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La pin-up et ses filles: histoire d'un archétype érotique

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par Camille Favre
Université Toulouse Le Mirail - Master 2 Histoire des civilisations modernes et contemporaines 2007
  

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2. Les bandes dessinées pour adultes.

2.1 Little Annie Fanny.

Little Annie Fanny voit le jour en octobre 1962 dans le magazine Playboy. Cette bande dessinée réalisée par Harvey Kurtzman et Will Elder raconte les aventures de son héroïne Annie, une jeune femme blonde, très jolie et provocante mais aussi un peu naïve et pas très malicieuse malgré sa sexualité débordante. Annie de Harvey Kurtzman est une parodie d'une bande dessinée de 1929 de Brandon Walsh Little Orphan Annie. L'Annie de Kurtzman deviendra très vite le symbole de la femme aimée par tous les étudiants des Etats-Unis mais aussi par les lecteurs de Playboy.

2.1.1 Des débuts difficiles.

L'auteur Harvey Kurtzman est né le 3 octobre 1924 à New York. Il fréquente la Hight School of Music and Art et la Cooper Union. En 1943, il publie Magno et Unknow, puis Black Venus et Silver Linings. En 1950, il travaille pour de nombreux comics books : New Trend, Two Fisher Tales et Frontline Combat. Deux ans plus tard, il fonde sa propre revue, une revue satirico-humouristique, Mad. Cette même année, Hugh Hefner, créateur de Playboy, entre en contact avec lui et tous deux développent rapidement une relation mêlant amitié et respect mutuel. Début 1956, Hugh embauche Harvey Kurtzman ainsi que Will Elder, Jack Davis, Al Jaffee, Arnold Roth, Russ Heath et leur confie la création d'un magazine satirique en couleurs, rapidement baptisé Tremp. Mettant pleinement à profit les ressources de Playboy, Kurtzman et son équipe produisent le magazine le plus luxueux que l'Amérique n'a jamais connu. Son lancement début 1957, n'est pas un succès immédiat et cette expérience échoue au bout de deux numéros.

Avec leurs économies, l'équipe lance fin 1957, un comic book satirique appelé Humbug. Malgré toute leur détermination, leur énergie et la qualité de leur travail, ils ne peuvent faire face aux problèmes de production et de distribution : Humbug cesse de paraître au bout d'un an. L'équipe éditoriale se disperse alors. Durant l'année 1958, Kurtzman fait une série de propositions à Playboy, qui sont toutes refusées.

Ian Ballantine est un pionnier et un visionnaire dans le domaine du livre de poche. Ballantine Books publie en poche les quatre premiers recueils d'histoire de Mad. L'éditeur est prêt à publier aussi des recueils tirés de Tremp et de Humbug. Conscient du génie de Kurtzman, il lui fait une proposition au printemps 1958. Ballantine veut une création originale, et est prêt à lui donner carte blanche. Kurtzman saisit l'occasion. Le résultat de leur collaboration est son célèbre Jungle Book, publié en 1959. C'est le premier livre de poche entièrement constitué de bandes dessinées originales. Jungle Book comprend quatre histoires satiriques indépendantes, toutes brillantes, réalisées à la plume et au lavis. Dans une de ses histoires « The Organization Man », Kurztman crée le personnage de Goodman Beaver. Mais Jungle Book, malgré son statut quasi légendaire aujourd'hui, est un échec commercial. Ballantine annule le volume suivant prévu avec Kurtzman.

Celui-ci se met à travailler régulièrement pour les éditions Pageant, Madison Avenue, TV Guide, mais il poursuit néanmoins sa correspondance avec Hefner et son responsable éditorial, Ray Russel. Kurtzman désire toujours créer des histoires pour le magazine, et Playboy a besoin d'humour. Russel, dans une lettre à Kurtzman datée de février 1960, écrit : « Hef et moi pensons réellement que la bande dessinée peut nous apporter beaucoup. Les B.D ont un attrait direct et immédiat à plusieurs niveaux de lecture. Elles sont fortes, colorées, facilement assimilées et racontent une histoire. Le principal problème, bien sûr, est d'adapter cette technique à quelque chose qui aurait un sens pour Playboy, et serait justifiable et logique dans nos pages. Nous ne voulons plus ce que Bill Gaines avait fait pour nous un temps, ces " picto-fiction" nullissimes. La satire semble être la seule solution. Si Mad n'avait jamais existé, des histoires comme ton "Flesh Gordon" et tes autres parodies auraient été parfaites. Un travail superbe, de l'action, des filles sexy dans des tenues provocantes, et surtout, de l'humour. L'importance de la satire est double : l'humour en soi, bien sûr, mais également une excuse ou un argument pour publier une bande dessinée dans un magazine de luxe173(*) ». Kurtzman fait de nouvelles propositions, mais celles-ci sont de nouveau refusées. Il continue alors de travailler en « free-lance » pour d'autres y compris pour Esquire.

En 1960, il s'associe avec l'éditeur James Warren pour créer et éditer un nouveau magazine satirique, Help ! Cette revue attire l'équipe habituelle de dessinateurs de Kurtzman. L'un des points forts du périodique est une série de cinq nouvelles aventures de Goodman Beaver. Cette fois Kurtzman écrit et met en pages les histoires, mais le dessin final est assuré par Will Elder. Mais le magazine reste financièrement fragile. Dès septembre 1961, Kurtzman confie à Hefner qu'il pourrait être bientôt à la recherche de travail. Il lui demande si l'offre que lui a fait Russel un an et demi plus tôt de créer pour Playboy une bande dessinée dans le style de Mad tient toujours. Kurtzman leur envoie les toutes premières histoires de Goodman Beaver, et propose à Playboy de publier les épisodes parodiant « Superman » et « Sea Hunt ».

En novembre 1961, Hefner lui répond favorablement, mais annonce également que la série, sous sa forme du moment, ne lui convient pas. Il demande néanmoins à Kurtzman d'expliquer les concepts que sous-tend Goodman Beave, en ajoutant : « il existe peut-être un moyen de lancer une série similaire qui serait lue en rapport avec Playboy et qui présenterait toutes sortes de mésaventures liées à divers sujets174(*) ». Kurtzman envoie son explication : « la raison d'être de Goodman Beaver est que je voulais un personnage qui peut être ridicule et en même temps sage, naïf et pourtant moral. Il participe innocemment au mal tout en épousant le bien. De cette façon, je peux traiter simultanément des faiblesses et des idéaux. Goodman Beaver est un idiot adorable, optimiste et philosophe. Il déambule et peut apparaître n'importe où. Il est jeune et peut se trouver impliquer dans des situations sexy175(*) ». Une semaine après ce résumé, Kurtzman écrit de nouveau à Hefner : « Tu as suggéré dans ton courrier du 7 novembre 1961 qu'il existait peut-être un moyen de lancer une série similaire (à Goodman Beaver) - qui serait plus en rapport avec Playboy. Que penserais-tu d'une fille, un peu dans le style Belle Poitrine-Lace mais vraiment de loin, à laquelle je pourrais appliquer mon genre de situation176(*) ? »

Six semaines passent sans réaction, enfin Hefner répond à la suggestion de Kurtzman : « Je crois que ton idée de faire une BD de Goodman Beaver de trois ou quatre pages, mais avec une fille sexy est un coup de génie. Nous pourrions la passer dans chaque numéro177(*) ». Kurtzman continue à travailler pour Help ! tout en développant, avec Will Elder, sa nouvelle série pour Hefner. Kurtzman suggère la possibilité que la nouvelle série soit illustrée dans le style d'une parodie qu'Elder a réalisé pour Trump, tout en exprimant sa préférence pour le style de Goodman Beaver, dessiné au trait pour être ensuite mis en couleurs. La préférence de Hefner pour la couleur directe prévaut. Il ne reste plus qu'à trouver un titre. Parmi les premières propositions de Kurtzman on trouve : « Les Périls de Zelda », « Les Périls d'Irma », « Les périls de Shiela », et même « Little Mary Mixup », avant qu'il choisisse avec Hefner finalement « Little Annie Fanny »178(*).

* 173 KURTZMAN Harvey, ELDER Will, Playboy's Little Annie Fanny, vol.1, Paris, Les Editions Hors Collection, 2001 (1ière édition 1962), p.108.

* 174 Idem, p.110.

* 175 «Ibid».

* 176 Idem, p.111.

* 177 «Ibid».

* 178 Idem, p.113.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon