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Le libertarisme de gauche permet-il une réconciliation des concepts de libertés et d'égalité ?

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par Jérôme Grand
Université de Genève - Bachelor en science économique et sociale 2008
  

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Le libertarisme de gauche permet-il une réconciliation des concepts de liberté et d'égalité ?

Pour une conciliation entre liberté et égalité

Les notions de liberté et d'égalité sont fréquemment qualifiées de « soeurs ennemies » afin de marquer à la fois l'opposition et le lien qui les unit. Elles sont « soeurs » car elles semblent intrinsèquement liées, comme si elles se situaient aux deux extrémités d'une même balancier, et elles sont « ennemies » dans le sens où elles sont incompatibles, si le poids gauche de la balance monte celui de droite descend obligatoirement.

Il semble en effet a priori que la pleine réalisation de l'une de ces valeurs engendre l'impossibilité de réaliser la seconde. Il s'agirait alors d'un choix entre l'une ou l'autre : la liberté au détriment de l'égalité ou l'égalité par restriction de la liberté.

Cette manière de percevoir la relation entre ces deux concepts est très présente dans le champ de la théorie politique et généralement une théorie prend parti pour l'une ou pour l'autre de ces valeurs, même si certaines accordent tout de même une place pour la seconde. Ainsi les traditions socialiste et libérale égalitaire tendent à défendre l'égalité à travers la notion de justice distributive, ce qui implique une restriction de liberté de par la taxation que cela induit, alors que les traditions libérale et libertarienne tendent à donner priorité à la liberté au nom de la protection de l'individu contre les ingérences d'autrui mais aussi contre celle de l'Etat, ce qui éloigne une quelconque idée de redistribution.

Certaines théories se mettent en porte-à-faux de cette perception en rejetant ce que l'on pourrait qualifier, en reprenant les termes de Max Weber, « l'incompatibilité des valeurs ». Cependant beaucoup de celles-ci s'appuient simplement sur des définitions différentes de la liberté et de l'égalité et font de ce fait converger l'une et l'autre sans pour autant réconcilier les deux concepts. Certaines assemblent ainsi une définition positive de la liberté (entendue comme la réalisation de l'individu) avec une égalité sociale, tandis que d'autres restreignent l'égalité à une simple égalité devant la loi alors compatible avec une liberté négative (entendue comme absence d'entraves pour l'individu).

Il semble évident qu'il ne s'agit là que d'un tour de passe-passe et qu'au final ce ne sont que des dimensions différentes de concepts polysémiques. Une seule théorie semble réellement relever le défi en tentant de rendre compatible la liberté négative et l'égalité des ressources, la protection des droits fondamentaux des individus et une juste distribution des avantages et des biens, c'est le libertarisme de gauche.

Dans ce travail nous allons tout d'abord expliquer comment les libertariens de gauche arrivent à allier des principes en apparence si contradictoires. Il s'agira alors d'énoncer les principes que les libertariens de gauche empruntent au libertarisme classique, lesquels ils modifient, et de montrer comment à partir des mêmes prémisses ils arrivent à des conclusions radicalement différentes. Cela nous permettra dans un deuxième temps d'étudier la cohérence théorique des deux principes que le libertarisme de gauche tente de concilier, puis de confronter nos conclusions aux différentes alternatives que les auteurs proposent pour la réalisation effective de leur principe de justice.

La thèse que nous allons défendre est qu'aucune forme de libertarisme de gauche n'arrive à assumer les deux principes de base, propriété de soi et juste distribution des ressources, jusqu'au bout du raisonnement. Bien que les deux principes soient théoriquement cohérents, les alternatives proposées pour leur réalisation simultanée empiètent toujours sur l'un d'eux.

Elle s'inscrit évidemment en opposition à la thèse du libertarisme de gauche défendu par des auteurs tel que Otsuka, Vallentyne, Steiner, Van Parijs, mais elle est également distincte des critiques traditionnelles bien qu'en étant inspirée1(*). Au final, notre thèse regroupe diverses critiques adressées à des points précis du libertarisme de gauche, les synthétise et les examine.

Au terme de ce travail nous devrions donc être capable d'établir si le libertarisme de gauche parvient à faire coïncider d'une manière cohérente la liberté et l'égalité.

Une telle entreprise est tout autant intéressante qu'importante. Intéressante, car bien que ces origines remontent a un passé lointain, le libertarisme de gauche a resurgi ces dernières décennies dans le débat de la théorie politique et tend à s'imposer comme alternative aux courants dominants des théories de la justice.

Le développement théorique de cette alternative, comme de ses critiques, est un phénomène contemporain qui n'a pas encore fait l'objet d'une analyse complète. Le libertarisme de gauche est en effet une famille de théorie politique, dans laquelle chaque auteur argumente et défend une conception spécifique. Les critiques se concentrent par conséquent généralement sur un point précis développé par un auteur, et il semble y avoir un réel manque d'une vision englobante. Importante, car analyser la cohérence du libertarisme de gauche c'est par la même analyser la cohérence d'une conciliation des notions de liberté et d'égalité. C'est aussi examiner la réussite, ou a contrario l'échec, d'une tentative de la gauche de reprendre à la droite le concept de « self-ownership ».

* 1 Notamment celles de Mathias Risse et de Sperenta Dimitru 

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry