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Environnement, paysage et projet de territoire. Vers une approche territoriale pour la sauvegarde et la mise en valeur de la réserve de biosphère des oasis du sud marocain.

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par SADKI Aba
Université Internationale de langue française au service du développement Africain (Université Senghor d'Alexandrie) - Master en Gestion de l'environnement 2007
  

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DEUXIÈME PARTIE :

ENVIRONNEMENT ET PAYSAGE: ASPECTS DE DÉGRADATION ET PERSPECTIVES DE SAUVEGARDE ET DE MISE EN VALEUR.

CHAPITRE I : LE DIAGNOSTIC ENVIRONNEMENTAL ET PAYSAGER DES PALMERAIES DE LA RBOSM :

Les facteurs naturels :

De nos jours, de lourdes menaces pèsent sur les palmeraies du sud Marocain à tous les niveaux. Elles réunissent des contraintes environnementales de taille et des facteurs de dégradation y sont à l'oeuvre sous l'effet d'un modèle du développement urbain inapproprié. Partout le constat de crise est presque le même : la rareté des ressources en eau, l'érosion des terres agricoles, la dégradation des paysages naturels et culturels, la disparition des systèmes traditionnels d'irrigation, le dessèchement des palmiers dattiers, la désertification quasi-constante, la perte de la biodiversité, le déclin des productions locales et l'exode rural en sont quelques signes avant-coureurs. De bout à l'autre du territoire de la RBOSM, les ressources naturelles sont soumises à de multiples formes de pression menaçant des équilibres écologiques fragiles. Les facteurs de dégradation sont physiques, liées essentiellement à la sécheresse et à la désertification, et anthropiques à cause des modes inadaptés de l'exploitation de l'environnement et de l'occupation du sol.

L'eau : patrimoine et source de vie :

La situation hydrique des oasis de la réserve de biosphère est aujourd'hui alarmante. Une nouvelle gestion de l'eau dans les pratiques d'irrigation est aujourd'hui nécessaire. Devant la gravité de ce problème, accentué par le contexte de la désertification dans lequel évolue le sud Marocain en général et les palmeraies de la réserve de biosphère en particulier, une prise en main par les pouvoirs publics de la crise de l'eau semble nécessaire. Si l'on se situe à l'échelle de la RBOSM, les oasis par leur situation au piémont du Haut Atlas Oriental, constituent le dernier rempart pour protéger ce château d'eau contre l'avancé du désert. Il est essentiel d'y garder une activité agricole soutenue pour assurer la pérennité de cette région guetté par la désertification. Le problème dépasse les palmeraies proprement dites; il concerne l'ensemble du territoire national, voire du bassin méditerranéen, dans la mesure où les oasis constituent une barrière écologique de défense contre le désert. La sauvegarde des oasis doit se faire non pas seulement dans le seul souci de maintien des paysages verdoyants, mais aussi en vue de renforcer leur fonction écologique protectrice.

L'agriculture : une activité en déclin :

L'écosystème oasien tire ses spécificités majeures dans les pratiques de l'agriculture irriguée en étages (les cultures légumineuse et fourragères, les arbres fruitiers et le palmier dattier). Agriculture

paysagère par excellence, cette activité se trouve actuellement en déclin suite aux mutations socioéconomiques et spatiales engendrées par l'ouverture des oasis sur les grandes villes. Aujourd'hui, les choses prennent une tournure préoccupante avec des conséquences écologiques, socioéconomiques et politiques fort inquiétantes. Partout le travail de la terre est en crise. Dans la seule région de Draa (Province de Ouarzazate) les superficies cultivables ont baissé de plus de

20%, les productions de 16%, les niveaux d'intensification de 45%, et le palmier dattier a vu sa production chuter de 34%.36 La crise du secteur agricole est particulièrement accompagnée d'une crise dans les paysages ruraux. Malgré leur éloignement de l'influence directe des grandes métropoles urbaines comme Meknès, Fès et Marrakech, les espaces ruraux de la réserve sont en retrait. La dégradation des paysages suite à la sécheresse et l'abandon de l'agriculture étagée et l'un des principaux aspects de la crise écologique des palmeraies. Dans ce contexte, les

événements s'enchaînent rapidement; le déclin de l'agriculture traditionnelle entraine la perte des emplois et la faible diversification du tissu économique qui aboutissent à terme à une marginalisation des oasis qui se dépeuplent progressivement.

L'aridité du climat :

L'ouverture de la réserve de biosphère sur le désert saharien fait de l'aridité un phénomène structurel entrainant une désertification quasi-constante. Le climat caractérisé par une longue période estivale très chaude (mai - octobre) associé à une pluviométrie faible et très irrégulière amplifient ce phénomène. Les pluies, qui tombent souvent à la fin de l'automne et au début de l'hiver, sont inefficaces pour la régénération de la végétation qui pousse essentiellement au printemps. Elles sont aussi souvent torrentielles favorisant le ruissellement et l'érosion des terres cultivables. De ce fait, l'aridité du climat est un handicap majeur au développement économique des oasis et à leur intégrité écologique. La situation s'aggrave d'une année à l'autre et aucun projet environnemental ou agricole ne pourra aboutir sans prise en compte de cette contrainte climatique majeure.

L'érosion hydrique et éolienne :

Parallèlement à l'appauvrissement du couvert végétal sous l'effet de la sécheresse, l'érosion hydrique et éolienne s'élargit très rapidement. Dans les communes limitrophes au domaine saharien, ce phénomène a déjà atteint un seuil critique comme cela est illustré dans la figure suivante :

36 Stratégie d'aménagement et de développement des oasis au Maroc, rapport de deuxième phase, MATEE-DAT/DIRASSET 2003, page 149

Figure 15 : La disparation du périmètre agricole et le desséchement de la palmeraie de Rissani à Errachidia entre 1987 et 2007 sous l'effet combiné de la sécheresse et l'érosion éolienne.

Associées à des orages en période d'été, les pluies brutales et aléatoires entraînent des écoulements violents facteurs essentiels d'érosion hydrique observée particulièrement sur les berges des oueds. En cas de crues, les oueds gonflent en quelques minutes et ravagent sur leurs parcours des terrains de culture, des habitations en terre et des infrastructures. L'accident du relief aggrave l'effet érosif et les terrasses des palmeraies perdent annuellement une grande quantité d'alluvions drainées par l'eau. Aussi en période d'été, des vents très chauds et violents pouvant atteindre une vitesse maximale de 65 km/h sont fréquents. Ils amplifient la sécheresse et entrainent une érosion éolienne phénoménale. À l'extrême Est et Sud-est du territoire de la réserve, le vent conduit à la formation d'importantes dunes du sable.

Figure 16: Sapement des berges dans la palmeraie de Goulmima (Errachidia)

Figure 17 : Desséchement des palmiers dattiers à cause de tarissement des eaux de la nappe dans la palmeraie de Tinjdad (Errachidia).

Dans cette zone, l'érosion éolienne se manifeste par des aires gigantesques de drainage et de dépôts du sable et agit principalement par l'envahissement des terroirs villageois et leurs périmètres agricoles.

La désertification :

Les zones frontalières de la réserve ouvertes sur le désert sont en majorité touchées par la désertification à cause de l'ensablement. Ce phénomène a existé de tout temps dans les oasis, mais ses effets sur l'environnement et le paysage ont particulièrement été accentués ces dernières décennies.37 Ce n'est qu'à partir des années 1970 que ce problème est devenu une menace majeure au développement local des oasis se traduisant en particulier par l'envahissement des canaux d'irrigation et par les coupures fréquentes de la circulation sur les principaux axes routiers par des

accumulations gigantesques du sable. Les techniques traditionnelles développées par les populations locales pour la lutte contre l'avancé du désert ne sont plus en mesure de maitriser la situation. Les paysans en particulier se plaignent de ce fléau qui les empêche de cultiver des superficies de plus en plus importantes de leurs terres. Dans la seule palmeraie de Boudnib (à l'Est de la province d'Errachidia) la superficie ensablée en 2004 est estimée à 110 ha de terrains agricoles. L'encadrement technique et l'engagement des associations dans des projets de lutte

contre l'ensablement doivent être renforcés.38

Les facteurs humains :

La dégradation du couvert végétal :

Aux conditions climatiques très sévères s'ajoutent une série de facteurs humains. En ce qui concerne la dégradation du couvert végétal sous l'effet de la pression anthropique, le surpâturage est un exemple spectaculaire.

37 Au cours du 20ème siècle, les oasis du sud Marocain ont connu plusieurs cycles de sécheresse : 1913-1918; 1927-1931; 1933-1939; 1945-1947; 1955-1957; 1973-1976; 1979-1984 et 1987, et plus récemment la sécheresse de 1993-1995.

38 Dans la province d'Errachidia, le phénomène d'ensablement prend une ampleur de plus en plus grande. Parmi les zones les plus touchées, on peut citer : Jorf, Hanabou et Fezna. Cette situation a donné naissance à un travail associatif très important; l'exemple de l'Association de Lutte Contre la

Désertification et la Protection de l'Environnement crée en 1998. Un autre projet illustre ce rôle associatif dans la réalisation et la réussite des projets de lutte contre l'ensablement. Il s'agit de l'Association Al Amal, créée en 2000. Le projet est financé par l'Agence de Développement Social et le Ministère de l'Environnement pour un montant de 15 millions de DH. Il consiste à protéger la palmeraie de Hanabou par une fixation mécanique des dunes (5 ha) et un reboisement avec l'utilisation du système d'irrigation goutte à goutte.

Figure 18 : Le surpâturage exerce une forte pression sur le couvert végétal dans les zones de montagne (Imilchil, Errachidia)

L'élevage qui occupe une place importante dans l'économie locale participe à la dégradation des ressources naturelles. Les effectifs du cheptel montrent notamment une charge remarquablement élevée par rapport aux superficies des parcours lesquels sont en dégradation grandissante par les effets de sécheresse et de désertification susmentionnés. Aussi, pour répondre aux besoins domestiques en énergie, les habitants s'attaquent aux espèces ligneuses qui composent la steppe des parcours environnants les villages et les palmeraies. L'absence d'alternatives énergétiques entraine l'arrachage anarchique du bois de chauffe particulièrement dans les zones de montagne.

Figure 19 : L'arrachage anarchique du bois de chauffe menace les espèces ligneuses (Imilchil, Errachidia)

Le risque de salinité des sols :

La salinité des sols est un autre aspect inquiétant de la crise écologique dans la réserve. Les taux de salinisation des terres ont augmenté ces dernières années suite à la multiplication des dispositifs du pompage des eaux souterraines. Actuellement, dans les zones où la nappe phréatique est de faible profondeur (7 à 10 m), l'eau remonte par capillarité et crée des dépôts de sels en surface. L'étalement périodique des eaux d'irrigation favorise l'évaporation et la concentration des sels dissous dans le sol. Aussi, la multiplication des barrages collinaires et l'extension des surfaces irriguées en amont ont réduit la progression des crues vers les zones avales. Les sels fossiles des

structures géologiques des oueds sont progressivement remis en solution puis redistribués et fortement concentrés en certains endroits.39 Dans la région de Figuig, pour minimiser les effets de la salinité des eaux et permettre aux agriculteurs la mise en valeur de leurs terrains, les responsables locaux ont eu l'idée de ramener l'eau douce d'une source située à 4 km du village. L'eau arrive dans un grand bassin puis est distribuée aux 250 bénéficiaires à un prix de 25 DH/heure. Après sa réalisation, ce projet est géré actuellement par les paysans eux même.

Les risques liés aux aménagements hydrauliques :

Pour éviter les effets dévastateurs des grandes crues, les pouvoirs publics ont construit après les inondations de 1965 le barrage Al-Hassan Eddakhil sur l'Oued Ziz à Errachidia et Al-Mansour Eddahbi sur l'Oued Draa à Ouarzazate. Les risques liés à ces aménagements concernent particulièrement :

· Le tarissement de nombreuses sources d'eau et l'irrégularité des régimes des oueds;

· L'accroissement de la salinité des sols, la limitation des apports en limons fertilisants et la réduction des recharges naturelles des nappes phréatiques;

· Des perturbations énormes dans la dynamique des nappes qui assuraient auparavant l'humidification des sables et leur fixation (une humidité de 2 à 3% des sables est suffisante pour soustraire les dunes du sable de la prise des vents);

· Avant la construction de ces deux grands barrages, les écoulements étaient plus continus dans les oueds, ils permettaient l'évacuation plus en aval d'une partie des sables piégés dans les canaux d'irrigation, et d'autre part assuraient une humidité dans les lits d'oueds, même ceux en aval, humidité qui les retenait sur place grâce à la végétation

39 Dans la région de Figuig, pour minimiser les effets de la salinité des eaux et permettre aux agriculteurs la mise en valeur de leurs terrains, les responsables locaux ont eu l'idée de ramener l'eau douce d'une source située à 4 km du village. L'eau arrive dans un grand bassin puis est distribuée aux 250 bénéficiaires à un prix de 25 DH/heure. Après sa réalisation, ce projet est géré actuellement par les paysans eux même.

qui s'y développait. Or depuis l'édification des barrages, les écoulements ne se font plus que par lâchers (deux à trois par an).

· La perturbation des anciens systèmes hydrauliques et l'exclusion des communautés paysannes locales dans la gestion des eaux centralisée par l'État de manière à répondre aux besoins des cultures stratégiques (les céréales). Alors que les populations souhaitent des lâchers de barrages favorables aux cultures maraîchères et donc plus nombreuses et plus rapprochées dans le temps. Pour les communautés oasiennes habituées à l'autogestion ces mutations sont pour beaucoup dans la dégradation des traditions communautaires.

Un des résultats les plus dramatiques de ces aménagements est le tarissement des systèmes traditionnels de drainage des eaux souterraines (Khettaras). Avec l'augmentation des besoins en eau, le recours aux puits profonds et leur équipement en motopompes fait actuellement l'unanimité du choix de la majeure partie des agriculteurs. Il est vrai que les techniques modernes de pompage ont conduit à la régénération des terrains agricoles abandonnés à cause de la sécheresse, voire même, dans certains cas, à l'apparition de nouvelles petites oasis sur des terrains nouveaux, mais ces techniques sont loin d'être une réponse durable à la crise d'irrigation dans les palmeraies. Ces techniques ont par exemple provoqué une baisse spectaculaire du niveau piézométrique des nappes, des débits de sources et des oueds ainsi que le desséchements des puits peu profonds. La substitution de la motopompe familiale à la Khettara communautaire n'est pas seulement une mutation technologique, mais elle est aussi l'expression d'une mutation sociologique qui fait prévaloir l'individu sur les structures lignagères traditionnelles fondées sur l'entraide et la solidarité du groupe. Les risques environnementaux qui viennent d'être cité sont connus depuis longtemps dans les oasis du sud Marocain, mais avec beaucoup moins de gravité qu'actuellement. Des risques sérieux liées à l'urbanisation sont apparus et commencent à prendre de l'ampleur.

Les risques liés à l'aménagement urbain :

a. Les problèmes d'assainissement :

Les palmeraies de la réserve connaissent depuis quelques décennies une urbanisation vertigineuse. Ce phénomène est toutefois accompagné d'une infrastructure urbaine très modeste et parfois absente dans certaines communes. C'est ainsi que la quasi-totalité des secteurs urbains ne sont pas raccordées aux réseaux d'assainissement. Dans les zones résidentielles en prolifération à l'intérieur des palmeraies, le recours aux fosses septiques et aux puits perdus constitue un danger majeur de contamination des eaux des nappes qui sont à une profondeur moyenne de 15 à 20 m.

L'assainissement autonome qui est le choix le plus courant dans ces secteurs d'habitat à haut potentiel environnemental représente un danger majeur pour la santé et pour l'environnement. En milieu urbain, les réseaux d'égout sont majoritairement de type unitaire et se trouvent généralement dans un mauvais état à cause de manque d'entretien. Dans certaines zones, ces réseaux n'assurent plus leur rôle de collecte et de drainage, et les eaux usées sont déversées directement et sans traitement préalable dans les oueds ou, parfois, utilisées comme eau d'irrigation sur des périmètres agricoles ou maraîchers. Leur utilisation en maraîchage constitue également un risque bactériologique grandissant à la fois sur la santé publique, le milieu naturel et la qualité des paysages.

b. Les déchets solides :

Le traitement des déchets ménagers solides se limite essentiellement à leur mise en décharge où ils se décomposent par aérobie (en plain air). Dans les trois villes chef-lieu de province et les municipalités, une récupération des plastiques se fait sur certaines décharges, mais les réductions qu'elle entraîne est relativement minime. L'inadéquation des sites des décharges provoque des nuisances olfactives considérables et des impacts paysagers très importants. Cela favorise l'infiltration des lixiviats dans le sol et plus particulièrement vers les aquifères souterrains et les cours d'eau. Ce processus entraine la prolifération des poches de dégradation écologique et paysagère dont l'ampleur est liée à la taille, à la nature et à l'emplacement des dépôts des rejets. Dans la majorité des cas, ces dépôts sont situés à l'entrée des villes et des communes le long des routes offrant un spectacle déplorable. Le vent éparpille les sachets plastiques, constituant une pollution paysagère manifeste.

1.2. L'incidence paysagère de l'urbanisation :

Les nouvelles tendances de l'occupation de l'espace, particulièrement, l'expansion de l'urbanisation contemporaine accélèrent le processus de dégradation du milieu naturel ce qui n'est pas sans conséquences sur l'appauvrissement des paysages. La perte de la biodiversité ne ressort elle pas de la banalisation des paysages ?

Figure 20 : Occupation typique de l'espace d'une zone tampon (palmeraie) de la réserve. (Goulmima, Errachidia)

Il y a lieu donc de s'interroger sur la qualité du cadre de vie; une préoccupation qui intéresse à la fois les acteurs du développement local, les professionnels de l'aménagement du territoire, les services chargés de la gestionnaire de la réserve et les associations actives dans le domaine de la protection de l'environnement. On parle de l'abandon de l'habitat traditionnel et de sa mise à distance par rapport aux nouveaux centres urbains. L'affrontement entre les Ksour et le nouvel espace urbain modifie les paysages des palmeraies et tend à bouleverser le fonctionnement des systèmes naturels et les valeurs de l'organisation sociale. On est en face à un chaos de formes qui entraîne banalisation et perte de repères. Quelque soit l'endroit où l'on se trouve dans le territoire de la réserve de biosphère, l'urbanisation est destructrice, le mitage se développe avec une multiplication le plus souvent désordonnée et donne un parfait exemple de banalisation et de dépaysement. Les entrées des communes rurales et des municipalités avec des ronds points maigres et banals sont une typologie de falsifications. Les nouveaux quartiers qui se développent aux alentours de l'habitat historique des Ksour garnis d'une fausse empreinte citadine intègrent dans le milieu oasien une dépersonnalisation flagrante.

1.3.1. La banalisation du paysage par les voies de circulation automobile :

En principe, chaque mode de transport produit un paysage qui se dégradé. Dans les palmeraies de la réserve, les voies goudronnées qui lient les centres urbains et les communes rurales traversent les

périmètres agricoles et les terroirs villageois. Ses voies de circulation des hommes et des biens s'avèrent être une infrastructure génératrice de dégradations multiples des villages et des paysages naturels et culturels qui les entourent. Tout le long de ces routes, l'urbanisation se prolonge, les terres agricoles disparaissent, la forêt du palmier dattier se rétrécisse, le réseau d'irrigation se détruit et le paysage s'enfuit. Les architectures traditionnelles qui longent la route étaient les premiers éléments du paysage à perdre leurs qualités pittoresques et de plus on s'éloigne de la voie de circulation de plus la palmeraie conserve son potentiel écologique et ses caractéristiques paysagères authentiques.

13.2. La route : facteur accélérateur de l'éclatement et de la dégradation des villages :

Le passage d'une route à proximité d'un village ou à travers son terroir accélère l'éclatement et la dégradation de celui-ci. Dans la plupart des cas, la route a était le facteur incitant les Ksouriens à abandonner leur habitat traditionnel pour bénéficier des avantages de proximité que leur offre la route. Pour cette raison, les Ksour les mieux conservés sont ceux éloignés des voies d'accès.

Figure 21 : La route principale n° 21 (Errachidia - Erfoud) traverse la zone de concentration des Ksour dans la vallée de Ziz à Errachidia.

Figure 22 : La RP n° 21 longeant les Ksour de la vallée.

Figure 23: La route accélère l'abandon et l'éclatement des villages et entraîne un développement linéaire de l'habitat extramuros.

Le gain de proximité dont les riverains d'une route prétendent bénéficier se trouve concrètement annulé de point de vue de la dégradation du cadre de vie et de la banalisation du paysage engendré par l'abandon de leur milieu d'habitat livré à la ruine. Les constructions nouvelles qui le remplacent contredisent les lignes de force du développement local car elles effacent l'originalité du village et intègrent des mises en scène architecturales hostiles au paysage et à la qualité de l'environnement.40

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