WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les fonds structurels européens

( Télécharger le fichier original )
par Pascal Gay
UFR Montpellier 1 - Master 1 Droit public 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

B- Le manque de clarté entre cohésion, compétitivité et solidarité

La Commission a donné le nom de structurels aux fonds, en affichant la volonté que l'intégration communautaire passe par une action dont les effets seraient visibles à long, voire à moyen terme, par le biais du financement de projets d'infrastructures et de production. La Commission, dans le deuxième considérant du règlement n°1828/2006, estime que « l'expérience a montré que les citoyens de l'Union européenne n'étaient pas suffisamment conscients du rôle joué par la Communauté dans le financement de programmes visant à accroître la compétitivité économique, à créer des emplois et à renforcer la cohésion interne ». Du reste, la description des objectifs assignés aux fonds structurels laisse grande aux priorités de Lisbonne, que reflète ce considérant. Dans un avis sur le 4ème rapport sur la cohésion économique et sociale, publié par la Commission fin 2007, le Comité économique et social européen propose donc, tout en demandant que les fonds structurels soient plus associés à une stratégie de développement durable qu'aux objectifs de Lisbonne, que le PIB, critère macroéconomique par excellence, ne soit plus le seul critère d'éligibilité des régions aux fonds structurels. Celui-ci a cependant l'avantage de la commodité. Le Comité propose de prendre en compte le taux d'emploi, le taux de chômage, un indicateur traduisant « l'efficacité de la protection sociale », de même qu'un indicateur sur les inégalités de revenus, ou encore un indicateur sur les émissions de gaz à effet de serre. Autrement dit, des critères moins « purement » économiques que le PIB, et plus adaptés aux critères d'éligibilité aux fonds. Cet exemple montre que, si les fondements juridiques d'une intervention communautaire restent les mêmes, il existe une multitudes de moyens permettant d'y répondre, et de manière plus ou moins efficaces. L'efficacité elle-même d'une mesure est un résultat très relatif, puisqu'elle demande un rendement immédiat des fonds structurels, ce qui peut apparaître comme contradictoire avec le moyen et le long terme, censés être les durées attendues de leur efficacité. Un rapport d'évaluation sur la réalisation de la stratégie de Lisbonne a été rendu en 2004 sous la présidence de M. Wim Kok, selon lequel malgré la conjoncture économique tendue, « il est clair que l'Union européenne et ses Etats membres ont ralenti, eux aussi, le mouvement (...). Ces résultats décevants s'expliquent par un agenda surchargé, une coordination médiocre et des priorités inconciliables. Il n'en reste pas moins que l'absence d'action politique résolue a posé un problème majeur ». Laisser le marché au sens (très) large le soin de réaliser à court terme des investissements qualitatifs tels que définis par les objectifs assignés aux fonds structurels est très délicat. Il ne faut pas négliger les inégalités économiques « structurelles » entre les Etats, et qui ne peuvent être compensées simplement par la réalisation des projets financés par les fonds structurels, ni par un simple consensus sur les dotations allouées à ces fonds. Mais ceux-là ont le mérite d'exister, ce que ne contrediront pas les exemples Espagnols, Portugais, Irlandais, ou même les Länder Allemands. L'exemple du Mezzogiorno Italien, qui a connu une croissance de l'ordre de 2% au cours de la programmation 1994-1999 et qui restait inférieure au reste du pays, montre cependant les limites des fonds structurels, dont les effets sont corrélés aux cycles de croissance économique et de ralentissement de la croissance.

La programmation pluriannuelle des fonds structurels qui découle, comme montré précédemment, de la programmation du budget, montre que l'effort d'adaptation dont font preuve les institutions communautaires est constant. Ainsi, sont mis en place des critères d'éligibilité, d'attribution, qui peuvent être critiqués, en raison de leur caractère statique. C'est à chaque programmation que sont redéfinis, d'une certaine manière, l'emploi des fonds structurels. Lisbonne est une manière de mettre en avant des investissements qualitatifs, ce qui était moins le cas auparavant. Dès lors, et très simplement, le manque de clarté énoncé dans le titre est un manque de clarté volontaire. Les institutions communautaires elles mêmes ne savent pas réellement quel est le moyen le plus efficace pour réduire les inégalités et les disparités régionales. Voire le plus efficient.

Ces institutions reconnaissent le phénomène de concentration des activités. Des externalités négatives, c'est-à-dire des conséquences non prévues et non prises en compte par le marché des activités marchandes, peuvent apparaître avec cette concentration, comme une hausse de la pollution, du prix de l'immobilier, voire des distorsions de concurrence et, in fine, des disparités régionales plus grandes. Mais, dans le même temps, cette concentration permet le regroupement des activités, stimulant la recherche, les investissements locaux, et créant, de facto, des externalités positives et des économies d'échelles. Il ne faut pas négliger aussi les effets sur les Etats voisins. La suppression du zonage pour l'objectif de compétitivité peut permettre d'expliquer toute la complexité de la politique de cohésion communautaire. Le zonage est par nature inégalitaire, et peut conduire à des anomalies pour les zones transfrontalières. Par exemple, le Hainaut Belge a bénéficié, lors de la période de programmation 2006-2006, de l'aide communautaire. Le Hainaut français, lui, n'a pu en bénéficier en étant intégré au Nord Pas De Calais, dont le calcul du PIB au titre de l'objectif 1 était supérieur au seuil plafond. Il a en bénéficié en raison du fait que le Hainaut belge a en bénéficié. Le zonage peut ainsi conduire à des situations de négociations au début de périodes de programmations qui par bien des égards deviennent absurdes. D'où la grande perplexité, pour les institutions communautaires, de conserver un critère de zonage pour un objectif, la compétitivité, qui devient un objectif à visée plus économique que véritablement solidaire, encore que cela peut être contesté. Cet exemple du zonage révèle par là même le caractère au moins autant incitatif qu'interventionniste que l'Union souhaite faire de l'usage des fonds structurels. Ce sera aux Etats d'aider « plus ou moins » les zones les « plus ou moins » défavorisées, ou créer à l'inverse des zones à plus grande valeur ajoutée que d'autres, avec par exemple des bassins d'emploi déterminés pour des activités spécifiques. Or, l'article 3 du Traité de Lisbonne promeut l'idée de cohésion territoriale, en plus de la cohésion économique et sociale, et « la solidarité entre les Etats membres ». Une politique de cohésion communautaire soutenue par les priorités de Lisbonne peut y aller à l'encontre.

L'appréciation de l'égalité quant à la répartition des crédits européens, et dans l'absolu le respect de l'exigence de cohésion territoriale mise à mal par Lisbonne, est ainsi dévolue à l'Etat membre. Même si le choix n'est jamais aussi manichéen, les Etats auront le choix entre une redistribution « économique », ciblé sur les activités économiques et le fléchage de Lisbonne, et une redistribution « solidaire » basée sur la réduction des inégalités territoriales. Mais, clairement, la réduction des disparités économiques n'est pas synonyme de réduction des disparités régionales. Les institutions communautaires le prouvent, notamment la Commission dans le 4ème rapport sur la cohésion, où celle-ci rappelle en introduction que « combler ces disparités demandera inévitablement du temps ; voilà pourquoi la politique de cohésion accorde la priorité absolue aux régions les moins développées. Cependant, pratiquement toutes les régions doivent se restructurer, se moderniser et encourager une innovation continue et fondée sur la connaissance pour relever le défi de la mondialisation ». La politique des fonds structurels demeure une politique de redistribution, qui fonctionne par des arbitrages constants entre des objectifs différents. Elle vise plus à réduire les inégalités entre les Etats membres, au risque d'aggraver les disparités au sein de ces Etats. La construction européenne a pour fondement le marché unique, la monnaie unique, la libre circulation des facteurs de production. Dans cette optique, c'est par le marché, par la concurrence, dans une conception Smithienne de la croissance, que les inégalités entre Etats peuvent se résorber. Les fonds structurels sont désormais considérés comme des déclencheurs à faible valeur ajoutée immédiate, mais permettant des effets de leviers pour une efficacité économique future. En fin de compte, l'idée est qu'il ne peut y avoir de croissance marchande forte sans quelque chose qui échappe, socialement, au marché, et qui est lié à l'amélioration de la qualité de la concurrence. La redistribution par les fonds structurels est donc une manière d'accompagner la croissance, tout en lui laissant la primauté au sein de l'Union.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote