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Droit international et changement climatique. Impact des marchés-carbone sur la protection de l'environnement.

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par Cédric Jean-Jacques TWANA SHERIYA
Université de Kinshasa - Licence 2011
  

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2. Les acteurs des marchés-carbone

Il existe sur les marché-carbone, plusieurs acteurs qui déterminent l'offre et la

demande. Si les Etats sont les acteurs par excellence, il y'a aussi les entreprises (dans le cadre

des mesures nationales) ainsi que les investisseurs financiers qui y jouent un rôle non moins

considérable.

98 GARDETTE (Y-M.) & LOCATELLI (B.), Op cit, p.13

99 Idem, p.14

100 Ibid.

55

2.1 Les Etats

Sujets par excellence du droit international, les Etats sont les principaux acteurs

des marchés-carbone. Ces sont eux qui ratifient les accords et qui, évidemment, prennent des

engagements chiffrés sur base desquelles on leur attribue les UQA, objet des transactions en

cas de réserve ou de dépassement.

2.2 Les entreprises

Nous avions vu précédemment que les UQA acquises par les Etats, selon leurs

engagements chiffrés respectifs, étaient réattribuées aux entreprises nationales selon plans interne

d'attribution des quotas. Ainsi, elles peuvent vendre ou acquérir des crédits selon

qu'elles ont pues éviter ou dépasser leurs quotas. Cette situation fait d'elles des acteurs importants

sur les marchés-carbone.

2.3 Les autres acteurs et les intermédiaires des marchés-carbone

A coté de ses deux acteurs, ils existent aussi des investisseurs financiers. Cette

dernière catégorie regroupe à la fois les grandes institutions financières, tout comme les

grandes banques, et même toute personne physique ou morale désireuse d'acheter ou de

vendre des quotas à titre personnel. Par ailleurs, comme dans le marché général, il existe aussi,

au sein du marché-carbone, des intermédiaires.

En effet, la technicité et la complexité des marchés-carbone obligent souvent

les éventuels acheteurs ou vendeurs à recourir à des personnes ayant maîtrisé les arcanes de

ceux-ci. Ces intermédiaires sont les brokers, les traders et les fonds-carbone.

Le broker peut être assimilé à un courtier. Principal intermédiaire de marché

de permis, il ne fait que mettre en contact l'éventuel acheteur et vendeur de crédits-carbone. Il

est rémunéré par une commission sur le coût de la transaction.

Le volume des transactions où les acteurs ont été obligés de recourir à un broker

témoigne de l'incontournabilité de ce dernier dans le circuit commerciale du carbone.

A la différence du broker, le trader achète des crédits ou des permis et il prend

donc un risque. Lorsqu'un trader achète des crédits, il a tout intérêt à appuyer les projets pour

améliorer leur attractivité sur le marché. Ainsi, certains traders fournissent un appui technique

56

et regroupent plusieurs projets en un portefeuille pour réduire les risques. Un exemple d'entreprise

se définissant comme trader est Ecosecurities.101

Les fonds carbone sont des partenariats entre acheteurs et institutions privées

ou publiques. Ils centralisent une demande de crédits de la part d'acheteurs et prospectent des

projets. Les crédits générés par les projets sont alors distribués aux différents financeurs au

prorata de leur participation.

Les fonds peuvent apporter un appui technique pour l'élaboration des projets.

De nombreux fonds existent actuellement. Les plus connus sont les fonds gérés par la Banque

Mondiale : le Prototype Carbon Fund (PCF), les Fonds MDP et MOC des Pays-Bas, le Community

Development Carbon Fund (CDCF), le Bio Carbon Fund (BioCF) et les fonds carbone

italien, espagnol et danois.

A l'instar des brokers et des traders, l'intérêt des fonds-carbone réside aussi

dans le fait que tous les acteurs des marché-carbone ne sont pas forcément familiers des actifs

CO2, et peuvent considérer que leurs transactions sont risquées, puisque les procédures

d'approbation des projets sont relativement longues et incertaines avant que ne soient délivrés

les crédits. Les fonds d'investissement ont alors l'avantage de pouvoir regrouper plusieurs

acheteurs et de permettre un investissement dans un portefeuille de projets : le risque d'achat

est alors mutualisé et diminué pour les acquéreurs.102

3. Dynamique des marchés-carbone

Il est question, dans le cadre de ce point, de présenter d'abord un aperçu de

l'EU ETS quant à l'évolution des volumes échangés et des prix durant la phase pilote de sa

mise en place, à savoir de 2005 à 2007, et ensuite de brosser les tendances actuelles.

3.1 Evolution de L'EU ETS durant la première phase.

Il faudra noter que depuis 2005, le marché d'échange de permis le plus actif est

le marché européen EU ETS. Au total, 322 millions de tCO2eq ont été échangées en 2005 et

1101 millions pendant le premier trimestre 2006. Ces échanges ont représenté respectivement

101 GARDETTE (Y-M.) & LOCATELLI (B.), Op cit, p.17

102 ALBEROLA (E.) & STEPHAN (N.), « Les fonds carbone en 2010 : investissement dans les crédits Kyoto et réductions

d'émissions », in Etude climat, n°23, mai 2010, p.6

57

7,9 et 24,4 milliards de dollars. En 2005 et 2006, les autres marchés de permis ont rassemblé

2,6% des échanges (1,8% pour NSW, 0,8% pour CCX et moins de 0,1% pour UK ETS).

Pendant l'année 2005 et le début de l'année 2006, le prix de la tonne de CO2

sur le marché européen a oscillé entre 20 et 30 €. Fin avril 2006, il a chuté à 11 € suite à l'annonce

de quelques pays que leurs réductions d'émissions étaient supérieures aux prévisions.

En janvier 2007, le prix comptant était de 2,30 € pour des crédits utilisables pour la première

période du marché européen (2005-2007) et moins de 1 € en mai 2007, ce qui montre le

manque de tension sur les réductions à l'échéance 2007. Cependant le prix pour des permis

futurs utilisables dans la seconde période était entre 15 et 20 € en 2006 et 2007.

Les permis sur les différents marchés-carbone ont des prix différents. Par

exemple, en 2005-2006, le prix moyen était de 12,4 US$ sur le marché australien NSW, de

4,4 US$ sur le marché britannique UK ETS et de 2 US$ sur le marché volontaire de Chicago

(CCX).

S'agissant des mécanismes de projets, en 2005 et 2006, les volumes de transactions

avec ont atteint respectivement 374 et 518 millions de tonnes de CO2, principalement

avec des projets MDP (92%), les autres marchés étant minoritaires: 3% pour la MOC, 2%

pour les marchés volontaires et 3% pour les autres marchés d'engagements en 2006. Sept

études différentes évaluent le potentiel total du MDP pour la période 2008-2012 entre 250 et

2.500 millions de tCO2e, avec une valeur moyenne de 1.500 millions.

La part du MDP reste importante. En février 2007, environ 1.600 projets MDP

étaient formalisés, dont 1000 en attente de validation, 100 en cours d'enregistrement et 500

enregistrés.

Les transactions avec des projets se répartissent entre marchés volontaires et

marchés d'engagements (MDP et MOC principalement). Cette répartition a fortement évolué

depuis 2000. En effet, en 2000 les marchés volontaires étaient les plus importants et représentaient

97% du total. En 2002, les marchés volontaires et les marchés d'engagements regroupaient

des volumes semblables avec respectivement 49% et 51%. A partir de 2005, les transactions

se font essentiellement sur les marchés d'engagements avec 98% du total.

58

L'échelle des projets évolue également. Entre 2004 et 2005, l'échelle moyenne

des projets est passée de 1,24 à 1,90 millions de t CO2eq. Ceci reflète l'émergence de grands

projets industriels de réduction de gaz synthétiques (par exemple les HFC) et une préférence

du marché pour les grands projets qui permettent de réduire les coûts de transaction.

Dans les transactions avec des projets, le prix de la tonne de CO2 dépend du

type de marché. Les prix sont faibles sur les marchés volontaires comme le CCX avec un prix

moyen d'environ 4 US$ et une faible variabilité au cours de la période 2005-2006. Sur le marché

des petites transactions volontaires (marché de détail), la variabilité est très grande avec

des prix compris entre 0,5 et 9,5 US$ et une moyenne de 6,5 US$. Sur ce marché, de nombreux

projets ont valorisé leur image liée aux impacts positifs sur les communautés locales ou

la biodiversité.

Les transactions réalisées avec des projets MDP présentent des prix très variables,

entre 2,5 et 24 US$, avec une moyenne de 7,5 US$ en 2005 et des prix supérieurs en

2006 (de 7 a 25 US$, moyenne de 11 US$). Le prix de la tonne de carbone négocié entre

l'acheteur et le projet dépend de nombreux facteurs. Par exemple, si le projet n'a pas encore

été validé, les contrats d'achats de crédits proposent des prix plus bas que pour les projets validés.

D'autres facteurs de risques influent sur la confiance qu'a l'acheteur en la délivrance des

crédits pendant la vie du projet. Ils dépendent par exemple de l'expérience du développeur de

projet et de la viabilité technique ou financière du projet. Les prix dépendent également du

type de payement (anticipé ou à la livraison), de la responsabilité des parties en cas de non

délivrance, de la date d'émissions des crédits et des bénéfices socio-économiques et environnementaux.

Les prix les plus élevés sont constatés sur le marché de revente de crédits

CERs, avec un prix moyen de 23,5 US$ en 2005 et une faible variabilité. En 2006, les prix

sont de 18 US$ en moyenne avec une plus grande variabilité. Dans le cas d'une revente, les

prix sont élevés car l'acheteur ne prend pas de risque de non délivrance du crédit ou de retard,

il achète un service qu'il peut utiliser aussitôt.103

103 Lire, au sujet de l'évolution de l'EU ETS entre 2005-2007, GARDETTE (Y-M.) & LOCATELLI (B.), Op cit, p. 20-

24

59

3.2 Les tendances actuelles du marché-carbone

Les marchés du carbone n'ont pas été pas épargnés par la volatilité de l'économie

mondiale, conséquence logique de la crise ayant caractérisé cette dernière. Soumis aux

signaux toujours plus clairs d'une offre excédentaire au sein de l'EU ETS, les prix du carbone

ont décroché vers fin 2011. La valeur totale du marché toutefois a crû de 11% pour atteindre

176 milliards de dollars (126 milliards d'euros) en fin d'exercice, entrainée par un volume total

de transactions record de 10.3 milliards de tonnes de CO2eq négociées.

Les quotas européens ont constitué la majorité de ces transactions, avec 7.9

milliards d'unités échangées, pour une valeur estimée à 148 milliards de dollars (106 milliards

d'euros). Le marché des crédits compensatoires du Protocole de Kyoto, emmené par la liquidité

croissante des unités de réduction certifiées d'émissions et l'introduction des unités de

réduction d'émissions sur les plateformes boursières, a également connu une hausse des volumes

négociés en 2011. Ainsi, 1,8 milliards de tonnes de CO2eq ont changé de mains (croissance

annuelle de 43%), pour une valeur totale de 23 milliards de dollars (17 milliards

d'euros). Alors même que l'Europe a pu voir, en raison d'une faible activité industrielle, le

niveau de ses émissions annuelles de GES baisser pour la deuxième fois en trois ans, et que

les prévisions s'accordent sur une offre excédentaire de quotas éclipsant largement la demande,

cet accroissement des échanges a en fait été principalement motivé par des opérations

de couverture et d'arbitrage. Dans ce contexte, les discussions se sont recentrées autour de la

faiblesse du signal prix créé par le marché, et de sa capacité à stimuler des investissements sur

le long-terme. Egalement au coeur du débat, le déséquilibre résultant d'une caractéristique

unique à ce marché: la confrontation d'une demande reflétant la situation macroéconomique

actuelle, et d'une offre préétablie selon un scénario différent.

Du fait de la fin imminente de la première période d'engagement du Protocole

de Kyoto, la valeur du marché primaire des URCE pré-2013 a à nouveau chuté en 2011. Elle a

ainsi atteint 1.0 milliards de dollars (0.7 milliards d'euros), soit une baisse annuelle de 32%.

Les marchés des URE et des UQA ont également vu leur taille se réduire. Le marché primaire

des URCE post-2012 a en revanche augmenté de 63% pour atteindre 2.0 milliards de dollars

(1.4 milliards d'euros), et ce malgré la baisse générale des prix. Bien que la Chine conserve

son rang de premier pays vendeur d'URCE, la présence de pays d'Afrique - en marge du

marché pré-2013 - s'est renforcée en 2011, ceux-ci représentant 21% des achats sur le marché

60

primaire de crédits post-2013. Il faut malgré tout souligner que les contrats d'achat sont devenus

bien moins contraignants, en raison des incertitudes persistantes quant au niveau réel de

demande résiduelle et à l'éligibilité des crédits internationaux au sein des marchés du carbone

existants et en cours de développement.104

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus