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La pin-up et ses filles: histoire d'un archétype érotique

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par Camille Favre
Université Toulouse Le Mirail - Master 2 Histoire des civilisations modernes et contemporaines 2007
  

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1.2 Regard sur les pin-up allemandes.

Les pin-up présentes sur les couvertures des magazines tels que Gondel, Paprika ou Mix s'inscrivent dans la tradition des pin-up américaines. Les pin-up allemandes possèdent, tout d'abord, la même plastique que leurs cousines américaines. Elles ont, elles aussi, un visage enfantin et frais. Elles portent systématiquement les accessoires de séduction les plus courants.

Ces pin-up allemandes, vêtues selon la dernière mode, portent des vêtements très sexy qui mettent en valeur leurs formes féminines. En tant que sex-symbol, elles ne doivent pas se déroger à cette fonction, il n'existe pas ou peu de pin-up en pantalon. Il arrive souvent que, comme leurs homologues américains, les artistes allemands pour rendre leurs pin-up plus sexy, les vêtissent d'un déshabillé de voile.

Les mises en scènes dans lesquelles elles apparaissent sont aussi issues du quotidien. Par exemple, une couverture de Gondel datant de 1952 présente une pin-up en petite tenue (culotte et soutien gorge blanc) et talons aiguilles, allongée sur le dos pour pratiquer ses exercices de mises en formes (abdominaux) (Ill. 61). Elle soutient son bassin avec ses mains dont les ongles sont vernis. Une de ses jambes est légèrement repliée. Derrière elle, on devine un décor de chambre : rideau vert et paravent mauve. Cette pin-up blonde, regarde le voyeur en souriant comme les pin-up américaines. Mais à la différence celles américaines, les pin-up allemandes, pour la grande majorité, regardent le spectateur de manière plus franche, présupposant évidemment que celui-ci est un homme. Ce regard franc et séducteur renforcé par un sourire enjoliveur permet là aussi de déculpabiliser le spectateur-voyeur. Les figures féminines allemandes s'inscrivent alors dans un autre registre, celui de la complicité et de la confiance, en comparaison avec leurs cousines américaines. L'invitation est plus directe, le regard, renforcé par le sourire, est plus incitateur (Ill. 62, 63).

Par contre, comme avec les pin-up américaines, la crédibilité de la mise en scène importe peu : dans la couverture de Gondel la pin-up fait ses exercices sportifs en talons aiguilles et sous-vêtements. Les artistes allemands instrumentalisent eux-aussi la scène afin de découvrir, dévoiler la lingerie de leurs filles. Dans la couverture décrite précédemment, la position peu commune de la pin-up permet à l'artiste de mettre l'accent sur les jambes de celle-ci. En effet, les deux tiers de la couverture du magazine sont occupés par les jambes fines et lisses de la pin-up.

D'autres magazines allemands utilisent aussi ce procédé : un numéro de Mix de l'année 1950 présente une pin-up qui s'apprête à sortir (Ill. 64). Elle est vêtue d'une robe de soirée en soie ou satin bleu métallisé. Sa poitrine est mise en valeur grâce à sa robe bustier et à la rose décorative placée entre ses deux seins. Elle est accessoirisée : talons hauts et immenses gants assortis à la robe. Un jeune groom derrière elle lui tend son manteau de fourrure. Il semble déstabilisé par la belle. En effet celle-ci a remonté sa robe jusqu'en haut de ses cuisses pour pouvoir fixer ses bas aux agrafes de son porte-jarretelles, nous dévoilant ainsi ses longues jambes ornées de bas couleur chair.

On retrouve également une série de pin-up surprises. La couverture du magazine Cocktail, par exemple, propose une pin-up en train de s'habiller dans sa chambre (Ill. 65). Elle porte juste ses sous-vêtements (culotte et soutien-gorge), ses bas noirs et ses escarpins. Elle est en train d'enfiler une chemise lorsqu'elle est surprise. Elle nous regarde, la bouche légèrement ouverte entre sourire et interrogation. L'homme n'est pas coupable de la surprendre. Les scènes d'intérieur offrent la possibilité au spectateur masculin d'entrer dans une intimité support de fantasmes et de ce fait renforcent le côté voyeuriste cher à nos artistes de pin-up. Le contexte est mis au service du voyeur. Les artistes allemands respectent ainsi le code graphique des pin-up.

Comme les périodiques américains, ceux allemands emploient des pin-up en couvertures pour « doper » leurs ventes. Le numéro de mois de décembre 1950 du magazine Gondel propose, comme une grande majorité de revues durant cette période de fête, une pin-up de Noël (Ill. 66). Celle-ci est vêtue du costume du Père Noël, légèrement arrangé de manière à ce que celui-ci soit beaucoup plus sexy : bottines rouges à talons, ornées de fourrure blanche, jupe courte rouge ourlée d'une bande de fourrure blanche et enfin un soutien gorge rouge agrémenté lui aussi de fourrure. Elle porte une toque égayée d'une branche de houx. Assise sur des cadeaux, les jambes croisées, elle est en train d'allumer des bougies disposées sur une couronne de sapin. Derrière elle, un feu de cheminée dégage une lumière douce et chaude, ce qui renforce l'érotisme de cette scène. Tout comme les artistes américains, les dessinateurs allemands jouent avec des couleurs chaudes : rouge, orangé, rose pour leurs pin-up. Ces couleurs vives renforcent le côté jeune, frais et gai des pin-up.

Les magazines de charme allemands des années cinquante, dont de très nombreuses pin-up ornent les couvertures, vont eux aussi participer à la mondialisation de cette représentation féminine stéréotypée qu'est la pin-up. Symboles d'abondance et d'une économie en pleine reconstruction puis en expansion, les pin-up s'établissent sur le Vieux Continent, en tant qu'ambassadrices du plan Marshall, constituant alors une aide symbolique. Dans l'Allemagne reconstruite, et plus particulièrement dans l'Allemagne de l'ouest, les modèles de prospérité, d'optimisme et de réussite sont survalorisés comme symbole d'un renouveau et d'une renaissance économique, politique et culturel.

Une couverture de Paprika de 1950 résume bien ce nouvel espoir de reconstruction financée par les Etats-Unis (Ill. 67). Une pin-up rousse, typiquement germanique, vêtue d'une petite jupe verte assortie à son soutien-gorge et ses escarpins, semble tombée du ciel. Son grand sourire, ses joues rouges et ses yeux rieurs soulignent sa gaîté. Sa chute dévoile ses bas, son porte-jarretelles et les dentelles de sa culotte. Au sol quatre hommes disposés à chaque coin tiennent un immense billet vert allemand comme pour amortir la chute de la jeune fille. Ce magazine dont le slogan est « le magazine de l'espoir » remplit bel et bien sa mission avec cette couverture très symbolique.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle