I-2. Caractéristiques cliniques des patients du
groupe 1 : dénutris ou à risque de dénutrition
Selon les résultats de notre étude, nous n'avons
pas trouvé une différence significative en comparant les
comorbidités chez le groupe 1 versus groupe contrôle.
Les comorbidités présentes chez les sujets
âgés sont parmi les facteurs les plus corrélés
à la dénutrition [3,14], en occurrence l'hypertension
artérielle qui est la pathologie chronique la plus fréquemment
retrouvée chez le sujet âgé dénutri, ceci pourrait
s'expliquer par le régime pauvre en sel préconisé et qui
pourrait résulter dans la diminution de l'appétit et la
diminution des ingesta [17].
Le diabète ainsi que les règles
hygiéno-diététiques qui lui sont liées sont
également retrouvés parmi les facteurs de risque de
dénutrition chez le sujet âgé [12, 13,18-20].
Notre échantillon a été recruté
dans une consultation de diabétologie expliquant le fait qu'on n'a pas
trouvé de différence significative concernant les
comorbidités entre les deux groupes rendant compte d'un biais de
sélection dans notre étude.
Selon les résultats de notre étude la
fréquence de chute était significativement plus
élevée chez le groupe 1 par rapport au groupe contrôle (p :
0,021), ce qui était concordant avec la littérature [9],
témoignant de fait que la dénutrition est associée
à une augmentation du risque du chute expliquée par la diminution
des capacités musculaires et des réflexes de protection [9,
21,22]. En effet, la dénutrition est associée à
l'ostéoporose et à la sarcopénie ayant comme corollaire
l'augmentation de risque de chute et de fracture [23].
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Discussion
Par ailleurs, la chute chez le sujet âgé est
parmi les facteurs les plus incriminés dans la dénutrition
puisqu'elle engendre une perte de l'autonomie, une majoration des besoins
énergétiques aboutissant à un cercle vicieux de
dénutrition [24].
Dans notre étude, la comparaison des IMC du groupe 1
versus groupe contrôle, n'a pas trouvé de différence
significative soulignant ainsi que l'obésité est moins
d'être un facteur protecteur de la dénutrition.
En effet, les sujets obèses présentent des
altérations métaboliques avec une insulinorésistance, des
altérations de la masse et de la fonction musculaire expliquant ainsi la
sarcopénie [25]. Ainsi, l'inflammation de bas grade et les complications
dues à l'obésité telles que l'arthrose, le diabète
sont responsables de diminution des capacités fonctionnelles et majorent
donc la sarcopénie [26].
Par ailleurs, les régimes restrictifs qui sont
prescrits afin de diminuer la surcharge pondérale potentialisent le
déficit en micronutriments et en oligoéléments aggravant
ainsi la sarcopénie et la dénutrition [27,28]. Il s'avère
donc assez justiciable de dépister la dénutrition chez les sujets
âgés en appréciant la masse et la fonction musculaire et
d'évaluer le statut en micronutriments sans trop se focaliser sur le
calcul de l'IMC [27,29].
D'autres facteurs de dénutrition notamment la dentition
et l'hospitalisation durant les trois derniers mois étaient largement
explicités dans la littérature [14, 17,30-33] mais qui
n'étaient pas retrouvés dans notre échantillon ce qui rend
compte du nombre réduit des patients qui ont été inclut
dans notre étude.
Dans notre échantillon, nous avons noté que le
groupe 1 avait une dépression, une qualité de vie
altérée, des troubles de la mémoire et une
dépendance avec perte de l'autonomie beaucoup plus que le groupe
contrôle, ceci était concordant avec les données de la
littérature [3, 12, 34,35].
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Discussion
En effet, le sentiment de déclin et de proximité
de la mort permet d'expliquer la proportion importante de syndromes
dépressifs chez les sujets âgés, troubles qui passent
souvent inaperçus car assez atypiques, masqués par des signes
somatiques. L'anorexie fait une partie intégrante de ces tableaux
dépressifs, avec un appétit rapidement affecté entrainant
une dénutrition chez la personne âgée physiologiquement
précaire [36]. Ainsi, un cercle vicieux s'établit avec une
dénutrition, un syndrome inflammatoire qui majore la dépression,
cette dernière aggrave à son tour la dénutrition [37].
La qualité de vie des patients est largement
altérée par la dénutrition [38,39], celle-ci entraine une
perte de l'autonomie, des pertes tissulaires, une amyotrophie et une
dépendance pour une personne tierce [39,40].
Par ailleurs, la dénutrition est associée
à des altérations des capacités fonctionnelles avec des
troubles de la mémoire enrayant l'aptitude du sujet âgé
à gérer son budget et à être autonome [41]. En
effet, l'alimentation apporte de nombreux nutriments qui pourraient contribuer
à ralentir le vieillissement cérébral [42], à
diminuer l'inflammation et à lutter contre le stress oxydatif qui
était de plus en plus impliqué dans les pathologies
neurodégénératives [43].
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