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Le sacrifice de l'animal dans les sociétés africaines précoloniales: le cas des Mbo à  la lumière ds égyptiens anciens

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par Cédric Stéphane Mbah
Université de Yaoundé 1 - Master 2 en Histoire 2017
  

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2-L'institutionde la magie comme motif des sacrifices animaliers chez les Egyptiens anciens et Mbo précoloniaux

Les textes de Sarcophages décrivent la magie comme le Dieu des dieux, comme la puissance créatrice insufflant la vie à l'univers tout entier. Elle relie les dieux et les êtres dans une grande chaîne d'union. Ainsi, la magie était pour les égyptiens l'essence même de la religion, Héka étant antérieur même à la création des Dieux144(*).Cependant, en Egypte pharaonique, nous avons comme des « castes » des prêtres, des écrivains, des artisans etc, qui pouvaient se comprendre comme des personnes d'un secteur d'activité précis. Ces derniers étaient sous l'influence de Pharaon, chef religieux et accomplissaient leurs rôles sociaux tout en utilisant de la magie, qui estd'après Serge Sauneron, un fait social en Egypte145(*).

De toute l'histoire d'Egypte, il n'est ni scribe, ni prêtre ou sculpteur qui ne doivent à l'occasion recourir à la magie. Cependant, ces derniers exerçaient leurs arts en y ajoutant la force magique. C'est ainsi que le scribe de la « caste » des écrivains pouvait rédiger des textes dits magiques, l'artisan sculpter des amulettes ou bien des effigies auxquels il y introduisait de la puissance à travers la magie. Aussi le prêtre magicien pouvait exécuter les rites lié à la stabilité de l'Égypte à travers la magie. En occurrencele rituel des quatre boules qui est expliqué sur un papyrus du Metropolitan Museum de New York et sur les murs du temple d'Hibis dans l'oasis de Kharga est un exemple patent de la magie en Egypte ancienne146(*). Ce rituel était destiné à contrer l'ennemi du dieu Osiris (Seth) dont les attaques pourraient déstabiliser la sécurité égyptienne. Chaque jour étaient formé quatre boules d'argile ayant chacune, le nom d'une divinité gravée. Le rituel s'achevait par la projection de ces boules vers chacun des points cardinaux. Ces quatre boules représentaient Bastet, Sekhmet, Sechemtet et Ouadjet147(*). L'apothéose de ce rituelde lutte contre Seth, s'achevait par le sacrifice de l'animal sethien, substrat de Seth. Ce fut le cas à Edfou où, le prêtre magicien abattait, selon le calendrier annuel des sacrifices, un animal sethien et par ricochet le tuait par des rites magiques148(*).

Dans la société Mbo, les membres des sociétés sécrètes deviennent des magiciens par le fait qu'ils puissent commander des herbes à des buts précis, ou bien peuvent se transformer en « so'or m'be'ûeh », notamment ceux de la caste Mouankoum, pour exercer leurs fonctions. Toutefois, l'élévation d'une personne au rang supérieur dans ces sociétés secrètes donne droit à un sacrifice animalier149(*). L'animal à sacrifier est fonction du rang que l'on atteint d'après la hiérarchie de ladite société. Cependant, dans la société Mbo, les membres de la société secrèteMouankoum par exemple, deviennent par le fait de la magie, des maillons importants dans le quotidien des hommes, de par leur savoir technique, leur pouvoir qui se manifeste dans l'ésotérisme et l'exorcisme à travers les sacrifices animaliers.

2- L'exorcisme comme source du sacrifice chez les Egyptiens anciens et Mbo précoloniaux

Chez les anciens Egyptiens, la magie fut considérée comme une science exacte et associée étroitement à la médecine pour guérir ou prévenir les maladies. Sous l'ancienne Egypte, la notion de magie noire, blanche ou toutes autres nuances n'a pas court et apparaît plutôt comme le symptôme d'une pratique de la magie décadente. Cependant, il existe une forme de magie négative, dont la pratique est illégale car, celle-ci n'est pas conforme à la loi de Mâat et nuit à l'équilibre cosmique et sociétal.

Toutefois, dans la pensée négro-africaine, les ancêtres sont susceptibles de se courroucer contre leurs descendants, tout en provoquant la mise en branle d'un rituel thérapeutique fondé sur l'offrande et la prière150(*). Aussi le corps même de l'homme est susceptible de devenir le théâtre d'un conflit violent avec les dieux par le biais de la possession. Dans ce sillage, le sacrifice devient l'acte de recours qui assure l'expulsion d'un esprit pathogène ou étranger à l'homme. Pour y parvenir, la forme magique la plus forte du sacrifice sanglant s'associe au rituel d'exorcisme des possédés151(*). Ainsi, nous rejoignons l'idée déjà émise par Malinowski selon laquelle il existe un lien étroit entre la  magie et l'action.

Les mécanismes qu'utiliseront les prêtres pour exorciser un possédé c'est-à-dire le passage d'une divinisation abusive (possession maléfique) à la condition humaine normale, implique une animalisation provisoire. Ce procédé consiste à transférer l'agent pathogène au sein d'un animal qui joue en quelque sorte le rôle de substrat humain. Cette thérapeutique relève essentiellement de la magie qu'utilise le prêtre pendant le sacrifice animalier d'exorcisme. Cette technique était-elle utilisée en médecineégyptienne lorsqu'une personne était attaquée par les génies malveillants. Aussi, reconnaît Serge Sauneron :

Toute maladie comporte des symptômes physiques et un traitement approprié ; mais derrière cette apparence physique, qui ne traite que des effets, peut se cacher une cause immatérielle, qui, elle, est l'effet d'une volonté hostile, celle d'un dieu ou plus couramment celle d'un démon, revenant, esprit mauvais, génie malveillant. Si le médecin recours aux médicaments, le sorcier lui s'attaque à la cause du mal152(*).

C'est effectivement ce que font les prêtres exorcistes qui, en dehors de combattre le mal physique via la médication, ils font recours aux sacrifices animaliers pour combattre le mal à la source. Pour cela, le prêtre du Mouankoum va sacrifier un bouc pour chasser au loin l'esprit qui est à l'origine des morts subites dans la communauté Mbo en utilisant la force vitale ravivée qui habite en lui153(*)

Toutefois, il est judicieux de mentionner que, contrairement à la religion qui est une forme cultuelle ouverte et organisée, la magie quant à elle reste ésotérique. C'est pour cette raison que certains sacrifices animaliers revêtent un côté obscure qui reste soustrait à la vision de l'homme ordinaire mieux du profane. De ce fait, on avait les prêtres magiciens en Egypte antique154(*) ou encore les prêtres sacrificateurs chez les Mbo du Cameroun. Au demeurant, le profane posera des questions, comment les osselets d'un animal sacrifié pourraient-ils diagnostiquer la nature d'une maladie et déterminer la thérapie spécialisée auquel il faut faire appel, ainsi que le lieu où se déroulera la cure ? Ou bien, comment la chair de l'animal sacrifié procure-t-il le moyen d'exorciser pour de bon les forces mystérieuses des esprits? Pour cela, il lui reviendra de pencher vers les initiés afin d'avoir des réponses justes et fondées dans la magie des sacrifices animaliers. En revanche, Comme l'a si bel et bien remarqué Albert de Surgy155(*), même si le sacrifice est accompli pour des motifs personnels, magiques ou religieux, il n'en demeure pas moins que le résultat de son acte finit par rejaillir sur la collectivité elle-même dont le sacrifiant fait partie. En ce sens, le sacrifice est une occasion de sceller l'union du particulier et du collectif ou bien la société dans laquelle il vit.Les sacrifices animaliers par cette interférence, trouveront leurs fondements dans un contexte de société.

C- LES MOBILES DU SACRIFICE DE L'ANIMAL LIES AU CONTEXTE SOCIAL CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO PRECOLONIAUX

L'histoire des mentalités est à même de nous révéler aujourd'huiles aspects singuliers relatifs à la prévention des transgressions communautaires et le maintien de la paix sociale en Afrique. Il s'agit des alliances sacrificielles ou pactes de sang, universellement pratiqués dans les sociétés africaines traditionnelles156(*). On a parfois défini la paix comme étant l'absence de guerre. Les traités de paix ordinaire mettent fin à la guerre présente, mais non à l'état de guerre. Par contre l'implication d'une sacralité, à travers l'immolation sanglante réalise la disparition du «double» formé par la mauvaise entente. On aboutit alors à cette paix véritable, désignée par Paul Valéry en des termes de «paix de satisfaction157(*)» qui établit, dans une confiance générale, des rapports de paix durable, voire perpétuelle entre les hommes en communautés, gage d'une cohésion sociale.

1- Les raisons des alliances sacrificielles de la paix sociale chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux

Les alliances sacrificielles revêtent toujours un aspect à la fois ésotérique et théâtral. Une raison parmi tant d'autres est de rendre patent et d'imprimer dans la conscience collective, un état d'entente cordiale valable pour les générations présentes et avenir. On peut souligner que lors de ces sacrifices, aucun document écrit ne peut enregistrer ni égaler de semblables procédures, du fait du châtiment immanent à toute dénaturation ou transgression des actes sacrificiels dans l'univers négro-africain. C'est le cas de l'alliance scellé à Koupé entre les fils de l'ancêtre éponyme Ngoe après une guerre qui les opposait suites à des raisons jusqu'ici inconnues tel que nous le confirme Gaston Charles Njalla notre informateur158(*).

En Afrique noire, comme nous l'apprendThierno Bah159(*) nombreux sont les peuples qui ont noué des alliances sacrificielles. Dans une étude remarquable sur les Anyi-Ndenye de Côte d'Ivoire, Claude Hélène Perrot révèle quelques rituels accomplis pour conclure des alliances160(*). C'est ainsi que les groupes Abrade et Akye, pour ramener une paix durable dans leur zone frontalière, lieux d'une guerre intestine, ces derniers ont «pris fétiche» (amwà), par lequel, ils devinrent «frères» après des alliances sacrificielles consentis. C'est grâce à une cérémonie religieuse de sacrifices des animaux pour les divinités que l'alliance fut conclue. Un breuvage, spécialement préparé, fut consommé avec solennité par les participants. Chacun des contractants invoqua le protecteur de sa collectivité et lui offrit libations et sacrifices. L'alliance ainsi conclue assurera la sécurité des deux groupes, tout en dissuadant de toutes velléités agressives, afin de favoriser singulièrement la libre circulation des personnes et des biens sur l'artère privilégiée que constitue dans la région, le fleuve Comoé. Une alliance similaire, symboliquement exprimée dans un contrat religieux, a été identifiée par Eschlimann chez les Abron, les Baoulé et les Baraba de Côte d'Ivoire. Ils «font fétiche», c'est-à-dire qu'ils consacrent leur alliance par un rite scellé dans le sang d'une victime immolée161(*) afin de préserver la paix entre ces deux peuples qui se déchirent, mais pourtant frères.De ces alliances ou pactes sacrificiels, une raison parmi tant d'autres est de rendre patent et d'imprimer, dans la conscience collective, un état d'entente cordiale, valable pour les générations présentes et à venir. Pour cela, les pactes consentis par les membres se présenteront comme des clauses dont la transgression conduit inéluctablement à un châtiment irrémédiable pour quiconque passe outre ses termes.

2- Les raisons du sacrifice liées à la mort chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux

Plus souvent, le sacrifice est explicitement une divinisation, une apothéose, ou encore un véritable « cadeau » non pas aux dieux mais à une personne. Les pratiques funéraires relèvent de la même logique.Bien que cela soit maintenant assez implicite et que le lien avec la divinité soit moins vu,les pratiques funéraires incluent parallèlement les sacrifice-offrandes. Au demeurant, l'accès au statut d'ancêtre est très important pour l'Homme Egyptien et Mbo. L'accès à ce statut ne peut être possible que si le défunt est pourvu des offrandes à lui faites par les vivants. Ces offrandes à travers les sacrifices animalierspermettront au défuntpar la circonstance de figurer dans le panthéon des divinités du lignage ou de la communauté dont il faisait partie. Les sacrifices permettent alors de manifester le sentiment de reconnaissance à l'égard d'un parent ou un collatéral qui devient ainsi une action de grâce sacrificiel à un défunt divinisé ou un ancêtre. Ainsi, le sacrifice d'un animal de choix pendant les funérailles d'un homme chez les Mbo, est clairement un acte d'hommage pour que le défunt s'en aille, comme une personne entièrement accompli, mais surtout pour que le défunt ait la capacité, les forces nécessaires pouvant lui permettre de traverser toutes les étapes le conduisant vers la félicité de sa vie post mortem.

Pendant les rituels d'ouverture de la bouche du défunt chez les Egyptiens anciens, les prêtres embaumeurs procédaient àl'abattaged'un taurillon dit taureau-nag162(*) afin de donner voix au défunt163(*). Dans cette perspective, le bovidé étant le substitut du dieu Seth, l'assassin d' Osiriset par assimilation, le responsable de la mort du défunt164(*). Pour redonner voix au défunt,une patte avant du taurillon est coupée par le prêtre. En courant, un autre prêtre porte le cuisseau encore palpitant de vie vers la bouche de la momie. Ce geste est suivi par la présentation du coeur de l'animal165(*). Cet abattage ne vise pas à alimenter la momie mais à l'animer en transmettant la force vitale du jeune bovidé au le défunt166(*). Après cela, des gestes rituels mettent en contact la bouche, les yeux et les oreilles de la momie avec de nombreux objets liturgiques inspirés par les outils des sculpteurs ( herminettes, ciseaux, polissoirs, etc.). Tous ces gestes, sacrifices et passes magiques, sont dédoublés : la première fois pour la Haute-Égypte, la seconde fois pour la Basse-Égypte167(*). À la fin, la momie est placée dans son tombeau et commence à bénéficier du service des offrandes funéraires afin qu'ils puissent devenir des imâkhou168(*) (esprits glorifiés, morts bienheureux). Si Anubis est surtout connu pour ses fonctions funéraires dès ses origines, il est aussi assigné à la pratique du sacrifice des bêtes à corne qui constitue pour cela le point d'orgue des rituels funéraires en Egypte comme nous l'apprend le récit mythologique du Conte des deux frères169(*).

3- Les fondements liés au contrat social ou au communautarisme chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux

Thomas Hobbes voyait muabilité humaine en affirmant que, l'homme dans son essence, se caractérise par la violence gratuite170(*). Ainsi, la société depuis les origines l'humain a planté le décor d'un terrain propice et favorable à la cruauté. De ce fait, la vie en société devient une étape où la crainte d'être tué se succède au besoin de vivre. Pour faire cesser cette situation où l'homme pourrait être un loup pour l'homme, les hommes trouve donc pour moyen, d'aliéner tous, leur liberté naturelle mu par l'instinct de guerre, puis de transférer à un souverain, toutes leurs forces individuelles afin que ce dernier l'utilise sur quiconque tentera de transgresser le contrat établis. Ceci au nom de la paix et la stabilité dans les relations intra-humaines. C'est la naissance des sacrifices animaliers où l'animal consacré se substituera en souverain dans les relations entre les hommes après des rites sacrificiels réalisés par ces derniers en guise de pacte, dans le souci d'avoir une société où il fera bon vivre dans les rapports sociaux.

Dans certains rapports sociétaux, le sacrifice de l'animal devient l'élément par lequel, les hommes établissent leurs contrats sociaux. Dans cette perspective, les sacrifices deviennent sans ambages, des alliances de non agression dont l'enjeu est la fidélité réciproque à une décision collégialement consentie. C'est pour cela que dans les rapports sociaux, l'homme ayant entrepris un pacte, prenait des dispositions remarquables, afin de ne point tomber à la transgression des clauses établis. Ces contrats sociaux à travers les sacrifices des animaux étaient une façon de prévenir et de préserver la sécurité dans la communauté. C'est le cas des sacrifices qui se faisaient dans les rapports de mariage par l'immolation d'une chèvre chez les Mbo171(*). Aussi, lorsque homme concédait une parcelle de terre à une tierce, en contre partie d'une chose de valeur égale ou moindre, le contrat se faisait par l'immolation d'un coq172(*), comme pour établir un pacte.

Par ailleurs, nous n'avons retrouvé nulle part les indices des sacrifices animaliers dans les rapports intra-humains chez les Egyptiens, néanmoins, le constat qu'on peut faire, c'est que, les sacrifices des animaux chez les Egyptiens anciens ou chez les Mbo, trouvent leurs fondements dans le souci pérenniser la vie, en combattant les forces destructrices. Chez les Egyptiens anciens tout comme chez les Mbo, les sacrifices des animaux se réalisaient pour les mêmes raisons, à savoir, ceux de la cohésion sociale, de la croissance normale des plantes, de la multiplication des Cheptels, de la neutralisation des rebelles, de la sécurité des frontières etc.173(*), mais surtout à des fins magiques et au recours à la perpétuelle collaboration du divin pendant certaines circonstances particulièrement grave.

II- CIRCONSTANCES, ACTEURS ET EXIGENCES DU SACRIFICE DE L'ANIMAL CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO PRECOLONIAUX

La plupart du temps, le sacrifice de l'animal dans les sociétés Mbo et égyptienne n'est pratiqué que dans les circonstances bien particulières. Ces circonstances peuvent concerner la famille ou la communauté entière et peuvent être malheureux ou de bonheur. C'est ainsi que loin d'être exhaustive nous avons recensé des cas liés aux morts subites, à la succession des mauvaises récoltes, la recrudescence des maladies, les naissances, des mariages lors du décès des dignitaires, etc dans la société égyptienne et Mbo. L'exécution de ces sacrifices feront inéluctablement appel aux prêtres qui, spécialiste dans le domaine officieront en faveurs des hommes. Ces derniers, seront tenus à observer et à respecter scrupuleusement les règles y afférent afin que les sacrifices atteignent les buts escomptés.

A- CIRCONSTANCES DU SACRIFICE DE L'ANIMAL CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO PRECOLONIAUX

Dans cette rubrique, il sera question pour nous de présenter les circonstances liées au décès des dignitaires, de recrudescence des maladies, morts subites et mauvaises récoltes pour n'en citer que ceux-ci.

1- Le cas des sacrifices liés au décès d'un dignitaire dans la société égyptienne et Mbo précoloniale

Christiane Desroches-Noblecourt reconnaît que : « la mort de tout Pharaon pouvait entrainer une rupture de l'équilibre cosmique et sociale dont il est essentiel d'éviter les incontournables conséquences174(*) ». Pour éviter la rupture de cet équilibre et par conséquent le désordre social, les Egyptiens anciens procédaient aux sacrifices d'animaux pour maintenir pérenne l'équilibre établi par le démiurge. Ainsi, Pharaon considéré comme le seul à pouvoir approcher de près le Divin, leneter175(*). Le mort pouvait également se confondre à dieu selon la pensée thanatologique égyptienne. Pour cela il se devait d'être nourri des offrandes après sa mort afin de consolider au mieux, avec les autres divinités, le contrôle de l'équilibre cosmique et social. De ce fait, les hommes se chargeaient de lui faire des sacrifices pour que le roi soit apaisé et qu'il ait les forces nécessaires dans le maintien de l'ordre cosmique. C'est la raison pour laquelle lors du rituel d'embaumement, un taureau se faisait sacrifier afin de redonner au défunt les énergies nécessaires pour continuer sans embuche son existence post mortem. Chez les Mbo, la fin du deuil d'un dignitaire (Chef de famille, Chef du village, dépositaires de la tradition...), il s'en suit toujours par les rites sacrificiels d'animaux, une sacralisation du défunt au statut de l'ancêtre.

En revanche, chez les négro-africains en général et chez les Mbo en particulier, il est important de souligner qu'on ne fait pas le sacrifice de l'animal pour tous les défunts, car comme le précise Dominique Zahan :

L'ancêtre est d'abord un homme parvenu à un grand âge, ayant accumulé avec longévité une profonde expérience des hommes et des choses. On l'oppose ainsi aux personnes peu avancées en âge, à celles que la crédulité et l'inexpérience de la vie classe dans la catégorie des enfants et des jeunes ; à ceux-là habituellement, on n'accorde pas des funérailles exceptionnelles, ils ne recevront jamais « un culte »176(*) 

C'est pour cette raison que, lorsqu'un individu décède chez les Mbo, on organise immédiatement des funérailles. C'est généralement le troisième jour après son enterrement que le sacrifice d'un animal est exécuté. Le sacrifice de l'animal est dans ce sillage, une porte d'accès au statut d'ancêtre. S'agissant d'un dignitaire de haut rang, l'animal à mettre à mort est généralement un bouc, de préférence barbu. Toutefois en Egypte ancienne, les dignitaires étaient représentés par les boucs barbus177(*) 178(*).Le sacrifice de l'animal pendant le décès d'un dignitaire correspondait à tuer symboliquement la mort. Cependant, dépecerpuis manger la chaire de l'animal revenait à reconstituer par les rituels magiques,le défunt comme l'avait fait Isis pour Osiris aprèsl'assassinat et ledépècement de ce dernier par son frère Seth179(*). Ces types de sacrifices rejoignent ce qu'on pourrait qualifier de sacrifice d'apothéose180(*). Ceci pour aider le défunt de se diviniser par l'entremise des hommes et afin d'éviter que le défunt-dieu ne se mette en colère contre les vivants.

2- Le cas des sacrifices liés aux mauvaises récoltes chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux

Lorsque la production agricole baisse considérablement dans la communauté pendant plusieurs années, Le Mbo attribue le phénomène à l'action des forces du mal ou des personnes maléfiques. Ces personnes sont accusées soit d'utiliser les forces surnaturelles pour s'arroger de la production des autres à leurs détriments, soit pour se nourrir clandestinement ou pour le simple désir de faire du mal181(*). Certaines descultures qui poussent dans les champs de ces malfaiteurs, utilisent une énergie mystique pour attirer les substances nutritives des champs environnants182(*), tout en appauvrissant ces derniers. De même les animaux dévastateurs appartenant à des malfaiteurs pillent mystiquement de nuit les champs des autres pour se nourrir183(*). Après le constat d'une telle situation par les membres du Mouankoum, il se dit qu'il existe dans la communauté des personnes détenteurs des totems maléfiques qui leurs permettent de dévorer les récoltes ou encore du « N'ju'ul » pour augmenter de manière mystique leurs production au péril des autres.

La situation des mauvaises récoltes peut être la conséquence du courroux des ancêtres gardiens qui, du fait de la non exécution des rituels sacrificiels laissent à vau-l'eau la communauté, à la merci des ennemis qui à leur tour chercheront à plonger cette dernière dans la famine via la dévastation des cultures. Une annéeselon nos informateurs a fait l'objet de ces mauvaises récoltes en ce qui concerne la culture de taro dans les régions du peuple Mbo. Au moment où les autres régions n'étaient pas menacées du phénomène d'assèchement des feuilles de taros cultivés. Face à cette situation les Mbo souffraient du manque à gagner dans leurs moissons. Pour remédier à cette situation désagréable chez les Mbo, les sacrifices communautaires se sont exécutés au lieu dit Koupé par les dépositaires de la tradition mieux « ba'a mbo'o » de la caste Nkoum. Ces sacrifices selon nos informateurs nécessitent précisément l'immolation de neuf chèvres, neuf coqs et tout autre chose au nombre de neuf pour accompagner le rituel184(*).

Chez les Egyptiens anciens, les sacrifices animaliers se faisaient pour apaiser le dieu du Nil « Hâpy » afin que ce dernier pourvoitaux bonnes récoltes via la stabilisation des eaux du Nil, don de Dieu pour les Egyptiens185(*). Toutefois Jean Yoyotte, reconnaît que :

Le rituel prescrivait de jeter au fleuve des pâtisseries, des bêtes sacrifiées, des fruits, des amulettes pour éveiller et entretenir la force de la crue et aussi des figurines féminines, afin de provoquer lerut du grand Nil aux vagues puissantes qui se lancent sur la terre et engendrent l'Egypte186(*)

Cependant, ayant connu la famine qui durât sept ans, les Egyptiens anciens n'étaient plus à même de considérer les sacrifices animaliers comme une affaire facultative, mais plutôt comme l'élément essentielle pour la stabilité sociale et cosmique. Pour ne plus arriver aux crues débordantes et dévastatrices du Nil ou bien à l'étiage du Nil187(*). Il était donc nécessaire et même capital pour les Egyptiens anciens, de faire des sacrifices animaliers ou mieux de faire offrandes au dieu Hâpy188(*). Il étaitégalement bénéfique pour les Mbo de faire des sacrifices des animaux aux ancêtres de la communauté, afin d'avoir les bonnes récoltes.

3- Circonstances de la recrudescence des maladies et des morts subites chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux

Les maladies auxquelles l'on fait allusion sont celles dont souffrent habituellement les hommes mais auxquelles sont intégrées la dimension sorcière et une guérison difficile (maux de tête, de ventre, courbatures, fièvre, etc.). Lorsque ces maladies deviennent endémiques pour la communauté, il devient nécessaire d'exécuter les sacrifices afin d'endiguer le phénomène qui a pris une allure maléfique. T. Tsala cité par Laburthe-Tolra et Warnier189(*) fait remarquer qu'en ce moment, aucune maladie n'est plus considérée naturelle, mais attribuée plutôt à la malveillance d'un être, d'un mort, d'un génie, d'un ennemi ou bien d'un parent irrité, d'où la mise en relief d'un enchevêtrement des causalités d'un mal ou d'une maladie. Pour cela les dépositaires de la tradition ou prêtres chez les Mbo, organisèrent les rituels sacrificiels de purification de la communauté190(*) et de prévention des ces épidémies.

Toutefois, lorsque des personnes meurent sans être malades, de suites de noyade, ou bien par pendaison, on parle de mort subite191(*). Très souvent les raisons sont mal connues et restent attribuées aux esprits maléfiques. On sait que la cause d'une mort peut être la noyade, la pendaison mais la raison mal connue. Les victimes décident sous un entêtement bon gré ou malgré de se passer la corde au cou, ou suite à un problème de se jeter à l'eau. On dit alors que les victimes sont sous l'emprise des esprits maléfiques. Pour mettre hors d'état de nuire ces esprits, cela induit une protection ou un « blindage » qui doit se faire avec l'immolation d'un animal dont le plus souvent un poulet192(*). C'est ainsi que les égyptiens anciens utilisaient la magie pour se protéger via les talismans, les amulettes faits des ossements ou des parties des animaux pour protéger le corps de toute atteinte pernicieuse193(*).

Se faisant,pour que ces sacrifices aient une portée en faveur des hommes, il s'en suit que le sacrifice de l'animal est un acte soumis à un certain nombre de règles que la société se doit de respecter. De ce fait, il ressort que le sacrifice de l'animal est un rite qui s'exécute par une personne connue, en un lieu donné et un temps bien indiqué. C'est pour cela qu'on observera comme un schéma sacrificiel bien établit dont, il revient à présenter les acteurs et les exigences y afférents.

B- ACTEURS ET EXIGENCES DU SACRIFICE DE L'ANIMAL CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO PRECOLONIAUX

L'organisation d'un rituelsacrificiel de l'animal dans l'univers égyptien ancien et Mbo précolonial demande la participation de plusieurs acteurs pour sa réalisation. Il s'agit d'une part des vivants et d'autre part des divinités qui doivent entrer en contact à travers un moyen qui est de ce fait une victime animal. Ce contact selon les circonstances doit se faire en un lieu donné et en un temps indiqué. Cependant, les acteurs sont soumis à observer les exigences liées aux rites sacrificiels des animaux, afin d'assuré son efficacité.

1- Les acteurs et compléments du sacrifice de l'animal chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux

Parmi les acteurs du sacrifice nous pouvons recenser ceux du monde invisible ou spirituels dont les divinités, ceux du monde visible ou matériel dont les hommes, l'animal, et les compléments de sacrifices.

a- Les divinités

Dans la pensée égypto-africaine, les divinités sont des acteurs qui intercèdent pour les Hommes auprès de Dieu suprême en vue d'obtenir certaines faveurs. Les sacrifices leurs sont offerts et en retour, ils offrent des évènements heureux, protègent la communauté des esprits maléfiques. Leur rôle consiste à organiser l'équilibre des forces spirituels, afin d'assurer le maintien de l'ordre métaphysique et social. Ce sont les ancêtres dans la société Mbo ou les dieux des temples chez les Egyptiens.

Cependant dans la société égyptienne ancienne, nous avons la présence de plusieurs dieux qui étaient rattaché à « Râ ». Ainsi chaque nome, chaque groupe sacerdotal avait sa croyance ou mieux son dieu. Toutefois, que le dieu appartienne à une cité puissante ou débile, celui-ci possède toujours un potentiel, une force vitale qui fait de lui un ntr194(*) de même nature que ses voisins des grandes métropoles égyptiennes. En lui, réside cette force anonyme et impersonnelle qui se trouve dans chacun des êtres divins, sans pourtant se confondre avec aucun d'eux195(*). Chaque être divin conserve sa part du ka. Cependant les offrandes sacrificielles sont offertes à chaque dieu du temple afin de maintenir l'équilibre cosmique196(*). Nous pouvons ainsi conclure que les divinités sont les êtres transcendantales, les ancêtres ou bien les dieux « ntr» qui se confondent au Dieu suprême « Rê »dans la théologie héliopolitainne chez les Egyptiens ou «Son meuh yèmeuh » chez les Mbo précoloniaux. Ces entités spirituelles dans les sacrifices animaliers, entrent en contact avec le monde matériel par le biais d'un animal, pour arriver à la dialectique monde visible-monde invisible. Ainsi nous retenons deux dimensions transcendantales dont Dieu créateur et les ancêtres qui sont les relais des dieux.

b- Le sacrifiant

Précisons qu'un individu ou une collectivité peut être auteur d'un ou plusieurs sacrifices animaliers. D'ailleurs Jean-Marie Tremblay qui a étudié l'oeuvre de Henri Hubert et Marcel Mauss, illustre bien à cet effet que :

Le sujet qui recueille ainsi les bénéfices du sacrifice ou subit les effets. Ce sujet est tantôt un individu et tantôt une collectivité, famille, clan, tribut, nation, société sécrète... Quand c'est une collectivité, il arrive que le groupe remplit collectivement l'office de sacrifiant, c'est-à-dire assiste en corps au sacrifice ; mais parfois aussi, il délègue un des ses membres qui agit en ses lieu et place. C'est ainsi que la famille est généralement représentée par son chef, la société par ses magistrats197(*).

Les cérémonies sacrificielles des animaux organisées officiellement par l'État avaient une importance autant politique que religieuse.

c- Les sacrificateurs

Les sacrificateurs sont les officiants des sacrifices des animaux, ceux-ci ont la capacité de voyance et une certaine puissance pour détecter le mal et le guérir198(*). Le sacrificateur se recrute parmi les dépositaires de la tradition chez les Mbo. Après désignation, ils deviennent des prêtres comme chez les Egyptiens où nous avons les « prêtres sacrificateurs qui étaient chargés d'égorger les bêtes consacrées à l'offrande dans l'Egypte ancienne199(*)». C'est en faite les prêtres sem qui seront accompagnés des prêtres lecteurs chargés de lire les textes sacrés qui ouvrent et clôt le rite sacrificiel.Plusieurs sources, en particulier les inscriptions tombales, décrivent les prêtres sacrificateurs vêtus d'une peau de léopard pendant qu'il est entrain d'exercer sa fonction. Cependant, il serait probable comme le pense Richard Lejeune, que lors de certaines cérémonies, les prêtres revêtaient une tenue symbolique du dieu auquel était dédié le sacrifice200(*).

À l'origine, le prêtre-Sem était un membre du clergé de Ptah à Memphis chargé de l'habillage des statues divines. Cet officiant est aussi devenu le chef du clergé de Sokaris, le dieu faucon momifié, une divinité funéraire très tôt assimilée à Osiris201(*). À travers cette fonction, le Sem est devenu l'un des principaux acteurs du rituel de l' ouverture de la bouche pratiquée sur les défunts momifiés le jour de la mise au tombeau. D'ailleurs cette étape de l'ouverture de la bouche du défuntfaisait office du sacrifice d'un taureau dit taureau-mag.

Photo 1: Prêtre sem pratiquant le rituel d'ouverture de la bouche de la momie du défunt

Source : R. Lejeune,« rituel d'ouverture de la bouche », http://www.egyptos.net/, consulté le 02 mai 2015

Photo 2: Les prêtres chez les Mbo

Source : Album Photo Arthur Essoh, Photographe, Mbouroukou le 23 Décembre 2015

Ces prêtres chez les Mbo sont généralement les représentants de la communauté dans le cadre des sacrifices collectifs. Ils officient en qualité de prêtre lors d'un sacrifice individuel.Ce sont « ba'a mbo'o » ou bien, les dépositaires de la tradition. Ces derniers officient de manière mystique pour l'intérêt de la communauté comme nous l'avons mentionné plus haut.

d- Le sacrifié

Si au départ, ce sont essentiellement les animaux sauvages qui étaient sacrifiés en offrande aux divinités, comme c'était le cas pendant la période prédynastique, la diffusion des animaux domestiqués au Proche Orient fit de ces derniers, les principales victimes sacrificielles dans les rituels égyptiennes à partir du Nouvel Empire202(*).La victime animale qui se présente comme l'élément à sacrifier, peut faire l'objet d'un sacrifice sanglant ou non sanglant. Cependant, il y a une catégorie d'animaux impurs que les hommes écartent des sacrifices. Cette discrimination dépendait des considérations qu'on faisait de l'animal et des croyances auxquelles une cité attribuait l'animal. Il s'en suit qu'on retrouve un autel sur lequel le sacrifice se réalise, ces autels sont dans les temples, les bosquets, les tombes etc. Ces lieux énoncés, sont considérés comme résidences des dieux chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux. Nous remarquons qu'ici, les acteurs sont recensés parmi les sacrifiants, les sacrifiés et les destinataires.

e- Les compléments du sacrifice

Les compléments du sacrifice sont les éléments qui participent à la réalisation de ce dernier et dont les rôles et la symbolique ne sont pas des moindres dans la société égyptienne et Mbo précoloniale. Ce sont les végétaux constitués d'herbes et écorces sacrées comme le roi des herbes (Oxilia barrelieri, Ageratum conizoides), du jujube (anarcadium indica), les raphias, le vin et l'huile de palme pour libations aux ancêtres, les matériels comme le couteau ou des couteaux apotropaïques et les baguettes en forme de cobra chez les Egyptiens sont tout particulièrement associées à Héka203(*). Nous avons également les formules rituelles qui étaient incontournables dans les sacrifices animaliers. On les retrouve dans divers documents, principalement le Livre des Morts chez le Egyptiens. C'est également l'occasion pour les sacrifiants d'apporter aux divinités des offrandes végétales (céréales, fruits, fleures) et liquides (bière, parfum...) qui seront accompagnées des chants et prières. Cependant, chez les Mbo, un repas spécialement fait par les femmes ferme le sacrifice avec pour leitmotivs, la communion des acteurs ayant pris part au rite du sacrifice de l'animal. Toutefois, le reste de nourriture devra faire l'objet d'une consumation au lieu où le sacrifice fut réalisé. Cette restriction fait d'ailleurs partie des exigences du sacrifice, qui doivent être respectées afin de s'assurer de l'efficience de ce dernier. Ainsi, pour mieux saisir la place des acteurs et leurs interactions dans le sacrifice animalier, l'on pourrait probablement trouver lecture facile à travers le schéma ci-dessous matérialisé.

Schéma 5: Récapitulatif des acteurs d'un sacrifice animalier

Source : « Les offrandes », www.getpart.php.htm#Noteftn212, consulté le 15 mai 2015

De ce schéma, il ressort que les sacrifices initiés par un groupe ou une personne font appel à un prêtre sacrificateur, afin d'immoler un animal en un lieu précis ou autel. Ces sacrifices seront transmis aux ancêtres qui, à leur tour, conduiront les sacrifices vers le Dieu tout-puissant. De ce fait, il se dégage que, les sacrifiants, prêtre, victime et l'autel sont du monde visible tandis que les ancêtres et Dieu sont du monde invisible. Cependant, nous avons deux mondes qui essayent de se mettre en contact à travers une victime animale : les vivants et les divinités. Le schéma laisse aisément entrevoir, par le sens des flèches, une dialectique qui se lit sous l'angle de donnant-donnant. Ainsi, les acteurs se placent dans une interaction jalonnée d'exigences militant pour l'efficacité des sacrifices sanglants ou non sanglants des animaux selon les circonstances dans les sociétés égyptiennes et Mbo précoloniales.

2- Exigences du sacrifice des sacrifices animaliers chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux

Les exigences auxquels sont soumis les acteurs du sacrifice de l'animal dans la société égyptienne ancienne et Mbo précoloniale, militent pour l'efficacité du sacrifice dans les buts escomptés par le sacrifiant ou le groupe sacrificateur. Il relève au demeurant de l'hygiène des acteurs jusqu'aux exigences spatio-temporelles.

a- Des règles hygiéniques des sacrifices animaliers chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux

En Egypte antique, le prêtre, avant tout rituel était astreint à un certain nombre de règles. Selon Hérodote, ce dernier devait :

Faire ses ablutions, deux fois le jour et deux fois la nuit ». C'est la condition de base d'admission d'un égyptien dans un sanctuaire, d'autre part, le prêtre devait être rasé, tondu et épilé, il devait être circoncis, ce qui n'était pas le cas des laïcs , il devait encore s'être abstenu de toute relation sexuelle pendant sa période d'activité dans le temple, ne pas avoir enfreint l'interdit religieux spécial au dieu de sa ville tabou alimentaire ou action prohibé et n'être vêtu que d'une étoffe pure de lin, à l'exclusion de tout fil de laine et de tout cuire ayant appartenu à un animal vivant204(*).

Ces exigences sont également faites à l'officiant du rituel dans la société Mbo. Car celui-ci devait s'abstenir de toute relation sexuelle quelques jours avant le sacrifice de l'animal. Il doit être membre de l'une des sociétés secrètes ou bien dépositaire de la tradition et parfois même le doyen de ces dépositaires de la tradition lorsqu'il s'agit d'un sacrifice collectif. Après le sacrifice, le prêtre rentré chez lui, se doit de faire des ablutions ou laver son corps205(*) avant d'avoir des rapports sexuels avec sa femme, au risque d'avoir une progéniture monstrueux (enfants siamois, enfant alité, etc). En revanche, ceux qui ont été purifiés doivent également observer une période de trois à quatre jours avant prendre un quelconque bain206(*). Bref il est interdit de se laver jusqu'au troisième jour à partir du jour du rituel sacrificiel d'expiatoire, de peur d'anéantir la puissance ou l'efficacité du sacrifice de l'animal.

Dans la même vision des exigences liées aux sacrifice des animaux, une fois la décision de l'organisation du rituel sacrificiel communautaire prise, les femmes du village se doivent d'apporter du bois longtemps mis à l'abris des intempéries ou mieux qui à longtemps été placé à l'entrepôt du bois de la cuisine traditionnelle et, ceux de couleur noircit par le fumée. Ce bois servait lorsquenécessaire à la braise de la viande de l'animal sacrifié207(*).

a- Des restrictions spatiales

Selon une croyance générale chez les négro-africains, les ancêtres habitent le « village des morts » situé le plus souvent au caveau familial ou mieux au cimetière. Toutefois, il y a l'idée d'un long voyage à effectuer pour rejoindre un « pays des morts » lointain. Néanmoins, pas de rivière à franchir, pas de montagne à gravir : C'est le cimetière-même qui constitue le « village des morts ». De là, les défunts y mènent une existence qui est l'exacte réplique de celle qu'ils ont connue dans de leur vivant. Comme semble indiquer le jeu maîtrisé de la construction des tombes égyptiennes, cela confirme à merveille l'idée d'une vie post mortem qui a lieu dans la tombe, affectant la forme d'une « case » avec une « cour » nettoyée : c'est la pyramide. Dans ces Pyramides ou ces cimetières, les hommes déposaient des offrandes sacrificielles à l'honneur des défunts208(*). Ces derniers en avaient besoin pour continuer leur existence à l'au-delà et conduire les doléances des vivants auprès du Dieu suprême. Lorsqu'il s'agissait d'un sacrifice communautaire chez les Mbo, le chef de la communauté mettait en oeuvre des procédures rituelles d'exception. Pour cela, il faisait appel aux sociétés initiatiques ou secrètes de la communauté (Mouankoum, Nkoum, Ahon...), lesquelles, à travers les cimetières, entraient en contact avec les morts ou mieux les ancêtres afin déposer les doléances de la communauté.

Au demeurant, s'agissant du sacrifice individuel, le cadre retenu pour le rituel doit être la concession du sacrifiant lorsqu'il s'agit surtout d'un sacrifice d'expiation d'un sort comme ebe'e chez les Mbo. Le repas qui accompagnait ce rituel sacrificiel d'expiation se devait d'être consommé dans la concession du concerné, de préférence dans la cour. Rien ne devait sortir du cadre indiqué.Passer outre ces recommandations, le fautif s'attirait la malédiction de la part des ancêtres209(*).

Notons cependant que c'est selon nos informateurs derrière la maison du concerné qu'on devait jeter le reste de nourriture. Ainsi, le fait d'utiliser le derrière de la maison pour jeter le reste de nourriture ou des déchets voudrait signifier que le malheur est rejeté aux esprits maléfiques et par la circonstance, on faisait appel au secours des ancêtres, pour le bon rétablissement du sacrifiant et partant, de la société210(*). Pour cela Paul Ulrich Otyé Elom reconnaît que, « tout d'abord c'est du derrière que le mort s'en va au royaume des ancêtres ; c'est à partir de là qu'on lui dit au revoir [...] Mais aussi, c'est de derrière que s'en va le malheur211(*) ».

Il ressort que les sacrifices chez les Egyptiens anciens et Mbo précolonial se réalisent à la frontière entre le village des ancêtres et celui des vivants. Le lieu où les morts se faisaient enterrer constituait la frontière entre lesdits villages. Nonobstant ces tombeaux, les Egyptiens réalisaient également les sacrifices des animaux dans les temples car, y résidait également les dieux212(*).

b- Le temps indiqué

Dans la conception égyptienne du cycle complet de l'année, la saison sèche représente la période mâle et la saison pluvieuse, la période femelle dont la conjuration donne naissance aux enfants comme les plantes, les animaux, la crue du Nil213(*) etc. La conception saisonnière également établie chez les Mbo est un jeu complet de correspondances qui rend opérationnel l'organisation les sacrifices des animaux. Ainsi les Egyptiens sacrifiaient des animaux aux dieux lors des fêtes de débuts des saisons aux épisodes agraires (semailles moissons, crue)214(*). Chez les Mbo, les sacrifices rituels de routine avaient généralement lieu en saison sèche comme nous l'indique notre informateur, ce sont les rites d'Adjan précédés du sacrifice d'un ou plusieurs animaux, qui se tenaient dans chaque clan au lieu dit Ebeum ou pé'e ngwe'eh215(*).

Toutefois, l'aube reste le moment le plus indiqué pour exécuter les sacrifices rituels chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux. Le choix de ce moment du jour revêt une signification d'envergure. C'est la période de rupture entre la nuit ou les ténèbres porteuses de mal et la lumière ou le jour, source de vie, de prospérité et d'espoir chez les Mbo. Pour s'en rendre compte, il suffit d'examiner la symbolique du soleil dans la mythologie héliopolitainne que nous traversons ici sous silence.

c- Le type d'animal de sacrifice chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux

Dans la société égyptienne ancienne et Mbo précoloniale, les animaux voués aux sacrifices sont choisis selon un code subtil, qui est établi en fonction d'exigences spécifiques attribuées à chaque entité spirituelle. Ce code contient une liste limitée d'espèces animales dont chacune d'entre elles sera retenue à partir d'un certain nombre de caractéristiques physiques : sexe, couleur, nature du plumage ou du pelage etc. Certaines modalités pratiques telles que la façon de capturer l'animal ou la technique de sa mise à mort pourront occasionnellement être prises aussi en considération. La couleur de la robe de l'animal peut avoir une importance dans le sacrifice. Chez les Mbo pour le sacrifice animalier d'expiation, la robe blanche était la plus souhaitée et conseillée par les devins et prêtre sacrificateurs216(*).

Se faisant, la catégorie de l'animal exigé est fonction du nombre des offrants. Quand il s'agit d'une famille ou d'un sujet, le nombre des animaux est moins grand que s'il s'agit de la société. Ainsi il ressort que le type de victime à sacrifier dépend du type de cérémonie à réaliser. Cependant, pour y arriver, l'animal doit être sain et sans défauts physiques afin que, les entités réceptrices à savoir les divinités ne pas rejettent le sacrifice à eux effectués par les vivants, qui à leur tour attendent satisfaction de l'effort sacrificiel fourni.

Au regard de ce qui précède, les sacrifices animaliers trouvent leurs fondements dans le souci de la vie qu'il faut tout à la fois défendre, promouvoir et pérenniser. Pour y parvenir, les hommes vont s'adresser aux entités divines à travers les sacrifices afin que ces derniers aient la volonté des interventions bienveillantes sur la communauté en tant que puissances supérieures qu'ils sont dans la société égyptienne ancienne et Mbo précoloniale. Nonobstant le recours à des divinités, les hommes vont utiliser dans leurs faits et gestes, de la magie également creuset des sacrifices animaliers dans l'univers égyptien ancien et Mbo précolonial, pour défendre la vie en proie aux esprits du mal. Toutefois, la pratique de ce rituel reste largement soumise aux exigences que les hommes doivent respecter afin de s'assurer de l'efficacité du sacrifice. Aussi, la circonstance qui nécessite le sacrifice de l'animal détermine la quantité d'animaux à sacrifier, mais surtout, le type de sacrifice à exécuter des deux types de sacrifices animaliers à savoir : le sacrifice non sanglant et le sacrifice sanglant.

C- LES TYPES DE SACRIFICES ANIMALIERS CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO PRECOLONIAUX

Selon que les circonstances varient d'une situation à une autre, le sacrifice de l'animal à réaliser est de type sanglant ou non sanglant. Le choix de l'un des deux types de sacrifice est fait en fonction de la situation afin de remédier au problème faisant appel au rituel sacrificiel de l'animal dans l'univers égyptien ancien et Mbo précolonial.

1- Les sacrifices non-sanglants

En Egypte, plusieurs sources démontrent à merveille que les Egyptiens pratiquaient les sacrifices non sanglants. D'ailleurs Jean Yoyotte reconnaît que les hommes jetaient à l'eau du Nil des animaux destiné à apaiser le dieu « Hâpy »217(*). Cependant, un autre passage inscrit sur la paroi de l'antichambre de la pyramide de Mérénrê de la Ve dynastie, où il est demandé à Anubis de garantir des offrandes alimentaires en abondance, indique aussi la pratique des sacrifices non sanglants :

Anubis donne une offrande au Chef des Occidentaux !

Tes milliers de pain !

Tes milliers de bière !

Tes milliers d'huile !

Tes milliers d'albâtre !

Tes milliers de vêtement !

Tes milliers de bovin ! 218(*)

Les sacrifices animaliers non sanglants sont des types de sacrifice où il n'y a point épanchement ou effusion de sang. Cependant, loin d'être moins efficaces, ces sacrifices peuvent préluder aux sacrifices sanglants ou constituer par eux-mêmes des sacrifices à part entière dans la société égyptienne et Mbo précoloniale. Cela dépend de la divinité à qui on les offre, de la gravité de la situation ou des prescriptions du prêtre, selon le voeu des divinités.Chez les Bambara par exemple, il y a un rituel magique qui consiste à capter le double d'un ennemi et à le transférer dans un animal noir qu'on enterre vivant219(*).Aussi, l'animal sacrifié pendant le rituel « n'nkula » chez les Mbo, sera emporté en brousse où les animaux sauvages viendront manger le cadavre. Si au bout de trois jours les animaux ne le mangent pas, cela fait appel à autre sacrifice de l'animal mais cette fois-ci un sacrifice sanglant220(*).

Dans la société Mbo, il se présente un cas de sacrifices d'animal non sanglant, sans doute le plus spectaculaire et qui reste tout à fait énigmatique : celui de la mise à mort d'un animal sans intervention humaine décelable. Ainsi, la victime (chèvre ou poulet, selon le cas), dont les pattes sont tenues par deux assistants, est placée la poitrine contre l'autel. Le sacrificateur, sans toucher à aucun moment à l'animal, s'approche, prononce une courte prière etattend. La mort est en principe foudroyante. Le sang ne doit pas apparaître, on inspecte d'ailleurs la bouche de l'animal à cet effet ; si des traces de sang étaient visibles, le sacrifice serait considéré comme étant refusé221(*). La victime pourrait dans d'autres cas être tout simplement assommée. Ces manières de sacrifier étaient plus fréquents dans le cadre de la thérapie chez les Mbo.

Cependant, Dominique Zahan reconnaît que le sacrifice constitue la pierre d'angle de la religion traditionnelle africaine. Néanmoins, le sacrifice est plus conséquent s'il se réalise avec effusion de sang. Il affirme :

Bien plus, le sacrifice est la clef de voûte de cette religion, il constitue la prière par excellence, celle à laquelle on ne saurait renoncer sans compromettre gravement les rapports entre l'homme et l'invisible car qui dit sacrifice dit sang s'écoulant des bêtes égorgées. 

Dieudonné Watio confirme cette conceptiondu sacrifice de l'animal lorsqu'il précise que : « le trait caractériel du sacrifice est la mise à mort d'un animal avec effusion du sang222(*) » D'où les sacrifices sanglants.

2- Les sacrifices sanglants

Comme l'appellation indique, ce sont des sacrifices avec effusion de sang. Sans pour autant nous attarder ici sur la valeur du sang. Nous précisons que dans ces types de sacrifices, le don et le contre-don est basé sur le sang versé lors du sacrifice. Ce type de sacrifice occupe de larges proportions dans les diverses cérémonies sacrificielles de la société égyptienne et Mbo précoloniale. Notamment lors des fêtes annuelles de début de saison aux épisodes agraires223(*) ou encore dans la pharmacopée. D'ailleurs, plusieurs recettes du Papyrus Ebers mentionnent l'utilisation du sang des animaux sacrifiés dans la posologie de certaines pathologies. C'est l'exemple de larecette pour guérir l'oeil : «  myrrhe+sang de lézard, sang de chauve-souris,faire l'extraction des cils et après appliquer le remède, l'oeil sera guéri »224(*)."

Les méthodes employées pour mettre à mort ces victimes sont moins diversifiées et, bien que certaines d'entre elles soient spécifiquement réservées à des entités précises, il ne semble pas (au moins dans l'état actuel de nos connaissances) que le mode de mise à mort soit un critère suffisamment discriminant. Dans l'immense majorité des cas, les animaux de sacrifices sont simplement égorgés à l'aide d'un couteau et leur sang est répandu ou bien recueilli pour d'autres fins. Bien qu'un certain nombre de variantes puissent être observées d'une région à l'autre, on peut considérer cette procédure comme étant courante chez les Mbo et les Egyptiens anciens. Lorsque la victime est un quadrupède, on commence par couper quelques poils sur son front et sur sa queue, que l'on dépose sur le lieu adéquat, puis on égorge directement l'animal et on asperge le sang sur autel ou on le recueille.

Au regard de tout ce qui précède, il ressort que le sacrifice de l'animal chez les égyptiens anciens et les Mbo précoloniaux se rapporte au cas où une victime est immolée pour être présenter, en totalité ou en partie à Dieu.Ceci justifie les fondements religieux. L'homme Egyptien et Mbo, fortement attaché aux divinités, associait la magie dans les sacrifices pour s'assurer de l'efficacité de cettedernière dans les buts escomptés. Toutefois les acteurs du sacrifice étaient tenus d'observer des exigences allant des contraintes hygiéniques au choix du genre et du nombre d'animaux à sacrifier, jusqu'au type de sacrifice à effectuer dépendamment des circonstances préalablement constatées. Dans certains cas le sacrifice était non sanglant et dans d'autres cas, il se faisait avec effusion de sang. D'ailleurs comme le pensent Dominique Zahan et Dieudonné Watio, le sang qui s'écoule des animaux est le trait caractériel du sacrifice en Afrique noire. En ce sens, il revient à nous d'étudier dans le prochain chapitre, les types d'animaux du sacrifice, la symbolique du sang et de la parole qui accompagne les sacrifices animaliers chez les égyptiens anciens et les Mbo précoloniaux.

* 144Grand Papyrus magique de la bibliothèque nationale de Paris (IVème siècles) trad. Du grec : Manuel de la magie égyptienne, Les Belles Lettres, « Aux sources de la tradition », Paris, 1995.

* 145Sauneron, « Magie », Dictionnaire.., 1959, pp.156-158.

* 146 Michel, « La Magie, Pouvoir Secret des Pharaons », Les Chroniques d'Arcturius, www.elishean.fr/?p=32714, consulté le 5 juin 2015.

* 147R. K. Ritner, « Une introduction à la magie dans la religion de l'Egypte antique », Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences religieuses, no 117,  2010, p. 108.

* 148 N. Guilhou et J. Peyré, Les animaux dans l'Egypte ancienne, Espagne, Marabout, 2005, p. 229.

* 149 Entretien avec Hilaire Claude Essoh Ngomé, 58 ans, Chargé de cours à l'université de Douala, Douala le 4 et 9 juillet 2014.

* 150Guy Le Moal, « Introduction à une étude du sacrifice chez les Bobo de Haute-Volta », Systèmes de pensée en Afrique noire, no5, 1981, p.115.

* 151 Entretien, Serge Matou, 65 ans, Tradipraticien, Mouamenan le 7,8, 9, 10 Mars 2015.

* 152 Sauneron « Magie », Dictionnaire.., 1959, pp. 156- 158.

* 153Entretien avec Leobert Eboulé, 64 ans, Fonctionnaire de Police retraité, Chef de quartier 4-Loum, Loum le 27, 28, 29 Décembre 2014.

* 154 Anonyme, « Hêka, la magie égyptienne », http://www.lotus-et-papyrus.org/cafe/index.php, consulté le 25 juin 2015.

* 155A. Surgy (de), La voie des fétiches : Essai sur le fondement théorique et la perspective mystique des pratiques des féticheurs, L'Harmattan, Paris, 1995. p.225.

* 156 P. Hazoume, Le pacte de sang au Dahomey, Institut d'Ethnologie, Paris, 1937, p. 54.

* 157 H. Touzard, La médiation et la résolution des conflits, Etude psycho-sociologique, PUF, Paris, 1995, p. 102.

* 158 Notre informateur Gaston Charles Njalla précise qu'a des temps immémoriaux, les fils de Ngoe, entrepris une guerre qui aurait décimé bien de personne pendant son cours. Ignorant qu'ils étaient des frères, ceux-ci dans la quête des moyens de vaincre l'ennemi, chacun de son coté se dirigea vers le lieu sacré de la communauté afin d'avoir des faveurs divines par le procédé des sacrifices propitiatoires afin vaincre l'ennemi. Ceux-ci comme par un hasard se rencontrèrent net et au même moment vers l'autel de communauté appelé Koupé. C'est suite à cette rencontre fortuite à Koupé, qu'ils se rendirent compte qu'ils étaient descendant d'un même ancêtre et par ricochet des frères. Ces derniers, à la suite d'un rendez-vous de modus vivendi, se retrouvèrent alors pour un pacte de fin de la guerre. Ce pacte fut scellé par l'effusion du sang des boucs que chacun des prenants parts avait pris le soin d'apporter pour la circonstance. Se prêtant à ce sacrifice rituel extrême, cette communauté aurait enterré à jamais la hache de guerre. Le pacte du Koupé est scrupuleusement respecté d'autant plus qu'une caste fut institué connu sous l'appellation mbo'oh et dont les membres sont inter-communautaires. Au demeurant, un Bakossi peut adhérer au Mbo'oh chez les Elong tout de même qu'un Elong peut adhérer au mbo'oh chez les Mbo et vis-versa. Toutefois, le symbole de cette paix est le bonnet rouge qui symbolise de par sa couleur, le sang versé lors du scellage de l'alliance sacrificielle, ce qui signifierait que l'épée de la guerre dans la communauté Ngoe est à jamais enterré d'où autrefois le festival Koupé en commémoration de cette alliance sacrificielle à Nkongsamba les 27,28 et 29 Novembre 1998.

* 159T. M. Bah, « Guerre, Pouvoir et Société dans l'Afrique précoloniale », Thèse pour le Doctorat d'Etat es Lettres, Université Paris-Sorbonne, 1985.

* 160 C. H. Perrot, «Les Agni-Ndenye et le pouvoir aux 18è et 19è siècles», , Publications de la Sorbonne, Paris, 1982. p.49.

* 161 J.P Eschlimann, L'économie de paix dans les sociétés akan (Afrique de l'Ouest, Karthala ITA, 1989, p. 45.

* 162R. Lejeune, «  Le rituel de l'ouverture de la bouche II. En pratique ... »http://egyptomusee.over-blog.com/article-salle-5-vitrine-4-les-peintures-du-mastaba-de-metchetchi-27-du-sacrifice-des-bovides-10html consulté 25 Avril 2015.

* 163J.A, Dulaure, Les divinités génératrices, Guillot, Paris, 1805.

* 164J. Assmann , Mort et au-delà dans l'Égypte ancienne, Éditions du Rocher, coll. « Champollion », Monaco, 2003, pp.119-120.

* 165R. LEJEUNE, «  le rituel de l'ouverture de la bouche - II. En pratique ... »,www.EgyptoMusée - Le blog de Richard LEJEUNE consulté 25 Avril 2015.

* 166 Assmann , Mort et au-delà..., p. 474.

* 167 J. C Goyon, Rituels funéraires de l'ancienne Égypte, Cerf, ý Paris, 1972,p. 103.

* 168S. T. Hollis, The Ancient Egyptian "Tale of Two Brothers" : A Mythological, Religious, Literary, and Historico-Political Study, CT, Bannerstone Press,ý Oakville, 2008, p. 79.

* 169 Le Conte des Deux Frères, découvert en 1852 et rédigé à l'occasion de l'accession au trône du jeune roi Séthi II, à la fin du XIIe siècle, est l'un des textes de l'Égypte ancienne les plus traduits et commentés. Sa nature exacte n'est cependant pas encore bien déterminée. Ses premiers traducteurs, Emmanuel de Rougé et Auguste Mariette ont pensé qu'il s'agissait d'un conte. Depuis, l'opinion générale parmi les égyptologues est qu'il s'agit d'une oeuvre littéraire chargée de données mythologiques-- . En 2003, Wolfgang Wettengel y voit un mythe politique destiné à expliquer, dans une période de crise successorale et de migration sémitique, l'origine divine et séthienne de la lignée de Ramsès II, les dieux Seth et Baal se cachant sous les traits de Bata, un berger devenu roi avec l'aide d'Anubis. En 2011, sur la base d'une comparaison avec les données consignées dans le Papyrus Jumilhac, Frédéric Servajean estime que cette histoire est une sorte de mythe qui camoufle les relations conflictuelles entre les clergés des XVIIe et XVIIIe nomes de Haute-Égypte, la frontière entre ces deux régions étant très fluctuante. Les deux principaux personnages sont en effet Anubis et Bata, chaque frère étant la divinité majeure de l'un des deux nomes rivaux-- .

* 170 T. Hobbes, Léviathan, PUF, Paris, 1969, p. 45.

* 171 Entretien avec, Njalla Charles, 82 ans, Planteur, Voyant, Ekanang le 6, 7 Janvier 2015 et le 12, 13 et 21 Février 2016.

* 172 Entretien, Serge Matou, 65 ans, Tradipraticien, Mouamenan le 7,8, 9, 10 Mars 2015.

* 173 G Mokhtar (dir), Histoire générale de l'Afrique, tome II, Histoire ancienne, UNESCO, Paris, 1980, p.127.

* 174 C. Desroches-Noblecourt, Ramsès II : La véritable histoire, Pygmalion/ Gérard Watelet, Paris, 1996, p. 19.

* 175 G. Posener, «Pharaon», Dictionnaire, pp.218-222.

* 176, D. Zahan,Religion, spiritualité et pensée africaine, Payot, Paris, 1970, p. 82.

* 177 Essoh, Origines et civilisation, p.48.

* 178 « Khnoum », http:/www.hierogl.ch/hiero/singe :c35, consulté le 25 octobre 2015

* 179 Essoh, Origines et civilisation, p. 49.

* 180 M. Tremblay,« Essai sur la nature et la fonction du sacrifice à partir de mélanges d'histoire des religions », Année sociologique, Librairie Félix Alcan, 2eédition Paris.

* 181 Entretien avec Mpongo Nkwama, 69 ans, cultivatrice, Mbouroukou, le 26 décembre 2014.

* 182 Ibid.

* 183 Entretien avec Simon Nnané, Ekanang le 27 décembre 2014.

* 184 Eugène Essoh, 70ans, planteur, sage du village Mouandja, Mouandja le 29, 30 Janvier 2015.

* 185 Yoyotte, « Nil », Dictionnaire.., 1959, p.187.

* 186 Ibid.

* 187 Sauneron, « Famine»,Dictionnaire..., p.111.

* 188 Yoyotte, « Nil », Dictionnaire ..., p.187.

* 189 P. Laburthe-Tolra et P. Warnier, ethnologie-Anthropologie, PUF, Paris, 1993.

* 190 Qui consistaient à lécher une potion préventive des épidémies, ces rituels se tenaient généralement dans les bosquets appelés Ebeum, ou après l'immolation d'un animal, les populations étaient astreint à lécher une potion faite du mélange du sang de cet animal et de l'huile rouge. Nous avons personnellement assisté lors de notre tendre enfance à ce rituel au lieu dit Ebeum mouankwé.

* 191 N.F.K.Ngankam, « Le/chèchàck/ chez les Bandja de l'ouest Cameroun, Ethnologie d'un rite collectif », Mémoire de Maîtrise en anthropologie ; université de Yaoundé I, 2006, p. 43.

* 192 Entretien, Serge Matou, 65 ans, Tradipraticien, Mouamenan le 7,8, 9, 10 Mars 2015.

* 193Sauneron, « Magie » ; Dictionnaire..., p. 156.

* 194 E. Drioton, J. Vandier, l'Egypte, collection CLIO, Paris, 1967.

* 195 Oum Ndigi, Conceptions et rites funéraires de l'Egypte Ancienne et L'Afrique noire moderne, Cours magistral, Master I, université de Yaoundé I, 2013.

* 196 E. Drioton, J. Vandier, l'Egypte, collection CLIO, Paris, 1967.

* 197 Tremblay, Essai sur la nature et la fonction du sacrifice ..., p.69

* 198 E. de Rosny, les yeux ouverts la nuit, éd seuil, Paris, 1996, p.41.

* 199 J.B. Ganken, Sens et portée des donations au clergé traditionnel bamiléké au regard des sources égypto- nubiennes, Mémoire de DEA en Histoire, Université de Yaoundé I, 2006, p.82.

* 200 Anonyme, « serviteurs de Dieu », http://www.egypte-bd.com/0100-menu.htm, consulté le 28 Mars 2015.

* 201 Anonyme, « Les prêtres Egyptiens », http://www.egyptos.net/, consulté le 02 mai 2015.

* 202 P. Germond et J. Livet, Le Bestiaire égyptien, Mazenod, Paris, 2001, p.18.

* 203 D'une baguette, bien réelle, en bronze, en forme de cobra (aujourd'hui à Cambridge, Fitzwilliam Museum E. 63.1896). Huit exemplaires de telles baguettes en bronze ou en bois sont connus, dont deux au Louvre (E 4851 et E 3855), et une, identifiée au musée du Caire (Reg. Temp. 4/12/21/2). C'est le Museum of Fine Arts de Boston qui détient la plus importante collection de tels items, avec deux exemplaires en bois.

* 204 Sauneron, « Clergé », Dictionnaire..., pp .56-58

* 205 Entretien avec Etamé Major, notable du village Mbouebi, Mbouebi le 22 décembre 2014.

* 206 Entretien avec Serge Matou, 65 ans, Tradipraticien, Mouamenan le 7,8, 9, 10 Mars 2015.

* 207 Ibid.

* 208 T. Elizabeth, The RoyalNecropolis of Thebes, Privately Publisher, Princeton, 1966. p. 93.

* 209 Entretien avec Zacharie Epoh, 53 ans, Directeur des ressources humaines de la SBM-Loum, Loum le 27, 28 Décembre 2014 et Mélong le 12 Janvier 2015.

* 210 Entretien avec Ngala Otto, responsable du clan epeumenh du village Mboanké, Mboanké le 21 décembre 2014.

* 211 U O. Elom, Le rite « Edim ndam » et les usages du feu dans les rites funéraires des bene du Sud-Cameroun : contribution à une ethnologie du symbolisme, Mémoire de Maitrise en anthropologie UY I, 2004, p.108.

* 212 S. Sauneron, « Temple divin», Dictionnaire, pp.281-283.

* 213M. D. Appia, L'Égypte. Dictionnaire encyclopédique de l'Ancienne Égypte et des civilisations nubiennes, Gründ, Paris, 1999, p. 201.

* 214 Sauneron « fêtes », Dictionnaire..., p. 116

* 215 Entretien avec, Njalla Charles, 82 ans, Planteur, Voyant, Ekanang le 6, 7 Janvier 2015 et le 12, 13 et 21 Février 2016.

* 216 Entretien, Serge Matou, 65 ans, Tradipraticien, Mouamenan le 7,8, 9, 10 Mars 2015

* 217 Yoyotte, «  Nil », Dictionnaire..., pp. 187-190.

* 218C. Carrier, Textes des Pyramides de l'Égypte ancienne : Tome IV, Textes des pyramides de Mérenrê, d'Aba, de Neit, d'Ipout et d'Oudjebten, Cybèle,ý Paris, 2010, p. 175.

* 219J. Rouch, « Sacrifice et transfert des âmes chez les Songhay du Niger », Systèmes de pensée en Afrique noire, no 2, 1976, pp. 55-66.

* 220 Entretien avec Simon Nnané, 85 ans, Ekanang le 27 décembre 2014.

* 221GuyLe Moal « Introduction à une étude du sacrifice chez les Bobo de Haute-Volta », Systèmes de pensée en Afrique noire p. 99-126.

* 222 D. Watio, Le culte des ancêtres chez les Ngyemba (Ouest Cameroun) et ses incidences pastorales, Reniques printer, Bamenda, 1994, p. 84.

* 223Sauneron, «Fêtes», Dictionnaire.., 1959, pp 116-117.

* 224Le Papyrus Ebers : « Des recettes médicales et magiques, rédigés dans la Maison de Vie ». http://www.snof.org/histoire/egypte1.html#pharmacopee:, consulté le 17 avril 2016.

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