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Etude nutritionnelle du « garba » : aliment de rue à  base de manioc (manihot esculenta crantz, 1766) couramment consommé à  Abidjan (Côte d'Ivoire)


par Kouadio Frédéric Koffi
Université Félix Houphouët-Boigny d'Abidjan-Cocody - Doctorat 2021
  

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III-1.2. Discussion

Le « Garba » est fortement consommé par les hommes. La grande proportion d'homme et la dominance d'individus célibataires consommateurs de « Garba », corrobore les résultats des travaux de Hiamey & Hiamey (2018), qui ont indiqué que 74 % des consommateurs d'aliments de rue au Ghana sont des hommes et 66 % de célibataires. D'autres auteurs ont trouvé des résultats similaires (Bendech, 2013; Koffi et al., 2014; Privitera & Nesci, 2015). Cette grande proportion d'hommes consommateurs de « Garba », pourrait s'expliquer par le fait que, hommes et femmes ne se nourrissent pas de la même manière (Joo et al., 2015). En effet, les hommes privilégient les aliments simples et rapides à manger. Cependant, l'étude effectuée par Buscemi et al. (2011), sur 687 consommateurs d'aliment de rue à Palerme (Italie), indiquait une prédominance des femmes consommatrices (53,27 %). Cette différence pourrait être due aux différences culturelles et culinaires entre Abidjan et Palerme. Les moyennes d'âge des consommateurs du « Garba », en tant qu'aliment de rue, restent relativement proches à celles déterminées par Hiamey & Hiamey (2018), qui ont indiqué, dans leur travaux plus 68 % des consommateurs de mets de rue ont un âge compris entre 20 ans et 39 ans.

Le « Garba » est un aliment de rue cuit et prêt à consommer. Cette situation expliquerait sa forte consommation par les hommes de plus de 21 ans. La tendance à la consommation accrue du « Garba » par les individus de plus de 21 ans, est en accord avec les résultats obtenus par Buscemi et al. (2011) et celle de Hiamey & Hiamey (2018). Les consommateurs d'aliments de rue qui ont participé à cette étude avaient un âge moyen de 37#177;13 ans. Toutefois, Bendech (2013), ont indiqué qu'au Mali, quel que soit le statut social, (pauvre, riche, intermédiaire), 80 % des enfants consomment quotidiennement au moins un aliment de rue. Ainsi, les mets de rue permettent-ils à plusieurs individus de s'alimenter aisément hors du domicile (Alimi, 2016). Les rapports de la FAO (2010) sur l'état de l'insécurité alimentaire dans le monde ont montré également qu'un nombre important d'enfants consomment les aliments de rue. Le « Garba » est consommé par toutes les couches socioprofessionnelles avec une prédominance des élèves ou étudiants (42,0 %). Des résultats similaires sont indiqués par la FAO (FAO, 2010 ; 2015). En effet, ces rapports ont montré que les consommateurs d'aliment de rue sont constitués d'une part des individus de profession intermédiaire, d'ouvriers, de débrouillards et d'autre part d'enfants, d'étudiants, de cadres et des femmes au foyers.

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Dans le contexte de la présente étude, la fréquence de consommation hebdomadaire pris comme variable sociodémographique est bien justifié par d'autres études (Kouakou et al., 2011 ; Koné et al., 2018). En effet, ces auteurs ont utilisé respectivement les variables "But de l'élevage" et "Nombre d'animaux", comme variables sociodémographique pour la réalisation de l'arbre de classification.

Le noeud terminal 1 montre que la plupart des enfants (73,91 %) ont une forte fréquence de consommation du « Garba » en tant qu'aliment de rue. Ces résultats sont en accord avec ceux de Bendech (2013), qui ont indiqué qu'au Mali, 80 % des enfants consomment quotidiennement les aliments de rue. De même, la forte fréquence de consommation du « Garba » observée chez les travailleurs (50,77 %) et les célibataires (53,71 %) (noeuds terminaux 3 et 4), se justifierait par le fait que les aliments de rue permettent aux populations des villes de s'alimenter aisément en dehors du foyer, et à faible coût (Proietti et al., 2014; Privitera & Nesci, 2015; Alimi, 2016). Cependant, la faible et moyenne fréquence de consommation observée respectivement au niveau des noeuds terminaux 2 ; 5 et 6, pourrait être lié aux préjugés sur la qualité de cet aliment de rue. En effet, Hiamey & Hiamey (2018), ont montré que, la connaissance de la qualité des aliments vendus dans la rue, influencerait le choix et la fréquence de consommation des consommateurs.

L'identification du profil des consommateurs de « Garba » par la typologie à l'aide de l'analyse factorielle (ACM suivi de CAH), a permis de connaître différents groupes selon leur fréquence de consommation hebdomadaire (faible, moyenne et forte consommation). Cette approche méthodologique a été utilisée par plusieurs auteurs pour catégoriser ou classifier des groupes d'individu (Kouakou et al., 2011; Sabrina, 2016 ; Koné et al., 2018). En effet, les travaux de Kouakou (2011) et ceux de Koné et al. (2018), ont utilisé cette approche pour classifier respectivement des éleveurs de cobayes (Cavia porcellus) et de pintades (Numida meleagris). Tandis que Sabrina (2016), a utilisé en France, cette méthode pour déterminer sept profils de consommation alimentaire de 2624 adultes âgés de 18 à 79 ans. Les résultats montrent que sur les quatre classes déterminées par l'analyse, les classes ( et C3) englobent le plus grand nombre de consommateurs. Les individus de ces classes présentent une forte fréquence de consommation hebdomadaire du « Garba » (plus de 5 fois dans la semaine). Au vu des caractéristiques sociodémographiques des individus de ces classes, leur fréquence de consommation de « Garba », en tant qu'aliment de rue, demeure inquiétante. Plusieurs études ont, en effet, mis en évidence les risques sanitaires liés à la consommation des aliments de rue (Rane, 2011; Adjrah et al., 2013; Mamun et al., 2013; Manguiat & Fang, 2013; Apanga et al., 2014; Emmanuel-Ikpeme, 2014).

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De plus, les travaux de Buscemi et al. (2011) effectuées sur 687 consommateurs à Palerme (Italie), indiquaient que la consommation d'aliment de rue était liée au risque de survenue de maladies métaboliques (hypertension, obésité). Par ailleurs, sachant que ces maladies métaboliques sont les premières causes de mortalité dans les pays à revenu intermédiaire comme la Côte d'Ivoire, importe-t-il de s'assurer que le « Garba », mets de rue à forte consommation ne constitue pas véritablement un facteur de risque supplémentaire pour la population. La commercialisation du « Garba », est majoritairement exercée par les hommes. Diabaté et al. (2019), ont trouvé des résultats similaires. En effet, leurs travaux ont montré que 94,6 % des vendeurs de « Garba », étaient des hommes. Des résultats similaires sont rapportés par Choudhury et al. (2011) en Inde, Benny-Ollivierra & Badrie (2007) à Trinidad ainsi que par Muinde & Kuria (2005), au Kenya. Ces auteurs ont montré que la proportion d'hommes exerçant la vente d'aliment de rue, était respectivement de 88 %, 61,7 % et 60 %. Par ailleurs, Privitera & Nesci (2015) en Italie ont montré que la proportion d'hommes exerçant la vente d'aliment de rue, était 67 %.

Cependant, d'autres études ont révélé des résultats contraires. A cet effet, Muyanja et al. (2011) en Uganda, Chukuezi (2010) au Nigeria, Donkor et al. (2009) et Mensah et al. (2002) au Ghana, ont rapporté que les femmes prédominaient dans la vente des aliments de rue avec des pourcentages respectifs de 87,6 %, 66,67 %, et 100 %. La grande proportion d'hommes commercialisant cet aliment de rue pourrait se justifier par le fait que la vente de « Garba » procure un revenu économique important qui se situe entre 14677 FCFA et 35714 FCFA par jour (N'Cho, 2016). Aussi, le commerce des aliments de rue occupe-t-il une place très importante en terme de potentiel d'emploi (Namugumya & Muyanja, 2011; Proietti et al., 2014; Alimi, 2016). Il fournit en outre un revenu spécial, en particulier pour les femmes, et favorise l'accès à une nourriture peu coûteuse accessible principalement aux groupes de revenu faible dans les villes (Chukuezi, 2010). Ainsi, les hommes en tant que chef de famille pourraient faire face aux charges de la famille par la vente du « Garba ». L'âge et le niveau d'étude vendeurs de « Garba » concordent avec les résultats des travaux de Muyanja et al. (2011) réalisés sur 225 vendeurs d'aliment de rue en Ouganda qui indiquaient que 74,6 % des vendeurs avaient un âge compris entre 30 et 40 ans. Ils ont montré, en outre que, 82,7 % des vendeurs ont reçu une instruction scolaire. De ce fait, avoir un niveau minimum d'étude scolaire semble très important dans le commerce. Puisqu'une bonne gestion de vente, requerrait le savoir-faire du vendeur. Le nombre élevé de vendeurs de « Garba », de nationalité étrangère, aurait un lien avec le genre (hommes) exerçant ce commerce.

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Ces résultats sont corroborés par ceux de Yéo et al., (2017), qui ont indiqués la plupart des vendeurs du mets « Garba » sont des ressortissants du Niger. Par ailleurs, les hommes représenteraient le plus grand nombre de personnes qui se déplacent d'un pays ou d'un état à l'autre pour des affaires (Choudhury et al., 2011). Ainsi, une fois à l'étranger, le type d'affaire n'a plus de limite quel que soit le secteur d'activité (formel ou informel) pourvu que cette activité puisse procurer un revenu satisfaisant.

L'analyse de la typologie montre le caractère particulier du commerce de « Garba » en tant qu'aliment de rue. En effet, les vendeurs de la classe (C1) la plus importante sont pour la plupart des hommes vivant en couple et ayant des enfants donc des chefs de famille (Alves da Silva et al., 2014). Cette situation montre que le commerce du mets « Garba » est une activité qui permet de prendre en charge toute une famille en raison des gains financiers qu'il procure (N'Cho, 2016). Le commerce du mets « Garba » est assuré majoritairement par les étrangers. Les motifs d'accession à ce type de commerce de rue montrent une continuité communautaire de la vente. Toutefois, l'étude typologique révèle que, si le « Garba » est vendu principalement par les étrangers, ces dernières années, les ivoiriens (22 %) s'intéressent à cette activité. De plus, les femmes pratiquent progressivement la vente du « Garba ».

Le nombre d'heures consacré à la vente du « Garba » quotidiennement est comparable aux résultats des travaux de Alves da Silva et al. (2014) et de Choudhury et al. (2011) qui ont indiqué respectivement dans des travaux réalisés au Brésil et en Ouganda, que les vendeurs d'aliment de rue travaillaient tous les jours de la semaine et vendent 8 à 12 heures par jour. L'activité de vente étant libérale, le vendeur détermine volontairement ses jours et heures de travail. La satisfaction des vendeurs par rapport au revenu que leur rapporte le commerce du « Garba », corrobore les données de Proietti et al. (2014) et de Hill et al. (2019) qui indiquent que le commerce des aliments de rue procure un revenu satisfaisant pour une fraction de la population des pays en développement. Ces revenus participeraient à prendre en charge les dépenses de certaines familles. De plus, la vente du « Garba » contribuerait au produit intérieur brut (PIB) du pays, puisque selon Charmes (1998), le commerce des aliments de rue participe à environ 38 % du PIB des pays africains.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery