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Culture managériale et pérennisation des projets de développement au Cameroun: cas du nazareth agro pastoral training and production centre de menteh (bamenda)

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par Albert Legrand TODJOM MABOU
Université Catholique d'Afrique Centrale - Master Développement et Management des Projets en Afrique 2014
  

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B. Pérennisation

La pérennisation consiste à rendre durable ou permanent un phénomène, un objet, une espèce35(*) dans le temps et l'espace. Tout ce qui est temporel ou intermittent est donc exclu du champ de la pérennisation. On parle de pérennisation dans un projet lorsque celui-ci est considéré comme stable pendant les phases de son développement, mais surtout après la fin des activités initiales. Le projet est stable quand il est capable de trouver en lui-même les moyens et les méthodes de s'entretenir dans un état fonctionnel satisfaisant. Ces moyens sont humains, financiers et matériels, et la méthode met en exergue le style de gestion des ressources énumérées.

Un projet pérenne produit des effets à court ou à long terme sur l'environnement dans lequel il se développe, notamment sur la société, sur les moeurs ou sur l'économie. La pérennisation, parce qu'elle se mesure au-delà de la période d'intervention ou de la mise en oeuvre initiale du projet, se rapporte à la longévité des activités du projet. Elle se réfère classiquement à la permanence de la situation améliorée relative à l'objectif spécifique du projet. Elle n'est, bien entendu, souhaitable que lorsque les impacts du projet sont positifs.

Il est donc nécessaire que l'innovation introduite par le projet soit assimilée, plutôt que rejetée, par le milieu récepteur et que se perpétuent les activités nécessaires à l'entretien et au développement des acquis. Pour les Nations-Unies, certains facteurs sont déterminants pour la permanence des actions entreprises dans le cadre d'un projet. Il s'agit notamment  du cadre politique local et de celui de l'organisme de développement, de la participation et de la prise en charge locales ; du cadre de gestion et organisationnel ; du  cadre financier ; de la  sensibilisation et la formation ; des problèmes d'égalité entre les sexes et des facteurs socioculturels ; de l'environnement politique des  facteurs politiques ainsi qu'économiques extérieurs au projet.

C. Projet de développement

Selon Clifford Gray et Erik Larson dans leur ouvrage collectif intitulé Management des Projets, adapté en français par Yves Langevin : « Un projet est un effort complexe, non répétitif et unique, limité par des contraintes de temps, de budget et de ressources ainsi que par des spécifications d'exécution conçues pour satisfaire les besoins d'un client. » 36(*)

Ainsi défini, un projet est une solution à un besoin ou un problème exprimé ou constaté. En d'autres termes, les bénéficiaires et les promoteurs associent leurs idées et leurs efforts en vue de pallier un besoin ou de résoudre un problème en mettant sur pied un ensemble d'actions concrètes. Ces actions mobilisent des ressources humaines, matérielles et financières et s'inscrivent dans une vision particulière en vue d'un changement social.

Jean Pierre Boutinet, dans son analyse de la dimension anthropologique de la notion de projet, constate que celle-ci touche la condition humaine et par conséquent ne peut être comprise ou exprimée de la même façon dans toutes les cultures, chez tous les individus et les groupes d'individus. Relevant les variantes et les invariants, l'auteur distingue quatre orientations à la notion de projet : le projet sur l'autre avec pour finalité le changement social ; le projet pour l'autre avec pour objectif de lui montrer l'amour que l'on a pour lui. Il s'agit ici de la vision paternaliste du projet ; le projet avec l'autre dont la finalité est d'aider cet autre à devenir le protagoniste de son propre développement. C'est le modèle participatif de projet ; enfin le projet de l'autre avec pour but de montrer comment on est supérieur ou différent des autres. C'est la vision individualiste de la notion de projet.37(*)

Dans le cadre de la présente étude, la notion de projet renvoie à un ensemble d'activités organisées en phases ou étapes, ayant un début et une fin, nécessitant la mise en oeuvre de ressources humaines et matérielles. La méthode, l'organisation, le contrôle et le suivi de ces ressources peuvent permettre l'atteinte des objectifs clairement définis, de répondre à des demandes spécifiques et de provoquer un changement social durable dans le temps et l'espace.

Le concept de développement quant à lui est diversement défini et compris. En 1961, l'Assemblée générale des Nations-Unies lance la première décennie du développement. Sortis récemment de la décolonisation, les nouveaux pays indépendants veulent rattraper les pays industrialisés. Les années 60 conçoivent alors le développement comme la transformation des sociétés traditionnelles en sociétés modernes et industrielles. La décennie 70 ouvre le débat sur le nouvel ordre économique international. Ce mouvement est animé par les pays non alignés qui revendiquent le partage des bénéfices de la croissance entre les Etats de la planète. A ce niveau, le développement est défini en termes de croissance économique. Les crises financières des années 1980 clôturent brutalement cet épisode.

Les questions structurelles du développement disparaissent donc au profit du règlement de la crise de l'endettement et de la remise en ordre des finances publiques via les programmes d'ajustement structurel. Le développement se définit ainsi en termes de gouvernance économique. L'objectif est de réduire la dette publique à travers des mesures d'austérité budgétaire et de se rassurer que le peu de ressources économiques dont dispose le pays est bien géré. Ces conceptions du développement mettent l'accent avant tout sur le matériel comme indicateur de développement. La Banque Mondiale et le Fond Monétaire Mondial par exemple, dans certaines de leurs stratégies de lutte contre la pauvreté, choisissent dans les pays en développement d'associer la notion de développement à celle de progrès.38(*)

Jean Pierre Olivier de Sardan se démarque de cette conception du développement et introduit la réalité du changement social. Il conçoit le développement comme étant :

« L'ensemble des processus sociaux induits par des opérations volontaristes de transformation d'un milieu social, entreprises par le biais d'institutions ou d'acteurs extérieurs à ce milieu mais cherchant à mobiliser ce milieu, et reposant sur une tentative de greffe de ressources et/ou techniques et/ou savoirs ».39(*)

Et d'ajouter : « Le  `développement' n'est qu'une des formes du changement social »40(*) D'autres auteurs réaffirment cette vision du développement. En effet, pour Jean Emmanuel Pondi dans l'ouvrage collectif intitulé Repenser le développement à partir de l'Afrique, le développement n'est pas la multiplication de grandes structures, ou l'augmentation des ressources financières et matérielles ou encore l'adhésion à une certaine façon de penser ou de faire, mais plutôt la transformation de l'homme et de la société, du moins bon vers le meilleur, en tenant compte des particularismes socioculturels de l'individu. Le co-auteur insiste sur le développement comme changement à partir de l'intérieur dans les « domaines de l'éducation et de la formation, de l'agriculture et de l'agro industrie ; de la santé, du bâtiment, du vêtement, de la communication, des arts de la culture etc. (...) (Il implique - développement) parallèlement un réexamen du rôle de l'Etat et de l'intégration continentale. »41(*) Il s'agit donc en plus de la croissance, du changement, de l'amélioration et de la transformation d'une situation, d'une localité ou des individus passent d'un état antérieur à un autre considéré comme meilleur. Aucun aspect touchant à l'individu ou à son milieu de vie n'est négligé par ce changement.

C'est cette double conception du développement que partage le présent travail. Le développement est avant tout un changement social qui favorise la croissance matérielle. En effet, c'est l'homme qui est sous-développé ou développé et non les choses matérielles, parce que c'est en se développant que l'homme développe les richesses matérielles et non pas le contraire.

Enfin, un projet de développement se définit comme l'intervention d'un ensemble d'activités planifiées et indépendantes visant à atteindre des objectifs avec un budget déterminé et dans un laps de temps donné en vue d'améliorer les conditions de vie des populations cibles.42(*) Selon Michael Cernea, « Les projets sont des interventions délibérément mises en oeuvre pour diriger et accélérer la croissance économique et le développement social. »43(*)

Dans le cadre de cette étude, nous entendons par projet de développement la mise en oeuvre d'une action collective ou individuelle ayant pour objectif de transformer une situation négative en situation positive souhaitée par les populations bénéficiaires et coordonnée par des promoteurs. Le terme projet, lorsqu'il sera utilisé dans cette recherche, fera également référence au concept de projet de développement.

* 35 http://www.cnrtl.fr/definition/p%C3%A9renniser (Consulté le 1 octobre 2012 à 8h 47mn).

* 36 Clifford GRAY, Erik LARSON, Yves LANGEVIN, Management de projet, Paris, Dunod, 2007, p. 4.

* 37 Jean Pierre BOUTINET, Anthropologie du projet, Paris, PUF, 2005, p. 305.

* 38 La Banque mondiale dont le siège est à Washington, fait partie des institutions spécialisées du système de l'Organisation des Nations Unies (ONU). Elle a été créée pour lutter contre la pauvreté  en apportant des aides, des financements et des conseils aux Etats en difficulté. Le Fonds monétaire international (FMI) est une institution internationale  regroupant 188 pays, dont le rôle est de « promouvoir la coopération monétaire internationale, de garantir la stabilité financière, de faciliter les échanges internationaux, de contribuer à un niveau élevé d'emploi, à la stabilité économique et de faire reculer la pauvreté. Plusieurs  organisations altermondialistes critiquent très souvent la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire Mondial. En effet,  elles considèrent que les interventions de ces bailleurs, même si elles permettent un dépannage momentané des pays du tiers monde qui les acceptent, aggravent la pauvreté et les dettes en supprimant ou diminuant la capacité d'intervention de ces Etats. L'argument principal se fonde sur le fait que le FMI et la BM préconisent les mêmes recommandations économiques et globalement les mêmes plans d'ajustement structurel à tout pays demandeur d'aide, sans analyser en profondeur la structure particulière de chacun.

* 39 Jean Pierre OLIVIER DE SARDAN, Anthropologie et développement, Essai en socio-anthropologie du changement social, Op. cit., p.7.

* 40Id., p.6.

* 41 Jean Emmanuel PONDI (Dir), Repenser le développement à partir de l'Afrique, Yaoundé, Afrédit, 2011, p 473.

* 42 www.ifad.org/evaluation/guide.../index.htm (Consulté le 10 juin 2013 à 05H54).

* 43Michael CERNEA (éd.), La dimension humaine dans les projets de développement - Les variables sociologiques et culturelles, Paris, Karthala, Col. Economie et développement, 1999, p.26.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard