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Gestion des déchets solides ménagers et excréta dans la commune de kpomassè.

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par Didier HOUNNOUGBO
Université d'Abomey-Calavi - Maîtrise en Sociologie-Anthropologie 2015
  

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o 4.2. RAPPORT DECHETS-SANTE ETABLI PAR LES COMMUNAUTES DE KPOMASSE.

A Kpomassè les communautés assimilent les causes des maladies aux malédictions divines; elles disent:«nosaïeux vivaient dans la plus grande insalubrité mais ils ont vécu pendant des années sur la terre sans contracter une maladie liée aux déchets». Un chef de ménage confie:«Que toutes les maladies auxquelles notre ère est confronté sont dues aux péchés que nous commettons et non dues aux déchets». Quelques adeptes de vodounassimilent les maladies à la conséquence de la colère des divinités. Certaines personnes disent:«Combien de temps l'Homme va-t-il vivre sur la terre pour s'entourer d'autant de précautions? Ne nous compliquer pas l'existence avec vos histoires de déchets qui rendent malades».

Le phénomène spectaculaire qui est observé dans la commune de Kpomassè est que les ménages balayent rarement leurs cours, il a été observé par endroit des cours balayées et d'autres non. Le tableau ci-dessous présente le taux de la propreté des cours dans les arrondissements parcourus, (tableau 8).

Tableau8: Propreté de la cour des ménages.

Arrondissement

Non

Oui

Total

Kpomassè-centre

68%

32%

100%

Sègbohouè

67%

33%

100%

Tokpa-Domè

71%

29%

100%

Source: Enquête de terrain, 2014

Pour certains ménages les tas d'ordures ou en général les déchets ne constituent pas une source de maladies mais d'autres ménages reconnaissent que les déchets constituent une source de maladies, (tableau 9).

Tableau9: Les DSM comme source de maladies.

Arrondissements

Non

Oui

Kpomassè-centre

90%

10%

Sègbohouè

97%

3%

Tokpa-Domè

93%

7%

Source: Enquête de terrain, 2014

Ces constats montrent que les communautés de Kpomassè ne trouvent aucun inconvénient à cohabiter avec les déchets ménagers. Pour elles, les déchets n'ont aucun effet négatif sur leur santé ce qui explique le fait que, quand elles finissent par balayer leur cadre de vie elles jettent les déchets a proximités des concessions ou dans les rues, etc. Les investigations sur les possibles maladies qu'on peut contracter en cohabitant avec les déchets ont permis de recenser auprès des ménages les diverses maladies, (tableau 10).

Tableau 10: Les maladies recensées auprès des enquêtés.

Arrondissements

Autres

Bilharzioses

Choléra

Diarrhée

Dysenterie

Paludisme

Typhoïde

Kpomassè-centre

0%

7%

20%

20%

3%

30%

20%

Sègbohouè

2%

0%

51%

16%

3%

28%

0%

Tokpa-Domè

0%

8%

30%

25%

4%

29%

4%

Source: Enquête de terrain, 2014

A partir des données du tableau, on se rend compte que lescommunautés deKpomassè jugent peu critique la cohabitation avec les déchets pour leur état de santé. Les communautés de Kpomassè hésitent à accepter que les déchets sont les sources des maladies hydriques à savoir: Bilharziose, choléra, dysenterie, fièvre typhoïde. Même le paludisme n'est pas selon eux une conséquence des déchets mal gérés, elle serait causée par le soleil.Il est aisément compris que dans une communauté où il existe une solidarité aussi forte entre l'homme, la terre, les animaux et les végétaux; la vie loin des déchets est quasiment impossible.De plus, les maladies comme la rougeole et la variole sont des conséquences de la colère du dieu Sakpata due à la rupture de la solidarité par l'enlèvement des déchets pour des lieux lointains. Vivre avec les déchets c'est un fait culturel à Kpomassè puisque pour l'Homme de Kpomassè les déchets sont de meilleurs fertilisants des sols;ils nourrissent les relations entre les animaux domestiques et l'homme. Les animaux éparpillent les déchets dans les ménages, ils y défèquent, tout ceci consolide et renforce la symbiose qui existe entre les communautés de Kpomassè et ces derniers. Les pratiques modernes de gestion des déchets devraient assurer l'hygiène dans les ménages mais à Kpomassè, elles sont moins bénéfiques pour la solidarité entre les communautés et les animaux domestiques. Quand elles s'enfoncent dans la brousse pour déféquer, les communautés font appel de façon spontanée et implicite aux animaux domestiques en l'occurrence les porcs qui perçoivent les odeurs des excréta. L'Enlèvement des déchets créerait un déséquilibre psycho-affectif entre les animaux et les communautés de Kpomassè parce que ces communautés sont trop attachées à l'équilibre du système cosmique. Les ordures ménagères sont entreposées aux alentours de la maison pour leur réutilisation prochaine. Et pendant ce temps les mouches s'y développent, se posent dans les ustensiles de cuisine ou dans les plats.Le fort attachement au vodoun fait que dans certains ménages de Kpomassè, il existe une représentation faite du vodounlègba dont la devanture n'est jamais propre parce que ce vodoun trouve son énergie vitale dans ces déchets qui l'entoure. Les communautésavoisinantes de cevodoun vivent avec les déchets mais elles affirment qu'«elles sont à l'aise».Il est noté une rationalité extraordinaire chez les communautés de Kpomassè, il s'agit de la «rationalité villageoise». Selon cette rationalité tout le baratin autour de l'hygiène et l'assainissement observé dans les villes est une perte de temps et d'argent.La rationalité villageoise fait que les communautés de Kpomassè adoptent un mode de vie qui se confond à celle des animaux; elles vivent avec les animaux domestiques qui défèquent dans la nature. Il a étérencontré des enquêtés qui s'interrogent dans ces termes:« Pourquoi balaye et sarcle-t-ilrégulièrement la cour comme une femme?Est-ce important de se laver autant de fois dans une journée?» Tous ces questionnements ne respectent aucune logique de la modernité mais ils respectent la logique des communautés de Kpomassè.Mais les communautés doivent savoir que les savoirs et habitudes sont dynamiques et pour ce fait, elles doivent mimer les pratiques modernes de gestion de déchets afin de résoudre le problème qui se pose à elles dans l'hygiène et l'assainissement. Les pratiques modernes de gestion des déchets ont d'énormes avantages quoiqu'elles demandent un investissement en technologie et en moyen financier. Il faut alors qu'elles s'exorcisent des pratiques populaires en matière de gestion des déchets. Si après un brassage culturel des ménages ont pu adopter les poubelles, il est possible qu'elles accepteront les rationalités qui sont derrières les pratiques modernes de gestion des déchets; et cela dépendra aussi de la méthode de sensibilisation. Il est vrai que les communautés savent que les déchets peuvent être utilisés dans l'agriculture sous forme de terreau ou compost. Les rationalités des pratiques modernes sont l'utilisation des déchets pour résoudre plusieurs autres problèmes qui se posent au développement des communes. Certains chercheurs ont traité de la gestion des déchets et ont trouvé que: les communautés dont les cultures ne sont pas flexibles doivent opérer le changement de comportement par une éducation environnementale. Ainsi dans son mémoire de maîtrise,DJOHY(2012) proposeque pour une gestion efficiente des déchets solides ménagers,il faut une éducation à la gestion de l'environnement afin de former des citoyens responsables et soucieux de l'assainissement de l'environnement. Cette éducation permettra aux communautés de Kpomassè de se former aux conséquences néfastes des déchets sur l'homme et l'environnement.LAWSON et al. (2008)renchérissent dans un rapportque les meilleures méthodes pour une gestion efficiente des déchets solides ménagers sont: l'Education Environnementale et la valorisation des déchets solides ménagers. Selon le dictionnaire le petit Larousse, «Valoriser» c'est donner une plus grande valeur à. Alors, dire qu'il faut valoriser les déchets montre que ces chercheurs sont convaincus del'utilité des déchets solides ménagers à la santé des hommes et à l'environnement. Les avantages à tirer de cette valorisation des déchets sont énormes et du coup les communautés de Kpomassè ont raison de penser que vivre avec les déchets ne requiert aucun risque sur la santé. Mais, il faut qu'elles nuancent parce que les déchets à l'état brut sont sources de maladies et font obstacles au développement.

Ilest à retenir que la faible appréhension des risques liés à la cohabitation avec les déchets explique la gestion anomique des déchets solides ménagers et excréta dans la commune de Kpomassè. La troisième hypothèse de la recherche est confirmée.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo