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Conflits hommes-faune sauvage en Inde du sud: déterminants spatiaux et socioculturels


par Paul Badaire
Le Mans Université - Master Gestion des Territoires et Développement Local 2018
  

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2.2. La zone du Programme de Réhabilitation des Adivasi (PRA)

Cette étude se concentrera donc sur l'ouest d'Aralam, où cette étude a été conduite, correspond à une surface de 30 km2 de forêt entourée de rivières, qui a été entièrement coupée au début des années 1970 pour mettre en place une ferme gouvernementale nationale. En 2004, cette ferme a été donnée au Programme de Réhabilitation des Adivasi (PRA) qui l'a séparée en deux portions : la moitié a été gardée comme ferme, l'Aralam Farm, et l'autre moitié, adjacente à l'AWS, pour réhabiliter les Adivasi (et qui sera appelée dans la suite de ce mémoire zone du PRA). Le PRA a été instauré dans le cadre d'initiatives visant à compenser les Adivasi, qui sont les peuples autochtones de l'Asie du Sud pour la perte de leurs territoires ancestraux.

Ces populations suivaient pour beaucoup un mode de vie « traditionnel », en partie nomade, centré sur la forêt et ses ressources. L'expansion spatiale humaine au Kerala, et les restrictions imposées par la mise en place des AP, ont fortement remis en cause leur mode de vie car ils n'étaient pas propriétaires des espaces forestiers où ils habitaient. Le déplacement de ces populations hors de leurs territoires traditionnels et les difficultés à maintenir leur mode de vie ont ainsi généré une forte instabilité dans ces communautés et les ont rendu particulièrement vulnérables. Ils s'intègrent, en outre, difficilement au modèle économique actuellement en vigueur, à la fois à cause de leur situation socioéconomique, mais également de par leur système culturel.

Le PRA est ainsi un programme visant à distribuer des terres (4000 m2 par famille dans le cas d'Aralam) aux Adivasi sans-terre du district afin de leur offrir les possibilités de pourvoir à leurs besoins de manière autonome à travers l'agriculture. L'objectif est donc d'offrir à ces personnes une forme de compensation pour la perte de leur mode de vie. Quatre groupes ethniques s'y côtoient, les Kurichians, les Mavilans, les Karimpalans et les Paniyans.

La zone de la PRA était avant principalement une plantation d'anacardiers (dont le fruit est la noix de cajou), de cocotier et d'hévéas, qui a été divisé en 3375 parcelles de 4000 m2, dont seulement 1653 sont occupées à ce jour (ce qui représente environ 4500 habitants). En effet, de nombreuses personnes refusent d'y vivre à cause de la venue des animaux sauvages provenant de l'AWS bien que beaucoup utilisent cependant leur parcelle à des fins productives sans l'habiter. La plupart des familles ont gardé les arbres déjà plantés comme sources de revenus et ont planté d'autres arbres fruitiers, ainsi que des tubercules à des fins d'autoconsommation. Une agriculture plus intensive et capable de pourvoir aux besoins familiaux reste cependant une gageure à cause des incursions animales. Les habitants de la zone

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du PRA ont donc besoin de compléter leurs moyens de subsistance, essentiellement à travers des emplois journaliers d'agriculture ou de construction. Bien qu'une partie soit employée à l'Aralam Farm adjacente, le reste dépend d'emplois extérieurs à la zone du PRA. Étant donné l'éloignement relatif de la zone du PRA et surtout son étalement sur 15 km2, le manque d'infrastructures de transport en commun complique néanmoins les possibilités d'emplois à l'extérieur de la zone du PRA.

De plus, plusieurs programmes de développement des infrastructures, de construction de maisons en dur... ont été initiés ou promis depuis le début du PRA, mais leurs réalisations demeurent au mieux partielles.

La zone du PRA est donc exclusivement formée de parcelles de 4000 m2. La propriété de ces parcelles est de plus indivisible et ne peut pas être cédé à des personnes extérieures à la famille proche. Ceci a été instauré pour éviter que ces familles ne les revendent pour une somme modique et se retrouvent de nouveau sans terres et sans argent. Bien qu'il puisse exister deux habitations sur une parcelle, ceci est rare. Il ne peut donc pas y avoir de centre urbain. La population est ainsi répartie extensivement, principalement autour de deux pôles, au nord et au sud de la zone du PRA. La partie centrale adjacente à l'AWS demeure essentiellement sauvage.

L'Aralam Farm, toujours sous contrôle gouvernemental, est composée de plantations d'anarcadiers, de cocotiers, de cacaoyers, d'hévéas et d'ananas. Elle emploie environ 60% de ses travailleurs journaliers parmi les habitants de la zone de PRA (ce qui représente 583 personnes). Elle s'est engagée dans plusieurs programmes de soutien, notamment par la distribution d'arbres fruitiers.

Les gestionnaires de l'AWS ont implanté trois comités d'écodéveloppement. À travers ces comités, ils ont mis en place un certain nombre d'activités visant à supporter les habitants de la zone PRA : proposition d'emploi à la journée selon les besoins, distribution de cuisinières au gaz, construction de mini-barrages... D'après Mr Madhusoodhanan, ces activités ont permis d'améliorer la relation entre les autorités de l'AWS et les habitants. Cependant, il n'existe pas de projets visant à intégrer les habitants, même partiellement, dans la gestion du parc ou des conflits avec les animaux. Pour réduire les conflits sur les 10 kilomètres de bordure, il a été mis en place, avec un succès limité, 3 kms de mur en béton, 2 kms de tranchées et 5 kms de bordure électrique. Les garde-forestiers, aidé d'habitants locaux embauchés, patrouillent les nuits aux alentours de la bordure pour effrayer les animaux sauvages et intervenir rapidement en cas de problème grave, notamment avec les éléphants.

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Trois groupes d'acteurs principaux sont ainsi présents sur ce terrain : l'institution de conservation de l'AWS, l'institution gouvernementale de l'Aralam Farm (qui emploie un grand nombre d'habitants de la zone du PRA) et les habitants de la zone du PRA. Le PRA n'est plus un acteur très actif sur le terrain, il est seulement en charge de veiller à la bonne distribution des parcelles.

La zone du PRA est donc une immense zone agroforestière ouverte habitée, dont une partie est retournée à l'état sauvage. Alors que le PRA était un programme de justice (partielle) environnementale visant à fournir aux populations vulnérables un moyen d'autonomisation, les habitants de la zone du PRA restent dans un état de précarité certain à cause du manque d'infrastructures, de la difficulté à changer de mode de vie et des problèmes avec les animaux sauvages, qui limite les possibilités d'agriculture,

L'Aralam Wildlife Sanctuary

Figure 2 : L'Aralam Wildlife Sanctuary Source : Map Data @2018 Google (27/05/18)

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3. MÉTHODOLOGIE

Ce mémoire se fonde sur une approche pluridisciplinaire, intégrant à la fois des notions de sociologie, d'écologie et de géographie animale, et utilisant des méthodes qualitatives et quantitatives.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld