F.K. KOFFI, ET AL.
Toutefois, l'âge des consommateurs dépend de la
nature de l'aliment de rue et de sa qualité. En effet, des travaux
effectués au Mali ont montréque, quel que soit le statut social,
(pauvre, riche, intermédiaire), 80 % des enfants consomment
quotidiennement au moins un aliment de rue [22]. Les rapports de la FAO [23]
sur l'état de l'insécuritéalimentaire dans le monde ont
fait également mention qu'un nombre important d'enfants consomme les
aliments de rue.
Ces résultats sur la consommation par statut
socioprofes-
sionnel sont similaires àceux de la FAO [23, 24] qui ont
montréque les consommateurs d'aliment de rue étaient
constitués
d'une part des individus de profession intermédiaire,
d'ouvriers, de débrouillards et d'autre part d'enfants,
d'étudiants, de cadres et de femmes au foyer.
Déterminants de la consommation hebdomadaire du
garba
Dans le contexte de notre étude, choisir la
fréquence de consommation hebdomadaire comme variable
sociodémogra-phique est justifiépar d'autres études [25,
26]. La forte consommation des enfants est en accord avec d'autres
résultats [4], qui indiquaient, par exemple, qu'au Mali 80 % des enfants
consomment quotidiennement les aliments de rue.
De plus, la forte fréquence de consommation du
garba observéchez les travailleurs (50,8 %) et les
célibataires (53,7 %) (noeuds terminaux 3 et 4), s'expliquerait par le
fait que les aliments de rue permettent de s'alimenter aisément hors du
foyer àfaible coût [3-5] et de répondre aux contraintes
alimentaires dues àla distance entre le domicile et le lieu de travail
[27]. Par contre, les faibles et moyennes fréquences de consommation
observées au niveau des noeuds terminaux 5 ; 6 et 2, pourraient
être liées aux préjugés et aux informations sur la
qualitéde ces aliments de rue [28]. Ainsi, l'âge, la profession et
la situation familiale sont les principaux facteurs qui expliquent le recours
au garba. Par ailleurs, cet aliment de rue est fortement
consomméen raison de sa grande disponibilité[12] et de son faible
coût.
Typologie des consommateurs de garba
L'identification du profil des consommateurs de garba
par la typologie àl'aide de l'analyse factorielle (ACM suivi de
CAH), a permis de connaître différents groupes [25, 26, 29] selon
leur fréquence de consommation hebdomadaire (faible, moyenne et forte
consommation).
La grande fréquence de consommation de garba
pourrait poser des problèmes de santépublique. En effet, des
travaux réalisés sur le garba àAbidjan [11], ont
mis en évidence les dangers microbiologiques auxquels pourraient
s'exposer les consommateurs de cet aliment. De plus, plusieurs
études ont montréles risques sanitaires liés àla
consommation des aliments de rue [30-32].
Par ailleurs, il a étémontréchez 687
consommateurs àPalerme (Italie), que la consommation
d'aliment de rue était liée
au risque de survenue de maladies métaboliques
(hypertension, obésité) [19]. Aussi, sachant que ces maladies
métaboliques sont les premières causes de mortalitédans
les pays àrevenu intermédiaire, importe-t-il de s'assurer que le
garba, aliment de rue de forte consommation ,en raison de son bas
prix, de la mauvaise qualitédes ingrédients qui le composent et
de son mode de cuisson, ne constitue pas véritablement un facteur de
risque supplémentaire pour la population.
390 Médecine et SantéTropicales, Vol. 29,
N° 4 - octobre-novembre-décembre 2019
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