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Smart City & Transformation de l'imaginaire touristique

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par Thérèsa Son
Université de Bordeaux Montaigne - Master 2 professionnel Stratégies et politiques de communication 2016
  

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3. Tourisme et « smart cities »

3.1 Le tourisme urbain en question 3.1.1 Analyse sociologique du tourisme

Si l'on se rapporte aux travaux de John Urry et Jonas Larsen dans leur ouvrage « The Tourist Gaze 3.0 », il se confirme l'hypothèse selon laquelle l'imaginaire des touristes se construit d'après les représentations des espaces tels qu'ils leur ont toujours été représentés. Les touristes ont des attentes particulières concernant les villes qu'ils choisissent de visiter. Selon les auteurs, «places are chosen to be gazed upon because there is anticipation, especially through daydreaming and fantasy, of intense pleasure, either on a different scale or involving different senses from those customarily encountered. Such anticipation is constructed and sustained through a variety of non-tourist technologies, such as film, TV, literature, magazines, CDs, DVDs and videos constructing and reinforcing the gaze.» En étudiant de manière plus approfondie le regard que portent les touristes sur les paysages urbains, il sera possible de déterminer la portée des transformations de la ville sur ces derniers, et si oui ou non toutes les villes ont intérêt à faire ce pari du « smart » quel que soit l'échelle choisie.La particularité des touristes se

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situe dans leur recherche de l'altérité, de la différence, comme l'indiquait Rachid Amirou. Ainsi, ils ne perçoivent pas les signes qui se situent dans une ville donnée de la même manière que ses citoyens. Intervient donc ici le concept d'observabilité partagée. Pour Louis Quéré5, «nous nous mouvons dans des environnements composés d'innombrables objets observables. Et pourtant nous ne les percevons pas pour autant. Ils n'ont pas tous la même saillance. Nous ne faisons attention qu'à certains d'entre eux, par exemple ceux qui sont pertinents pour organiser une activité en cours ou pour traiter une situation, ceux qui contredisent nos attentes routinières, ou ceux dont l'absence est remarquable parce qu'une attente n'est pas remplie. L'observabilité de ces objets n'est donc pas une observabilité en soi, une observabilité immédiate (au sens de « sans médiation »), mais une observabilité accomplie. » Ainsi nous parlerons d'observabilité accomplie parce qu'il émerge des « configurations sensibles » dans l'idée d'un imaginaire touristique. On peut en outre reprendre les propos de Merleau-Ponty qui déclarait alors que «la vision s'articule sur le visible qui la rend possible et, en même temps, elle le fait advenir. Urry et Larsen l'expliquent en ces termes: « The tourist gaze is directed to features of landscape and townscape which separate them off from everyday experience. Such aspects are viewed because they are taken to be in some sense out of the ordinary. The viewing of such tourist sights often involves different forms of social patterning, with a much greater sensivity to visual elements of landscape or townscape than normally found in everyday life. People linger over such a gaze, which is often visually objectified or captured through photographs, postcards, films, models and so on. These enable the gaze to be reproduced, recaptured and redistributed over time and across space.

Qu'implique donc une hyper-modernisation de la ville dans l'imaginaire des touristes? Pour Lucien Kroll 6 déjà en 1990, nous faisons face à un massacre culturel. Le remplacement des « anciennes textures » des paysages urbains, par des « objets mercenaires comme les parkings » (aujourd'hui on pourrait émettre un parallèle avec l'apparition des écrans sur les bâtiments) indique une mise à mal du sacré et déplore « La relation entre les choses, leurs proportions et leurs espaces non bâtis, leur paysage qui assurent cette cohérence qu'on se désespère de réinventer dans les architectures contemporaines ». Il y aurait dans le bâti contemporain une dégradation de « la poésie des événements, une mutilation culturelle paysagère. » Partant de ce constat, les organisations du tourisme, lien effectif entre la ville et ses visiteurs ont tout à faire pour accompagner les touristes dans ce processus d'acceptation qu'ils devront enclencher une fois que le visage des villes à forte historicité se verra transformé. Les touristes sont néanmoins pris en compte dans le développement des villes smart, mais uniquement

5 Le sensible et l'observable, dans « L'espace public, les compétences du citadin »

6 La ville policée, dans « L'espace public, les compétences du citadin »

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concernant leurs pratiques. Bien qu'une distinction soit faite par les experts de la question entre « smart city » et « smart destination », il convient aujourd'hui encore de poser les limites de ces deux concepts, et de questionner la perception des touristes. Selon les cahiers du tourisme de Wallonie, l'utilisation des data semble le facteur clé de succès permettant d'optimiser l'expérience client. « Le croisement entre connaissances des clientèles, création de contenus adaptés, gestion de la data permettront de proposer de vraies communications ciblées, sur mesure, respectant les attentes des clients souhaitant vivre et se projeter dans de vraies expériences pendant leur voyage. Beaucoup reste donc à faire. » Au regard de toute la réflexion, qui entoure les concepts de « smart cities » et de transformation des imaginaires touristiques, l'une des manières de maintenir l'équilibre dans la perception des touristes seraient multiplier les « affordances » comme décrites par Isaac Joseph. En effet, selon ce dernier, une affordance est « à la fois une prise et une invite, la disponibilité dans l'univers perceptif ». Concept formulé par James J. Gibson au cours des années 70, il interviendrait dans le cadre des interactions sociales avec la ville que les organisations touristiques doivent proposer aux touristes par le biais des TIC. L'importance de l' « affordance » tient dans le fait que « Les guides se distingueraient par leur façon de saisir l'affordance (ou de définir l'intérêt et la curiosité du touriste/lecteur). » Cependant, « un trop fort guidage peut réduire l'affordance du site, de la situation, une absence de guidage qui rend difficile la rencontre de ce qui a de la valeur, ce qui vaut d'être vu. »

Afin de déceler si les méthodes de communication actuellement mises en place par la ville de Bordeaux permettent aux touristes de percevoir les espaces urbains comme il se doit, nous analyserons la manière dont ces derniers perçoivent la ville de Bordeaux. Élue ville la plus tendance de l'année 2017, cette ville dont la richesse patrimoniale est reconnue mondialement témoigne aujourd'hui de nombreuses transformations qui la placent au rang de « smart city ». Ces projets de transformation de la ville de Bordeaux s'inscrivent dans un grand projet urbain intitulé « Bordeaux 2030 : du croissant de lune à la pleine lune. ». Bien que le visage de la ville ait maintes et maintes fois muté au cours des siècles et des décennies, c'est en 2009 que les changements urbanistiques furent les plus considérables. Toujours dans l'objectif de construire un « Bordeaux 2030 » plus habitable, Alain Juppé actuel maire de Bordeaux et président de Bordeaux Métropole publiait alors un premier arc de développement durable de la ville et posait les bases de la philosophie de la ville en matière d'urbanisme et d'architecture durables. Afin de comprendre les choix effectués par la polis afin d'améliorer le mode de vie du demos de la ville de Bordeaux et la rendre attractive, il est nécessaire de s'imprégner de l'histoire de Bordeaux. En effet, la ville doit être vue comme un corps qui évolue en fonction de son

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environnement, qui porte les marques du temps, et qui se transforme. Ainsi, il est indispensable de prendre connaissance des événements qui ont façonné la ville de Bordeaux comme nous la voyons aujourd'hui. Ces événements constituent une forme d'expérience dont témoigne la ville à travers les valeurs qu'elle incarne et qu'elle défend par ses choix architecturaux et urbanistiques, mais aussi par les moyens qu'elle met en place afin que ses habitants s'en nourrissent. Dans un second temps il sera question d'interroger les touristes qui ont pu se rendre à Bordeaux, afin d'analyser de quelle manière ces derniers perçoivent la ville de Bordeaux. Ce sera l'occasion dans un troisième temps de déterminer par un travail ethnographique si les outils mis en place permettent aux touristes de s'approprier la ville ou si au contraire, ils ont tendance à figer nos rapports à cette dernière ?

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CHAPITRE 2 - ÉTUDE DE CAS : BORDEAUX, L'ÉVEIL DE LA BELLE ENDORMIE

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984