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Le déclassement professionnel. Insertion des jeunes diplômés au Cameroun.


par Louise Nina Belinga Nyangono
Université de Dschang Cameroun  - Master 2 2019
  

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SECTION 2 : APPROCHE THEORIQUE DU DECLASSEMENT

Selon NAUZE-FICHET et TOMASINI, « le déclassement recouvre une sous-utilisation de la main-d'oeuvre potentielle qui dépasse les seuls constats du chômage et du sous-emploi, au sens usuel du terme. Il peut influer sur la motivation des jeunes salariés comme sur leur productivité. Il invite, par ailleurs, à nuancer, en partie, le discours sur les pénuries de main-d'oeuvre qualifiée ». Le concept de déclassement apparait donc comme un concept qui mérite

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Education et insertion professionnelle au Cameroun : le déclassement professionnel des jeunes

qu'on lui accorde une attention particulière. Le déclassement fait l'objet de débat dans la littérature et, notamment, son caractère transitoire ou durable n'est pas tranché dans les explications théoriques. Par ailleurs, la notion même de déclassement peut renvoyer à plusieurs dimensions : normative, statistique ou subjective, autant de façons de mesurer le déclassement que nous aborderons dans cette section.

II.1 Les débats théoriques autour du déclassement

Le déclassement, encore appelé overeducation par les anglo-saxons, a déjà fait l'objet de nombreuses études et publications. Malgré une définition à peu près unanime selon laquelle « est considéré comme déclassé tout individu dont le niveau de formation initiale dépasse celui normalement requis pour l'emploi occupé », les deux auteurs précités précisent que l'interprétation exacte du concept et l'analyse de ses causes et de ses effets varient fortement, en fonction notamment des hypothèses retenues par les économistes sur le fonctionnement du marché du travail.

Les premières investigations sur la « suréducation » remontent au début des années 1970 aux États-Unis. En effet, Berg (1970) observait que les employeurs profitaient de la hausse de l'offre des travailleurs ayant un niveau de scolarité collégial pour augmenter les qualifications scolaires requises pour un emploi qui n'aurait pas théoriquement nécessité un tel niveau de savoir et de savoir-faire. Ce sera néanmoins Freeman (1976) qui fondera l'acte de naissance d'un véritable champ de recherche sur ce thème. D'un point de vue théorique, le déclassement est envisagé comme transitoire pour certains auteurs, durable pour d'autres. En effet, dans le cadre de la théorie du capital humain, le déclassement correspond à une situation temporaire où les entreprises n'utilisent pas pleinement les qualifications des salariés, ni ne les rémunèrent à leur productivité marginale potentielle. Cette théorie peut également expliquer le déclassement comme le résultat d'un choix délibéré : l'emploi de bas niveau constitue un moyen d'investir en capital humain spécifique (Hartog, 1999). En accord avec cette dernière interprétation, Sicherman (1991) met en évidence une probabilité de mobilité professionnelle ascendante accrue, par promotion interne ou changement d'entreprise, pour les individus déclassés. Dans cette configuration, l'hypothèse qui prévaut est celle d'un rattrapage d'un déclassement initial. Selon Mc Cormick (1990), en situation d'information imparfaite, l'employeur considère l'information relative au dernier emploi occupé par l'individu comme signal de sa productivité. Une situation d'emploi déclassé est identifiée comme signal d'une productivité faible. Ainsi, l'état dans lequel se trouve

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l'individu prime sur son diplôme ; en conséquence, si l'individu ne sort pas rapidement de la situation de déclassement initial, il pourrait s'y trouver enfermé car plus le temps passe, moins le niveau d'études compte. Enfin, le déclassement peut également devenir persistant, si la structure de qualification des emplois n'évolue pas aussi vite que l'offre de diplômés (Tsang et vin, 1985).

Par ailleurs, Thurow(1975) dans « Le modèle de concurrence pour l'emploi » suppose que les salaires, étant associés à la hiérarchie des postes dans l'entreprise, sont prédéterminés. Dans ces conditions, les ajustements sur le marché du travail se font par les quantités, d'où la notion de « concurrence pour l'emploi ». En outre, les caractéristiques de productivité sont supposées attachées aux postes de travail et non aux individus. Les entreprises cherchent alors à embaucher les personnes dont les coûts de formation sont les plus faibles et utilisent pour cela le diplôme comme indicateur de l'aptitude à être formé. Elles choisissent donc les candidats les plus diplômés parmi l'ensemble des demandeurs d'emploi. Ainsi, selon ce modèle, le niveau relatif de formation des individus est plus important que leur niveau absolu dans la mécanique d'ajustement conjoncturel entre offre et demande de travail. La concurrence pour l'emploi implique au niveau macro-économique l'existence d'une file d'attente en tête de laquelle se trouvent les individus les plus diplômés relativement à l'ensemble des demandeurs d'emploi. Comme l'illustre l'analyse de Fondeur (1999), une telle vision du fonctionnement du marché du travail est susceptible d'expliquer le développement de situations de déclassement en période de pénurie d'emplois qualifiés.

II.1.1 Facteurs macroéconomiques du déclassement

Au niveau macroéconomique, le déclassement apparaît, parallèlement au chômage, comme une forme de sous-emploi liée à une pénurie d'emplois qualifiés. L'origine d'une telle pénurie peut être conjoncturelle (insuffisance globale de la demande de travail) ou structurelle (insuffisance relative de la demande de travail qualifié au regard de l'offre de main-d'oeuvre diplômée). Ainsi, selon Chauvel (1998), « la dévalorisation des diplômes n'est pas le résultat de la seule diffusion des diplômes, mais le fait d'un décalage entre le r thme de progression des diplômes et celui de la croissance des postes qualifiés ». Dans un contexte ou le chômage est élevé, le fait d'accepter les situations de déclassement peut découler du fait qu'il y'ait une préférence croissante pour la stabilité de l'emploi, au détriment de sa qualité ou de sa rémunération.

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Quelle que soit son origine macroéconomique, le déclassement est susceptible de s'amplifier par le jeu des différents acteurs sur le marché du travail. Ainsi, conscients de la stratégie d'écrémage des entreprises au sein des candidats à l'emploi, les individus peuvent être incités à poursuivre leurs études, en vue d'obtenir un diplôme qui leur procure une meilleure place dans la file d'attente pour l'emploi. Ce qui conduit plutôt à une amplification du décalage entre les rythmes de croissance des compétences offertes et requises. Réciproquement, les entreprises peuvent se permettre de devenir de plus en plus exigeantes quant au niveau de diplôme détenu par les candidats à l'emploi, pour un poste à pourvoir à qualification requise donnée.

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