WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La révolte des jeunes dans les espoirs perdus d'Unimna Angrey

( Télécharger le fichier original )
par Yohanna Joseph WALIYA
Université de Calabar - licence ès lettres 2015
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2.2.2 Le titre

Le titre Les espoirs perdus  est tiré de l'expérience du personnage principal et sa conjointe (Pa Abua et Ma Abua) respectivement qui ont fondé tout leur espoir d'être riches sur le mariage d'Amerang(dix-neuf ans) au vieillard de cinquante-quatre ans, le chef Oyishuo. Malheureusement, Amerang, le bouc émissaire a échappé et le but de l'élever comme marchandise à vendren'est pas atteint. De plus, en observant le texte en entier, les intrigues sont logiques, cohérentes, et séquentielles mais elles ne sont pas tout à fait rationnelles. Comment un vieil homme tel que Oyishuo (cinquante-quatre ans, plus âgé que Pa Abua) pouvait se marier à une jeune fille Amerang de dix-neuf ans qui pouvait être sa petite-fille ? C'est absurde ! Il faut remarquer ce que l'auteur même a dit dans la Préface (p.v)

« Les espoirs perdus, pièce à onze mouvements tend à mettre à nu la cupidité et l'égoïsme des parents qui continuent à fonder des espoirs sur « la vente » de leurs filles. Ils encouragent les jeunes à tenir tête à leurs parents et à faire comprendre à ces derniers que les jours du mariage forcé, surtout pour des raisons pécuniaires, sont révolus. Il appartient aux jeunes de se forger eux-mêmes un avenir dans la droiture, l'honnêteté, l'abnégation et le bonheur. »

Cet avis est soutenu par Badian Seydou Kouyate cité par Kesteloot (p.298) : « Tu parles de l'argent qu'il nous a donné. Tu sais bien que bien avant Famagan nous vivions et nous ne mendions pas. Et puis, il faut que tu sois Birma pour croire qu'un homme puisse être assez riche pour se payer une âme. L'argent symbolise l'effort que fournit Famagan pour accéder à notre famille»

Donc, le titre est bien approprié pour la pièce du théâtre car l'auteur a mis l'accent sur le but de sa pièce que le monde africain sache que le temps de forcer le mariage aux jeunes pour les raisons d'argent est démodé et les jeunes ne l'acceptent plus. L'espoir des parents qui se servent de la vente de leurs filles est déjoué parce qu'ils n'auront plus les marchandises à vendre. Il va de soi que le théâtre se termine à l'hypertexte nuancé pour que les idées des analystes soient exprimées sur le théâtre.

En revanche, Ndongo et Nyah (pp.222-223) affirment que « Les espoirs perdus d'Unimna Angrey s'achève justement sur une note d'espoir, qui constitue un démenti au titre que l'auteur a bien voulu donner à son oeuvre... Ceci n'est pas une ambiance de désespoir. On pourrait peut-être parler d'illusions perdues, en tout cas, pas d'espoirs perdus». Donc, ils exigent que l'auteur revienne sur le titre de son oeuvre car la note sur laquelle le drame se termine ne montre aucun signe de désespoir.

En ce qui nous concerne, l'auteur n'est pas hors sujet,car, l'espoir de Pa Abua, père d'Amerang, est perdu et en tant qu'un vieux africain combien de temps qu'il va-t-il vivre encore sur la terre ? Pa Abua est le personnage principal. Il est villageois ! Il a 52 ans ! Quel est son espoir d'abord ? Son espoir c'est qu'il va trouver peut-être de l'argent pour boire du vin de palme toujours auprès de Chef Oyishuo.

2.2.3 Commentaire sur les personnages

Pa Abua (52 ans) : Père d'Amerang, il est le personnage principal car son nom a apparu quatre-vingt-sept fois sur huit mil, trois cents soixante-cinq mots dans la pièce. : L'auteur a mis en scène cette personne qui est plus jeune que le Chef Oyishuo et qui veut forcer sa fille à se marier à un homme plus âgé que lui pour nous montrer le degré de son avarice. UnimnaAngrey a présenté les âges de ces personnages pour provoquer chez les lecteurs l'émoi pour qu'ils soient sur la même longueur d'onde que lui afin qu'ils combattent les marginalisations des jeunes, en particulier les filles et pour qu'ils voient clairement sa raison de contredire les aînés de l'Afrique noire.

Chef Oyishuo (54 ans) : Grand fonctionnaire, veuf, l'auto-proclamé « Adjoint au secrétaire permanent du ministère des Affaires Commerciales ». Encore que ce personnage soit veuf et vieux, il se flatte pour démontrer la fausse fierté des riches adultes en Afrique. L'auteur explique que les anciens de l'Afrique noire ne sont pas comme leurs aïeux. Ils ont déjà abandonné l'intégrité et la sagacité philosophique de l'Afrique traditionnelle à cause de l'influence externe qui amène la culture de l'argent en Afrique.

Ma Abua (45 ans) : Mère d'Amerang, une vraie femme africaine traditionnaliste qui est soumise à son mari. Même si ses idées sont pertinentes, elle les présente comme suggestions. Cela interprète l'image de la femme africaine traditionnaliste qui est modernisée psychologiquement. Elle agit ainsi pour maintenir l'ambiance de paix dans le foyer conjugal. Ce n'est pas qu'elle a peur de son mari.

« Au commencement Dieu voulut essayer le coeur del'homme et celui de la femme. Il prit donc l'homme à part, lui remit un couteau et lui dit : « Écoute, cette nuit, quand elle dormira, tu couperas le cou à ta femme. » Et il prit aussi la femme a part, lui remit un couteau et lui dit : « Écoute, cette nuit, quand il dormira, tu couperas le cou à ton homme. C'est bien. »Alors l'homme s'en va tout triste, en pensant : « couper le cou à ma femme ! À ma soeur ! C'est impossible : je ne le ferai jamais.» et il jette le couteau dans la rivière, se réservant de dire qu'il l'a perdu. Et la femme, aussi, s'en va. Puis, la nuit venue, elle prend le couteau et va tuer l'homme qui dormait, lorsque Dieu reparaît : « Misérable ! dit-il, puisque tu as le coeur si méchant, tu ne toucheras plus le fer de ta vie ! Ta place est au champ et au foyer. Et toi, dit-il à l'homme, puisque tu es bon, tu as mérité d'être le maître et de manier les armes. » - Cendrars Blaise  (P. 275)

Amerang (19 ans) : Élève-fiancée d'Owong, et fille de Pa Abua (l'auteur n'a pas mentionné le nom de Ma Abua. Cela montre que la pièce est située dans une société patriarcale). Amerang est aussi un personnage principal, car son nom a apparu soixante-trois fois sur huit mil, trois cents soixante-cinq mots dans la pièce. Toute l'intrigue tourne autour d'elle et son père (Pa Abua). L'auteur lui aurait donné un petit âge pour montrer qu'elle n'était pas conciliable au vieillard, chef Oyishuo (54 ans).

Owong (24) : Étudiant-fiancé d'Amerang, un homme qui voit l'avenir meilleur. Bien qu'il soit d'une famille inconnue, il se voit autonome socialement et financièrement car son éducation lui donne beaucoup de promesse. L'auteur met les jeunes en scène en vue de montrer que l'horizon leur appartient à conquérir car ils sont :

« En pleine possession des leurs moyens physiques (le corps obéit parfaitement et n'est pas confronté à des graves maladies) ils se font plus facilement pardonner leurs erreurs, qu'ils sont toujours possibles de mettre au compte de l'inexpérience. Ils jouissent de toutes leurs facultés intellectuelles (mémoire, agilité, mentale) ; ils ne pensent pas à la mort ni à la maladie. Ils vivent de manière insouciante. En cas d'échecs (sentimental, scolaire), ils ne seront pas nécessairement trop tard pour reconsidérer leurs choix. Jeunes vont volontiers vers les autres et se font plus facilement des amis, dit Yann Le Lay (p.138)»

Owong représente symboliquement la génération moderne de l'Afrique noire qui évolue. Il dit « Que j'aie encore rien à faire, je n'en disconviens pas. Mais, vous devez savoir qu'un petit poisson deviendra grand un jour pourvu que Dieu lui prête la vie. Ce n'est pas l'absence des plumes qui préoccupe le poussin parce que tant qu'il vivra, il les aura. » (Neuvième Mouvement p.41). En appliquant le schéma actantiel de Greimas à la caractéristique de la personnalité d'Owong, il est destinateur car c'est lui qui entraîne l'objet d'argument entre Pa Abua et Amerang. Il commande l'action du sujet de mariage. Il est aussi adjuvant. Celui qui apporte l'aide à l'objet.

D'après Ndongo et Nyah (p.223) «les principaux protagonistes, Pa Abua, Amerang et Owong ». Mais pour nous, Owong ne peut pas s'ajouter aux protagonistes car l'action de Pa Abua n'est pas directement sur lui mais sa fille qui l'aime dont il est adjuvant de l'action d'Amerang.

Le théâtre n'a que deux personnages principaux.

Osapi (21 ans) : Soeur aînée d'Amerang. Cette revendication est non seulement la pensée d'Amerang mais aussi de Osapi comme elle a dit « mais père, les temps ont bel et bien évolué. De nos jours, les filles doivent se sentir libres de se choisir un mari, un homme qui leur plait. (Cinquième Mouvement p.24) »

Mme Agabi (47 ans) : Mère d'Agor, tante d'Amerang, Osapi et Apah. Elle est du côté de Pa Abua et Ma Abua. (Sixième et huitième Mouvements). Elle participe à convaincre Amerang pour qu'elle accepte la proposition de ses parents. C'est ici que la guerre des générations se déclenche ouvertement. Ce personnage nous décèle que tous les adultes se réunissent contre les jeunes. Cette solidarité c'est les aînés contre les jeunes.

Apah (15 ans) : Frère cadet d'Amerang, le chantre de la révolte des jeunes. Celui-ci bien qu'il soit trop jeune, il ne s'attarde pas à déclarer la liberté des jeunes. Cet auteur l'a mis en scène pour nous montrer que la décadence culturelle des anciens est allée jusqu'au point où mêmes les petits enfants savent que les anciens n'ont rien à offrir à la société négro-africaine. Voici ses expressions:

« Oui, il est vrai que notre avenir, en tant que jeunes gens dépend de nos parents et leurs manigances. Mais, nous devons aussi nous tenir garants de cet avenir. C'est-à-dire que nous devons nous battre pour nous libérer de l'étau parental (c'est lui, Apah qui est le premier a évoqué la révolte psychologique et collaborative contre les adultes)...Je suis persuadé que cet état des choses vont s'arranger d'elles-mêmes au moment opportun...la vie appartient aux jeunes. C'est à eux aussi qu'appartient l'avenir, l'avenir incertain, un avenir inconnu. C'est pourquoi les parents doivent laisser libre cours à leurs enfants de faire un choix qui leur paraîtrait lucide (Dixième Mouvement pp.44-45)».

Les plusieurs évocations de « l'avenir » indiquent que le futur leur promet du bien plus que ce que les parents voient pour eux. Apah a déjà prédit comment le futur va naturellement les soutenir à vaincre les aînés. On le voit dans l'appréhension du chef Oyishuo qui est l'une des péripéties de ce drame.

Agor (23 ans) : Cousine d'Amerang, fille de Mme Agabi, un personnage qui a répliqué une fois dans ce théâtre. Ce phénomène est appelé hapax (phénomène qui n'apparaît qu'une fois) dit Louis Hébert (p.13). Elle semble ne pas exister pour nous monter qu'elle reste inactive ni du côté des jeunes ni du côté des parents parce qu'elle ne comprend rien comme elle dit elle-même :  « tout le monde ici dit qu'il comprend de quoi il s'agit. Je vous dirai franchement que je n'y comprends rien, oncle. (Cinquième Mouvement p.21) » Et elle n'a qu'apparuqu'au cinquième mouvement pour déclarer son étonnement. Elle n'est pas allée à l'école donc elle suit la foule dans la réponse sans avoir sa propre idée. L'auteur veut parler de l'innocence des filles que les parents vivent aux dépens d'elles du fait qu'elles ne se connaissent pas.

En revanche, Cheikh Hamidou Kane dit dans L'aventure ambiguë cité par Sanusi Ramonu et TijaniMufutau (p.58) que « l'école où je pousse nos enfant tuera en eux ce qu'aujourd'hui nous aimons et conservons avec soin, à juste titre. Peut-être notre souvenir lui-même mourra-t-il en eux. Quand ils nous reviendront de l'école, il en est qui ne nous reconnaîtront pas. Ce que je propose c'est que nous acceptions de mourir en nos enfants et que les étrangers qui nous ont défaits prennent en eux toute la place que nous aurons laissée libre ». L'école rend Amerangbien courageuse pour pouvoir s'en prendre aux parents. Mais bien sûr, l'école occidentale peut aussi séduire nos enfants à emprunter certains comportements non africains qui les rendent opposants et iconoclastes de l'Afrique traditionnelle bien structurée.

Hormis le titre et le rôle d'Owong qui sont les objets du débat parmi les chercheurs, cette pièce de théâtre d'Unimna Angrey ne manque pas de grandes fautes de frappe.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille