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Conflits hommes-faune sauvage en Inde du sud: déterminants spatiaux et socioculturels


par Paul Badaire
Le Mans Université - Master Gestion des Territoires et Développement Local 2018
  

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3.3. Analyse statistique

Les logiciels Excel et R ont été utilisés. Le choix des tests statistiques pour valider les hypothèses dépend des types de variables. Les tableaux de contingence seront initialement étudiés et analysés, exceptés dans les cas de variables continues où le nuage de points sera examinées. Les écarts entre les effectifs théoriques et observés seront particulièrement observés. Dans un deuxième temps, la significativité de la relation entre deux variables sera étudié à l'aide du test du khi2, de la corrélation de Spearman et de la corrélation de Pearson selon les types de combinaison de variables. Des regroupements de classes seront effectués si nécessaire et si pertinent. Le risque d'erreur alpha de rejet de l'hypothèse nulle a été fixé à 5%.

3.4. Analyse spatiale

Les logiciels QGIS 3.0.3 (QGIS Development Team, 2018), SNAP 6.0 (European Space Agency, 2018) et SPRING 5.5.2 (Camara et al., 1996) ont été utilisés.

Une image Sentinel-2A du 21/02/2018 de niveau de traitement 1C, sans nuages, ortho rectifiée et ayant une résolution spatiale de 10 ou 20 mètres pour les bandes sélectionnées (bandes 2, 3, 4, 8, 11 et 12) a été obtenue sur la plateforme Copernicus de l'European Space Agency4. Un sous-ensemble a été créé sur SNAP, qui a ensuite été utilisé pour créer une carte de couverture de sols sur SPRING.

Une carte topographique de Survey of India de 2010 a été numérisée et exportée vers QGIS pour digitaliser les routes (« couche des routes ») et les limites de l'AWS (« couche de l'AWS ») dans le système de coordonnées WGS 84 zone 43N (EPSG :32463). La couche des routes a été complétée à de connaissances du terrain. La carte topographique a gracieusement été mise à disposition par les gestionnaires de l'AWS.

Une image Bing et une image Google Satellite ont été importées sur QGIS à l'aide de la fonctionnalité « XYZ Tile Server » pour digitaliser les habitations. Afin de digitaliser les foyers situés à moins d'un kilomètre de l'AWS, la « couche de l'AWS » a d'abord été reprojetée dans un système de coordonnées en mètres (EPSG : 24343), puis tamponnée de 1000 mètres à l'aide de l'outil « Buffer ». La bordure des 1 km a ensuite été extraite à l'aide de l'outil « Polygons to lines ». Les habitations entre cette dernière et la bordure de l'AWS ont ensuite

4 https://scihub.copernicus.eu/dhus/odata/v1/Products('1865c921-d011-4547-a5bf-b65317ab8c02')/$value

(04/04/18)

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été digitalisées. Bien qu'ayant eu peur que de nombreuses habitations soient omises par cette technique, les reconnaissances sur le terrain ont montré que seules les maisons les plus récentes (-de 2 ans) étaient absentes, et ces dernières sont très minoritaires. La configuration du terrain, qui est essentiellement une forêt ouverte, a certainement aidé. Ceci a donc permis d'obtenir la « couche des habitations ». Une sélection aléatoire sur QGIS a donné la « couche des foyers interviewés » : les 109 habitations sélectionnées pour l'enquête sur le terrain.

L'analyse des liens entre les signes de présence humaines, la couverture des sols et les dégradations agricoles repose sur l'hypothèse que les animaux viennent directement des forêts denses pour effectuer des incursions dans la zone du PRA et y retournent ensuite, comme suggéré par Mr Madhusoodhanan, et plusieurs gardes forestiers. Les forêts denses qui servent de refuges comprennent ici l'AWS ainsi qu'une partie du centre de la zone de la PRA adjacente à l'AWS. Les forêts denses seront assimilées à partir d'ici à la forêt. À cette fin, une couche comportant les lignes les plus courtes entre les foyers interviewés et la bordure des forêts, a été créée sur QGIS en convertissant d'abord ces bordures en lignes, puis en points, et enfin en utilisant l'outil « Distance to nearest hub » pour relier les foyers à la forêt. Les lignes de cette couche ont ensuite été tamponnées de 50 mètres de chaque côté pour former la « couche des lignes foyers/forêt » à l'aide de l'outil « Buffer ».

Guerbois et al. (2012) ont choisi un rayon de 100 mètres dans un environnement assez ouvert et pour des parcelles en moyenne de 8000 m2. Étant donné les particularités du terrain, cette distance de 50 mètres qui traduit la zone d'influence d'un foyer a été choisie car elle reflète un peu plus que la taille des parcelles et la visibilité sur ce terrain.

Les procédures spécifiques seront détaillées dans chaque sous-partie concernée.

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4. CARACTÉRISTIQUES SOCIOÉCONOMIQUES DE LA POPULATION INTERVIEWÉE

Sur les 109 foyers sélectionnés de manière aléatoire, 84 ont pu être interviewés. 25 foyers n'ont pas été interviewés : 18 où les personnes y habitant étaient absentes, voire définitivement parties, 7 où les personnes ne souhaitaient pas participer. Un certain nombre de personnes ont d'ailleurs exprimé dans un premier temps des réticences à participer à l'enquête, expliquant qu'ils n'avaient pas été à l'école et qu'ils ne sauraient pas répondre aux questions. Cependant, en expliquant que l'étude concernait leur vie quotidienne et la cohabitation avec les animaux sauvages, la grande majorité a accepté volontiers, voir avec un grand enthousiasme pour certains.

Au total, la parité hommes-femmes a été respectée involontairement : 43 hommes (51%) et 41 femmes (49%) ont été interviewés, alors que je m'attendais à un taux de femmes supérieur.

La personne la plus jeune avait 14 ans et la plus âgée 70 ans, pour un âge moyen de 42 ans et un âge médian de 41 ans. 14,29% ont en dessous de 25 ans et n'ont pas de famille à charge. 63,1% ont entre 25 et 55 ans. 22,62% ont plus de 55 ans.

Age des interviewés (en % des 84
foyers interviewés)

14,29%

22,62%

63,10%

- de 25 ans 25-55 ans + de 55 ans

Figure 3:Age des interviewés

4,36 personnes en moyenne vivent par foyer, avec une médiane et un mode de 4 personnes. Seuls 3 foyers ne comportaient qu'une seule personne et le foyer abritant le plus de

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personnes en comportaient 8. Cette moyenne correspond à celle du reste de l'État du Kerala, 4,3 (IIPS, 2007), alors que typiquement les familles les plus pauvres au Kerala, auxquelles appartiennent une grande majorité des habitants de la zone du PRA, sont plus nombreuses par foyer. Le fait que nombre d'enfants des 1ères familles arrivées dans la zone du PRA aient obtenu une parcelle dans la zone après leurs mariages explique en partie cette différence.

Les résidents interviewés y habitent en moyenne depuis 9,76 années, avec une médiane et un mode de 10 ans. Parmi les résidents les plus anciens, beaucoup ne se rappelaient certainement pas l'année exacte de leur arrivée et ont répondu environ 10 ans. Ceci correspond plus ou moins à la première grande initiative d'allocation des parcelles dans le cadre du PRA en 2006-2008. Certaines personnes (dont le maximum est de 20 ans) y habitaient déjà, illégalement, du temps de la ferme gouvernementale, où ils y travaillaient. La famille la plus récemment installée est arrivé en 2017.

La majorité des interviewés (62%) ont quitté le système éducatif après l'école primaire, qui correspond à un niveau 5ème en France. 15% se sont arrêtés entre la 5ème et la terminale, et 4% ont effectué des études supérieures après et baccalauréat. 19% ne sont jamais allés à l'école.

Il a également été demandé de statuer l'activité principale soutenant la vie du foyer. 20% des familles ont déclaré que l'agriculture était leur principale source de revenu. 79 % sont des travailleurs journaliers : 47% de travailleurs agricoles (dont un peu de moins de la moitié travaille à l'Aralam Farm) et 32% de travailleurs non-agricoles (principalement dans la construction), la dernière personne étant employée de banque. Je m'attendais à un pourcentage supérieur de gens vivant de l'agriculture. La zone du PRA étant en effet une ancienne plantation dont les arbres n'ont pas été coupés lors du changement de statut, des opportunités commerciales étaient déjà présentes. Cependant, de fortes disparités existent. Les personnes ayant une parcelle d'hévéas n'ont pas besoin de travailler à côté et sont financièrement plus aisés. La plupart des familles ayant eu une parcelle d'anarcadiers ne sont absolument pas en mesure de subvenir à leurs besoins seulement par l'agriculture et ont besoin d'une source de revenus alternative.

Principales sources de revenus (en % des
84 foyers interviewés)

1,19%

32,14%

46,43%

20,24%

Agriculture Emploi journalier agricole Emploi journalier nonagricole Employes

36

Figure 4 : Principales sources de revenus

Dans un second temps, il a été demandé le rapport à l'agriculture. L'ensemble des foyers entretient en effet une forme d'agriculture sur leurs parcelles de terrain : 17 % à des seuls fins de subsistance, 21 % à des seules fins commerciales, et 62% pour les deux à la fois.

Les habitants de la zone du PRA sont donc essentiellement dans une situation de précarité au niveau du travail, et par conséquent de dépendance aux ressources de leurs terres pour compléter leurs revenus. La majorité a ajouté qu'ils souhaiteraient pouvoir cultiver plus leurs parcelles, notamment des légumes, mais que les incursions journalières des animaux les décourageaient. Une phrase très couramment entendue lors de la question sur les espèces végétales cultivées fut « On a tout planté, mais on ne récolte jamais rien ».

Les cultures pratiquées se trouvent dans le tableau suivant :

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Cultures pratiquées (sur 84 foyers)

Tableau 1: Cultures pratiquées

Aucune famille ne pratique l'élevage en tant qu'activité principale, mais certaines possèdent quelques animaux domestiques : 7% ont une vache, 14% ont au moins une chèvre, 15% ont au moins une poule. Un tiers des foyers ont également au moins un chien, dont l'utilité demeure dans ses aboiements pour prévenir l'arrivée d'animaux sauvages.

96% des personnes interviewées ont déclaré récolter des ressources naturelles dans les environs : 92 % pour du bois de chauffe, 72% pour de l'eau et 89% pour des plantes médicinales. Ils marchent en moyenne 7 minutes pour la recherche de ces ressources. 20% ont indiqué aller occasionnellement dans l'enceinte de l'AWS, principalement pour aller laver le linge. Beaucoup ont cependant indiqué qu'ils restent à proximité de la bordure à cause d'un fort sentiment d'insécurité dans l'AWS.

Le niveau de revenus n'a pas été demandé pour des raisons de sensibilité.

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À travers les Comités d'Écodéveloppement, les gestionnaires de l'AWS ont mis en place plusieurs programmes d'aides. Il a été demandé s'ils ont obtenus des bénéfices de la part de ces derniers. Seulement 15% font partie de ces comités et 15% ont répondu oui (pas nécessairement les mêmes): 8 personnes reçoivent de temps en temps du travail, 1 personne a reçu des arbres en pot, 2 de la nourriture, 2 une cuisinière au gaz.

Bénéfices obtenus de la part des gestionnaires
de l'AWS (nombre de foyers)

80

 
 
 
 

71

 

70

 
 
 
 
 
 

60

 
 
 
 
 
 

50

 
 
 
 
 
 

40

 
 
 
 
 
 

30

 
 
 
 
 
 

20

 
 
 
 
 
 
 

8

 
 
 
 
 

10

 

1

2

2

 
 

0

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Emploi

Arbres

Nourriture

Cuisinière au gas Pas de bénéfices

 

(temporaire)

 
 
 

Figure 5: Bénéfices obtenus de la part des gestionnaires de l'AWS

Les gestionnaires de l'Aralam Farm ont également mis en place des programmes au soutien aux habitants de la zone du PRA. 76 % des habitants interviewés ont obtenu des bénéfices matériels de la part d'Aralam Farm : 20 personnes y ont un emploi, 42 ont obtenu des arbres en pots, 1 de la nourriture et 1 une cuisinière au gaz.

Bénéfices obtenus de la part de l'Aralam Farm
(nombre de foyers)

45

 

42

 

40

 
 
 
 
 

35

 
 
 
 
 

30

 
 
 
 
 

25

20

 
 

20

20

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

15

 
 
 
 
 
 
 

10

 
 
 
 
 
 
 

5

 
 
 

1

1

 
 

0

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Emploi Arbres Nourriture

Cuisinière au gas Pas de bénéfices

 

(temporaire)

 

39

Figure 6:Bénéfices obtenus de la part de l'Aralam Farm

Les résidents de la zone du PRA sont donc installés depuis un certain nombre d'années (10 en moyenne). La source de revenus principale des habitants repose essentiellement sur des emplois journaliers précaires. L'agriculture est néanmoins une source complémentaire importante à la fois de revenus et nutritionnelle. L'AWS et surtout l'Aralam Farm s'efforcent de plus d'aider les résidents de la zone du PRA.

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5. CARACTÉRISTIQUES DES CONFLITS HOMMES-ANIMAUX EN PÉRIPHÉRIE DE L'AWS

Cette partie s'efforcera d'offrir une meilleure compréhension des conflits hommes-animaux dans la zone du PRA, à la fois en prenant en compte le point de vue des personnes touchées, les habitants de la zone du PRA, et le point de vue des gestionnaires de l'AWS.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci