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Histoire du comité de lutte contre la répression au Maroc. Analyse d'une association centrée en Belgique 1972-1995.

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par ZIAD EL BAROUDI
Université Libre de Bruxelles - Master en Histoire finalité Archives et documents 2015
  

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b.3 Les Partis politiques, quelle gauche pour quelle droite ? : 1943-1959

Après les expériences du Front populaire en France et l'instauration du régime franquiste en Espagne (1936-1939), les premiers groupes syndicaux installés au Maroc constituaient des unions syndicales départementales. Elles étaient composées d'une classe moyenne et d'un prolétariat européen (français, italien et espagnol). De ces unions syndicales départementales va naître l'Union Générale des Syndicats Confédérés du Maroc (UGSCM). Mais, comme l'explique une enquête collective sur la vie dans les bidonvilles au Maroc, la réalité de la classe prolétaire marocaine vivant dans des conditions déplorables, dépasse le cadre syndical proposé par l'UGSCM42.

L'UGSCM a dès lors fait place à une centrale syndicale ouvrière dont la majorité des cadres est marocaine. C'est l'Union Marocaine du Travail (UMT). L'UMT jouera un rôle central dans les mobilisations des masses ouvrières depuis son Congrès constitutif semi-clandestin tenu le 20 mars 195543. Répartie en plusieurs sections ouvrières, cette centrale syndicale va, en plus des cheminots et routiers,

39 R. REZETTE, cit., pp. 293-294.

40 A. AYACHE, Le Mouvement Syndical au Maroc, Paris, L'Harmattan, Tome 1, 1982, pp. 31-58.

41 A. AYACHE, cit., pp. 250-253.

42 R. MONTAGNE (dir.), Naissance du prolétariat marocain : Enquête collective (1948-150), Paris, Cahiers de l'Afrique et de l'Asie, 1954, pp. 154-155.

43 M. MONJIB, La monarchie marocaine et la lutte pour le pouvoir : 1955-1965, Paris, L'Harmattan, 1992, pp. 82.

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puiser sa force au sein des dockers et mineurs répartis principalement à Casablanca, Rabat, Oujda, Khouribga et Marrakech. Parmi les personnalités marquantes de ce syndicat, nous citons Mahjoub Ben Seddik* et Abdallah Ibrahim*. Alors que les troupes américaines débarquent à Casablanca, le Parti Communiste Marocain (PCM) voit le jour en juillet 194344. Ce parti va représenter le principal rival politique du futur parti de l'Istiqlal. Le PCM est mis en place par un groupe de personnes lié aux sections internationales communistes dont Léon-René Sultan et Ali Yata*. Parmi les figures de proue du PCM citons Abraham Serfaty*. Le PCM est issu du Parti Communiste Français (PCF). Le PCM s'organise en bureau central, en cellules avec une jeunesse du parti ; un système de cotisation permanent est mis en place45.

Le 11 janvier 1944, le groupe d'Allal El Fassi* constitue le parti de l'Istiqlal (PI) à vocation nationale, dont la doctrine est reprise en 14 points et exprime une pensée réformiste sans pour autant rompre avec l'Ordre traditionnel établi46. Les principales revendications sont l'indépendance du pays et le rétablissement de la monarchie au Maroc. Le PI va essentiellement être un parti constitué des cadres, de la bourgeoisie citadine et de la classe moyenne naissante. Jusqu'à la veille de l'indépendance, le PI va essayer d'avoir le monopole politique et ambitionner d'être un « Parti-Nation » à l'image du FLN en Algérie, du Néo-Destour en Tunisie, du Wafd en Egypte ou encore du Parti Congrès en Inde.

Entre 1946 et 1948, c'est la naissance du Parti Démocratique de l'Indépendance47(PDI). Ses partisans sont issus, comme le PI, d'une bourgeoise citadine, intellectuelle et volontiers francophile. Le parti est marqué par une doctrine politique libérale et davantage laïcisante que le PI. Membre fondateur du PDI, Hassan Ouazzani* est un intellectuel formé à la Sorbonne, qui devient un rival de taille au za'im (leader charismatique en arabe) qu'est Allal El Fassi. Le PDI peut égaler le PI en termes de légitimité politique car les militants fondateurs du PDI ont participé dès les années 1930 à la création du Mouvement National ; il peut ainsi saper toute tentative d'hégémonie de la part du PI.

Dans ce contexte politique national majoré par certains événements internationaux tels l'assassinat du syndicaliste tunisien Farhad Hachad et l'accession du nouveau régime des officiers libres en Egypte depuis 1952, des manifestations commencent à s'intensifier contre la présence militaire et civile française. Des émeutes éclatent contre le Résident Général les 7 et 8 décembre 1952 et conjointement, des actions armées sont dirigées par une Armée de Libération Nationale marocaine naissante (ALM). L'ALM est constituée essentiellement par des membres de la résistance armée rurale et urbaine née depuis le début du Protectorat. Comme la branche armée du PCM, le Croissant Noir, l'ALM organise des attaques contre des civils européens et des soldats français, mais aussi contre les membres de l'extrême droite française

44 R. REZETTE, op. cit., pp. 162.

45 Par exemple, pour le PCM, les membres affiliés payaient entre 5 et 60 francs. Cette cotisation dépendait des revenus (chômeurs, femmes non salariées, salariés de moins de 2000 frs à plus de 6000 frs) in R. REZETTE, cit., pp. 337.

46 Manifeste du Parti de l'Istiqlal le 11 janvier 1944.

47 R. REZETTE, op. cit., pp. 356-361.

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notamment ceux de « Présence Française »48. Ces attaques s'ordonnaient en réponse aux manifestations qu'organisaient « Présence Française » où les quartiers des commerçants marocains étaient pris à partie.

A partir de 1953, un nouveau tournant politique est pris. Cette séquence marque une phase de ce que l'historiographie française appelle le conflit Résidence-Palais. Que s'est-il passé ? Le roi Mohamed V devait compter avec le Mouvement National de plus en plus important, et supportait de moins en moins le poids politique du Résident Général qui cherchait à disséminer le pouvoir royal entre les mains de certains agents d'autorité du Makhzen. Le comportement frondeur du pacha Thami El Glaoui, originaire d'une famille de Grand Caïd, vis-à-vis de Mohamed V répondait parfaitement à ce rapport de forces instauré par le Résident Général. Dès lors, suite au refus de contresigner les décisions du Résident, la famille royale est exilée à Antsirabé, à Madagascar. Entre-temps, un cousin de Mohamed V, Mohamed Ben Arafa (19531955) est installé comme nouveau roi aux ordres de la Résidence.

Dès 1954, les événements pour l'indépendance en Algérie obligent le Résident Général à calmer la situation au Maroc ; les partis politiques marocains avec le Résident Général Gilbert Granval et le ministre des Affaires Etrangères français Edgar Faure, établissent des compromis à l'amiable qui sont formalisés par les accords d'Aix-Les-Bains en août 1955, de Celle-Saint-Cloud et le retour de la famille royale de Madagascar les 6 et 16 novembre de la même année, conférant au Maroc un statut « d'indépendance dans l'interdépendance ». Le terme « d'interdépendance » a suscité des confusions entre les deux parties, cependant qu'Edgar Faure y voyait « l'enchevêtrement » d'intérêts économiques de la France au Maroc49. Le retour du roi sur son trône est aussi négocié par les partis politiques marocains avec la condition sine qua non de doter le Maroc d'une Constitution.

De mars à octobre 1956, le Gouvernement de Transition récupère progressivement les anciennes zones territoriales françaises, espagnoles et Tanger. Une souveraineté territoriale retrouvée, des chantiers politiques, économiques et sociaux s'imposent. Les Gouvernements intérimaires assurés par le Colonel M'barek Bekkaï50(du 7 décembre 1955 au 3 décembre 1956) sont marqués par le maintien des effectifs militaires français sur le territoire pour autant que les ouvriers et les paysans continuent à vivre dans les mêmes conditions que sous le Protectorat, voire même celles qui prévalaient avant 1912.

A la suite des événements de Suez et l'Union Nationale des Etudiants du Maroc (UNEM) a tenu son Congrès constitutif à Rabat, en 195651. Héritière de l'Association des Etudiants Musulmans Nord-Africains52, L'UNEM devient la centrale syndicale étudiante la plus importante au Maroc. Elle doit son importance à sa jeune élite, instruite et cultivée, permettant la formation des nouveaux cadres

48 M. MONJIB, op. cit., pp. 85. J. BRIGNON et al., Histoire du Maroc, op. cit., pp. 403-404. L. CERYCH, Européens et Marocains, 1930-1956 : Sociologie d'une décolonisation, Brugge, Collège d'Europe, 1964.

49 A. DE LAUBADERE, Le statut international du Maroc depuis 1955, in Annuaire français de droit international, Vol.2, 1956, pp. 144-145.

50 J-C. SANTUCCI, Chroniques politiques marocaines : les Gouvernements Marocains depuis l'indépendance jusqu'au 31 décembre 1970, Paris, Editions du CNRS, 1982, p. 246.

51 M. MONJIB, op. cit., p. 88.

52 P. LE PAUTREMAT, La politique musulmane de la France au XXe siècle : de l'Hexagone aux terres d'Islam. Espoirs, réussites, échecs. Paris, Maisonneuve & Larose, 2003, pp. 288-326. L'AEMNA a vu le jour en novembre 1927.

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nationaux. L'UNEM, plus que l'UMT, est composée d'une jeunesse désireuse du changement. C'est par ailleurs au sein de l'UNEM, que Mehdi Ben Barka* dispose d'une certaine attention et d'une première base pour élaborer une nouvelle perspective politique, économique et sociale. Le Mouvement Etudiant représenté par l'UNEM va jouer un rôle central dans la politisation des universitaires et lycéens marocains au Maroc et à l'étranger. Qui plus est, l'UNEM jouait le rôle capital d'une tribune pour l'opposition, dès lors qu'elle était interdite par le Palais. Face aux demandes des partis politiques souhaitant un plan quadriennal (1954-1957) 53 destiné à doter le Maroc d'une économie industrielle et d'un Plan d'Enseignement, le Palais élude la situation et consolide ses positions en cherchant à gagner du temps.

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