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La pisciculture dans l'arrondissement de Fokoué (ouest Cameroun). Contribution à  l'anthropologie du développement.

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par Fabrice NEMPE MANGOUA
Université de YaoundeI - Master 2010
  

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5. La pêche

La pêche se pratique par une vidange. D'abord, elle consiste à vider toute l'eau de l'étang à travers un épais tuyau. Ensuite d'attraper les poissons qui se cachent dans la boue. Pour un étang moyen, il faut attendre environ deux heures pour que l'eau soit évacuée. Pendant ce temps, deux ou trois personnes sont placées à l'autre extrémité du tuyau pour attraper les poissons qui s'échappent. Une fois que l'étang est presque à sec, les pécheurs entrent dans la vase et à l'aide de paniers, ils capturent les poissons. Un procédé plus conventionnel requiert l'utilisation d'une senne (grand filet) tenue par cinq personnes. Deux aux extrémités et trois au milieu pour tirer la senne vers le bord. Une dernière personne se tient hors de l'eau pour récupérer les poissons. Ensuite, les poissons récoltés sont mis dans un récipient d'eau propre dans le but de les nettoyer et de les maintenir en vie, car il est important pour les clients d'acheter leur poisson encore vivant. Cela leur apporte une certaine assurance quant à la qualité de ce poisson. Les petits sont triés et renvoyés dans l'eau.

La vidange permet aux pisciculteurs de se procurer une quantité de poissons non négligeable. L'argent issu de la commercialisation de ce poisson permet de subvenir à une partie des besoins de la famille. Toutefois, il demeure toujours une difficulté : la vidange s'effectue une fois par an (entre le 24 et 31 décembre), ce qui représente une longue période d'attente pour profiter des bénéfices de la pisciculture. Un équipement de pêche tel que la senne ou la canne à pêche permettrait aux pisciculteurs de prélever par moment la quantité de poissons nécessaire pour satisfaire la commande d'un client, sans avoir à attendre la fin de l'année pour vidanger. En outre, lorsque la quantité de poissons récoltée dans les vidanges est importante et que la commercialisation est difficile, il se pose un problème de conservation. C'est ce qui amène les pisciculteurs à solliciter une formation dans les techniques de fumage. Ils pourraient à cet effet conserver leur poisson plus longtemps et surtout le revendre plus cher qu'à l'état frais.

Photo 6 : une séance de pêche à la senne (Nempe F. 2008)

Photo 7 : une séance de pêche par la capture à mains nues (Nempe F. 2008)

Photo 9

Photo 8

Photo 11

Photo 10

Photos d'une récolte de silure (photo 8), de carpe (photo 9), de tilapia (photo 10) et de « kanga » (photo 11)

6. Les croyances locales liées à la pisciculture

L'activité piscicole à Fokoué implique une cohabitation avec des êtres surnaturels. En effet, il ressort des entretiens avec des pisciculteurs qu'il existe des totems qui nuisent au développement de la pisciculture. (Ce sujet semble tabou car bon nombre de pisciculteurs nient leur existence. Seul deux d'entre eux en font mention dans nos entretiens). Nous avons ainsi pu répertorier un certain nombre d'élément qu'ils identifient comme des totems. Il y a le /mpehntse /qui signifie « le chien de l'eau ». Il est aussi appelé /mbúlù /qui veut dire « super ». Ce nom vient du qualificatif « super » communément donné aux chefs traditionnels en vertu du respect qui lui est du. C'est donc le totem du chef. Il s'agit de la loutre, un mammifère carnivore aquatique. Il peut atteindre 75 cm de longueur. Une longue queue, la tête large et plate, avec des oreilles courtes et arrondies ; le museau arrondi porte des narines latérales en forme de fentes. Les oreilles et les narines peuvent être fermées quand l'animal plonge. La fourrure est châtain, les pattes sont courtes mais puissantes, et les pieds palmés sont munis de griffes. Les loutres vivent dans des terriers, généralement situés au bord de l'eau et comportant une entrée sous l'eau. Elles mangent des poissons et de petits mammifères, des oiseaux, des grenouilles et des écrevisses. Cet animal nuit au développement de l'activité piscicole en dévorant les poissons dans l'eau.

Un autre totem fait référence à un serpent ánú qui est selon les pisciculteurs, envoyé par quelqu'un pour dévorer les poissons. La mise à mort de ce serpent entraîne la mort de son maître. A moins que ce dernier ne reconnaisse devant ses détracteurs qu'il est effectivement le maître du serpent. Ainsi on pourra lui sauver la vie en lui faisant consommer un mélange d'herbes préparé par une personne initiée. Il pourra donc regagner un autre serpent de la même espèce sans lequel il ne peut vivre. Cependant, l'efficacité de ce traitement est tributaire d'un délai d'exécution. Ce délai dépend de l'endroit du corps où l'animal a été frappé. S'il s'agit de la tête, il faudra rapidement agir en moins de trois jours. Sur les autres parties du corps, on dispose d'une semaine pour « reconduire » le totem.

L'arc-en-ciel nungem est également perçu comme un totem. Il agit à travers un petit lézard aquatique. Lorsque ce dernier veut sortir de l'eau, sa respiration dégage une grande chaleur qui peut être nocive pour les personnes présentes dans la zone de l'étang. Puis, une petite pluie survient et c'est à ce moment-là qu'il sort de l'eau. Sa respiration dégage une vapeur qui va donc former un arc-en-ciel. Ce lézard est nuisible dans la mesure où il est capable d'assécher complètement un petit étang. Les totems n'agissent pas seulement dans le cas de la pisciculture, ils interviennent également dans l'agriculture. Leur passage dans les champs rend les cultures rougeâtres puis sèchent complètement. En dehors de ces totems, on note aussi la présence de prédateur tel que le  ndòkfáòntse  c'est-à-dire le canard sauvage. D'autre l'appelle ngàmtsè  qui signifie la poule de l'eau.

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