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Etude nutritionnelle du « garba » : aliment de rue à  base de manioc (manihot esculenta crantz, 1766) couramment consommé à  Abidjan (Côte d'Ivoire)


par Kouadio Frédéric Koffi
Université Félix Houphouët-Boigny d'Abidjan-Cocody - Doctorat 2021
  

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I-3.2. Composition du mets « Garba »

? Attiéké de « Garba »

Qualifié de second choix (Gbané et al., 2012), l'attiéké utilisé dans le mets « Garba » représente environ 15 % de la demande des populations (Krabi et al., 2015), par rapport aux deux autres types (l'attiéké agbodjama et l'attiéké normal). La préparation de cet type d'attiéké nécessite le moins possible de soins, moins de temps, soit 24 heures seulement contre 48 heures pour l'attiéké normal et agbodjama. Il est préparé pour des raisons purement commerciales et de nombreuses étapes comme celles de la fermentation étant presque absentes ou rapidement exécutées. Ce type d'attiéké coûte moins cher et est destiné aux clientèles de masses relativement sans grand moyen.

L'attiéké « Garba » se commercialise dans de nombreux points de vente de fortune à travers toute la ville d'Abidjan (Krabi et al., 2015). Du point de vu biochimique, l'attiéké utilisé dans le mets présente des caractéristiques qui diffèrent des autres types d'attiéké. En effet, l'attiéké « Garba » contient plus de fibres et de lipide. En outre, son pH est élevé (Assanvo et al., 2019). Par ailleurs, selon Assanvo et al. (2019), le coût de production de l'attiéké « Garba » est faible comparé à celui des autres types d'attiéké.

? Poisson du mets « Garba » : le thon

En plus de l'attiéké, le poisson est l'autre composant caractéristique du mets « Garba ». Toutefois, le « Garba » utilise un type de poisson particulier (le thon) qui le distingue du traditionnel plat « attiéké-poisson ». Depuis le démarrage de l'exploitation des thonidés de l'Atlantique Centre-Est au cours des années 1950, les pays de cette zone se sont spécialisés dans la production de conserves à destination du marché européen, grâce notamment à la délocalisation des conserveries françaises au Sénégal et en Côte-d'Ivoire (Faillet, 2014). La Côte d'Ivoire compte trois usines de transformation des produits thoniers. Ce sont : Pêche et froid de Côte d'Ivoire, SCODI et Airone. L'Union Européenne (UE) possède une importante flotte de pêche de thon tropical qui représente plus de 40 % de la capacité de pêche des flottes externes de l'Union Européenne. A côté des activités de débarquement, de transbordement, de transformation et de commercialisation de produits manufacturés, il s'est développé un phénomène qui prend de plus en plus de l'ampleur : c'est celui des "faux thons" ou "faux poissons" (Chavance et al., 2011). Selon Monin et al (2017), le montant du chiffre d'affaire réalisé par la vente

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du « faux thon » au niveau des armements et des équipages de thoniers était d'environ deux milliards de francs CFA en 1997 et 1998, pour un volume de l'ordre de 10 000 tonnes par an.

Cette quantité de débarquement n'a cessé d'augmenter pour atteindre le triple en 2012 (Figure 1). Le Ghana et les navires de l'Union Européenne sont les principaux fournisseurs de « faux thon » au port de pêche d'Abidjan, avec une quantité qui varie selon la fréquentation du port d'Abidjan par les navires de pêche ou de transport (Faillet, 2014). Le « faux thon » est considéré comme une fraction de la capture de la pêche thonière, moins prisée par les industriels du thon en conserves (Chavance et al., 2011; Amandè et al., 2017; Monin et al., 2017). Il est composé de thons de petite taille, abimés et mal conservés, ou rejetés par les industries de transformation (Chavance et al., 2016). C'est cette catégorie de poissons (thon) qui, après être découpés en morceaux, marinés dans la farine de boulangerie déclassée et frits à très haute température, constitue la source de protéines du mets « Garba ». Selon Diabaté et al.(2018), la durée de la friture du thon du mets « Garba » varie entre 1 et 16 min avec des températures allant de 160 °C à plus de 180 °C. De plus, le nombre de morceaux de thons par fournée de friture se situe entre 6 et plus de 20 par friture. Le commerce de « Garba » utilise presque la totalité (95 %) du faux thon débarqué au Port de Pêche d'Abidjan par les thoniers (Amandè et al., 2017).

? Huile de « Garba »

L'huile de palme raffinée est celle utilisée dans la préparation du mets « Garba » (Diabaté et al., 2018). Depuis des siècles l'huile de palme est utilisée comme nourriture et médicament (Ogan et al., 2015). Elle existe sous plusieurs formes dont l'huile de palme brute, non raffinée, de couleur rouge car très riche en caroténoïdes. Cependant, l'huile de palme est le plus souvent vendue et consommée raffinée, c'est-à-dire ayant subi l'ensemble des étapes de raffinage, notamment décoloration et désodorisation (Lecerf, 2013). L'huile est un élément essentiel du mets « Garba ». En effet, elle est utilisée pour la friture du thon, et est ajoutée comme ingrédients au mets lors de sa consommation. Des études ont montré que les vendeurs pratiquent jusqu'à 6 fournées de friture avec la même huile et même jusqu'à son noircissement total (Diabaté et al., 2018). Selon les travaux de Gbané et al. (2012), l'huile utilisée pour la friture du thon « Garba » à un indice d'acide de 0,34 mg de KOH/g de matière grasse et un indice de peroxydes de 0,57 MéqO2 actif/kg de matière grasse. Par ailleurs, selon les travaux de Diabaté et al. (2019), l'huile issue de la friture du thon et ajouté au mets « garba » avant sa consommation contient plus de 60 % d'acide gras trans. Ainsi, cette huile dénaturée ou frelatée, d'une coloration noirâtre pourrait-elle constituée une source d'intoxication associée à la consommation du mets « Garba ».

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Figure 1: Evolution des débarquements annuels de faux thons par pays au Port d'Abidjan destinés au marché local

Source : Chavance et al. (2016)

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Le « Garba » se distingue des autres mets constitués d'attiéké - poisson frit par l'ajout de légumes frais (piment, oignon et tomate) comme ingrédiests. Il est, quelque fois, complété de mayonnaise, le tout relevé par le sel de table et de bouillon culinaire (Sedia et al., 2017). Ces ingrédients sont importants du point de vu nutritionnel au regard de leurs compositions nutritives. Par exemple le piment est beaucoup utilisé dans la nutrition humaine et la transformation industrielle en raison de son arôme remarquable, de ses attributs sensoriels ainsi que de son action physiologique (Sanatombi & Rajkumari, 2020).

Le piment est une excellente source de composés liés à la santé tels que l'acide ascorbique (vitamine C), les caroténoïdes (provitamine A), les tocophérols (vitamine E), les flavonoïdes et les capsaïnoïdes (Wahyuni et al., 2013; Emmanuel-Ikpeme, 2014). De même que le piment, la tomate et l'oignon sont une excellente source de nombreux nutriments et métabolites secondaires importants pour la santé humaine; matière minérale, vitamines C et E , bêta-carotène, flavonoïdes , acides organiques et phénoliques (Bisen & Emerald, 2016; Elbadrawy & Sello, 2016). Par ailleurs, l'oignon possède des propriétés antimicrobiennes, antivirales, hépatoprotectrices, cardioprotectrices, antiinflammatoires. Des fonctions neuroprotectrices, anticarcinogène, antimutagène, antiasthmatique, immunomodulateur, hypolipidémique, antihypertenseur, antidiabétique et antioxydant lui sont également assignées (Bisen & Emerald, 2016). Le sel et le bouillon d'assaisonnement sont complétés pour améliorer le goût du plat selon la préférence du consommateur. Ainsi, le « Garba » est réputé pour être un aliment équilibré, pouvant couvrir les besoins nutritionnels des consommateurs, en apportant les macronutriments nécessaires (les glucides à travers l'attiéké, les lipides à travers l'huile et les protéines à travers le poisson). Les légumes frais apportent eux, les vitamines, minéraux ainsi que les métabolites secondaires.

Alors, il importe de connaitre le rôle des nutriments alimentaires, leur métabolisme, et les techniques permettant de les identifier.

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I-4. NUTRIMENTS ALIMENTAIRES I-4.1. Macronutriments

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"Le don sans la technique n'est qu'une maladie"