WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le management des professionnels d'un établissement d'accueil pour personnes à¢gées : intérêts et limites des méthodes spécifiques au coaching.

( Télécharger le fichier original )
par Christelle JUSTES
UPEC - Université Paris Est Créteil - Master : Intervention et Développent social parcours Direction d?établissement et de services pour personnes âgées  2016
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

D. LES DEVIANCES POSSIBLES DE LA PRATIQUE DU COACHING

Jusqu'alors, dans les différents points traités, j'ai présenté le coaching tel que le défendent ceux qui sont convaincus de son intérêt. J'ai amorcé qu'il me faudrait revoir de manière plus critique ces différentes positions. Pour ce faire, je reprends l'ouvrage de Valérie Brunel qui insiste longuement sur les déviances de l'accompagnement de type coaching.

La première concerne les outils de développement personnel, tels que l'AT, le MBTI, la PNL et la Process Communication, que j'ai développés plus en amont.

Valérie Brunel nous dit que ces outils visent la gestion des situations de communication interpersonnelle et présentent deux types de dérives qui sont les suivantes:

- Le Processus d'attribution: Le fait de ranger les individus dans une « case ». Quoi que fasse l'individu, ce sera toujours expliqué par le fait qu'il est dans cette « case » et l'individu lui même va se comporter comme tel puisqu'il a été « enfermé » dans cette version réduite de lui même.

- Les conduites de l'individu ne sont attribuées qu'à sa propre personnalité. Le contexte et les conditions de travail ne sont plus pris en compte.

Valérie Brunel dit qu'effectivement il n'est pas possible de réduire la responsabilité des réussites ou des échecs à la seule « norme d'internalité » qui revient à dire: Nous sommes à la source de ce qui nous arrive. L'auteur cite Marx: « séparer l'homme du monde extérieur sensible, le plonger dans son intériorité abstraite afin de l'améliorer revient à lui crever les yeux » (page 113). Car bien évidemment les contraintes sociales, organisationnelles et managériales sont également responsables des échecs et réussites. Cela fait écho à un souvenir personnel lorsque je dirigeais une maison de retraite, le Directeur General de l'association avait le désir « d'injecter de la crise, par le changement incessant » car, selon sa croyance, cela permettait aux salariés de ne pas « s'endormir » dans un quotidien. Naturellement cette pratique a provoqué au sein du

29

personnel une grande fatigue, une démotivation et un sentiment de ne pas être reconnu. Ces symptômes ont alors été perçus par le Directeur Général comme une rébellion, une paresse du personnel et une incompétence professionnelle. L'approche systémique n'a pas été étudié, seuls les individus portaient la responsabilité des échecs ou des réussites.

Valérie Brunel nous donne également l'exemple d'une entreprise totalement tournée vers le développement personnel: cette entreprise offre des formations couteuses, des coachs personnels et des parcours individualisés en fonction des souhaits des consultants et besoins de développement. Le sentiment qui est donné aux consultants, est que l'organisation donne tous les moyens pour progresser au maximum avec bienveillance. Cependant cette entreprise a mis en place également un processus d'évaluations et de sanctions permanentes, entre collègues, qui ne donne aucun droit à l'erreur ni à la remise en question du processus puisque l'entreprise est « extrêmement bienveillante » envers ses consultants. Chaque consultant est remis en question par ses collègues, lors d'un Feed back, et ne peut qu'accepter les remarques (même s'il n'est pas d'accord) puisque l'organisation donne le sentiment de donner toutes les possibilités pour réussir. Il doit le vivre comme un don puisque la critique est constructive et l'aide à s'améliorer. L'auteur ajoute que transformer la critique en don, c'est annuler le pouvoir de la remettre en question. C'est alors une dénégation de la violence du système.

Valérie Brunel revient également sur la méthode d'influence en indiquant que si celle-ci est utilisée avec une intention de manipulation « diabolique » et que l'autre le perçoit, alors la méthode ne fonctionnera plus. Cela revient à dire qu'utiliser des méthodes de manipulation pour obtenir quelque chose ne fonctionne que si l'intention est respectueuse et bienveillante. Elle nous donne l'exemple d'un consultant qui utilisait la méthode d'influence pour amener les ouvriers d'une usine à juger eux-mêmes leurs postes superflus et à légitimer leur propre licenciement.

Valérie Brunel note également la difficulté du rôle de manager-coach si celui-ci n'a pas les compétences telles que l'intuition des problèmes d'autrui, l'empathie, une grande souplesse d'attitude et une importante sécurité personnelle. Effectivement, lors de ma formation de coach professionnelle, ces compétences dites essentielles sont très largement mises en avant et pratiquées.

30

L'auteure nous faire remarquer que les organisations sont parcourues de tensions car traversées par une multiplicité de logiques différentes. Par exemple la logique financière et la logique commerciale, la logique du travail bien fait et la logique de rationalisation économique... La dérive se trouve à faire intérioriser ces tensions aux individus et à leur faire porter sous la forme d'un don de soi.

Valérie Brunel constate que l'approche du développement personnel a également pour effet d'éviter, d'annihiler toute sorte de conflit. Cependant elle rappelle que le conflit est essentiel dans une entreprise car il permet de mettre en mots les tensions, les oppositions et les contradictions qui existent dans une organisation sociale et de les arbitrer. Cela permet de rétablir l'équilibre social.

L'organisation étant un monde de tensions et de contradictions, elles doivent pouvoir s'exprimer, au besoin par le conflit, ajoute l'auteur.

Valérie Brunel résume ainsi que le développement personnel en entreprise n'existe que parce qu'il existe une demande individuelle pour la connaissance et l'amélioration de soi. Elle précise que l'entreprise offre ces accompagnements arguant aux bénéficiaires qu'ils sont uniquement destinés à leur bien être et non pour le bien de l'entreprise.

Valérie Brunel rajoute également que le manager-coach peut être dangereux de part sa double casquette de deux postures opposées. Le manager qui prend en compte uniquement l'entreprise et le coach qui prend en compte uniquement l'individu.

De part mon expérience et ma formation, le manager-coach n'a pas comme première intention d'offrir une méthode de développement personnel à ses collaborateurs pour leur bien-être personnel. Il reste le manager qui se doit d'atteindre l'objectif final de son entreprise et non l'objectif personnel du salarié. Le coaching reste alors un outil du manager pour, dans cette forme de manipulation, aider le salarié à trouver du bien être personnel pour atteindre le but de l'entreprise. Les outils du coaching peuvent facilement glisser vers la manipulation comme le montre Valérie Brunel. Une entreprise n'a pas à demander au salarié de reconnaître ou de remercier son employeur pour tout le bien être qu'il lui offre car ce n'est pas « gratuit ».

Effectivement, comme nous l'explique l'auteure, les déviances sont d'ordre de la

31

manipulation faisant croire à l'individu que les dispositifs d'accompagnement sont autant de services qui lui sont rendus pour se développer, en dehors des besoins de l'entreprise.

J'ai abordé à plusieurs reprises les échanges entre coach et coaché. Aussi, parmi tous les concepts proposés dans le cadre du coaching, j'ai choisi d'approfondir celui de la réciprocité.

32

(1) ALTER Norbert, (2010), Donner et Prendre, Editions La Découverte

33

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote