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La gestion des conflits fonciers entre autochtones et allochtones dans le département de Sinfra


par Jean Noel Pacôme KANA
Université Félix Houphouet Boigny d'Abidjan - Doctorat en Criminologie 2019
  

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2.5. Déviance 

Le concept de « déviance » pourrait être défini selon les dimensions juridique, psychologique et sociologique.

Dans la conception juridique, la déviance est perçue en termes de caractère, d'attitude, de comportement qui s'écarte de la norme communément admise.

Pour Lionel (2006), la déviance caractérise ce qui dévie, se détourne ou est détourné de la voie ou de la direction normale. Il affirme qu' « elle peut être appréhendée simplement comme un écart marqué à la règle ou à la norme ». Autrement, la déviance apparait comme la position d'un individu ou d'un groupe qui conteste, transgresse et qui se met à l'écart de règles et de normes en vigueur dans un système social donné.

Partant de ce fait, la déviance suppose la réunion de trois éléments : l'existence d'une norme, un comportement de transgression de cette norme et un processus de stigmatisation du déviant. Le déviant n'est ici identifié comme tel que s'il transgresse d'une part une norme communément admise et d'autre part s'il est étiqueté déviant par la société.

Dans cette même orientation, Lemert (1996) distingue deux types de déviances : primaire et secondaire. La première s'intéresse à la transgression de la norme et la seconde, à la reconnaissance et la qualification de cette déviance par une instance de contrôle social.

Cette classification binominale de la déviance met en exergue d'une part l'attitude de transgression des éléments du rôle social assigné à l'individu et d'autre part, l'action d'étiquetage social.

Ainsi formulée, la conception juridique parait simpliste pour expliquer ce concept dans sa totalité. Elle a toutefois le mérite de simplifier le problème en écartant de nombreuses questions de valeurs sociales qui surgissent généralement quand on étudie la nature de la déviance.

Dans la perspective psychologique, Morasz (2002) considère la déviance comme la résultante d'un processus dynamique constitué en six phases distinctes (activation, intensification, crise, récupération, stabilisation et élaboration).Pour lui, la contenance de cette déviance nécessite non pas une intervention au niveau de la crise, mais plutôt une intervention à un triple niveau: avant (prévenir), pendant (contenir) et après (élaborer). Dès lors, la déviance dans la perspective Moraszienne, résulte d'unprocessus de dégradation progressive de l'appréhension d'un individu qui aurait une vision négative du monde extérieur et des acteurs le composant.

Contrairement à Morasz qui s'attarde sur les différentes phases du processus débouchant sur la déviance, Kohlrieser (1986)conditionne la déviance des individus au manque d'attachement. Ainsi, pour lui, « l'une des caractéristiques fondamentales d'une personne violente est le manque d'attachement et le sentiment ressenti de vulnérabilité. Elle considère l'autre non plus comme une personne, mais comme un objet et la traite comme telle ».Dès lors, la déviance apparait pour l'auteur comme une résultante, non pasdu processus dégénératif comme le voudrait le précédent auteur, mais plutôt comme celle découlant d'une absence de liens (attachement à la famille, à des êtres chers). L'individu déviant extérioriserait son manque de liens affectifs par la volonté délibérée de poser des actions s'écartant des standards sociaux.

Dans cette même veine, Koudou, O. (2002)bien que s'inscrivant dans la démarche familiale de son prédécesseur, va plus loin pour révéler l'impact environnemental corrélé au manque d'affection familiale de Kohlrieser pour favoriser la déviance chez certains individus. Ainsi, il pense que la déviance n'est ni génétique encore moins atavique et naîtrait des effets conjugués des rejets familiaux, de l'intolérance du milieu social et de ses acteurs, du rôle des pairs marginaux et de la représentation du soi négative chez le sujet. De ce fait, le sujet serait un candidat potentiel à la déviance s'il notait une hostilité voir un rejet affectif de sa famille, de son environnement proche et de pairs jugés peu fréquentables ; ce qui impacterait négativementsur sa perception de lui-même et de ceux qui le rejettent.Partant de là, la déviance se définirait selon Koudou, O. (2002)par l'ensemble des transgressions sociales commises de façon incrémentale par un sujet en raison des rejets familiaux et environnementaux dont il se serait senti victime.

Dans un autre regard, Selosse (1984) penche sur le caractère passif de la déviance. Pour lui,on ne peut définir la déviance que par la prise en compte des deux pôles (actif et passif) du concept. Ainsi, même s'il existe une catégorisation hétéroclite d'actes de déviance qui consistent en des actions actives d'individus, force serait de reconnaitre selon l'auteur que la déviance prend aussi en compte les actions passives.En ce sens, Selosse nous invite, dans la définition de la déviance, à privilégier ce qu'il nomme déviances passives. Il affirme que« le fait de l'indifférence, de laisser pour compte, d'ignorer, de rester dans son quant à soi en ne voulant pas savoir ce qui dérange notre tranquillité, notre confort... Le fait de ne pas prêter attention à ceux qui sont hors normes. Le fait de ne pas vouloir les entendre correspond à un véritable drame qui est celui de la mort sociale ». Dès lors, dans la perspective Selossienne, les inactions, l'indifférence face à une réalité sociale dérangeante constitueraient des formes de déviance. Pour lui, elle consisterait a priorien des actions (écart aux normes admises), mais a fortiori en des inactions (indifférence, négligence, manque d'attention).

Cette approche reste partielle dans la définition de ce concept puisqu'elle omet la prise en compte des standards sociaux, moraux ou culturels qui régissent la société. Cette faille nous amène à analyser une conception sociologique du terme.

La déviance, sur le plan sociologique se définit-elle comme une manière d'être, de penser ou de se conduire qui s'écarte des standards sociaux, moraux, culturels et religieux d'un individu ou groupe consciemment ou inconsciemment.

En effet, deux points de vue alimentent la compréhension sociologique du terme. D'un point de vue individuel, la déviance apparait comme un comportement non conforme aux conventions collectives résultant d'un conflit entre valeurs et normes, qui aboutit à l'exclusion volontaire ou non de certains individus hors du système de règles établies, système auquel ces individus semblent vouloir échapper en affichant des conduites et des opinions hétérodoxes.

A un niveau plus global, c'est une situation d'interaction au travers de laquelle un groupe parvient à réguler l'application de ses propres normes par l'exercice de pressions qui visent à réinsérer les « déviants » dans des limites tolérables par le groupe.

Au sens large, Sissoko (2007) pense que la déviance recouvre l'ensemble des comportements inadaptés parce que jugés comme tels par les représentations collectives. « En ce sens, la notion de déviance ne se réduit pas aux seuls comportements criminels. Elle repose plus largement sur une analyse globale des conduites antisociales ou asociales, les unes entrant dans la sphère du droit répressif, les autres restants hors d'atteinte de la sanction pénale bien qu'elles suscitent la réprobation. ». Autrement, être déviant suppose adopter un comportement antisocial ou asocial pouvant faire l'objet de réprobation tant pénale que morale, culturelle ou religieuse.

Elle peut aussi s'apparenter selon l'auteur « à un simple malaise, à une difficulté d'être pour laquelle la sanction n'est pas nécessairement la réponse la mieux adaptée, en ce sens que l'épanouissement de la déviance peut, précisément, constituer le moyen de faire prendre conscience au déviant de sa marginalité».

Relativement à Sissoko, Ogien (1983), mettant en évidence l'évolution spatio-temporelle du concept, pense que « la déviance est relative car elle diffère selon les sociétés et les époques ». Elle se présente pour lui, comme une attitude ou un comportement non conforme aux normes et valeurs véhiculées par une société donnée durant une période donnée.

Au regard de ces appréhensions du concept, nous optons pour une définition socio-juridique qui s'appuierait à la fois sur l'écart par rapport aux normes légale de la conception juridique et sur la transgression des valeurs culturelles, sociales et religieuse de la vision sociologique.

Par déviance, nous voudrions évoquer tout comportement de transgression des normes légales, sociales, morales, culturelles et religieuses dans une société donnée et pendant une période déterminée.

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