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La pin-up et ses filles: histoire d'un archétype érotique

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par Camille Favre
Université Toulouse Le Mirail - Master 2 Histoire des civilisations modernes et contemporaines 2007
  

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2. Une histoire de regard.

2.1 Le regard masculin.

L'oeil, est le premier sens, le seul, à être sollicité avec les images pornographiques et érotiques. Il est évident que cet organe joue un rôle primordial dans la sexualité et détermine, entre autres, vraisemblablement le choix du partenaire. Les représentations artistiques de la sexualité ne sont alors qu'une histoire de regard, un regard principalement masculin. Mais ce regard est lui-même imprégné et façonné par la culture. A propos d'érotisme et de pornographie, il est des conventions à ce point enracinées qu'il paraît presque superflu de les mentionner ; entre autres le fait que l'expression « art érotique » désigne implicitement un « érotisme pour homme ».

Cet  « érotisme pour homme » est particulièrement visible dans la production artistique du XIXe siècle. L'image érotique, à cette période, est créée à partir des besoins et des désirs masculins ; cette idée vaut même pour la catégorie relativement mineure des oeuvres d'art conçues par ou pour des homosexuels. Et celles qui traitent de thèmes lesbiens s'adressent à priori à un public masculin : c'est bel et bien pour l'ancien ambassadeur de Turquie, Khalil Bey, que Courbet (1819-1877) peignit le scandaleux Sommeil11(*) .

Le XIXe siècle n'a tout simplement pas connu d'art, et encore moins de « grand art », consacré aux besoins, souhaits ou fantasmes érotiques des femmes. On notera ici que l'on ne trouve pas de représentations masculines comme nos pin-up. Que l'objet érotique soit des seins ou des fesses, des chaussures ou un corset, ces images de délectation ont toujours été créées à propos des femmes, pour le plaisir des hommes et par les hommes très majoritairement. Il ne faut bien entendu pas voir là le résultat d'un complot monté par la gent masculine mais le reflet dans l'art de l'absence de tout territoire érotique propre aux femmes sur la carte des réalités du XIXe siècle. Comme le souligne Linda Nochlin : « l'homme n'est pas uniquement le sujet de tous les prédicats érotiques, il est aussi le consommateur de toutes les productions érotiques. Or le consommateur a toujours raison. En contrôlant et la sexualité et l'art, les hommes et les fantasmes masculins conditionnent également la sphère de l'imaginaire érotique12(*) ». Cette remarque semble moins pertinente pour la production d'images pornographiques du XIXe siècle et notamment avec la photographie. Les auteurs de ces photographies étant la plupart du temps inconnus, utilisant des pseudonymes ou issus d'amateurs, il est plus difficile de mesurer la part du regard masculin. On notera ainsi la présence de femme photographe Nativa13(*) qui semble, par les certaines de ses oeuvres sortir d'une certaine tradition de la représentation de la sexualité, renouvelant ici le genre au début du XXe siècle.

Au regard de cette production artistique érotique du XIXe siècle, la femme demeure pour l'essentiel, un non sujet c'est-à-dire un simple objet de désir paré des attributs physiques (corporels) et des attitudes (psychologiques) qui la rendent toujours attrayante et désirable pour le regard voyeuriste de l'homme spectateur. L'image est le mode d'accès à l'éternel féminin censé traverser le temps et l'espace. Le domaine des images ayant été exclusivement celui des hommes jusqu'au XXe siècle, le féminin qui nous a été transmis à travers ces images, est un féminin vu, pensé, rêvé et fantasmé par les hommes.

Les pin-up, tout comme chaque stéréotype ou icône, possèdent une histoire avec des influences, des références qui permettent aux dessinateurs de créer ces images. Les pin-up, par leurs mises en scènes, leurs graphismes, leurs attitudes, s'inspirent directement des codes de l'art érotique du XIXe siècle, et elles s'inscrivent ainsi dans une tradition de l'art érotique notamment par les fantasmes qu'elles véhiculent. Elles correspondent tout à fait à la définition d'Alain Héril, lorsqu'il écrit que le fantasme est un produit de l'imaginaire par lequel un individu cherche à échapper à l'emprise contraignante de la réalité. Certes il peut correspondre à une frustration, mais il est aussi le lieu où l'imagination s'exprime sans limite, sans contrainte, et surtout sans le carcan de la morale. L'érotisme est le terrain idéal de l'activité fantasmatique. Le fantasme érotique traduit donc la force de ce qui est caché en chacun de nous en liaison avec nos rêves secrets, nos désirs inavouables, nos satisfactions souhaitées et nos volontés sans restriction. Il prend racine dans les couches profondes d'une civilisation, d'une culture, d'une éducation14(*).

* 11 COURBET Gustave, Le sommeil, 1866, huile sur toile, 135 x 200 cm, Paris, Petit Palais.

* 12 NOCHLIN Linda, Femmes Art et Pouvoir, Paris, Jacqueline Chambon, 1993, p.192.

* 13 Nativa et son mari signent leurs photos sous le pseudonyme Yva Richard.

* 14 HERIL Alain, Dictionnaire des fantasmes érotiques, Paris, Edition Morisset, 1996.

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