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L'enjeu géostratégique dans l'instabilité au Soudan du sud

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par Niclette BAKAMPA TSHIABA
Université Chrétienne Cardinal Malula - Licence en Rélations Internationales 2014
  

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Section 2 : Les champs pétrolifères au coeur du conflit

« Un mois après le début des violences armées au Soudan du Sud, plus jeune État au monde né en juillet 2011, beaucoup craignent déjà les conséquences sur l'économie, notamment au niveau de la production pétrolière. Une production pétrolière qui compte pour 95% dans les revenus du pays et dont dépend le Soudan voisin qui en tire d'importants revenus en taxant fortement l'acheminement du pétrole à travers son territoire par des oléoducs. Les exploitations pétrolières sont situées à la lisière entre les deux Soudan, avec 80% des réserves côté Sud, mais l'exploitation est principalement tournée vers le nord56(*)».

III.2.1 : Des convoitises locales et internationales au détriment des Sud-Soudanais.

Au début des années 2000, Riek Machar, l'ancien vice-président du Soudan accusé par le président Salva Kiir de tentative de coup d'État le 15 décembre 2011, affirmait la chose suivante?: «Les objectifs politiques poursuivis par chacune des parties à ce conflit (entre Nord et Sud-Soudan) ne visent pas directement le pétrole mais concernent avant tout la promotion d'une certaine forme d'État57(*)»

Onze ans plus tard, force est de constater que Riek Machar s'est trompé. Le pétrole a joué et joue encore un rôle plus que déterminant dans la construction du nouvel État né le 11 juillet 2011, et singulièrement depuis le début de la guerre civile qui frappe le nouvel Etat.

«Certains puits de pétrole sont aux mains des soldats fidèles à l'ancien vice-président et nous craignons qu'ils ne provoquent des dégâts sur les installations et l'environnement», a ainsi confirmé à Reuters le Ministre du Pétrole, Stephen Dhieu Dau. Des dégâts qui auraient des conséquences désastreuses pour le pays dont les recettes dépendent à 98% de l'or noir exploité par des compagnies pétrolières étrangères.

Aussi l'intérêt des Nations unies (qui veulent déployer 6?000 casques bleus supplémentaires) n'est-il pas innocent. Le sous-sol sud-soudanais attise depuis bien longtemps les convoitises. Dès 1955, un an avant l'indépendance du pays encore sous la coupe du Royaume-Uni, le groupe américain pétrolier Chevron débutait une campagne sismique au Sud-Soudan. Elle sera couronnée de succès au milieu des années 1970, avec la découverte de gisements très importants, notamment du côté de Bentiu. Chevron se retire néanmoins du pays en février 1984, après l'assassinat de trois ouvriers du géant américain. Cela n'empêche pas d'autres compagnies de s'immiscer dans le jeu.

Le canadien Talisman Energy (ancien BP Canada) se positionne dès le début des années 1990 et possède, en 1998, 25% des parts du gâteau dans un projet de prospection et d'exploitation du pétrole au sein du consortium GNPOC (Greater Nile Petroleum Operating Company). Deux autres grandes compagnies étrangères détiennent le reste de la quasi-totalité des parts du consortium?: la Compagnie nationale chinoise (CNPC) avec 40% des parts et la compagnie nationale malaise Petronas avec 30%. Les derniers 5% revenant à la Sudapet, la compagnie nationale soudanaise.

En 2003, sous la pression des États-Unis accusant le Soudan de ne pas respecter les droits de l'homme, Talisman se désengagera en signant un accord avec la compagnie nationale indienne ONGC Videsh Ltd, lui transférant sa participation pour 750 millions de dollars.

Mais ce geste est rare. Pendant que la guerre civile fait rage, faisant au total plus de 2 millions de morts et 4 millions de déplacés, ces compagnies étrangères et singulièrement les compagnies occidentales continuent de fermer les yeux sur les massacres perpétrés par le régime militaro-islamiste de Khartoum dont les recettes pétrolières servent essentiellement à s'armer. Quand en août 1999, un oléoduc de 1?600 kilomètres est inauguré en présence d'Omar El Bechir, le président putschiste soudanais, c'est toute l'ingénierie occidentale qui se salit. Les Canadiens de Denim Pipeline Construction Ltd sont les maîtres d'oeuvre du projet. Les compagnies britanniques Weir Pumps Ltd et Allen Power Engineering fournissent les pompes de l'oléoduc. L'allemand Mannesmann assure 500 kilomètres de tuyauterie et la maintenance. Enfin, les Hollandais de la Royal Dutch Shell dirigent une raffinerie à Port-Soudan où le brut est transformé.

Si depuis lors des compagnies se sont retirées devant l'insécurité croissante, d'autres restent bien en place. Malgré plusieurs enlèvements et meurtres de ressortissants chinois depuis 2008, la CNPC continue d'exploiter le sous-sol sud-soudanais et de fermer les yeux sur les multiples violations des droits de l'homme commises aussi bien au Sud qu'au Nord. L'argent que génère le pétrole pose aussi la question de la corruption des tenants du pouvoir. Si le Nord est champion en la matière, les nouvelles élites du Soudan du Sud ne sont pas en reste. Aujourd'hui, c'est entre 300 et 500 millions de dollars par mois qui arrivent dans les caisses du jeune État. Mais qui gère cet argent?? Et comment est-il redistribué?? Mystère... dans la récente crise politique, débordant en conflit ethnique, le pétrole mais surtout les pétrodollars qu'il génère sont bel et bien au centre du débat.

* 56 www.soudandusud.petrole.com 2014

* 57 Idem.

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