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Maisons d'hôte, naissance et développement

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par Salma BELHAJ SOULAMI
Ecole supérieure de technologie de Fès - Diplôme Universitaire Technologique 2008
  

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B. Section 2: Maisons d'hôte : Le revers de la médaille :

1. L'autre face du phénomène sur le plan économique :

§ Le niveau économique

Le potentiel du tourisme, en tant qu'instrument de développement et de relance économique, est difficilement discutable. Les investissements étrangers qu'a connu le Maroc, sous forme de maisons d'hôtes, ont donné naissance à un produit nouveau, authentique et à la mode, qui est venu révolutionner l'offre touristique de la ville.

On ne peut nier tous les bénéfices qu'ils drainent pour la ville en général, et pour la médina en particulier, tant sur le plan économique, social que culturel. Cependant, le tourisme en général, quand on n'y est pas préparé, peut être une arme à double tranchant, une médaille à double face, la plus visible étant la plus dorée.

Ceci est le cas de la plupart des pays en voie de développement, qui s'ouvrent librement aux investisseurs étrangers qui leur font miroiter des devises alors que la réalité s'avère bien souvent différente.

En fait, ces investissements peuvent être une forme de colonialisme moderne, certes masquée et décorée, mais qui a les mêmes retombées que la forme classique. Ils peuvent aussi bien devenir un cercle vicieux de l'endettement, de la paupérisation et de la dépendance aux grandes puissances économiques occidentales.

Pour ne parler que des investissements étrangers en Riads et maisons d'hôtes, un certain nombre de problèmes peuvent être relevés sur le plan économique. « Razzia sur les riads !» Ce titre récemment à la une d'un hebdomadaire marocain montre bien l'ampleur du phénomène. Le magazine insiste sur le fait que 90 % des riads à Marrakech sont détenus par des étrangers qui se sont improvisés hôteliers et déplore qu'aucune réglementation n'existe pour ce type d'établissement. Il est vrai que de nombreux abus ont été relevés : personnel local non déclaré, absence d'assurances, restauration anarchique au détriment du voisinage, des prix exagérés pour les prestations fournies, fraude fiscale... Le succès actuel des riads auprès des touristes assure la rentabilité du « business ». Les prix variant entre 60 et 170 € la nuit, la maison d'hôtes peut assurer un confortable revenu à son propriétaire. Selon A. Elouarzazi, directeur de Tarmin-Médina de Marrakech, la branche restauration de l'agence de location de riads Marrakech-Médina, un riad en gestion locative peut rapporter en moyenne à son propriétaire 20 000 Dh (2000 €) par mois. Le double, si le propriétaire s'occupe lui-même de louer son riad. Un jackpot alléchant qui explique l'actuelle frénésie immobilière qui parcourt les ruelles étroites de la vieille ville :

§ L'incertitude statistique

Les statistiques concernant le nombre de clients dans les maisons d'hôtes, inexactes pour la plupart des cas, ne sont pas soumises aux services de la délégation régionale du tourisme. Ce qui rend impossible la tâche de comptabilisation des touristes.

Le phénomène des résidences secondaires représente, à son tour, des contraintes statistiques de taille.

En effet, il est difficile d'établir si un étranger est résident permanent ou de passage. Dans ce cas, l'augmentation du nombre de touristes ne veut pas dire qu'ils soient nouveaux. Avec

l'importance que prend le tourisme résidentiel, la réalité est qu'un même touriste, venu à une ville pour profiter de sa résidence, est comptabilisé plusieurs fois par an.

§ La spéculation immobilière

Avec le phénomène des Riads et maisons d'hôtes, la spéculation immobilière s'est fortement accentuée.

Cette spéculation, quoique importante, ne laisse aucun bénéfice à la ville. Au contraire, elle y fait monter le prix de l'immobilier, si bien qu'il devient inabordable pour les autochtones. A titre d'exemple, les prix des Riads ont été multipliés par dix en l'espace de 5 ans. Sur Internet, le nombre d'agences de location ou de vente de Riads ne se comptent plus, mais là encore, aucun contrôle n'est effectué.

Et comme tout commerce anarchique, le phénomène n'a pas manqué d'attirer des arnaqueurs qui se sont improvisés en intermédiaires (semsaras), faux guide, faux agents immobiliers. Ainsi, c'est devenu monnaie courante de trouver qu'un Riad a plus d'un propriétaire, surtout que pour la majorité des maisons de la médina, il n'existe pas de titre de propriété.

§ L'évasion et la fraude fiscale

L'adoption d'un texte de loi régissant les activités des maisons d'hôtes n'a pas empêché la prolifération, en parallèle, d'une activité informelle et illégale.

En effet, certains propriétaires de maisons d'hôtes se gardent d'afficher leurs activités pour ne pas être détectés par le fisc (seulement un nombre des maisons d'hôtes sont déclarées à Marrakech et à Fès),

D'autres ne déclarent pas leurs revenus, ajoutons à cela le caractère ambigu du statut des Riads et le manque de contrôle, pour faire des villes marocaines un beau paradis fiscal.

Souvent aussi, les propriétaires de maisons d'hôtes offrent leurs produits via Internet, ou par le biais d'agents immobiliers, tout en restant dans leur propre pays. Le paiement se fait alors en devises avant même que les clients n'embarquent pour le Maroc.

Les résidents secondaires, à leur tour, contribuent à rendre cette offre illégale. Pour rentabiliser leurs Riads, ils les louent, quand ils ne les occupent pas, à d'autres compatriotes.

Ces nouveaux touristes rapportent très peu à l'économie locale, car les revenus sont encaissés à l'étranger, et qui plus est, échappent à l'impôt.

Tout ceci nous amène à nous poser la question : quel est l'intérêt pour le Maroc d'abriter ce genre d'investissements étrangers ?

§ La concurrence déloyale

Avec ces possibilités de fraude, ou d'évasion fiscale, les maisons d'hôtes font une concurrence déloyale aux restaurants, ainsi qu'aux hôtels, dont les frais de fonctionnement et la fiscalité sont beaucoup plus pesants. Parfois, elles sont même accusées de voler les clients des hôtels. Certains établissements 5 étoiles font même visiter la médina à leurs clients sous bonne escorte, de crainte qu'elle ne soit contactée par un démarcheur pour les maisons d'hôtes.

Sans équité fiscale entre ces différents établissements, on ne peut parler ni de transparence ni de concurrence.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway