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La pin-up et ses filles: histoire d'un archétype érotique

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par Camille Favre
Université Toulouse Le Mirail - Master 2 Histoire des civilisations modernes et contemporaines 2007
  

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3.2 Un corps idéal.

Dans les années soixante, la volonté d'uniformisation et de standardisation du corps féminin par rapport à un modèle normé, est renforcée par la création de la poupée Barbie. Ce jouet, destiné aux petites filles, leur offre une vision idéalisée de la féminité tout comme les pin-up. Barbie est bel et bien une pin-up en trois dimensions. Parmi les objets produits par la culture populaire mondiale, Barbie s'est imposée comme icône du corps qui concentre les symboles de la culture de consommation et de la société post-moderne : corps superbe mis en scène avec des biens de consommation innombrables et toujours renouvelés, notamment sa garde robe infinie, corps apprêté usant des cosmétiques, suivant la mode, corps éternellement jeune adapté aux caprices du changement social et culturel.

Deux ans après sa naissance, les créateurs de Barbie décide d'adoucir les traits de son visage, puis tous les sept ans, son visage, toujours enfantin, est redessiné afin de correspondre aux tendances actuelles. Après les années soixante, les concepteurs de Barbie ont le souci de présenter une femme moins sophistiquée, plus naturelle. Son regard prend de la profondeur, l'iris blanc devient bleu, le sourcil arqué plus légèrement courbé. Les gros anneaux qu'elle a coutume de porter aux oreilles sont remplacés par de simples perles et disparaissent même en 1965. En 1963, elle peut changer de coiffures grâce à des perruques. Au fur et à mesure, la souplesse de Barbie va être amélioré : en 1964, elle peut plier les genoux et ses yeux s'ouvrent et se ferment. Un an plus tard ses jambes sont articulées. En 1967, son buste pivote. Par ailleurs, l'expression de son regard est plus jeune, plus tonique, plus innocent. La poupée a de grands yeux bordés de longs cils, le teint plus clair encore, les cheveux ont poussé. Elle peut parler en 1968, en 1970 ses mains peuvent s'articuler et il est possible de lui friser les cheveux. A partir des années soixante-dix, le monde Barbie s'agrandit considérablement : des soeurs, des amies et un fiancé.

Ce corps spectaculairement féminin, tout comme celui des pin-up, est poussé à l'extrême, jusqu'à l'irréel. Barbie est, elle aussi, un assemblage de signaux sexuels hypertrophiés : seins volumineux, taille de guêpe, hanches plutôt étroites, jambes galbées et longues, fesses bombées, jolie chute de rein et un visage enfantin. Barbie également ne cherche pas à être réelle : elle n'a pas de sexe, pas de poils. Elle est un fétiche de la féminité et non de la maternité, ses seins par exemple, ne sont pas destinés à allaiter mais à « être femme », c'est pourquoi elle n'a pas de mamelons et ses hanches sont étroites. Barbie est une reconnaissance visuelle globale et immédiate de la féminité.

Modelée sans le moindre défaut, Barbie est surtout une icône corporelle, façonnée pour correspondre à des normes culturelles occidentales qui définissent un corps beau et désirable : peau claire, cheveux blonds, yeux bleus, nez retroussé, silhouette longue et mince. Le corps de Barbie offre à chacune, ce à quoi s'identifier, ce qu'il faut imiter - même inconsciemment dans la plupart des cas. Elle permet une projection dans le futur aux petites filles, preuve en est les nombreuses lettres que reçoit le Barbie Fan Club (créé en 1961) ; en 1963, Newsweek en compte plus de 10000 par semaine83(*). Avec Barbie, la fillette s'exerce à être femme, elle se prépare à ses rôles futurs de femmes auxquels elle sera tenue de se conformer sous peine de ne pas être socialement acceptée. Barbie apprend aux petites filles à être des femmes, à la fois consommatrices et consommables.

* 83 Newsweek, 25 novembre 1963, cité par DEBOUZY Marianne, « La poupée Barbie », Clio, n°4, 1996, pp.239-255.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery