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Dynamique des représentations sociales de l'agriculture et de la ruralité dans un contexte territorial du vieillissement de la population : Le cas du « Projet Nô-Life » de la Ville de Toyota au Japon

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par Kenjiro Muramatsu
Université de Liège - DEA Interuniversitaire en Développement, Environnement et Sociétés 2006
  

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Représentations : mise en relation de Ikigai et la ruralité (Nô)

Pourquoi et comment la place de l'idée d'Ikigai a été accordée et légitimée par la politique de la municipalité de Toyota ? Pour répondre à cette question, nous allons d'abord constater une portée politique et sociale de l'entrée en vigueur en 2000 de la Loi sur l'Assurance des Personnes âgées dépendantes, qui marque, au niveau politique, un grand changement des représentations du vieillissement au Japon. Ensuite nous allons examiner l'évolution récente des représentations portées par la politique municipale de Toyota sur le vieillissement. Il s'agit d'une approche généalogique sur l'émergence de l'idée d'Ikigai en tant qu'un projet politique légitime aussi bien qu'au niveau national qu'au niveau local.

Loi sur l'Assurance des Aides aux Personnes âgées dépendantes (Kaigo-hoken hô)

La Loi sur l'Assurance des Aides aux Personnes âgées dépendantes adoptée en 1997 semble marquer un grand tournant politique et sociétal au Japon. C'est un tournant pour le Japon en tant qu'Etat-providence. L'objectif de notre analyse ici n'est pas d'étudier l'évolution de la politique sociale du vieillissement au Japon dans son détail. Cependant, il nous serait utile de survoler cette évolution pour comprendre le changement qui s'est opéré sur les représentations objectives du vieillissement au Japon de ces dernières décennies, ainsi que les contextes d'apparition de l'établissement de la SCI de la Ville de Toyota, et ensuite le processus de la construction du Projet Nô-Life. C'est pourquoi nous allons nous baser sur des explications générales données

411 Direction Santé et Bien-être, 2000 ; Section Bien-être et Vieillissement de la Direction Santé et Bien-être, 2003 ; Section Bien-être et Vieillissement de la Direction Santé et Bien-être de la Ville de Toyota, 2006.

412 Comité pour la promotion de la création d'Ikigai, 2001.

dans un ouvrage japonais publié en 2001, intitulé « Introduction à la Sécurité sociale (Shakai Hoshô Nyûmon) » et ecrit par Zenji TAKEMOTO, expert de la sécurité sociale japonaise413.

L'apparition de la Loi sur l'Assurance des Aides aux Personnes âgées dépendantes est liée, d'une part, au vieillissement de la population accéléré414 par rapport aux autres pays développés, d'autre part, au changement du style de vie de la population japonaise lié à l'urbanisation et à la rapide industrialisation réalisée à l'époque de la Haute croissance japonaise (Kôdo keizai seichô jidai)415.

Quant au vieillissement, d'après une estimation nationale, le taux de la population âgée de plus de 65 ans va dépasser 25% en 2015 au Japon. Cette phase du vieillissement est appelé « société hyper âgée (chô-kôrei shakai) ». En général, l'augmentation du taux de population âgée dans une société fait augmenter celui de la population malade ou handicapée, parmi laquelle le risque de dépendance s'impose à long terme. Ce risque de dépendance à long terme est présent, surtout chez les personnes âgées de plus de 75 ans, dû aux affections chroniques comme le diabète, les rhumatismes, les troubles des organes de la digestion plutôt qu'aux affections aiguës416. Et ceci constitue la plus grande cause de l'augmentation du coût médical417. Ce risque de dépendance nécessite non seulement des services médicaux mais surtout des aides aux personnes âgées dépendantes (kaigo) et de divers services pour le "bien-être (hukushi)" à long terme418.

Le nombre des personnes qui ont besoin d'aides aux personnes âgées dépendantes au Japon était de 2 627 675 en 2001419. Le Ministère du Travail et du Bien-être (Kôsei Rôdô shô) estime qu'en 2010, il y aura, parmi la population âgée de plus de 65 ans, 1 900 000 personnes affaiblies (kyo-jaku), 300 000 personnes démentielles (chihô) et 1 700 000 personnes grabataires (netakiri), soit 3 900 000 personnes au total. Puis, pour l'an 2025, on estime 2 600 000 personnes affaiblies, 400000 personnes démentielles et 2300000 personnes grabataires, soit 5200000 personnes au total420.

Par alilleurs, le principal changement du style de vie de la population japonaise est au niveau famillial. En effet, la rapide industrialisation de l'époque de la Haute croissance et l'urbanisation qui s'est développé parallèlement, ont fait augmenter le nombre des familles nucléaires ainsi que les foyers constitués uniquement par des personnes âgées421. Ce qui fait diminuer considérablement la capacité de la prise en charge des personnes âgées dépendantes au sein des familles422.

Le phénomène appelé l' « hospitalisation sociale (shakai-teki nyûin) » explique bien une des conséquences de ces derniers constats de la société japonaise. Il s'agit de bon nombre de gens ayant des maladies inguérrisables par des traitements médicaux, qui restent hospitalisés pour des raisons "sociales" dues notamment à la situation familliale et ensuite au manque de systèmes de aides aux personnes âgées dépendantes et du bien-être dans leur territoire. Ce phénomène est vu de manière négative dans la société japonaise. De plus, au niveau familial, la surcharge que constitue la prise en charge des personnes âgées dépendantes imposée aux autres membres de la famille, souvent des femmes au foyer, peut même conduire, de manière critique, à la détérioration des relations familiales.

Tous ces contextes sociaux ont fait apparaitre l'idée de la « socialisation des aides aux personnes âgées dépendantes (kaigo no shakai-ka) » qui consiste d'abord à séparer le travail des aides aux personnes âgées dépendantes de celui des services médicaux, puis, à financer ces services par l'introduction d'une nouvelle assurance sociale et ensuite à les assurer avec divers acteurs publics et privés.

En fait, cette introduction de la nouvelle assurance sociale en matière des aides aux personnes âgées dépendantes implique un important changement au niveau des représentations politiques du vieillissement au Japon : il s'agit du rôle de l'Etat centralisé et de celui de la famille. En effet, auparavant, les aides aux personnes

413 Takemoto, 2001 : 145-166.

414 Naikaku-hu, 2006 : 9.

415 Takemoto, 2001: 146-147.

416 Takemoto : 148.

417 Ibid.

418 Ibid.

419 Ibid. : 160.

420 Ibid. : 147.

421 Ibid. ; Naikaku-hu, 2006 : 9.

422 Ibid. : 147.

âgées et les services de bien-être des personnes âgées étaient financés par l'impôt centralisé et assurés par certains organismes limités (collectivités territoriales et « personnes morales pour le bien-être public (shakai-hukushi hôjin) »)423 . Puis, les familles et les hôpitaux complétaient le manque de services généré par ces organismes limités. Toutefois, la situation du vieillissement accéléré a rendu insuffisante la capacité des prises en charge assurées par ce système centralisé de l'Etat et complétée par les familles.

L'application du système de l'Assurance des Aides aux Personnes âgées dépendantes introduit une série de nouveaux principes : choix des individus-usagers vis-à-vis des aides aux personnes âgées dépendantes ; nouveaux rôles des collectivités territoriales en tant qu' « assureur (hokensha) » ; rôle complémentaire de l'Etat ; services centrés sur ceux à domicile ; divers services offerts par les organismes publics et privés.

Le paiement de cotisations est obligatoire à partir de l'âge de 40 ans424. Les cotisants ont le droit de demander une aide aux personnes âgées dépendantes à partir de l'âge de 65 ans. L'Etat (c'est-à-dire l'impôt) finance les collectivités territorriales pour la moitié du coût de ces services pour compléter le financement assuré par cette assurance425.

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