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La pin-up et ses filles: histoire d'un archétype érotique

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par Camille Favre
Université Toulouse Le Mirail - Master 2 Histoire des civilisations modernes et contemporaines 2007
  

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IV. Quand les pin-up prennent vie.

Dans la presse, parallèlement aux dessins de pin-up, on voit apparaître des photographies de femmes présentées en tant que pin-up. Le terme « pin-up » recouvre alors, dès les années quarante, deux formes artistiques : le dessin et la photographie. Mais la photographie de pin-up est aussi un genre particulier qui mérite toute notre attention. En effet, ce genre possède ses propres caractéristiques, ses propres artistes et ses modèles qui le distingue de la photographie classique et artistique. Cette autre iconographie paraît légèrement différente de celle de la pin-up classique.

1. La photographie.

1.1 La naissance du genre photographique pin-up.

Au début des années quarante, le terme de « pin-up » est aussi couramment usité pour désigner des photos de belles filles. La presse à soldat représente certes un des supports les plus florissants pour les pin-up dessinées, mais aussi pour les photographies de jeunes femmes souvent anonymes.

Tout comme nos pin-up dessinées, ces modèles pin-up participent à l'effort de guerre en tant que soutien moral des troupes. Lorsque Bernard of Hollywood, photographe célèbre de pin-up, est traîné devant les tribunaux pour obscénité suite à la parution de son ouvrage Pin-ups : a Step Beyond112(*), ouvrage regroupant sa production photographique ; son avocat présente à la cour, au cours du procès, une lettre du ministre de la Défense. Le ministre y remercie officiellement le photographe d'avoir autorisé la reproduction de ses photos de pin-up dans les journaux et les brochures de l'armée de terre et de l'air pour « remonter le moral des troupes ». Ce livre reçoit même les éloges du général Dwight David Eisenhower (1890-1969). En se fondant sur les preuves de la « portée sociale » des images de pin-up, la Cour Suprême prononce un non-lieu car nombreuses sont les lettres de GI's adressées à Bernard of Hollywood dans les années quarante lui demandant une photo de pin-up : celle d'une certaine fille qui avait titillé leur imagination, d'une fille bien de chez eux qui leur donnerait une bonne raison de continuer à se battre.

Le conflit s'éternisant, les conditions de la vie quotidienne de plus en plus difficiles, le manque de plus en plus déstabilisateur ont probablement eu raison des dessins de pin-up. Les photographies de jeunes filles un peu dénudées (principalement la poitrine) permettent alors de pallier la solitude et l'abattement grandissant du soldat. Plus réelles que les dessins, ces photographies légèrement érotiques de belles Américaines deviennent, elles aussi, soutien et support de fantasmes pour les hommes du front.

C'est vraiment durant la Seconde Guerre Mondiale que naît le genre photographique pin-up. En effet, même si l'on trouve avant cette période des photographies de femmes dans la même presse où apparaissent nos pin-up, celles-ci sont principalement des photographies d'actrices, de chanteuses, ou moins souvent de danseuses déjà reconnues. Les jeunes femmes restées à l'arrière participent à l'effort de guerre en posant pour remonter le moral des troupes. Mais cette explosion de ce genre photographique est également à mettre en lien avec l'âge d'or d'Hollywood comme nous le verrons ultérieurement. En effet, l'attrait de cette industrie cinématographique florissante, amène une nuée de jeunes filles à se précipiter à Hollywood dans le but de se faire remarquer. Tout comme le souligne Bernard of Hollywood : « à cette époque, Hollywood était un aimant pour toute l'Amérique. Toutes les filles qui avaient été majorettes dans leur lycée, qui étaient considérées comme relativement mignonnes, qui s'étaient entendu dire par leur petit ami "Chérie, tu devrais faire du cinéma", se précipitaient à Hollywood et prenaient un agent. Or si vous aviez un bon visage et une bonne silhouette, il était très facile d'être prise par un agent. Et, si vous aviez de bonnes photos, il était très facile de franchir les portes du studios113(*) ».

La majorité des modèles posent en « pin-up » tout comme les actrices d'Hollywood qui affectionnent ce type de pose pour leurs photos de publicité. Quant à la plupart des magazines ils sortent des éditoriaux nommés « Pin-up Parade » ou « Pin-up Revues ». Le genre photographique pin-up vient de naître. La pin-up photo est réellement appréciée en tant que telle, c'est-à-dire en tant que vraie femme avec ses courbes harmonieuses, le galbe de son corps et l'allure suggestive de sa pose propre à émoustiller le voyeur. Une forte proportion des périodiques pour hommes des années quarante et cinquante, propose des pin-up excitantes, telles qu'elles ont été écrites ci-dessus. Certains des revues américaines comme Glamourous Models ou Tit Bits of Beauty se spécialisent et présentent exclusivement d'aguichantes pin-up, mais d'autres comme Click, Grin, Pic, See, Snap et Spot couvrent des chroniques de sport, des articles sur les crimes et sur l'actualité événementielle, ainsi qu'une rubrique loisir agrémentée régulièrement de pin-up.

Bien évidemment, pour les lecteurs, ces pin-up photographiées mais mises en scène de manière à les valoriser restent assez captivantes pour être rangées dans le domaine de l'oeuvre d'art. Comme le remarque Bernard of Hollywood : « la frontière entre l'étalage vulgaire du corps féminin et l'oeuvre d'art commerciale légitime ne se situe pas dans la marge de ce qui est livré au regard. Ni de ce qui est laissé à l'imagination. Personne ne remet en question l'art des grands maîtres de la peinture et de la sculpture qui ont fait des nus. C'est de l'intégrité et du talent de l'artiste que dépend le fait que son oeuvre se contente de réveiller des pulsions animales ou qu'elle transmette des valeurs esthétiques114(*) ». Le photographe va même jusqu'à faire poser Lili St Cyr (1917-1999) (Ill. 115), une de ses modèles favorites, comme les statues antiques des dieux et déesses (Ill. 116, 117). Il réalise aussi, avec ce même modèle, des photographies qui imitent les bustes sculptés propres aux représentations des aristocrates et des personnages célèbres (Ill. 118).

Au début des années cinquante, Esquire commence à publier une série de portraits féminins : « Lady Fair » qui propose une galerie de modèles inconnues posant en studio dans diverses mises en scène et des environnements variés ; puis plus tard une nouvelle série est établie avec cette fois-ci les portraits d'actrices de renom. L'analyse de la production du photographe attitré de ce genre, Bernard of Hollywood, permet de mieux cerner le genre particulier qu'est la pin-up photographiée.

* 112 BERNARD OF HOLLYWOOD, Pin-ups : a Step Beyond : A Portfolio of breathtaking beauties, Hollywood, Bernard of California Publications, 1950.

* 113 BERNARD Susan, Bernard of Hollywood, The Ultimate Pin-up Book, Koln, Taschen, 2002, p.30.

* 114 Idem, p.31.

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