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Le déclassement professionnel. Insertion des jeunes diplômés au Cameroun.


par Louise Nina Belinga Nyangono
Université de Dschang Cameroun  - Master 2 2019
  

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CHAPITRE 3 : INSERTION PROFESSIONNELLE ET DECLASSEMENT PROFESSIONNELLE : UNE APPROCHE THEORIQUE

L'insertion professionnelle correspond à une succession de situations (recherche d'emploi, emploi, chômage, formation, inactivité...) par lesquelles l'individu transite avant de se stabiliser dans un type d'emploi. La durée de la période d'insertion est, en ce sens, relativement difficile à déterminer puisqu'il faut alors s'accorder sur ce qu'est une situation stable et un emploi correspondant à la formation initiale. Les représentations individuelles et collectives ont ainsi un impact significatif dans la définition de l'insertion professionnelle puisque la « stabilisation » sera caractérisée de façon différente selon les personnes. On peut toutefois considérer, de manière générale, que la « stabilisation » désigne le fait de trouver un emploi correspondant au niveau et à la formation de l'étudiant, et dans lequel celui-ci est amené à rester de façon relativement pérenne. Or, les jeunes en emploi sur le marché du travail n'accèdent pas tous à l'emploi à vie dès leur embauche. Ainsi, il sera question pour nous dans ce chapitre de présenter les différents auteurs et théories de l'insertion professionnelle et du déclassement.

SECTION 1 : APPROCHE THEORIQUE DE L'INSERTION PROFESSIONNELLE

Issu du champ des politiques publiques et de l'économie sociale, le concept d'insertion est apparu dans les années 1960 et s'est fortement répandu par la suite. À l'origine, cette notion concernait la jeunesse et plus particulièrement le processus d'adéquation entre formation et emploi. D'après Nicole-Drancourt et Roulleau-Berger, l'utilisation de ce terme dans les textes législatifs date du début des années 1970. Mais ce n'est véritablement qu'en septembre 1981, à l'occasion d'un rapport sur « l'insertion professionnelle et sociale des jeunes » remis par Bertrand Schwartz au Premier Ministre Pierre Mauroy, que le terme d'insertion fait une entrée en force dans le vocabulaire politique français. Les années suivantes ont vu l'insertion être érigée en problème social et instituée en « impératif national », lors de l'adoption de la loi sur le Revenu Minimum d'Insertion (RMI) en 1988. Néanmoins, la conceptualisation par les sociologues ne s'est faite que depuis les années 1990.

Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 45

Education et insertion professionnelle au Cameroun : le déclassement professionnel des jeunes

En outre, il faut préciser qu'au départ, le terme d'insertion n'était pas utilisé pour parler des diplômés. En effet, l'action en faveur de l'insertion professionnelle concernait surtout les personnes peu ou pas qualifiées puisque les diplômés n'avaient, en principe, pas de problèmes pour trouver un travail qui leur corresponde. Aujourd'hui, l'insertion est devenue un terme couramment employé, qui désigne, de façon plus ou moins précise, un ensemble de processus en rapport avec la scolarisation des jeunes, l'intégration harmonieuse dans la société et la recherche d'un emploi. Le terme a ainsi progressivement évolué pour s'appliquer, non seulement aux jeunes peu ou pas qualifiés et aux chômeurs de longue durée, mais également aux diplômés du supérieur.

Il existe de nombreuses représentations autour de l'insertion professionnelle qui rendent ce terme polysémique. Selon TROTTIER, LAFORCE et CLOUTIER(1997), les représentations de l'insertion sont structurées par trois termes que sont la stabilité, la correspondance formation/emploi et la construction d'une identité professionnelle. Selon cette analyse, la plupart des personnes lient l'insertion professionnelle au fait de trouver un emploi stable et correspondant à sa formation, mais aussi et surtout, l'insertion professionnelle apparaît, dans cette perspective, comme un processus de socialisation. Ce serait elle qui permettrait au jeune de passer véritablement à l'âge adulte et de trouver une certaine reconnaissance par ses pairs à travers l'identification à un métier et à un groupe de personnes exerçant la même fonction ou travaillant simplement dans le même lieu. Cette dimension de l'insertion professionnelle apparaît comme très importante car elle souligne un des enjeux lié à l'insertion professionnelle des diplômés : celui de leur intégration dans la société.

Théoriquement, il existe trois perspectives pour aborder la question de l'insertion : suivant le point de vue du sujet en insertion ; de la société qui, posant l'insertion en « impératif national », conçoit et pilote une politique d'insertion ; ou le point de vue du professionnel qui met en oeuvre l'insertion pour le sujet et avec le sujet. Ces trois aspects sont liés mais l'on fera le choix dans cette étude de regarder l'insertion professionnelle telle qu'envisagée par la société, dans le sens où c'est la construction de l'insertion professionnelle comme problème et l'action des autorités publiques qui nous intéressent.

En guise de récapitulatif, on peut suggérer la définition intéressante que proposent Bordigoni, Demazière et Mansuy en 1994 : l'insertion professionnelle correspondrait à un « processus socialement construit dans lequel sont impliqués des acteurs sociaux et des institutions

Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 46

Education et insertion professionnelle au Cameroun : le déclassement professionnel des jeunes

(historiquement construites), des logiques (sociétales) d'action et des stratégies d'acteurs, des expériences (biographiques) sur le marché du travail et des héritages socio-scolaires. »

On peut noter qu'il existe finalement un certain déficit de théorisation concernant la notion d'insertion professionnelle, qui fait de celle-ci un terme "fourre-tout". Ce constat amène le sociologue Dubar à écrire, en 1998, que « la notion d'insertion constitue bien, avant tout, une notion du débat social et politique, historiquement datée et sémantiquement floue. ». On voit donc que l'emploi du terme "insertion" est lié à une construction particulière qui s'est opérée dès les années 1960-1970, mais a beaucoup évolué, pour devenir de plus en plus large.

Le concept d'insertion professionnelle est complexe du fait de la multiplicité des réalités auxquelles il renvoie. Diverses représentations et divers acteurs sont susceptibles d'intervenir au cours du processus d'insertion professionnelle : les diplômés, les entreprises, les universités, l'État, les collectivités locales, les professionnels de l'insertion, etc... D'autre part, la notion d'insertion se situe au carrefour de plusieurs disciplines comme la sociologie, les sciences de l'éducation, l'économie ou encore l'histoire. C'est ce qui fait à la fois son intérêt et la difficulté qu'il peut y avoir à saisir tous les enjeux liés à ce thème.

Si l'on en croit Claude Dubar(2001), « le fait de «devoir s'insérer» en essa ant de trouver du travail, à la sortie de l'école ou de l'université est tout sauf un donné naturel qui aurait toujours existé. Au contraire, c'est une exigence relativement récente, en France comme ailleurs. ». Et si aujourd'hui, l'ensemble des orientations politiques en termes d'emploi et de formation en tiennent compte, tant au niveau national qu'au niveau européen et international, cela n'a pas toujours été le cas. Il s'agira donc de voir comment a évolué la représentation de l'insertion professionnelle des diplômés pour mener à une action concrète de la part des autorités publiques, alors que celle-ci n'était pas forcément évidente au départ.

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