WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Heidegger et le problème anthropologique: le statut du "dasein" dans l'ontologie fondamentale

( Télécharger le fichier original )
par Aimé MBAINDIGUIM GUEMDJE
Université Catholique d'Afrique Centrale - Institut Catholique de Yaoundé (UCAC-ICY) - maitrise en philosophie 2005
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

IV.3. La mort : terme de l'existence du Dasein

Dans les pages qui précèdent, nous avons montré que le Dasein est un être-pourla-mort, en ce sens que dès son existence, il est voué à la mort ; celle-ci se présente comme la manière d'être du Dasein la plus authentique qu'aucune autre personne ne peut lui ravir. Ensuite, nous avons mis en lumière que la mort est une dimension constitutive de l'homme ; elle fait partie intégrante de l'existence humaine. A présent, nous l'expliquerons en rapport avec la finitude de l'homme. Mais qu'est-ce que la finitude ?

Pour définir la finitude, nous pouvons dire que << la forme antique la dissout, 1'engloutit et l'anéantit en Dieu, tandis que la forme moderne l'assimile et la réduit en 1'homme qui tente de dévorer et de s'approprier tous les pouvoirs divins ».120 Dans cette partie de notre travail, notre objectif n'est pas de déterminer un rapport de la finitude humaine à l'absoluité divine. Nous voulons comprendre la finitude de l'homme en tant que limitation parce que l'homme est voué à la mort. En effet, de toutes les manières d'être, la mort est la seule capable de nous manifester que l'homme est fini, limité. C'est une finitude ou une <<limitation spécifique qui consiste pour la réalité humaine à ne pas

118 F. Dastur, Heidegger et la question anthropologique, op. cit., p. 23.

119 M. Heidegger, << Pour servir de commentaire à Sérénité », in Questions III, op. cit., p. 172.

120 F. Guibal, Autonomie et altérité, Cerf, Paris, 1993, p. 66.

Expanded Features

cuments

Unlimited Pages

lete

CompDo

PDF

coïncider avec soi-même. Il ne sert à rien non plus de définir la limitation comme une participation au néant ou au non-être ».121 Quand nous parlons ici de finitude humaine mise en évidence par le phénomène de la mort, nous voulons souligner ipso facto la contingence radicale du Dasein qui se manifeste dans son existence.

C'est la contingence et la facticité de l'homme qui nous font parler de sa finitude, et c'est parce que l'homme est fini qu'il a besoin de l'être. C'est ce qui fera dire à Heidegger qu' « il n'y a d'être et il ne peut y en avoir que là où la finitude s'est faite d'existence »122. C'est donc parce que l'existence de l'homme est en soi finitude, et non pas parce que celle-ci se verrait « dépassée » que l'ontologie est possible : « Seul un être fini, explique Heidegger, et non pas Dieu, a besoin d'ontologie ». C'est dans ce contexte où anthropologie et ontologie s'identifient que le philosophe allemand thématise la problématique de la finitude qui n'a pas été véritablement élaborée dans Etre et temps. Et cela sans doute parce que, comme lui-même l'a reconnu, il n'y a pas suffisamment développé la problématique de la facticité, l'analytique existentiale ayant constamment donné le privilège ontologique à la dimension du comprendre, et par là même à l'avenir de l'existentialité. Or « dans la tradition philosophique, commente Dastur, la finitude a essentiellement été comprise à partir de ce que l'on pourrait nommer, par contraste avec la mortalité de l'être humain, sa natalité »123. Selon cette tradition, ce n'est pas parce que l'homme est mortel, mais bien parce qu'

« il est créé, un "ens creatum ", qui n'est pas à l'origine de son propre être, qu'il ne possède, comme le dit la métaphysique scolaire, qu'un " intuitus derivatus ", une « intuition dérivée », c'est-à-dire un regard qui ne peut prendre en vue que le donné, le déjà-là, alors que l' " intuitus originarius " du créateur est ce regard qui est à l'origine même de l'étant, qui le fait être »124.

L'homme en tant qu' « ens creatum » est donc compris par la tradition comme dépendant nécessairement d'un étant qui le précède. Heidegger, dans cette logique, épouse la vision kantienne qui avait développé son propre concept de finitude en le déterminant de manière extérieure par opposition à un intuitus originarius, une intuition

121 P. Ricoeur, Philosophie de la volonté II, finitude et culpabilité, Aubier-Montaigne, Paris, 1988, p. 149.

122 M. Heidegger, Kant und das Problem der Metaphysik, Vittorio Klostermann, Frankfurt, 1965 (sic), Kant et le problème de la métaphysique, traduction française par A. De Waelhens et W. Biemel, Gallimard, Paris, 1953 (sic), p. 284.

123 F. Dastur, Heidegger et le problème anthropologique, op. cit., p. 38.

124 Idem.

Expanded Features

cuments

Unlimited Pages

lete

CompDo

PDF

productrice. Mais la subtilité et l'originalité ontologique de Heidegger se remarquent nettement dans sa démarcation de Kant.

Si, pour le philosophe de Koenigsberg (Kant), l'homme s'interroge sur le devoir, le pouvoir et l'espoir de sa raison ( << Que puis-je savoir ? >>, << Que dois-je faire ? >> et << Que m'est-il permis d'espérer ? >> parce qu'il est fini, et que sa finitude lui révèle l'existence d'un être supérieur et extérieur duquel il dépend (ce qui nous conduit à une finitude saisie de façon externe), pour le philosophe allemand Martin Heidegger, au contraire, le Dasein en tant qu'existant est fini, c'est-à-dire mortel : il est un être en vue de la mort, ce qui implique que la finitude n'est pas un accident de son essence << immortelle >> mais le fondement même de son être : <<Plus originelle que 1'homme, lâche vertement Heidegger et n'en déplaise à Kant et aux idéalistes, est en lui la finitude du Dasein >>125. Cette finitude << interne >> qui est originelle au Dasein lui est justement révélée par la mort. C'est elle qui porte le Dasein et le pousse ainsi à avoir besoin de la compréhension de l'être. La mort devient ici donc le terme indépassable de l'existence de l'homme.

Ainsi, nous pouvons dire que Heidegger, une fois de plus, a mis en évidence le lien entre la question de l'homme et l'ontologie fondamentale, entre la finitude révélée par la mort et le déploiement de l'horizon, de la compréhension de l'être. En insistant sur la vraie essence de la mort, terme indépassable de l'existence du Dasein, l'auteur nous montre que le problème de l'être, loin d'être une pure spéculation est au contraire la question la plus concrète.

125 M. Heidegger, Kant et le problème de la métaphysique, op. cit., p. 285.

Expanded Features

cuments

Unlimited Pages

lete

CompDo

PDF

CHAPITRE V :
PORTEE DE LA PENSEE HEIDEGGERIENNE

« Les penseurs, selon P. Valery, sont des gens qui repensent et qui pensent que ce qui fut pensé ne fut jamais assez pensé »126. Tel est ce qui pourrait justifier l'objectif affiché de Martin Heidegger lorsqu'il entreprend avec détermination de repenser l'homme dans son ontologie fondamentale. C'est pourquoi ce chapitre, en tant qu'évaluation critique de l'étude que nous avons menée sur sa pensée, consistera à faire ressortir les points saillants et intéressants touchant l'homme dans son ontologie fondamentale. Dans un premier moment, il s'agira de montrer que l'étude de l'être en tant que tel, loin d'être une spéculation pure et simple, nous ramène sur nous en tant qu'être humain. Ensuite, nous verrons comment la réflexion sur le Dasein dans une perspective ontologique contribue à mieux cerner les enjeux de la mondialisation. Enfin, nous montrerons comment être-au-monde et être-avec-autrui sont considérés comme des impératifs pour une mondialisation humanisée.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon