2-1 Les associations paysannes
2-1-1 Eléments de
définition
L'organisation des paysans n'est pas un
phénomène récent dans les zones rurales de tout pays. Sous
sa forme traditionnelle, comme les groupes d'entraide pour les travaux
agricoles, elle reste encore en vigueur dans la plupart des
sociétés rurales. Quant à l'organisation des paysans sous
une forme moderne, telles que les coopératives, elle a été
introduite pendant la période coloniale. Depuis les
indépendances, d'autres types d'organisations sont apparus sous des
appellations diverses.
Dans le domaine du développement aujourd'hui, on entend
fréquemment parler d'Organisations Paysannes (OP),
d'Organisations Paysannes et Rurales (OPR), de groupements ou
associations villageoises. Ces acteurs sont d'une grande
diversité, parfois formels ou informels et de plus ou moins grande
taille. Ils sont considérés comme des acteurs clés par les
organismes de développement, surtout lorsqu'il s'agit de projets de
développement rural. Ils sont perçus par l'ONG ProPetén
comme le lieu d'expression des intérêts des paysans et comme le
moyen d'atteindre les objectifs qu'ils se fixent.
C'est finalement une notion assez vague qui regroupe une
variété de cas étonnante. Certains auteurs ont
néanmoins donné des définitions rassemblant ce type de
groupement :
Selon D. Pesched15, les OP ou OPR (Organisations
Paysannes et Rurales) sont « des acteurs sociaux complexes,
insérés dans un univers culturel, social et politique
donné et soumis à des
15 DIAGNE D. et PESCHED. (dir.), 1995, Les
organisations paysannes et rurales. Des acteurs du développement en
Afrique sub-saharienne, GAO, Paris: 82 p.
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Benotti. Mémoire de recherche appliquée ETHT7:
Associations Paysannes et Développement Durable: entre discours et
réalités. (2013)
influences nombreuses (locales mais aussi externes
à travers les processus de désengagement des États, la
globalisation,...) » (Pesched, 1995).
Si chaque groupement est inséré dans un tel
contexte, il paraît difficile de faire une typologie ou une
classification générale sans produire des
contre-réalités.
D. Rahmaton, lui, définit l'organisation paysanne comme
étant une « structure formelle ou informelle à laquelle
prennent part paysans et paysannes et dont l'objectif majeur est la poursuite
d'avantages communs qu'ils obtiennent contre des obligations communes
» (D. Rahmaton, 1991 in Daniel Thieba,
1992)16.
Une troisième définition de Mercoiret, Pesche et
Bosc17 décrit ces organisations comme « des
structures d'intermédiation qui se construisent à l'interface
entre les sociétés rurales et leur environnement ; elles ont pour
but de régler les relations entre les agriculteurs et les acteurs
économiques, institutionnels et politiques extérieurs. Les OPR
s'efforcent d'une part, d'accompagner les changements qui s'opèrent, et
d'autre part, de négocier les conditions (générales et
particulières) pour que les ruraux abordent les changements et
recompositions de leurs activités dans des conditions favorables :
nature et rythme des changements, mesures d'accompagnement, etc. »
(Mercoiret, Pesche, Bosc : 2006).
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