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Le déclassement professionnel. Insertion des jeunes diplômés au Cameroun.


par Louise Nina Belinga Nyangono
Université de Dschang Cameroun  - Master 2 2019
  

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II. PROBLEMATIQUE

Suite à ce contexte, il apparait que lorsqu'on parle d'insertion professionnelle l'accent est mis sur le marché du travail. Il donc important de faire ressortir la relation entre éducation et marché du travail. Ainsi va donc se fonder la littérature pour ce thème.

L'approche économique contemporaine de l'éducation s'est développée à partir de la fin des années 1950 avec les travaux de Schultz (Prix Nobel 1979), Becker (Prix Nobel 1992) et Mincer qui ont fondé la théorie du capital humain. Cette théorie relève que les compétences acquises dans le système d'enseignement rendent les individus plus productifs et de ce fait les revenus issus de leur travail ne peuvent qu'en être augmenté.

Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 4

Education et insertion professionnelle au Cameroun : le déclassement professionnel des jeunes

Dans cette théorie, l'éducation est perçue comme un investissement en capital humain en ce sens que chaque individu décide de la durée et du contenu de ses études en fonction de ses couts et des bénéfices espérés dans le futur. De cette décision émane donc la demande d'éducation à laquelle le système d'enseignement répond en termes d'offre. L'enseignement est donc présenté comme un processus de production du capital humain dont les dépenses d'éducation sont traduites en résultats scolaires. Cette théorie soutien donc l'hypothèse selon laquelle l'éducation serait une condition suffisante pour accéder à un emploi. Cependant Tanguy (1986) démontrera dans son ouvrage l'introuvable relation formation-emploi que l'éducation est certes une condition pour accéder à un emploi sur le marché du travail mais il y'a aussi d'autres variables qui doivent être prise en considération dans l'accès à l'emploi. Elle s'aligne ainsi à la suite des penseurs comme Arrow(1973) pour qui l'éducation est avant tout un signalement. Partant du fait que les employeurs ne peuvent avoir d'informations réelles sur la productivité des candidats, ils sont juste limités aux diplômes et au niveau d'études. L'éducation apparait donc comme un filtre permettant de détecter et de conserver les candidats les plus « capables » à priori. Thurow (1975) le rejoindra par la suite en stipulant que puisque l'employeur ne dispose pas des connaissances sur le cout d'éducation de chaque individu, il se servira donc des explicites de chacun comme reflet de l'aptitude à être formé. En outre, Thurow met un accent sur le fait que la productivité réside dans l'emploi et non dans le travailleur.

Ainsi, « au cours des décennies écoulées, le nombre d'étudiants engagés dans les études supérieures a beaucoup augmenté »2. Les jeunes se ruent massivement vers les études universitaires et supérieures quoique cette évolution s'opère dans un contexte de faible croissance économique et de progression continue du taux de chômage, favorisant la dégradation des conditions de l'insertion des jeunes diplômés sur le marché du travail. Les jeunes se retrouvent donc dans une situation où ils doivent arbitrer entre chômage et l'emploi disponible (même si celui-ci ne corresponde pas à leur niveau de diplôme), leur insertion sur le marché du travail est faite au prix d'un déclassement professionnel. Les jeunes diplômés sont donc prêts à exercer un emploi pour lequel leur niveau de formation initiale dépasse celui théoriquement requis ou à percevoir un salaire inférieur à celui correspondant théoriquement à leur niveau d'instruction3.

Est considéré comme « déclassé », tout individu qui, à son entrée dans la vie active, occupe un emploi inférieur à celui auquel son diplôme aurait pu lui permettre de prétendre. Compte tenu de la forte croissance de l'offre de main-d'oeuvre diplômée

Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 5

Education et insertion professionnelle au Cameroun : le déclassement professionnel des jeunes

relativement à celle de la demande de travail qualifié, de telles situations sont devenues fréquentes sur le marché du travail.

La notion de déclassement reste souvent floue ou contestée en sciences sociales perçue comme le reflet des pratiques de surqualification des employeurs pour certains ou, à l'inverse, comme le produit de la sur-éducation des jeunes pour d'autres, la logique explicative de ce phénomène reste donc en tension. Se référant à l'acception de BOURDIEU (1978), il faut souligner qu'un individu est déclassé quand il est contraint de renoncer au classement social qu'il pensait obtenir grâce à son diplôme. Néanmoins, l'idée de contrainte forme un élément essentiel dans le « renoncement », il s'analyse en lien avec l'état du marché du travail sur lequel le jeune se positionne.

Bon nombre des pays de l'ASS suite aux difficultés liées à leur enlisement dans les persistantes crises socioéconomiques ces deux décennies, vivent des situations paradoxales. Car, à mesure que la population croît rapidement les conditions de vie se dégradent de plus en plus rendant ainsi plus difficile la situation sur le marché du travail.

Avec la saturation de l'État Camerounais qui est resté depuis l'indépendance en 1960 le principal pourvoyeur d'emploi du pays, le recrutement des diplômés a connu un inquiétant tassement. Les jeunes qui constituent la frange de la population active la plus affectée sont les moins outillée pour lutter contre le chômage car, 70 % de jeunes qui arrivent sur le marché du travail camerounais n'ont aucune qualification en termes de métier. Ainsi, malgré les dispositifs d'aide à l'insertion mis en place par l'Etat, le chômage des jeunes reste une préoccupation. Les données du recensement démographique de 1987 indiquaient que le chômage des moins de 25 ans représente 66 % du chômage total et celui de la tranche des 15-29 ans, 80 %; les conclusions de l'étude du Groupe d'études et de recherches en économie appliquée du centre universitaire de Douala (1988, 35) qui relèvent que 52 % des diplômés de l'enseignement supérieur sont au chômage (Tama Ateba, 1996, ) ont sans doute largement contribué à la détermination du gouvernement à réorienter la politique de l'éducation vers le monde de l'entreprise.

Mebara (1984) fait figure de pionnier dans la recherche sur l'éducation, l'emploi et le salaire au Cameroun. Ce dernier montre que :les entreprises ont tendances a ne recruter que les étudiants ayant une expérience du terrain au détriment de ceux qui, ayant un diplôme équivalent n'ont suivi qu'un cursus uniquement universitaire ; il existe des inégalités en matière d'importance accordée par le pouvoir public a l'enseignement

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Education et insertion professionnelle au Cameroun : le déclassement professionnel des jeunes

général par rapport à l'enseignement technique ; dans le supérieur les disciplines littéraires et juridiques sont dominantes des disciplines scientifiques. Cette approche, quoique ancienne dans les textes reste encore présente aujourd'hui car malgré les efforts consentis, l'insertion sur le marché du travail demeure une préoccupation permanente.

Actuellement, le niveau de diplôme est bien un facteur essentiel d'accès au monde professionnel Camerounais, mais il ne suffit pas à garantir une protection face au chômage et d'autres aléas du marché du travail. De plus, pour les diplômés qui veulent obtenir un emploi, il existe un fort décalage entre le niveau de diplôme atteint et la qualification de l'emploi obtenu. La demande de travail pour des emplois qualifiés n'est pas suffisante par rapport à l'offre de main-d'oeuvre diplômée. Ainsi, les difficultés d'insertion sur le marché du travail conduisent beaucoup de jeunes diplômés, car ils n'ont pas d'autre alternative, à exercer un emploi pour lequel leur niveau de formation initiale dépasse celui théoriquement requis, les entraînant de ce fait au déclassement professionnel.

Face à cette situation, il apparait opportun d'approfondir les analyses sur la notion d'insertion professionnelle des jeunes au Cameroun. Au regard des développements et la problématique ci-dessus la question principale qui servira de fil conducteur à nos investigations est celle de savoir : Quel est le lien existant entre l'éducation et l'insertion professionnelle des jeunes au Cameroun et quelle est l'ampleur du déclassement professionnel des jeunes camerounais ? De cette question principale peuvent naitre deux questions spécifiques que sont :

-Quel est l'apport du niveau d'études et/ou de formation professionnel dans l'insertion des jeunes sur le marché du travail ?

-les jeunes formés (diplômés) trouvent-ils toujours un emploi cadrant avec leur niveau de formation ?

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld