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Dynamique des représentations sociales de l'agriculture et de la ruralité dans un contexte territorial du vieillissement de la population : Le cas du « Projet Nô-Life » de la Ville de Toyota au Japon

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par Kenjiro Muramatsu
Université de Liège - DEA Interuniversitaire en Développement, Environnement et Sociétés 2006
  

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Acteur 3 : Direction des Activités agricoles de la Coopérative agricole de Toyota (CAT)

Caractère général de l'acteur

478 Il s'agit des : la coopérative agricole (CAT, acteur 3), l'administration agricole départementale (BDPA, acteur 4), l'organisme de vulgarisation (ECV, acteur 5), la Commission agricole etc. Les connaissances mutuelles entre ces agents du secteur agricole sont historiquement constituées dans le cadre des activités pour le « développement agricole » ayant une connotation économique et sectorielle.

479 Voir la partie de l'acteur 5.

480 `Inaka toshi' en japonais.

481 Voici la question - réponse entre l'enquêteur et Monsieur A : « [ L'enquêteur : La caractéristique du Projet Nô-Life me semble être liée à l'originalité de la Ville de Toyota : caractère non mégalopole comme Tokyo où la hausse de prix fonciers est extrème avec la speculation, mais une ville moyenne et rurale, qui est riche grâce à ses industries... Y-a-t-il des rapports possibles avec le Projet Nô-Life et l'aménagement urbain ?] C'est bien ça, c'est une 'ville rurale'. Sans avoir un cadre de vie comme base, on ne peut rien faire. L'idée d'introduire la 'ruralité (nô)' dans un cadre de vie est égale à un aménagement de la ville intégrant cette ruralité. Toutefois, - si ça peut être une contradiction politique - pour faire une agriculture intensive, et pour un développement agricole, il est nécessaire de baisser le coût et développer une agriculture à grande échelle, je pense. (...) Mais après tout, sans base de vie, pas de tentatives d'activités agricoles. Pour les habitants de grands ensembles (= 'danchi' en japonais), il n'y en a nulle part (moyens pour faire des activités agricoles). En bref, leur environnement ne leur permet pas de le faire. Alors, par où on doit ouvrir des portes pour eux ? Les jardins potagers et familiaux sont là, mais ce n'est pas encore suffisant. L'idée de les élargir seulement au niveau administratif est perverse. Il serait plus important que les gens de foyers agricoles créent un environnement favorable, puisqu'ils ont des moyens de le faire au niveau institutionnel. Donc, l'important est de donner des méthodes à ces gens-là, par exemple des subsides, comme par exemple 'on aide 20% pour aménager vos terrains agricoles et pouvez-vous en faire des jardins familiaux ?' etc. Ca serait une idée, même si l'on ne l'a pas encore étudiée... ».

Présentation générale des Coopératives agricoles japonaises (JA) : un peu d'histoire

L'établissement des « Coopératives agricoles japonaises (Nôgyô kyôdô kumiai : Nôkyô ; Japan Agriculural Cooperatives : JA » remonte en 1948. L'origine de cette organisation remonte à l' « Union agricole (Nôgyô kai) » établie en 1943 par le régime totalitaire pendant la guerre pacifique dans le but de centraliser, sous l'égide de l'Etat, la distribution des denrées alimentaires.

Une coopérative, mais également une grande firme...

Le JA est un organisme représentant l'immense majorité des foyers agricoles japonais, en 2004, le nombre d'adhérents était environ 5 050 000 membres officiels (foyers agricoles) et 4 090 000 membres associés (foyers non agricoles) au Japon482. Et le nombre total de coopératives agricoles était de 813 en 2004 alors qu'en 1993, il était de 3012. Ce qui correspondait à peu près au nombre de collectivités au Japon à cette époque. Depuis lors, accompagné par le changement de son appellation générale de « Nôkyô » à « JA », le mouvement massif de fusions intercommunales de coopératives fut très rapidement procédé jusqu'à aujourd'hui. Ce qui reflète le déclin de la population agricole japonaise, notamment accentué dans les petites collectivités rurales dépeuplées. Le nombre de membres officiels, c'est-à-dire les agriculteurs, a également diminué de 720 000 depuis 1975 (5 770 000 en 1975 à 5 050 000 en 2004) en raison de la diminution du nombre des foyers agricoles483.

Etant une coopérative agricole, elle est également un grand organisme financier : la Banque de JA (Nôrin chûo kinko : The Norinchukin Bank) est une grande banque à l'échelle mondiale484.

Les fonctions des JA sont diverses. Quatre fonctions générales sont : achat commun des matériels agricoles (engrais, pesticides, machines etc) ; vente commune des produits agricoles ; crédits (épargne, prêt etc) ; mutualité (assurances de vie, de logement, auto etc). Puis s'y ajoutent l'offre de divers services pour la vie quotidienne des membres (supermarchés, santé, aides aux personnes âgées, tourisme, organisation de cérémonies funéraires etc.)

Coopérative agricole de Toyota (CAT)

La CAT avait, en 2005, 15352 membres agriculteurs composant 15132 foyers agricoles485. D'après la brève explication de Monsieur S, directeur de la Direction des Activités Agricoles (Einôbu) de la CAT, cette direction a quatre domaines d'activités : achat commun des matériels agricoles (kôbai), vente commune des produits agricoles (hanbai), utilisation d'établissements (riyô : silo, locaux pour le calibrage etc.) ; orientation agricole (shidô : stages agricoles, conseils techniques etc).

Pour la CAT, le Projet Nô-Life relève du domaine de l'Orientation agricole. Si le domaine de la vente constitue une des prémières préoccupations de la Direction des activités, les activités de l'orientation agricole ne produisent pas directement de profits économiques pour les membres. Le domaine de la vente constitue ainsi le « visage de la Coopérative (nôkyô no kao) », « C'est, dit Monsieur S, de là que l'argent vient pour les membres ». C'est pourquoi Monsieur S souhaite également faire le lien entre l'investissement au Projet Nô-Life et un développement de la vente de produits agricoles. Ces dernières années, le chiffre d'affaires de la CAT a tendance à baisser en raison de la baisse des prix agricoles comme celui du riz notamment dans le contexte de la libéralisation du marché.

Partenaires institutionnels

482 Zenkoku Nôgyô kyôdô kumiai chûou kai : Zen-chû (Fédération centrale des Coopératives agricoles japonaises) : http://www.zenchu-ja.or.jp/profile/b.html (site officiel).

483 Ibid.

484 En 1995, elle était dans les dix premiers rangs des plus grandes banques dans le monde.

485 Aichi Toyota Nôgyô Kyôdô Kumiai (2005) : 25.

Les partenaires avec lesquels la CAT collabore régulièrement sont : les municipalités situées au territoire concerné (dont notamment celle de Toyota) ; le département (BDPA : Bureau Départemental de la Politique Agricole) ; l'organisme de vulgarisation (ECV : Ex-Centre pour la Vulgarisation, attaché au département). Les municipalités et le département concernent notamment le domaine administratif : la gestion des subsides, et celle des biens fonciers avec la Commission agricole486 etc. Puis, l'ECV est chargé du domaine d'orientation agricole au niveau technique et économique.

Bref historique de l'implication de la CAT dans l'élaboration du Projet Nô -Life

L'évènement marquant la première implication de la CAT dans le processus de l'élaboration du Projet Nô-Life fut la proposition de « la Conception de l'Ecole rurale (nôson juku kôsô) » par Monsieur S, dans le cadre du Plan de 96 de la Municipalité de Toyota

En fait, cette conception contenait les idées qui influençèrent le plus une série d'actions concernées qui ont précédé le Projet Nô-Life depuis la fin des années 90 jusqu'en 2004 : Jardins citoyens ; Ecole de l'agriculture vivante ; Ferme-école des Personnes âgées etc. Et comme on l'a vu dans la partie précédente sur la SCI, la proposition était initialement faite par Monsieur S sous un titre différent : « Conception du Second Life Academy ». Monsieur S, qui était soucieux de la situation du manque de successeurs des activités agricoles au sein des foyers agricoles, du au vieillissement de la population agricole, a eu l'idée d'ouvrir une école afin de donner un enseignement agricole pour les retraités salariés des foyers agricoles n'ayant très peu d'expériences agricoles. Ensuite, la Municipalité de Toyota voulut prendre cette idée comme un projet pour le public en général en majorité salariale pour lequel le problème du vieillissement démographique était de plus en plus considéré comme important. C'est ainsi que, nous l'avons vu, le CPCI coordonné par la SCI, a repris cette conception comme idée de base pour élaborer leur proposition remise au maire en 2001.

Suite au lancement du Plan de 96, et à la suspension du projet du Parc rural en 1999, la CAT commença à mener ses actions, en collaboration avec le BPA et l'ECV, pour réaliser une série de projets qui étaient prévus dans le cadre de la Conception de l'Ecole rurale. Les Jardins citoyens (1998-) et l'Ecole de l'agriculture vivante (2000-2003) furent ainsi mis en oeuvre, afin d'encourager le public à mener des activités agricoles dans le territoire de la Ville de Toyota.

Jardins citoyens (1998-)

L'ouverture des « Jardins citoyens (shimin nôen) » consistait à aménager plusieurs ensembles de terrains agricoles comme des jardins potagers disponibles au public dont chaque parcelle fait 70-100 \u13217§(0.7-1 are). Ces jardins sont situés en milieu rural (zone d'urbanisation contrôlée) à la différence des jardins appelés « jardins familiaux (katei saien) » qui étaient déjà aménagé à l'intérieur de la zone urbaine (zone à urbaniser), dont chaque parcelle compte 20-30 \u13217§(0.2-0.3 are). En aménageant ces nouveaux jardins potagers à une échelle plus grande, la CAT et la Municipalité de Toyota escomptaient que les usagers puissent développer leur pratique de jardinage au delà d'un simple loisir, et ainsi mettre en valeur plus de terrains agricoles qui étaient laissés en jachère ou en friche.

Ecole de l'agriculture vivante (2000-2003)

Puis, l' « Ecole de l'agriculture vivante (Ikiiki nôgyô juku) » a été lancée en 2000 par une coopération entre la Municipalité de Toyota (BPA), la CAT et l'ECV. Elle est considérée comme une forme de mise en oeuvre de l' Ecole rurale telle qu'elle était conçue dans le Plan de 96.

Ce projet consistait à donner une formation agricole à une quarantaine de stagiaires pendant un an. D'après

486 La Commission agricole dont l'origine remonte, nous l'avons vu dans le chapitre 1, à la Commission agraire organisée pour la Réforme agraire, est attachée à la Municipalité, qui donne l'autorisation à l'acquision des droits (location ou achat) d'utilisation de terrains agricoles.

Monsieur S, seulement deux jours après le lancement de l'appel à candidature pour ce stage, le nombre de personnes ayant posé leur candidature avait déjà dépassé le nombre de stagiares prévu. En utilisant des terrains agricoles gérés par la CAT, six agriculteurs de la région ont enseigné leur méthode culturale à ces stagiaires. Le projet a duré quatre ans avec succés. En plus, après la formation, un bon nombre de stagiaires (23 sur 112 anciens stagiaires en 2004) se sont organisés en un nouveau groupement de producteurs de l'agriculture biologique au sein de la CAT pour continuer leurs production et distribution de leurs produits en circuits courts.

Ce projet était destiné au public, dont les femmes et les retraités salariés des foyers agricoles pluriactifs ainsi que les retraités des foyers non agricoles. Il constitua ainsi une référence importante dans l'élaboration du Projet Nô-Life.

Puis, c'est à partir du moment où les stagiaires ont voulu continuer leur activité agricole dans leur propre terrain, que fut mis en question le problème de la Loi agraire qui réglementait le droit d'utilisation de terrains agricoles avec la surface minimum d'installation de 0.4ha. Cette régle constituait une barrière pour les stagiaires qui voulaient utiliser formellement des terrains agricoles. D'où l'élaboration du Projet Nô-Life visant à créer un système d'entremise des terrains agricoles au public, en appliquant une déréglementation de la surface minimum d'installation dans le cadre de la Politique des Zones spéciales.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote