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Conflits hommes-faune sauvage en Inde du sud: déterminants spatiaux et socioculturels


par Paul Badaire
Le Mans Université - Master Gestion des Territoires et Développement Local 2018
  

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6.4. Présences humaines et risques de dégradations agricoles

Cette partie visera à établir si les signes de présence humaine tendent à augmenter les risques perçus par les herbivores sauvages et donc réduire les risques de conflits. Plusieurs auteurs abondent en effet dans ce sens et indiquent que la plupart des animaux sauvages évitent s'ils le peuvent le contact avec l'homme (Pozo et al., 2017 ; Guerbois et al., 2012, Rangarajan et al., 2010).

Dans cette optique, la relation entre la fréquence de venue de la faune sauvage et la présence de voisins et de routes entre la bordure de l'AWS et les foyers sera donc étudiée.

Le nombre de voisins a été calculé en comptabilisant le nombre d'habitations se trouvant entre un foyer et le refuge sur QGIS. Pour cela, l'outil « Join attributes by location (summary) » a été utilisé à partir de la « couche des habitations », représentant l'ensemble des habitations digitalisés se trouvant à moins d'un kilomètre de l'AWS, et de la « couche des lignes foyers/forêt », représentant les lignes tamponnées (100m de large) les plus courtes entre les foyers et la forêt. Cet outil a permis d'obtenir le nombre d'habitations se trouvant dans chacune de ces lignes tamponnées.

Un peu moins d'un quart des foyers interviewés de la zone de la PRA (23%) n'a pas ou qu'un seul voisin entre leur habitation et la forêt. Un peu plus d'un quart (26%) a 2 ou 3 voisins. Ceux ayant entre 4 et 6 voisins représentent également 26%, alors qu'un dernier quart de foyer a plus de 7 voisins. 9 foyers n'ont pas de voisins et celui qui en a le plus en a 16.

Carte du nombre de voisins entre les foyers interviewés et la forêt

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Figure 15: Carte du nombre de voisins entre les foyers interviewés et la forêt

 

Source : Map Data @2018 Google (27/05/18)

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L'hypothèse de risques supérieurs ressentis par les animaux en présence d'une forte densité d'habitations a ensuite été testée statistiquement par espèce animale.

Dans un premier temps, l'analyse des tableaux de contingence a montré une tendance faible à relation inverse entre les venues de la faune sauvage et le nombre de voisins. Cependant, l'occurrence de dégradations agricoles ne montre pas de relation avec le nombre de voisins.

La corrélation entre le nombre de voisins et, respectivement, la fréquence de venue des animaux et les dégradations agricoles, selon chaque espèce animale, a ensuite étudiée. Une corrélation significative a été trouvée entre les venues des sangliers et le nombre de voisins (rho=0,246 ; p=0.024 ; n=84). Les sangliers ont ainsi tendance à moins s'aventurer quand la densité d'habitations augmente.

Globalement, les trois autres espèces animales montrent également cette tendance, bien que faiblement : le test de corrélation n'a pas de résultats significatifs (valeur p variant entre 0,11 et 0,16). Les tests de corrélation entre dégradations agricoles et nombre de voisins sont beaucoup moins significatifs.

Les routes sont également des éléments pouvant augmenter les risques perçus par les animaux sauvages et les décourager de traverser. Seules les routes principales et les plus larges sont considérées ici. Elles opèrent en effet une séparation abrupte et absente de végétation, ce qui ne laisse pas de couverts accessibles directement. De plus, le trafic, bien que faible, peut induire un sentiment de danger supplémentaire pour les animaux. Les routes et chemins secondaires ont été délaissées car elles ne traduisent pas forcément un sentiment de séparation et ne semblent plus inclus dans l'environnement.

Pour calculer le nombre de routes entre la forêt et les foyers interviewés, l'outil « Join attributes by location (summary) » a été utilisé dans QGIS à partir de la « couche des routes », représentant les routes digitalisées, et de la « couche des lignes foyers/forêt », représentant les lignes tamponnées (100m de large) les plus courtes entre les foyers et le refuge le plus proche.

Il n'existe aucune route principale entre les habitations et la forêt pour la moitié des foyers ayant participé à l'enquête sociale. Un tiers est séparé par une route principale et le reste (16,33%) par 2 ou 3 routes.

En analysant les tableaux de contingence, les routes semblent légèrement réduire la fréquence de venues des éléphants dans la zone de la PRA, mais pas pour les autres animaux. Le test d'hypothèse statistique n'a pas révélé d'association significative entre la présence de

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routes et la fréquence de visites de la faune sauvage, ainsi qu'avec l'occurrence de dégradations agricoles.

Contrairement à ce qui était attendu, les signes de présence humaine ne semblent pas intimider fortement les éléphants, les macaques et les sambars dans la zone de la PRA. Les sangliers montrent cependant une certaine disposition à côtoyer en priorité les espaces les moins denses en habitations humaines. La distribution des données sur les visites et les dégâts des sangliers et des sambars étant fortement asymétrique, les résultats obtenus sont à prendre avec prudence.

Ces résultats semblent aller à l'encontre de Rohini et al. (2016) et Gubbi (2012), qui trouvent une corrélation entre le nombre d'habitations et les dégradations agricoles au Kerala. La densité d'habitations est relativement faible dans la zone du PRA car cette zone est divisée en parcelles de 4000m2. Les habitations sont donc un peu éloignées les unes des autres et il n'y a donc pas de centre urbain à proprement parler, bien que l'on puisse observer une certaine forme de regroupements dans certaines parties. Cet étalement, additionné avec la végétation relativement haute de la zone, peut offrir à la faune des espaces de refuges immédiats dans une majorité des situations favorables, d'autant plus que les incursions sont majoritairement nocturnes. Il serait intéressant de prolonger l'étude en comparant les résultats entre l'utilisation des lignes tamponnées et une analyse à base d'une grille pour étudier plus profondément le lien entre densité d'habitations et conflits. Par ailleurs, Ananda Kumar et al. (2011) suggèrent que, dans le contexte du Kerala, ce n'est pas tant le nombre d'habitations et la présence de routes qui favorisent les conflits avec la faune sauvage, mais plutôt la fragmentation de leur habitat naturel et la qualité de la végétation à disposition.

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