela peut être nuancé

par les conditions d'exploitation initiales et des qualités de service différentes. Carpentier et

al. (2005) proposent d'évaluer les effets du mode de gestion sur le prix de l'eau. La méthode

des effets de traitement leur permet d'identifier la composante des écarts de prix qui est due à

des effets non observés, selon le mode de gestion. Il est montré que l'écart de prix est

expliqué en partie par des conditions d'exploitation différentes, ce qui justifierait les prix plus

élevés observés en gestion déléguée.

Notre objectif est d'étudier les interactions entre mode de gestion et coûts d'exploitation du

service d'eau. L'Etat qui est responsable de l'organisation des services d'eau a deux options :

il peut gérer lui-même le service ou bien en confier l'exploitation à une entreprise extérieure.

Dans chaque situation, il y a un bien-être de l'Etat différent qui dépend des coûts

d'exploitation différent. Nous modélisons le choix de mode de gestion à partir de la différence

de bien-être social. Dans le cas d'une gestion directe des services, l'Etat est supposé

maximiser le surplus des usagers, net des coûts d'exploitation, sous contrainte d'équilibre

budgétaire. Pour la gestion déléguée, un modèle avec information privée sur les coûts (Baron

et Myerson, 1982) est considéré.

Notre étude économique sera organisée de la façon suivante :

La section 1 spécifie d'abord le réseau et la technologie du service d'eau et ensuite la

représentation économique de la fonction de coût variable. Nous décrivons enfin le modèle

économique du choix de mode de gestion du service dans la deuxième section.

Adama DIENE - Mémoire de DEA Analyse Economique et Quantitative 2006/2007 UFR SEG/UGB

36

Partenariat Public- Privé dans le Secteur de l'Eau au Sénégal.

I- La technologie et les coûts du service

Cette section a pour objet de procéder a une analyse de la technologie et les coûts

d'exploitation, il comporte dès lors deux sous sections : le réseau et la technologie et la

représentation économique du coût

I 1- Le réseau et la technologie

Le secteur de l'eau se présente comme un marché de nature monopolistique au moins pour

20

une partie de ses activités . L'AEP (Alimentation en Eau Potable) peut être séparée en deux

activités : la production d'eau potable proprement dite et la distribution de cette eau vers

différentes catégories d'usagers. La distribution de l'eau potable engendre des coûts fixes

importants. La spécificité des actifs donne à ces coûts fixes un caractère irréversible. Par

ailleurs, l'eau est un produit lourd dont le transport est coûteux et le stockage difficile, et les

exigences de qualité nécessitent une certaine proximité entre les lieux de production et de

consommation.

Les coûts d'exploitation du service sont donc engendrés par toutes les opérations ayant trait à

la desserte en eau potable depuis le prélèvement dans le milieu naturel jusqu'au robinet de

l'usager. L'eau potable est produite à partir d'eaux brutes souterraines ou de surface. L'eau

issue d'une nappe souterraine engendre des coûts plus importants de forage et de pompage

alors que les coûts de traitement sont d'ordinaire plus conséquents pour les eaux de surface.

Par ailleurs, les coûts variables peuvent être également très différents lors de la phase de

distribution, car ils dépendent de façon cruciale de la taille des zones desservies, leur densité

en population et la topographie.

Une partie du volume d'eau mis en distribution dans le réseau n'atteint pas sa destination

finale, principalement à cause de pertes dues à des ruptures de conduites ou des joints

21

fuyants . Cette spécificité doit être prise en compte car les coûts de production et de

distribution dépendent fortement de l'état du réseau. Le rendement de réseau calculé comme

le ratio du volume facturé aux usagers et du volume mis en distribution est un indicateur

important pour les ingénieurs et une variable de décision cruciale pour les gestionnaires du

20

Le secteur de l'eau possède des caractéristiques similaires à celle d'autres activités industrielles en réseau

(électricité, télécommunication, transports) : structure monopolistique du marché, prédominance de l'opérateur

historique, obligation de service public Mais en dépit de ces caractéristiques communes, il existe des

différences importantes entre les secteurs : progrès technologiques, conditions de demande, globalisation des

marchés (franchissement transfrontalier dans le secteur des transports, présence de grands groupes

transnationaux dans le secteur de l'eau et l'électricité par exemple), certains segments de l'industrie sont des

monopoles naturels et d'autres plus concurrentiels etc.

21

localisables et donc rapidement réparées.

Lors de l'étape de production, les conduites de transfert étant peu nombreuses, les fuites sont facilement

Adama DIENE - Mémoire de DEA Analyse Economique et Quantitative 2006/2007 UFR SEG/UGB

37

Partenariat Public- Privé dans le Secteur de l'Eau au Sénégal.

service. Garcia et Thomas (2001) soulignent l'existence d'économies de coût substantielles

selon que l'exploitation choisit d'accroître la production d'eau potable tout en maintenant

l'état du réseau inchangé ou bien de réparer les fuites sans extraire davantage d'eau. Par

ailleurs, Garcia et Thomas (2003) montrent qu'en raison de la non observabilité des coûts de

production d'eau potable et de maintenance du réseau de distribution lorsque l'Etat délègue

l'exploitation du service public à un opérateur privé, elle doit autoriser ce dernier à produire

un niveau de pertes d'eau supérieur au niveau optimal d'information complète.

I2- La représentation économique du coût

La représentation économique du dans le secteur de l'eau au Sénégal reste confrontée à de

nombreuses études de coût et de demande.

I2-1

- La fonction de coût

La modélisation et l'estimation de fonction de coût ainsi que l'étude de l'effet du type de

propriété (public ou privé) des services d'eau sur leur efficacité sont des sujets qui ont été

traités par un certain nombre d'articles de recherche empirique depuis plusieurs années.

Estache et Rossi (2002) présentent les estimations de frontières de coûts dans le but de

mesurer l'efficacité productive des compagnies publiques et privées chargées de la

distribution de l'eau potable dans la région d'Asie et du Pacifique. Par ailleurs, Saal et Parker

(2000) étudient l'impact de la privatisation et de la régulation économique et

environnementale sur la performance économique des services d'eau en Grande-Bretagne à

partir d'une fonction de coût translog multi- produits.

Les études réalisées sur le sujet et la description de la technologie nous permettent d'identifier

plusieurs déterminants importants des coûts d'exploitation :


· Le volume d'eau vendu (Q) ;


· Les prix des facteurs de production (w) ;


· Des caractéristiques techniques (CAR) :

-le nombre d'abonnés desservis (A) et la longueur du réseau (R), ou leur ratio

(Dens) ;

- le taux de rendement (rdt) ou l'indice linéaire de pertes en distribution (B) ;

-l'origine des eaux brutes (EB) ;

- la topographie de la zone de distribution (Topo) ;

Adama DIENE - Mémoire de DEA Analyse Economique et Quantitative 2006/2007 UFR SEG/UGB

38

Partenariat Public- Privé dans le Secteur de l'Eau au Sénégal.

-le type de traitement de potabilisation (Trait).

La fonction de coût variable conditionnelle de court terme peut s'écrire de la façon suivante :

CV= (Q, w, CAR),

(1)

où CV représente les coûts variables (minimum). Nous avons choisi d'étudier une fonction de

coût variable (de court terme) plutôt qu'une fonction de coût total (de long terme) pour

plusieurs raisons. D'abord, une fonction de coût variable contient la même information que le

processus de production d'origine. Par conséquent, une fonction de coût total faisant

l'hypothèse que tous les facteurs (y compris le capital) peuvent s'ajuster instantanément serait

une mauvaise spécification. Enfin, nous souhaitons minimiser l'impact de la différence de

coût du capital entre les contrats d'affermage et la gestion publique.

I2-2

- Le coût et la demande

A partir de l'équation (1), on peut réécrire la fonction de coût variable du service de la façon

suivante :

CV _ CV (L, _, _ c),

(2)

où CV représente les coûts variables du service. L est le vecteur des variables explicatives

des coûts variables. Il comprend Q le volume d'eau vendu, w le vecteur de prix des inputs et

CAR le vecteur des caractéristiques techniques du service. Toutes ces variables sont

parfaitement observables par l'Etat et l'économètre. _ représente l'efficacité productive de

l'exploitation du service et _ c une erreur traduisant l'existence d'aléas non observés sur les

coûts. _ est une variable aléatoire non observée quelque soit le mode de gestion et reflète

l'information privée de l'exploitation dans le cas d'une gestion déléguée. Notons CF les coûts

fixes du service qui sont considérés comme exogènes et sont supposés ne pas dépendre du

22

mode de gestion

. Le coût total de production est la somme des coûts variables et des coûts

fixes : CF + CV.

22

Les coûts fixes sont majoritaires supportés par l'Etat dans la gestion directe et par le régulateur dans la gestion

déléguée. Dans certains cas d'affermage avec clauses concessives, une partie de ces coûts est transférée à

l'opérateur chargé de l'exploitation du service.

Adama DIENE - Mémoire de DEA Analyse Economique et Quantitative 2006/2007 UFR SEG/UGB

39

Partenariat Public- Privé dans le Secteur de l'Eau au Sénégal.

La fonction de demande des usagers du service s'écrit P (Q, _ d) où P est le prix unitaire du

service et _ d une perturbation aléatoire de la demande. Notons S le surplus brut espéré des

usagers :

S _ S (Q)=E [ Q_ P (Q, _ ) dQ]

d

+_

(3)

II- Le choix de mode de gestion

L'Etat peut choisir soit de gérer directement le service d'eau (indice '0') soit de déléguer son

exploitation à une entreprise spécialisée (indice '1'). Si le service est géré par l'Etat (gestion

0

publique), les coûts sont notés CV et si le service est délégué (gestion privée), les coûts sont

1

notés CV . Nous supposons que l'Etat ou le régulateur choisit le mode gestion qui lui procure

le plus haut niveau d'utilité.

II 1- La gestion publique

En 1968, après nationalisation du service public, l'exploitation du service de l'eau potable a

été confiée à une société publique, la Société Nationale d'Exploitation des Eaux du Sénégal

(SONEES). Dans ce nouveau schéma, l'Etat du Sénégal a en charge les investissements

d'extension et de renouvellement du matériel et des ouvrages.

Cette nationalisation donnait à la SONEES la concession du service public en lui conférant

en plus de la responsabilité de l'exploitation, celle de la planification et de la maîtrise

d'ouvrage des travaux d'extension de l'infrastructure, de production et de distribution.

Si on note _ o le profit de la SONEES et T la partie fixe du tarif pour le service.

Dans le cas d'une gestion publique, l'Etat cherche à maximiser le bien- être social espéré (le

surplus des usagers net des coûts espérés en gestion directe) sous contrainte budgétaire :

Max S (Q)- E [CV 0 (L, _, _ c) + CF],

Q

telle que l'espérance de profit de la SONEES ne soit pas négative :

(4)

_ o_E [T+ P (Q, _ d) Q- CV 0 (L, _, _ ) - CF] _0.

c

(5)

Ce qui revient à maximiser :

Adama DIENE - Mémoire de DEA Analyse Economique et Quantitative 2006/2007 UFR SEG/UGB

40

Partenariat Public- Privé dans le Secteur de l'Eau au Sénégal.

W o=S (Q)- E [CV 0 (L, _, _ c) + CF] - __ o,

(6)

avec _ représentant le coût de la contrainte budgétaire du service. La solution de la

maximisation de l'expression (6), est le prix optimal qui est un prix Ramsey-Boiteux pour une

23

régulation Cost of service :

[P o-( CV 0 Q)] P o = (_ 1+ _) (1 ff)

P o-( CV 0 Q) = P o [(_ 1+ _) (1 ff)]

P -oP o [(_ 1+ _) (1 ff)] = ( CV 0 Q)

P o [1- (_ 1+ _) (1 ff)] = ( CV 0 Q)

Po = [( CV 0 Q)] [ff (1+ _)/ ff (1+ _)- _]

(7)

où ff i=E [(dQ dP) (Q P)] est l'élasticité de la demande des usagers du service.

Cette formule est la définition classique de l'indice de Lerner qui dépend de l'élasticité de la

demande ff et du coût de la contrainte de budget _ du service, autrement dit les

caractéristiques techniques.

II 2 - La gestion privée

L'opérateur privé professionnel de l'eau désigné comme partenaire stratégique du secteur de

l'eau est la SAUR, filiale du groupe français Bouygues. Lors de l'appel d'offre international

de sélection de la société privée devant reprendre l'exploitation du service de l'eau, la SAUR

s'est alliée à la société sénégalaise GTHE (Grands travaux d'hydraulique et d'entretien) pour

soumissionner. Le schéma de privatisation du service public de l'eau au Sénégal s'est fondé

sur l'affermage. Aux termes du contrat d'affermage du service public de la production et de la

distribution de l'eau potable en zone urbaine, l'Etat a confié à la SDE le droit exclusif de

produire et distribuer l'eau sur toute l'étendue du territoire. Outre les obligations relatives à

bonne exploitation du service public, le contrat met également à la charge du fermier un

23

Voire Laffont et Tirole (1993), p.31

Adama DIENE - Mémoire de DEA Analyse Economique et Quantitative 2006/2007 UFR SEG/UGB

41

Partenariat Public- Privé dans le Secteur de l'Eau au Sénégal.

certain nombre d'obligations en matière de travaux. La SDE transfert une partie des revenus à

la SONES pour la réalisation des investissements. Ce contrat est tripartie et, bien que l'Etat

soit l'autorité affermante, le contrôle de l'exploitation est assuré par la SONES selon les

termes du contrat de concession de travaux publics et de gestion du patrimoine de

l'hydraulique urbaine. Ainsi, elle joue le rôle d'une agence de régulation publique.

Si l'on note r (Q), le montant de la redevance versée à l'agence de régulation. Il est fixé en

fonction du volume d'eau vendu r (Q) = Q (Pmoyen - P e) e.

Le profit espéré de l'entreprise privée s'écrit de la manière suivante :

_ 1 = E [T+ P (Q, _ d) Q- CV 1 (L, _, _ )- CF- r (Q)].

c

(8)

Les consommateurs maximisent leur bien-être. Le surplus espéré des consommateurs s'écrit :

S (Q)=E [ Q_ P (Q, _ ) dQ]

d

+_

L'agence de régulation est censée maximiser la somme du surplus des usagers et le profit de

entreprise.

Dans le cas d'une gestion déléguée, les préférences du régulateur sont représentées par une

somme pondérée du surplus net espéré (U) des usagers et du profit espéré (Re) tiré de

l'exploitation du service, fi le coefficient de pondération. Nous suivons l'approche de Baron et

Myerson (1982) qui supposent que le surplus des usagers est préféré au profit de l'entreprise

(fi _] 1/2, 1]). Le fi représente l'importance que l'Etat accorde aux surplus des

consommateurs.

La SDE a une information privée sur son efficacité productive ou son type _ i. Nous

supposons que _ i est défini par la distribution F (.), de densité f (.), sur l'intervalle

[_, _*], où _ caractérise une grande efficacité et _* une faible efficacité. La distribution est

connue de la SONES.

Le revenu de la SONES est donné par la formule suivante.

Re= E [r (Q) - ta]

(9)

où ta représente la taxe d'assainissement.

Adama DIENE - Mémoire de DEA Analyse Economique et Quantitative 2006/2007 UFR SEG/UGB

42

Partenariat Public- Privé dans le Secteur de l'Eau au Sénégal.

Soit w [0,1] est la part du profit de l'entreprise autorisée à l'expatriation et (1-w) la part du

profit utilisé au Sénégal. Car il y a l'entreprise GTHE chargée de certains investissements,

surtout en ce qui concerne les entretiens des ouvrages.

L'objectif de l'autorité tutelle est donc de maximiser la somme pondérée suivante :

W1 = fi U + (1- fi) (1-w) _1

(10)

U = S (Q) - E [P (Q, _ d) Q - T] + Re

(11)

Et

_ 1 = E [T+ P (Q, _ d) Q- CV 1 (L, _, _ c)- CF] - E[r (Q)].

Donc

U = S (Q) - _ 1 - E [CV 1 (L, _, _ c) + CF] - E (ta)

W1 = fi U + (1- fi) (1-w) _1

= fi [S (Q) - _ 1 - E [CV 1 (L, _, _ c) + CF] - E (ta)] + (1- fi) (1-w) _1

= fi [S (Q) - E [CV 1 (L, _, _ c) + CF] - E (ta)] - fi _ 1 + (1- fi) (1-w) _1

= fi [S (Q) - E [CV 1 (L, _, _ c) + CF] - E (ta)] - 2fi _ 1 + _ 1 - w _ 1 + fiw _1

= fi [S (Q) - E [CV 1 (L, _, _ c) + CF] - E (ta)] - fi _ 1 (2 - 1/fi + w/fi - w)

= fi [S (Q) - E [CV 1 (L, _, _ c) + CF] - E (ta) - ((2fi - 1)/fi + w (1- fi)/fi) _ 1]

Le bien être collectif s'écrit finalement :

W1 = fi [S (Q) - E [CV 1 (L, _, _ c) + CF] - E (ta) - ffi _ 1]

(12)

Adama DIENE - Mémoire de DEA Analyse Economique et Quantitative 2006/2007 UFR SEG/UGB

43

Partenariat Public- Privé dans le Secteur de l'Eau au Sénégal.

où ffi = ((2fi - 1)/fi + w (1- fi)/fi)

Cette fonction de bien être (gestion déléguée) est à différencier à celle en gestion directe parce

que nous constatons l'apparition d'une variable la taxe d'assainissement et seul le coefficient

associé au profit doit être interprété différemment. Remarquons aussi que les expressions du

bien être dépendent crucialement des coûts engendrés lors l'exploitation du service.

Puisque le paramètre d'efficacité _ i n'est pas observée par l'Etat, il maximise l'expression

(12) sous la contrainte de participation (_ (_) _ 0, ,_) et la contrainte d'incitation (_ (_,


· ) _ _ (_*, _), ,_, ,_*, où _* n'est pas le vrai type de l'exploitant). Le mécanisme

révélateur optimal donne le prix Baron-Myerson :

P 1-( CV 1 Q)= ffi [F (_ i) f (_ i)] [ CV 1 _ i Q]

P1 = ffi [F (_ i) f (_ )] [ CV 1 _ Q] + ( CV 1 Q)

i

i

(13)

où F et f représentent respectivement la fonction de distribution cumulative et la fonction de

densité de _ i qui sont connues de l'Etat. Si l'Etat organise une enchère pour attribuer le droit

de service la demande en eau portable pour le service dans le cas où l'entreprise a une

information privée sur ses coûts, on obtient le prix Baron-Myerson pour l'entreprise

24

sélectionnée, voir Mougeot et Naegelen (2005) . La différence prix- coût marginal dépend du

paramètre _, du volume d'eau potable vendu (dépendant lui-même du paramètre _ 25) , des

caractéristiques locales du service, de celles du contrat et son environnement.

II 3- Le choix

Le choix de l'Etat sur le mode de gestion du service d'eau peut être décrit par un modèle à

régimes (switching model) et fonction critère (ou équation de sélection) à la Lee (1978).

Comme Huang et al. (2002), nos équations de régime sont des fonctions de coût. On

considère que l'Etat préfère la gestion privée à la gestion publique de son service d'eau si :

24

Le optimal défini par Mougeot et Naegelen (2005) est différent du nôtre parce qu'il intègre un coût social des

fonds public, que le régulateur est supposé utilitariste et que le coût marginal est supposé constant.

25

l'exploitation. Dans le modèle plus complexe de Garcia et Thomas (2003), les volumes d'eau vendu et les

volumes d'eau perdu font partie du contrat.

Le principe du mécanisme révélateur est de faire dépendre les termes du contrat de l'information privée de

Adama DIENE - Mémoire de DEA Analyse Economique et Quantitative 2006/2007 UFR SEG/UGB

44

Partenariat Public- Privé dans le Secteur de l'Eau au Sénégal.

1

W

0

- W > k

(14)

Ce qui signifie qu'il choisit la gestion privée si la différence en bien être social associé à ce

choix est supérieure à une valeur de réserve non observée. La valeur de réserve k peut être

interprétée comme la prédisposition de l'Etat à privatiser son service d'eau potable, et peut

ainsi être positive ou négative. On suppose que k est fonction de la quantité d'eau vendue Q et

de caractéristiques du service CAR :

k = fi 1+fi Q+fi CAR+

2

3

(15)

où est une erreur capturant des facteurs aléatoires non observables.

Le choix de mode de gestion du service dépend de la différence du bien être social et donc de

la différence de coût selon le mode de gestion : W 1 - W 0 = fi 0 +- 1 (CV 1- CV 0), où CV 0 et

CV 1 sont définis par l'équation (2) et dépendent entre autres de l'efficacité productive _ non

observée spécifique au service et d'aléa non observés _ c. Ainsi, on peut écrire l'équation de

sélection de la façon suivante :

1 0

I* = W - W - k

I* = fi 0 + - 1 (CV 1- CV 0) - fi 1 - fi 2 Q - fi 3 CAR -

I* = fi 0 - fi 1 + - 1 (CV 1- CV 0) - fi 2 Q - fi 3 CAR -

donc

I* = - 0+ - (CV 1- CV 0) + - Q+ - CAR-

1

2

3

(16)

où - 0= fi 0 - fi 1, - 2 = - fi 2 et - 3 = - fi 3. En particulier, si I* >0 alors l'Etat choit de privatiser

l'exploitation de son service d'eau.

La performance relative des modes de gestion des services publics de l'eau est une

préoccupation centrale des Etats mais également un thème de recherche important chez les

Adama DIENE - Mémoire de DEA Analyse Economique et Quantitative 2006/2007 UFR SEG/UGB

45

Partenariat Public- Privé dans le Secteur de l'Eau au Sénégal.

économistes. Cependant, les travaux sur le secteur de l'eau proposent souvent des

méthodologies qui ne prennent pas en compte simultanément les choix des Etats et leurs

impacts sur les coûts et les prix de l'eau, et aboutissent à des résultats contradictoires. Dans ce

chapitre nous avons étudié les interactions entre le mode de gestion et de régulation des

services d'eau potable au Sénégal et leurs coûts d'exploitation. Nous avons essayé ensuite de

mettre en évidence les facteurs expliquant les rendements et la performance du secteur.

Nous avons développé un modèle de sélection sur les deux modes de gestion (régimes) : la

gestion publique et la gestion privée. Notre modèle théorique montre que le choix de l'Etat

dépend de la différence de coûts d'exploitation selon le mode de gestion et des

caractéristiques du service.

Dans le prochain chapitre nous présenterons une méthodologie économétrique utilisée pour

évaluer la rentabilité du PPP avec des données annuelles de l'ensemble des centres urbains du

Sénégal.

Adama DIENE - Mémoire de DEA Analyse Economique et Quantitative 2006/2007 UFR SEG/UGB

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Partenariat Public- Privé dans le Secteur de l'Eau au Sénégal.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein