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Etude nutritionnelle du « garba » : aliment de rue à  base de manioc (manihot esculenta crantz, 1766) couramment consommé à  Abidjan (Côte d'Ivoire)


par Kouadio Frédéric Koffi
Université Félix Houphouët-Boigny d'Abidjan-Cocody - Doctorat 2021
  

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III-4.1.2. Index et charges glycémiques du « Garba »

Les résultats de l'index et de la charge glycémique montrent qu'il existe une différence significative (p=0,05) entre l'aire sous la courbe (ASC) de l'aliment test (« Garba ») et celle du glucose (aliment de référence). La valeur moyenne des ASC du « Garba » (aliment test) (197,33#177;9,37 mmol.min/L) est significativement plus faible que celle de l'aliment de référence (373,56#177;16,40 mmol.min/L). Pour ce qui concerne l'index glycémique (IG), les résultats révèlent que le « Garba » a une valeur moyenne d'IG plus faible (86,54#177;18,42) que celle de l'aliment de référence (100). En outre, les résultats montrent que la Charge glycémique (CG) du « Garba » est plus faible (26,83#177;05,71) que celle du glucose (100). Cependant, les valeurs de l'index glycémique (IG) et de la charge glycémique (CG) du « Garba » (aliment test) montrent que ce mets est classé dans la catégorie des aliments à index glycémique et charge glycémique élevés (Tableau XVII).

Glyc. Jeun

Glucose

Garba

1 0

8

6

4

Temps (m in )

Figure 40: Influence de la consommation du « Garba » sur la réponse glycémique postprandiale

Les valeurs de glucose sanguin sont la moyenne des glycémies #177; écartype ; Glyc Jeun = glycémie à jeun

0 1 5 3 0 4 5 6 0 9 0 1 2 0

Tableau XVII: Aire sous la courbe, index et charge glycémique du « Garba »

Aliments utilisés

Paramètres

Glucose3 « Garba »

Aires sous la courbe (ASC) 373,56#177;16,40a 197,33#177;9,37b

Index Glycémique (IG1) 100a 86,54#177;18,42a

Charge Glycémique (CG2) 100a 26,83#177;05,71b

Classification des index et charges glycémiques Elevé Elevé

123

Les lettres a, b, c, etc. en super script suivent les moyennes issues du test de classement des moyennes de Newman-Keuls. Sur la même ligne, les moyennes suivies de lettres différentes sont significativement différentes (p = 0,05). ASC = aire sous la courbe de la glycémie en fonction du temps ; IG = index glycémique ; CG = charge glycémique.

1 Niveau des index glycémiques (IG) classés selon qu'ils sont élevés (> 69), moyen (56-69 inclus) et faible (<56) ;

2 Niveau de charges glycémiques (CG) classés selon qu'ils sont élevés (= 20), moyens (> 10 et <20) et bas (=10) ;

3 Le glucose est utilisé comme aliment de référence et est défini comme IG=100.

124

III-4.2. Discussion

Le mets « Garba » a un index glycémique (IG) élevé. Ces résultats sont corroborés par ceux de Kouamé (2016) qui a montré que la valeur glycémique de l'attiéké est de 80#177;8,4. De même, Yéboué (2018) a rapporté que le placali (102,1#177;11,3) et l'attoukpou (106#177;10,7) sont classés dans la catégorie des aliments à index glycémique élevé. D'autres études effectuées au Nigeria (Omoregie & Osagie, 2008), ont montré que des aliments traditionnels comme l'amala (aliment à base de tubercules d'igname : Dioscorea rotundata), l'agidi (aliment à base de maïs : Zea mays) et l'eba ou garri (aliment à base de tubercule de manioc : Manihot utilisima) ont également des IG élevés, compris entre 82 et 99. Des résultats similaires sont obtenus au Botswana avec des aliments riches en glucides, préparés à partir du blé (IG = 103), du maïs (IG = 91), du sorgho (IG = 92), du millet (IG = 95) et des légumes (IG = 86 ; aliment à base de morama) (Mahgoub et al., 2013). Ainsi, suivant la classification internationale de l'index glycémique (ISO/Food products, 2010), le « Garba » a un index glycémique élevé.

Le « Garba » est un mets essentiellement composés d'attiéké (semoule de manioc) avec une forte teneur en glucides. Les valeurs moyennes en glucide du « Garba », sont similaires à celles déterminées par Yao et al. (2015) sur des échantillons d'attiéké frais. Les glucides contenus dans le « Garba » constituent plus de 54 % (par rapport à la matière sèche) de l'apport énergétique dans la composition du plat. Des études rapportent que la consommation d'aliments dont plus de 50 % de l'apport énergétique proviennent des glucides, serait susceptible d'induire des désordres métaboliques (Bhupathiraju et al., 2014; Sacks et al., 2014), mis en évidence par la détermination de l'index glycémique (IG) et la charge glycémique (CG) des aliments. La teneur en glucide élevée du « Garba » fait de ce mets de rue, un aliment capable d'induire une hyperglycémie importante suite à sa consommation. En effet, il est aujourd'hui bien établi que les aliments à IG élevé, sont capables d'entrainer une augmentation rapide et importante du taux de sucre dans le sang du fait de leur digestion rapide.

Ils entraînent par conséquent, une forte absorption et une grande quantité de glucose dans la circulation sanguine (Wolever, 2013 ; Bhupathiraju et al., 2014). L'utilisation de l'index glycémique comme indicateur de qualité des aliments (Wolever, 2013), permet de conclure que le « Garba » serait inappropriée à la consommation, pour les diabétiques de type 2 car il est très hyperglycémiant (ISO/Food products, 2010). Le mets « Garba » peut donc avoir des conséquences physiologiques néfastes à long terme chez les consommateurs. Surtout les patients diabétiques, au regard de son index glycémique élevé.

125

En effet, Sacks et al. (2014), ont indiqué dans leurs travaux effectués chez 163 sujets aux USA, que la consommation d'aliments riches en glucide ayant un index glycémique élevé ou bas, entrainait non seulement une diminution de la sensibilité à l'insuline mais également une augmentation du cholestérol-LDL. Aussi, une méta-analyse d'études prospectives (Bhupathiraju et al., 2014; Sacks et al., 2014) a-t-elle révélé une relation linéaire positive entre la glycémie postprandiale et le risque de maladies cardiovasculaires (MCV) même chez les individus non-diabétiques. Chez les individus non-diabétiques, une glycémie élevée serait associée à une augmentation de l'épaisseur de la paroi des vaisseaux sanguins (épaisseur intima media), un facteur de risque reconnu de l'infarctus, et interfèrerait avec la vasodilatation (Brand-Miller, 2003). Une hyperglycémie postprandiale serait aussi toxique pour l'endothélium en générant du stress oxydatif, altérant ainsi la fonction endothéliale (Sacks et al., 2014). De plus, l'hyperinsulinémie, une conséquence de l'hyperglycémie, est impliquée dans le développement de dyslipidémies (Brand-Miller, 2003). Il est aussi possible qu'un mets à IG élevé puisse augmenter le risque de MCV en exacerbant le processus pro-inflammatoire. En effet, des associations positives entre l'IG ou la CG et la concentration plasmatique de protéine C-réactive (PCR) ont été observées dans plusieurs grandes études observationnelles (Shivappa et al., 2014). La PCR, qui est un marqueur sensible de l'inflammation, a été reliée au risque de MCV dans plusieurs grandes études prospectives (Ridker et al., 2018). Enfin, une méta-analyse effectuée par Turati et al.(2019), révèle qu'un aliment à IG élevé est associé à une légère augmentation du cancer colorectal, de la vessie et du sein.

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